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Pour répondre à la question de Eric concernant la façon dont les juifs sont arrivés en Palestine en achetant les terres des Palestiniens, j’ai cherché ce qui aurait pu exister comme témoignages directs concernant les faits ; et j’ai découvert un témoignage incroyable grâce à un film documentaire de Michal Weitz ,l’arrière petite fille de Joseph Weitz , le père des forêts d’Israël qui a participé à la fondation de l’État et surnommé “l’architecte du transfert “des Arabes hors de la Palestine.
Ce film étant introuvable apparemment en France, il a été relaté et commenté dans un blog indépendant sur Médiapart par Hejer Charf dont je vous donne des extraits tout en vous incitant à aller le lire au complet (voir référence au lien à la fin du texte).
Extraits du Blog :
Le titre du film BLUE BOX fait référence aux fameuses boîtes en métal bleues, créées en 1901 par le Fonds national juif. Elles servaient à collecter des dons auprès des communautés juives du monde entier pour financer l’achat des terres en Palestine.
Pendant quatorze ans, Michal Weits s’est plongée dans les 5 000 pages des journaux intimes de son arrière-grand-père, où il a consigné avec une franchise glaçante et sans détour, ses actions contre la population arabe…
« Depuis deux jours, je mets tout en œuvre pour évincer les Arabes et libérer nos terres. J’en ai la nausée. Suis-je vraiment en train de déposséder ces gens des terres qu’ils cultivent depuis des années ? Je fais taire cette voix pour me dire que les choses ne peuvent pas être autrement. Mon peuple passe avant tout. »
Joseph Weitz est né dans l’Empire russe. En 1908, à 18 ans, animé par l’idéologie sioniste, il émigre en Palestine, où il découvre une terre déjà habitée et cultivée par une population arabe.
En 1933, il a écrit, « Ce matin nous avons visité Ramallah, ce que nous y avons vu nous a impressionnés, les paysans défrichaient les terres de roche à la main pour les labourer et semer. Les maisons se dressaient fièrement entre les pierres comme si elles avaient poussé à même le roc. Leur victoire sur ces terres arides et désertiques nous rend tristes et nous laisse le cœur lourd. Tous ces champs impropres à la culture sont devenus des vergers et des vignobles luxuriants. À force de travail, les Arabes ont reverdi les montagnes et couvert le pays d’une nature verdoyante. Je les enviais au point d’en avoir mal. Toutes ces terres cultivées regorgeaient de vie. Mais qu’en était-il de nous ? Où est notre terre ? Il faut acheter plus de terrains. Nous devons marchander pour acquérir ces terres où vivent les Arabes.”
(ce qui en passant fait s’écrouler cette accusation de terres négligées par les Palestiniens…)
En 1910, la Palestine comptait 80 000 Juifs et 650 000 Arabes. En 1933, on y recensait 175 000 Juifs et 800 000 Arabes. Joseph Weitz, pilier de la politique foncière sioniste, poursuivait un objectif clair : inverser cette réalité démographique. Il n’achetait pas les terres pour coexister avec les Arabes, mais pour les déposséder méthodiquement : les arracher à leurs terres…
“Chaque parcelle de terre représentait une terre de plus dans la création d’un État juif. », dit son arrière-petite-fille.
En 1936 éclate la grande révolte arabe en Palestine, réclamant la fin du mandat britannique, l’arrêt de la vente des terres aux Juifs et l'arrêt de l’immigration juive.
Michal Weits dit, « Dans ses journaux, grand-papa Joseph décrit la violente résistance arabe. Les Britanniques essaient de rétablir le calme, sans succès. Ils nomment une commission royale qui conclut que le pays doit être divisé en deux États : un arabe et un juif. C’est alors que grand-papa comprend que pour définir les frontières du futur État juif, il doit établir des faits sur le terrain.
Ainsi, il a commencé à implanter de nouvelles colonies juives dans tout le pays. »
En 1940, Joseph Weitz a écrit, « Nous avons fait le tour des villages arabes ce matin, j’ai pensé à la question juive qui nous dicte de reprendre ce territoire pour y vivre. Entre nous, il faut que ça soit clair, il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays. Si les Arabes partent, la terre sera vaste et spacieuse. S’ils restent, le pays entier va s’appauvrir et sera surpeuplé. La seule solution, c’est la terre d’Israël sans Arabes. Il n’y a aucune place au compromis. Nous devons tous les expulser. Aucun village, ni aucun peuplement ne doivent rester. Le transfert des populations arabes est la seule façon d’assurer notre salut. »
Le 14 mai 1948, à la suite du plan de partage de la Palestine décidé par l’ONU, David Ben Gourion proclame l'établissement de l'État d'Israël.
Le lendemain, le 15 mai, des armées arabes envahissent le nouvel État.
Joseph Weitz : « J’aurais dû prévoir que ces affrontements n’étaient que question de temps. Nos forces armées ont reconquis les villages arabes l’un à la suite de l’autre et les habitants terrifiés ont fui comme des rats. Comment décrire ce qui s’est passé dans ces villages arabes. Il n’a fallu que quelques tirs de mortiers au-dessus de leurs têtes pour qu’ils prennent leurs jambes à leurs cous. Les villages sont désertés de leurs habitants. Si ça continue et bien sûr, nous ne manquerons pas de poursuivre, des dizaines de villages seront bientôt totalement évacués. Cette fois, ceux qui n’ont jamais craint pour leur vie, découvriront ce que signifie être réfugié. Peut-être, ils nous comprendront mieux. »
En 1948, l’État d’Israël comptait 650 000 Juifs et 156 000 Arabes.
750 000 Palestiniens furent expulsés de leurs terres, entassés dans 52 camps de réfugiés aux frontières de leur pays.
« J’ai visité les villages conquis et je peux témoigner de leur abandon. De Tel-Aviv à Hadera, il n’y a plus un seul Arabe. Aucun. J’ai passé la matinée dans les bureaux de Tel-Aviv à dresser la liste des villages abandonnés. Qui aurait pu espérer un tel miracle ? Il est hors de question de les laisser revenir. Mais nous achèterons leurs propriétés et nous les aiderons à se réinstaller dans un pays voisin où ils seront plus heureux. »
Immédiatement après, Joseph Weitz fonde le comité de transfert des Palestiniens, qui ordonne la destruction de leurs villages et légalise leur exode permanent pour empêcher leur retour.
En décembre 1948, l’Assemblée générale des Nations Unies adopte la résolution 194, autorisant le retour des réfugiés palestiniens dans leurs pays. Le premier ministre David Ben Gourion sabote aussitôt cette décision. Il vend 250 000 acres de terres appartenant à des propriétaires déclarés absents au Fonds national juif. Par ce biais, le gouvernement israélien transfère ces terres à un organisme national qui échappe au contrôle du droit international. Ce transfert devient la plus grande transaction immobilière de l’histoire d’Israël.
En 1950, Israël adopte la loi sur la propriété des absents qui légalise l'expropriation des Palestiniens et autorise l’État à saisir leurs biens.
David Ben Gourion confie à Joseph Weitz le grand projet de planter 80 millions d’arbres. La plantation des forêts ne visait pas à verdir le paysage mais à recouvrir les villages arabes détruits, pour qu’ils ne puissent jamais être reconstruits. David Ben Gourion a déclaré : « Planter des arbres est devenu notre sport national. »
Michal Weits filme les paysages boisés d’Israël : Elle montre ce qu’il reste des Palestiniens. Elle dit,
« En 1948, du jour au lendemain, des centaines de maisons en briques et en torchis sont démolies et des terrains rasés dans nombreux villages du sud et du centre du pays. C’est en fouillant cette histoire que j’ai commencé à décrypter le décor qui m’entoure. J’ai appris qu’un bosquet de cactus est le signe de la présence d’un ancien village arabe, que les maisons de pierre en ruines au bord du chemin n’étaient pas les vestiges d’une époque lointaine. Les gens qui ont vécu ici, ont laissé de nombreuses traces. Mais d’ici quelques années, elles seront ensevelies. Ces vestiges, nous choisissons de ne pas les voir. Symbole de vie, l’arbre verdoyant monte désormais la garde, tel un soldat. Les villages sont enterrés sous les pins et leurs histoires sont balayées sous un tapis d’aiguilles et de mousse. On nous raconte l’histoire des héros qui ont fait fleurir le désert. Et à moi, on me parle de mon ancêtre qui a planté une forêt. »
Son indifférence au peuple palestinien pourrait expliquer la franchise frappante de ses journaux intimes, rédigés sans filtre, avec l’assurance tranquille d’un homme convaincu de la légitimité de la domination de son peuple et de la normalité de ses actes.
Son témoignage constitue un contre-récit soigneusement enseveli et banni par son État. Ses mémoires contredisent l’Histoire officielle d’Israël, victime innocente. Son archive s’oppose à celle enseignée et racontée à travers le monde.
Michal Weits dit dans une interview : « On nous a dit que les Arabes ont attaqué Israël, et que les Palestiniens sont partis. Qu’il n’y a pas eu de villages détruits, ni d’expulsions. En Israël, la Nakba et 1948 sont des sujets tabous. On n’en parle pas, on ne les enseigne pas. Nous devons demander pardon aux Palestiniens. Si nous voulons envisager un avenir meilleur pour la prochaine génération, il faut aller à la racine du conflit. Ce n’est pas 1967, ni même 1948, même si cette date est un tournant majeur. Le conflit commence plus tôt, dans les années 1920-1930, lorsque le peuple juif a commencé à acheter des terres à la population arabe. C’est là que tout commence. je ne pense pas que reconnaître l’histoire des Palestiniens nuirait à l’État d’Israël ; au contraire, cela nous apporterait plus d’avantages que de torts. La nouvelle génération n’a pas peur d’en parler. »
Briser le silence. Démanteler le tabou de cet héritage chargé de violence, pour qu’il ne demeure pas entre les seules mains des guerriers messianiques.
Michal Weits raconte calmement les actes de son grand-papa Joseph (comme elle l'appelle et dont elle avait été fière avant de trouver ses écrits), lit posément ses carnets terrifiants
Elle donne une contextualisation historique à travers des dates, des cartes, des films, des photos, des images animées, des documents écrits. Un important travail d’archives retrace les actions de Joseph Weitz et restitue la vie quotidienne des Palestiniens, leur travail de la terre, leur existence…
Michal Weits lance une bouteille à la mer dans cette immense machine qui, pendant des décennies, a manipulé l'Histoire, broyé les plus vulnérables et étouffé la parole des justes .
J’ai une profonde admiration pour le courage de cette Israelienne qui a accepté de confronter sa propre histoire familiale face à la Grande Histoire d’Israel ,ce qui a été difficile et éprouvant mais admirable.
Il semble que la jeune génération soit consciente de ce devoir ce qui peut être un espoir pour les deux parties…
https://blogs.mediapart.fr/hejer-charf/blog/…
La boîte bleue (Blue Box), écrit et réalisé par Michal Weits, coproduction : Israël, Canada, Belgique, 2021, 82 minutes
Disponible sur les plateformes canadiennes : ICI TOU.TV (version française, 53 minutes), et Knowledge Network (version anglaise, intégrale)
Ce film étant introuvable apparemment en France, il a été relaté et commenté dans un blog indépendant sur Médiapart par Hejer Charf dont je vous donne des extraits tout en vous incitant à aller le lire au complet (voir référence au lien à la fin du texte).
Extraits du Blog :
Le titre du film BLUE BOX fait référence aux fameuses boîtes en métal bleues, créées en 1901 par le Fonds national juif. Elles servaient à collecter des dons auprès des communautés juives du monde entier pour financer l’achat des terres en Palestine.
Pendant quatorze ans, Michal Weits s’est plongée dans les 5 000 pages des journaux intimes de son arrière-grand-père, où il a consigné avec une franchise glaçante et sans détour, ses actions contre la population arabe…
« Depuis deux jours, je mets tout en œuvre pour évincer les Arabes et libérer nos terres. J’en ai la nausée. Suis-je vraiment en train de déposséder ces gens des terres qu’ils cultivent depuis des années ? Je fais taire cette voix pour me dire que les choses ne peuvent pas être autrement. Mon peuple passe avant tout. »
Joseph Weitz est né dans l’Empire russe. En 1908, à 18 ans, animé par l’idéologie sioniste, il émigre en Palestine, où il découvre une terre déjà habitée et cultivée par une population arabe.
En 1933, il a écrit, « Ce matin nous avons visité Ramallah, ce que nous y avons vu nous a impressionnés, les paysans défrichaient les terres de roche à la main pour les labourer et semer. Les maisons se dressaient fièrement entre les pierres comme si elles avaient poussé à même le roc. Leur victoire sur ces terres arides et désertiques nous rend tristes et nous laisse le cœur lourd. Tous ces champs impropres à la culture sont devenus des vergers et des vignobles luxuriants. À force de travail, les Arabes ont reverdi les montagnes et couvert le pays d’une nature verdoyante. Je les enviais au point d’en avoir mal. Toutes ces terres cultivées regorgeaient de vie. Mais qu’en était-il de nous ? Où est notre terre ? Il faut acheter plus de terrains. Nous devons marchander pour acquérir ces terres où vivent les Arabes.”
(ce qui en passant fait s’écrouler cette accusation de terres négligées par les Palestiniens…)
En 1910, la Palestine comptait 80 000 Juifs et 650 000 Arabes. En 1933, on y recensait 175 000 Juifs et 800 000 Arabes. Joseph Weitz, pilier de la politique foncière sioniste, poursuivait un objectif clair : inverser cette réalité démographique. Il n’achetait pas les terres pour coexister avec les Arabes, mais pour les déposséder méthodiquement : les arracher à leurs terres…
“Chaque parcelle de terre représentait une terre de plus dans la création d’un État juif. », dit son arrière-petite-fille.
En 1936 éclate la grande révolte arabe en Palestine, réclamant la fin du mandat britannique, l’arrêt de la vente des terres aux Juifs et l'arrêt de l’immigration juive.
Michal Weits dit, « Dans ses journaux, grand-papa Joseph décrit la violente résistance arabe. Les Britanniques essaient de rétablir le calme, sans succès. Ils nomment une commission royale qui conclut que le pays doit être divisé en deux États : un arabe et un juif. C’est alors que grand-papa comprend que pour définir les frontières du futur État juif, il doit établir des faits sur le terrain.
Ainsi, il a commencé à implanter de nouvelles colonies juives dans tout le pays. »
En 1940, Joseph Weitz a écrit, « Nous avons fait le tour des villages arabes ce matin, j’ai pensé à la question juive qui nous dicte de reprendre ce territoire pour y vivre. Entre nous, il faut que ça soit clair, il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays. Si les Arabes partent, la terre sera vaste et spacieuse. S’ils restent, le pays entier va s’appauvrir et sera surpeuplé. La seule solution, c’est la terre d’Israël sans Arabes. Il n’y a aucune place au compromis. Nous devons tous les expulser. Aucun village, ni aucun peuplement ne doivent rester. Le transfert des populations arabes est la seule façon d’assurer notre salut. »
Le 14 mai 1948, à la suite du plan de partage de la Palestine décidé par l’ONU, David Ben Gourion proclame l'établissement de l'État d'Israël.
Le lendemain, le 15 mai, des armées arabes envahissent le nouvel État.
Joseph Weitz : « J’aurais dû prévoir que ces affrontements n’étaient que question de temps. Nos forces armées ont reconquis les villages arabes l’un à la suite de l’autre et les habitants terrifiés ont fui comme des rats. Comment décrire ce qui s’est passé dans ces villages arabes. Il n’a fallu que quelques tirs de mortiers au-dessus de leurs têtes pour qu’ils prennent leurs jambes à leurs cous. Les villages sont désertés de leurs habitants. Si ça continue et bien sûr, nous ne manquerons pas de poursuivre, des dizaines de villages seront bientôt totalement évacués. Cette fois, ceux qui n’ont jamais craint pour leur vie, découvriront ce que signifie être réfugié. Peut-être, ils nous comprendront mieux. »
En 1948, l’État d’Israël comptait 650 000 Juifs et 156 000 Arabes.
750 000 Palestiniens furent expulsés de leurs terres, entassés dans 52 camps de réfugiés aux frontières de leur pays.
« J’ai visité les villages conquis et je peux témoigner de leur abandon. De Tel-Aviv à Hadera, il n’y a plus un seul Arabe. Aucun. J’ai passé la matinée dans les bureaux de Tel-Aviv à dresser la liste des villages abandonnés. Qui aurait pu espérer un tel miracle ? Il est hors de question de les laisser revenir. Mais nous achèterons leurs propriétés et nous les aiderons à se réinstaller dans un pays voisin où ils seront plus heureux. »
Immédiatement après, Joseph Weitz fonde le comité de transfert des Palestiniens, qui ordonne la destruction de leurs villages et légalise leur exode permanent pour empêcher leur retour.
En décembre 1948, l’Assemblée générale des Nations Unies adopte la résolution 194, autorisant le retour des réfugiés palestiniens dans leurs pays. Le premier ministre David Ben Gourion sabote aussitôt cette décision. Il vend 250 000 acres de terres appartenant à des propriétaires déclarés absents au Fonds national juif. Par ce biais, le gouvernement israélien transfère ces terres à un organisme national qui échappe au contrôle du droit international. Ce transfert devient la plus grande transaction immobilière de l’histoire d’Israël.
En 1950, Israël adopte la loi sur la propriété des absents qui légalise l'expropriation des Palestiniens et autorise l’État à saisir leurs biens.
David Ben Gourion confie à Joseph Weitz le grand projet de planter 80 millions d’arbres. La plantation des forêts ne visait pas à verdir le paysage mais à recouvrir les villages arabes détruits, pour qu’ils ne puissent jamais être reconstruits. David Ben Gourion a déclaré : « Planter des arbres est devenu notre sport national. »
Michal Weits filme les paysages boisés d’Israël : Elle montre ce qu’il reste des Palestiniens. Elle dit,
« En 1948, du jour au lendemain, des centaines de maisons en briques et en torchis sont démolies et des terrains rasés dans nombreux villages du sud et du centre du pays. C’est en fouillant cette histoire que j’ai commencé à décrypter le décor qui m’entoure. J’ai appris qu’un bosquet de cactus est le signe de la présence d’un ancien village arabe, que les maisons de pierre en ruines au bord du chemin n’étaient pas les vestiges d’une époque lointaine. Les gens qui ont vécu ici, ont laissé de nombreuses traces. Mais d’ici quelques années, elles seront ensevelies. Ces vestiges, nous choisissons de ne pas les voir. Symbole de vie, l’arbre verdoyant monte désormais la garde, tel un soldat. Les villages sont enterrés sous les pins et leurs histoires sont balayées sous un tapis d’aiguilles et de mousse. On nous raconte l’histoire des héros qui ont fait fleurir le désert. Et à moi, on me parle de mon ancêtre qui a planté une forêt. »
Son indifférence au peuple palestinien pourrait expliquer la franchise frappante de ses journaux intimes, rédigés sans filtre, avec l’assurance tranquille d’un homme convaincu de la légitimité de la domination de son peuple et de la normalité de ses actes.
Son témoignage constitue un contre-récit soigneusement enseveli et banni par son État. Ses mémoires contredisent l’Histoire officielle d’Israël, victime innocente. Son archive s’oppose à celle enseignée et racontée à travers le monde.
Michal Weits dit dans une interview : « On nous a dit que les Arabes ont attaqué Israël, et que les Palestiniens sont partis. Qu’il n’y a pas eu de villages détruits, ni d’expulsions. En Israël, la Nakba et 1948 sont des sujets tabous. On n’en parle pas, on ne les enseigne pas. Nous devons demander pardon aux Palestiniens. Si nous voulons envisager un avenir meilleur pour la prochaine génération, il faut aller à la racine du conflit. Ce n’est pas 1967, ni même 1948, même si cette date est un tournant majeur. Le conflit commence plus tôt, dans les années 1920-1930, lorsque le peuple juif a commencé à acheter des terres à la population arabe. C’est là que tout commence. je ne pense pas que reconnaître l’histoire des Palestiniens nuirait à l’État d’Israël ; au contraire, cela nous apporterait plus d’avantages que de torts. La nouvelle génération n’a pas peur d’en parler. »
Briser le silence. Démanteler le tabou de cet héritage chargé de violence, pour qu’il ne demeure pas entre les seules mains des guerriers messianiques.
Michal Weits raconte calmement les actes de son grand-papa Joseph (comme elle l'appelle et dont elle avait été fière avant de trouver ses écrits), lit posément ses carnets terrifiants
Elle donne une contextualisation historique à travers des dates, des cartes, des films, des photos, des images animées, des documents écrits. Un important travail d’archives retrace les actions de Joseph Weitz et restitue la vie quotidienne des Palestiniens, leur travail de la terre, leur existence…
Michal Weits lance une bouteille à la mer dans cette immense machine qui, pendant des décennies, a manipulé l'Histoire, broyé les plus vulnérables et étouffé la parole des justes .
J’ai une profonde admiration pour le courage de cette Israelienne qui a accepté de confronter sa propre histoire familiale face à la Grande Histoire d’Israel ,ce qui a été difficile et éprouvant mais admirable.
Il semble que la jeune génération soit consciente de ce devoir ce qui peut être un espoir pour les deux parties…
https://blogs.mediapart.fr/hejer-charf/blog/…
La boîte bleue (Blue Box), écrit et réalisé par Michal Weits, coproduction : Israël, Canada, Belgique, 2021, 82 minutes
Disponible sur les plateformes canadiennes : ICI TOU.TV (version française, 53 minutes), et Knowledge Network (version anglaise, intégrale)
Un éclairage fascinant sur des faits complètement occultés (je découvre). Merci Piero.
Merci Myrco tu me fais un immense plaisir !
Avec ma fille on essaie de joindre la réalisatrice pour savoir pourquoi on ne peut se procurer ce film ou simplement le voir à la télé ,en salle ou sur des plates-formes....
Avec ma fille on essaie de joindre la réalisatrice pour savoir pourquoi on ne peut se procurer ce film ou simplement le voir à la télé ,en salle ou sur des plates-formes....
Très beau développement explicatif, Pieronnelle ...
Un très intéressant témoignage, merci Pieronnelle, ça sert bien l’Histoire. Mais maintenant ce qui est fait est fait, on ne peut pas faire marche arrière, il est plus que temps de déposer les armes et de vivre en paix !
Un très intéressant témoignage, merci Pieronnelle, ça sert bien l’Histoire. Mais maintenant ce qui est fait est fait, on ne peut pas faire marche arrière, il est plus que temps de déposer les armes et de vivre en paix !
Vivre où et comment pour les Gazaouis ? Dans les ruines et sans bouffer ?
Un très intéressant témoignage, merci Pieronnelle, ça sert bien l’Histoire. Mais maintenant ce qui est fait est fait, on ne peut pas faire marche arrière, il est plus que temps de déposer les armes et de vivre en paix !
Ce qui est fait et mal fait doit être dit. Il n'est pas normal qu'on ait menti aux Israéliens sur la façon dont à été construit Israël et ceux qui découvrent enfin comprennent mieux pourquoi ce conflit n'a jamais pu être réglé. Israël existe et doit continuer à exister mais il n'est pas normal que les nouvelles générations n'aient pas pu connaître leur Histoire. Heureusement il existe des historiens, des réalisateurs, des artistes,, et bien d'autres Israéliens qui ont le courage de le faire. Non pour punir mais comprendre enfin cette spoliation qualifiée de Nettoyage ethnique avec toutes les preuves et archives. Et enfin comprendre pourquoi il y a eu une résistance palestinienne avec toutes les violences associées à des violences subies...
Avec ma fille on a réussi à joindre cette réalisatrice et elle nous a envoyé un lien pour voir son film en entier. Malheureusement il est sous-titré en anglais. Mais pour ceux qui sont interessés je peux leur faire parvenir car c'est le désir de la réalisatrice :
"D’ordinaire, je n’envoie pas le lien du film, mais je pense qu’aujourd’hui nous vivons une époque folle, et je souhaite que les gens puissent voir et comprendre notre terrible conflit, en priant pour que cette horrible guerre se termine bientôt.
Puissions-nous connaître la paix de notre vivant.Bien à toi,
Michal""
Alors tu vois SJB on ne peut pas balayer de la main ce qui est fait" !
Quand on voit la douleur des Israéliens suite à l'attaque du 7 octobre, notre devoir est bien de penser à celle des Palestiniens et ce qu'ils ont vécu depuis la creation d'Israël, et surtout condamner le gouvernement actuel qui n'a rien a envier à celui de 1948 !!
Maintenant, après ce massacre à Gaza et l'impossibilité de vraiment créer un Etat Palestinien vu ce qu'il en reste...il va falloir de sacrées bonnes volontés!
Et le plan Trump ressemble vraiment à une autre méthode de colonisation...
Va-t-on enfin réagir à cette immense injustice !!!
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