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Je suis tombé sur un article fort intéressant et bien écrit sur l'évolution de la littérature actuelle. Ça débute sur le sujet de la New Romance pour vite basculer sur le sujet général de la fissure du paysage littéraire en deux mondes hermétiques l'un à l'autre : celui du livre papier de l'édition traditionnelle et celui du numérique de la littérature web. Il aide à mieux comprendre les enjeux de la littérature d'aujourd'hui dans ses nouvelles formes parfois déroutantes pour les non-initiés. Il dénonce l'injuste dévalorisation de la littérature web par les milieux traditionnels, trop souvent perçue comme une "sous-littérature" (ce qui bien sûr n'existe pas, la difficulté est de le faire comprendre). La principale solution proposée pour lui rendre sa légitimité est d'en parler, de sensibiliser, ce que je fais en vous partageant cet article.
L'article : https://bbf.enssib.fr/consulter/…
Le livre d'origine : https://enssib.fr/bibliotheque-numerique/…
Pour moi dont l'entrée dans la littérature s'est faite par les fanfictions sur Wattpad, n'ayant jamais eu à "passer au numérique", je me retrouve beaucoup plus dans la littérature web que dans l'édition traditionnelle, me semblant trop en décalage, et cet article montre qu'une grande partie de ma génération partage mon cas. Je trouve aberrant qu'il y ait une hierarchie culturelle plaçant la littérature blanche en 1er, celle "de genre" en 2ème, l'auto-édition en 3ème et la littérature web en dernier. L'autrice touche juste en disant "On assume plus facilement de lire un Goncourt qu'une fanfiction". Ça m'attriste de voir un tel élitisme primaire en 2025, la littérature web est toujours absente des prix littéraires, exclue de Booknode, Blablalivre et Livraddict, à la radio j'entends toujours « à retrouver aux éditions ...», jamais « à retrouver dans l'application ...». J'en profite pour dire que pour y remédier, je compte écrire un guide de la lecture numérique.
J'espère que cet article aidera à y voir plus clair (je trouve juste dommage qu'il se focalise sur les jeunes, oubliant totalement Atramenta au public plus âgé, proche de celui de CL)
L'article : https://bbf.enssib.fr/consulter/…
Le livre d'origine : https://enssib.fr/bibliotheque-numerique/…
Pour moi dont l'entrée dans la littérature s'est faite par les fanfictions sur Wattpad, n'ayant jamais eu à "passer au numérique", je me retrouve beaucoup plus dans la littérature web que dans l'édition traditionnelle, me semblant trop en décalage, et cet article montre qu'une grande partie de ma génération partage mon cas. Je trouve aberrant qu'il y ait une hierarchie culturelle plaçant la littérature blanche en 1er, celle "de genre" en 2ème, l'auto-édition en 3ème et la littérature web en dernier. L'autrice touche juste en disant "On assume plus facilement de lire un Goncourt qu'une fanfiction". Ça m'attriste de voir un tel élitisme primaire en 2025, la littérature web est toujours absente des prix littéraires, exclue de Booknode, Blablalivre et Livraddict, à la radio j'entends toujours « à retrouver aux éditions ...», jamais « à retrouver dans l'application ...». J'en profite pour dire que pour y remédier, je compte écrire un guide de la lecture numérique.
J'espère que cet article aidera à y voir plus clair (je trouve juste dommage qu'il se focalise sur les jeunes, oubliant totalement Atramenta au public plus âgé, proche de celui de CL)
C'est très intéressant en effet. Je pense que beaucoup sur ce site sont comme moi, relativement âgé et ne connaissant rien de cette littérature. Je pense qu'il faut essayer car c'est difficile de se rendre compte de ce que ca fait réellement de lire de la "New Romance".
Je ne sais pas si il y a une hiérarchie entre les différentes manières de consommer de la littérature. C'est vrai que dans la littérature traditionnelle il y a des éditeurs dont le métier est de faire un tri et découvrir des auteurs, tandis que sur le web la porte est ouverte aux amateurs. On ne peut pas dire que l'un est meilleur que l'autre, c'est différent. Sinon une autrice/lectrice mentionne dans l'article que les fanfictions demandent moins d'efforts cognitifs, c'est pa un jugement de valeur, mais c'est probablement vrai que c'est une "consommation" plus légère de la lecture.
Un guide de lecture numérique serait bienvenu, c'est la première fois que j'entend parler de New Romance, fanfiction,.. je pense que je comprend l'intérêt d'interagir avec l'auteur sur des plate-formes comme tiktok, mais je ne comprend pas bien de quel contenu on parle, plutot genre BD, ou Manga ou simplement du récit,..
Je ne sais pas si il y a une hiérarchie entre les différentes manières de consommer de la littérature. C'est vrai que dans la littérature traditionnelle il y a des éditeurs dont le métier est de faire un tri et découvrir des auteurs, tandis que sur le web la porte est ouverte aux amateurs. On ne peut pas dire que l'un est meilleur que l'autre, c'est différent. Sinon une autrice/lectrice mentionne dans l'article que les fanfictions demandent moins d'efforts cognitifs, c'est pa un jugement de valeur, mais c'est probablement vrai que c'est une "consommation" plus légère de la lecture.
Un guide de lecture numérique serait bienvenu, c'est la première fois que j'entend parler de New Romance, fanfiction,.. je pense que je comprend l'intérêt d'interagir avec l'auteur sur des plate-formes comme tiktok, mais je ne comprend pas bien de quel contenu on parle, plutot genre BD, ou Manga ou simplement du récit,..
je ne comprend pas bien de quel contenu on parle.
C'est totalement ça qui m'inquiète, l'incompréhension.
Ces deux littératures évoluent dans des milieux différents (l'un en librairie/bibliothèque, l'autre sur les plateformes), les livres, les auteurs et les prix d'un milieu ne sont pas dans l'autre. Résultat, deux littératures évoluant chacune dans sa bulle, développant leurs propres codes de manières séparées, ce qui fait qu'elles peinent à se comprendre.
Il suffit de voir les genres littéraires qui ne sont plus les mêmes dans les deux mondes, et les différences ne feront qu'augmenter…
Ce phénomène est voué à s'intensifier, car il ne touche pas que ma génération mais bien toutes celles qui viendront ensuite, pour qui les ME ne sont qu'une option parmi d'autres (et pas la meilleure), celle par défaut étant l'autoédition ou la publication web.
Le principe d'une ME, c'est d'offrir correction, couverture et communication à l'auteur qui ne sait qu'écrire et n'a pas ces compétences. Désormais, les ia font très bien la correction, et avec les tutos sur Youtube, les outils comme Canvas et les ia génératives, n'importe qui peut créer une bonne couverture. À moins d'avoir une demande ultra-spécifique, les ME sont obsolètes sur ce point. Le seul avantage restant d'une ME est la visibilité, ce qui n'est valable que pour les quelques grandes ME. Il ne reste plus que les désavantages (perte des droits et contrôle sur son livre, instabilité financière, piégé dans un contrat, pas sûr d'être accepté, la ME prend tout l'argent et laisse que les miettes, suppression de la version web coupant tout lien avec les lecteurs…). Seules les anciennes générations ayant connu l'époque où n'existait que les ME se tournent vers elles, par habitude et car les autres méthodes leur sont étrangères. L'édition traditionelle est en déclin, et la littérature web en pleine croissance : la fissure se fait de plus en plus visible.
Je pense que beaucoup sur ce site sont comme moi, relativement âgé et ne connaissant rien de cette littérature.
En effet, lorsque l'autrice dit « Un lecteur familier de la littérature web comprendra immédiatement la mention «La série n°1 sur Webtoon» qui figure sur la couverture, mais d’autres ne devineront pas que l’œuvre a d’abord été conçue pour être déroulée linéairement sur un écran. », j'ai directement pensé à Septularisen qui n'a jamais précisé dans ses critiques de l'œuvre en question (c'est Solo Leveling), que c'est un webtoon, écrivant toujours « Ça se lit de gauche à droite » au lieu de « Ça se lit de haut en bas sur téléphone, à l'exception de sous-produit dérivé qu'est l'édition papier se lisant de gauche à droite ».
il y a des éditeurs dont le métier est de faire un tri et découvrir des auteurs
Dans l'un les éditeurs font le tri, qu'il soit bon ou pas, dans l'autre c'est au lecteur de trier. Mais certaines plateformes (surtout Wattpad et Webtoons.com) ont un algorithme de recommandation totalement biaisé auquel on ne peut se fier, et un système de recherche trop basique pour bien trier, ce qui ne peut être fait plus que par les critiques sur des sites comme CL.
les fanfictions demandent moins d'efforts cognitifs
En tant qu'auteur exclusivement de fanfiction, c'est vrai que la préexistante de l'univers et des personnages rend la chose plus facile, mais faut pas généraliser, j'ai déjà lu des fanfictions avec plus de complexité littéraire et mieux travaillées que l'œuvre originale.
je ne comprend pas bien de quel contenu on parle, plutot genre BD, ou Manga ou simplement du récit...
Pour la faire courte, n'importe qui peut écrire et lire les écrits des autres sur les plateformes, un peu comme Youtube mais avec des livres au lieu des vidéos. Elles abritent de tous les genres (mais pas forcément dans les mêmes proportions), plus le genre de la fanfiction, qui (à l'exception de celles sur les œuvres du domaine public type Sherlock Holmes), ne peut être publié en papier. Il y a 4 plateformes principales :
– Wattpad : Public principalement -30ans, la plus populaire, plutôt amateur, récits à l'écrit, géré par une entreprise capitaliste, le profit avant l'écrit
– Atramenta : Public principalement +30ans, textes plus matures et professionnels, récits à l'écrit, géré par une entreprise de passionnés, l'écrit avant le profit
– AO3 : De base axé sur les fanfictions, mais si grand que la catégorie fiction originale est bien remplie, récits à l'écrit, fonctionnement atypique, libre/opensource/non-commercial
– Webtoons.com : Pour les BD au format téléphone, détenu par la même société que Wattpad
Le principe d'une ME, c'est d'offrir correction, couverture et communication à l'auteur qui ne sait qu'écrire et n'a pas ces compétencesNon, pour moi, l'intérêt d'un vrai éditeur, c'est d'abord et avant tout de choisir les livres qu'il édite.
Quelques forums sur ce sujet:
- Les éditeurs que j'aime https://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
- Les éditeurs https://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
Le principe d'une ME, c'est d'offrir correction, couverture et communication à l'auteur qui ne sait qu'écrire et n'a pas ces compétencesOuch. Non, vraiment pas. D'ailleurs on a l'impression à te lire que l'édition est un service, ce qu'elle n'est pas du tout.
Résultat, deux littératures évoluant chacune dans sa bulle, développant leurs propres codes de manières séparées, ce qui fait qu'elles peinent à se comprendre.Ça on peut le dire au sein de l'édition littéraire papier traditionnelle. La plupart des éditeurs, des auteurs, des journalistes littéraires connaissent très mal l'édition littéraire au-delà d'un cercle restreint.
Il suffit de voir les genres littéraires qui ne sont plus les mêmes dans les deux mondes, et les différences ne feront qu'augmenter…
Non, pour moi, l'intérêt d'un vrai éditeur, c'est d'abord et avant tout de choisir les livres qu'il édite
on a l'impression à te lire que l'édition est un service, ce qu'elle n'est pas du tout.
Je me suis mal exprimé, au lieu de dire « Le principe d'une ME c'est [...] », je voulais dire « Du point de vue de l'auteur, ce qu'une ME représente c'est [...] ». Bien sûr, l'édition n'est pas qu'un service à l'auteur, elle joue aussi un important rôle de filtre avec ses collections et sa ligne éditoriale. Je ne l'ai pas mentionné car ce filtre guide le lecteur, et là j'exprimais le point de vue de l'auteur pour qui l'édition traditionnelle n'a plus ses avantages d'antan.
Mais, je reconnais avoir du mal à comprendre en quoi, du point de vue du lecteur, le filtre d'un éditeur se distingue des playlists de livres sur Babelio/Goodreads (ou des bibliothèques thématiques de CL) ? Les deux sont des listes de livres sélectionnés pour les mêmes critères (goûts, qualité, valeurs, etc.). Même là-dessus, les ME me semblent optionnelles, ces playlists remplissant le rôle autrefois attribué à leurs collections.
Ça on peut le dire au sein de l'édition littéraire papier traditionnelle. La plupart des éditeurs, des auteurs, des journalistes littéraires connaissent très mal l'édition littéraire au-delà d'un cercle restreint.
C'est vrai, mais les livres édités traditionnellement sont au moins dans les mêmes bibliothèques et librairies, peuvent concourir aux mêmes prix, êtres présents dans les mêmes salons, et sur les mêmes sites internets… donc la séparation entre les différentes sphères de littérature traditionnelle est quand même moins forte qu'entre la littérature traditionnelle et la littérature web.
bibliothèques thématiques de CL
Est-ce que tu penses aux listes par catégorie ? (https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcat/
playlists de livres sur BabelioPourrais-tu donner un exemple?
Il me semble que l'ordre dans ces listes dépend des "notes" attribuées par les lecteurs. Or, il y a les vrais lecteurs et les "promoteurs". Personnellement, je fais confiance aux lecteurs/lectrices dont je connais les goûts.
les livres édités traditionnellementInclus-tu les autoéditions et éditeurs à compte d'auteur (ou à compte très participatif)?
En fait, j'ai toujours eu l'impression qu'il y avait un clivage dans la littérature. De la même façon, qu'il y a un débat autour des lecteurs pro- Marc Levy, Guillaume Musso... etc type "romans de gare" ou le nouveau genre en vogue "feel good", et que certains ne considèrent pas comme étant de la "vraie" littérature, et les pro- d'un genre littéraire plus classique, avec des auteurs d'une certaine renommée, voire primés...
Je vois souvent ce type de débat d'ailleurs sur des groupes FB de lecture, avec parfois des critiques assez vives et acerbes de membres critiquant ceux qui se permettraient de parler du dernier Levy en date....
Finalement, aujourd'hui le débat se déplace....
Je vois souvent ce type de débat d'ailleurs sur des groupes FB de lecture, avec parfois des critiques assez vives et acerbes de membres critiquant ceux qui se permettraient de parler du dernier Levy en date....
Finalement, aujourd'hui le débat se déplace....
Non, tu t'en doutes. J'appelle "édités" les livres dont les éditeurs assument tous les frais d'édition.
Inclus-tu les autoéditions et éditeurs à compte d'auteur (ou à compte très participatif)?
Pardon, la question ne m'était pas adressée.
Inclus-tu les autoéditions et éditeurs à compte d'auteur (ou à compte très participatif)?
Non, tu t'en doutes. J'appelle "édités" les livres dont les éditeurs assument tous les frais d'édition.
En fait, je pense que, de même que ce qui est possible, commercialement parlant, pour la musique populaire, ne l'est pas pour la musique savante, ce qui est commercialement envisageable pour des formes de littérature populaire ne l'est pas pour la littérature de création. Mais concernant la littérature de création, la réalité de la situation est brouillée intentionnellement aux yeux du public pour des raisons commerciales. La réalité est qu'il n'y a plus rien à gagner, financièrement parlant, avec la littérature de création, comme probablement avec la musique savante.
On me corrigera si je suis à côté de la plaque, mais de mon point de vue, la littérature web c'est de l'auto édition en version numérique, à cette différence près qu'un livre publié sur une plateforme numérique se trouve pour ainsi dire automatiquement inclus dans une 'librairie' tandis que le livre en auto-édition papier ne l'est pas.
Cela étant, cette forme d'édition ne pose-t-elle pas problème au niveau de la protection des droits d'auteur, et/ou au niveau du risque de plagiat?
Au sujet de l'absence de livres publiés sur le web parmi les candidats aux prix littéraires; il me semble que la première difficulté que cela pose pour les administrateurs de prix, c'est le nombre de livres ainsi publiés; on ne peut pas tout lire. Bref, j'imagine qu'il est quasiment impossible de prendre en considération tout ce qui est publié car cela risque d'alourdir considérablement le processus de sélection.
Une dernière remarque; du point de vue du lectorat, outre le manque de familiarité avec l'offre numérique, je pense que l'on doit également considérer le fait qu'il y a tout de même un certain nombre de lecteurs qui préfèrent lire en version papier plutôt que de lire sur écran.
Cela étant, cette forme d'édition ne pose-t-elle pas problème au niveau de la protection des droits d'auteur, et/ou au niveau du risque de plagiat?
Au sujet de l'absence de livres publiés sur le web parmi les candidats aux prix littéraires; il me semble que la première difficulté que cela pose pour les administrateurs de prix, c'est le nombre de livres ainsi publiés; on ne peut pas tout lire. Bref, j'imagine qu'il est quasiment impossible de prendre en considération tout ce qui est publié car cela risque d'alourdir considérablement le processus de sélection.
Une dernière remarque; du point de vue du lectorat, outre le manque de familiarité avec l'offre numérique, je pense que l'on doit également considérer le fait qu'il y a tout de même un certain nombre de lecteurs qui préfèrent lire en version papier plutôt que de lire sur écran.
Les jurés de prix littéraires ne lisent - quand ils les lisent - que les services de presse envoyés par les maisons d'édition.
Au sujet de l'absence de livres publiés sur le web parmi les candidats aux prix littéraires; il me semble que la première difficulté que cela pose pour les administrateurs de prix, c'est le nombre de livres ainsi publiés; on ne peut pas tout lire. Bref, j'imagine qu'il est quasiment impossible de prendre en considération tout ce qui est publié car cela risque d'alourdir considérablement le processus de sélection.
Les éditeurs savent quels livres ont des chances de faire partie d'une sélection (auteur jeune, sujet dans l'air du temps, lecture facile...) ; ils n'envoient que ces titres-là. Les services de presse coûtent cher : ce sont des livres offerts qui ne rapportent aucun argent à l'éditeur (ni à l'auteur évidemment) et qui se retrouvent très vite sur le circuit de l'occasion, souvent à l'état neuf puisqu'ils n'ont jamais été lus, rachetés par Joseph Gibert (exemple courant) pour quelques centimes aux journalistes et aux jurés de prix littéraires qui ne vont pas stocker chez eux les centaines de livres reçus par an, et revendus au deux tiers du prix du neuf sans aucun bénéfice ni pour l'éditeur ni pour l'auteur. C'est la raison pour laquelle la majorité des prix littéraires reviennent aux maisons d'édition qui ont les moyens.
Au sujet de l'absence de livres publiés sur le web parmi les candidats aux prix littéraires; il me semble que la première difficulté que cela pose pour les administrateurs de prix, c'est le nombre de livres ainsi publiés; on ne peut pas tout lire. Bref, j'imagine qu'il est quasiment impossible de prendre en considération tout ce qui est publié car cela risque d'alourdir considérablement le processus de sélection.
Les jurés de prix littéraires ne lisent - quand ils les lisent - que les services de presse envoyés par les maisons d'édition.
Les éditeurs savent quels livres ont des chances de faire partie d'une sélection (auteur jeune, sujet dans l'air du temps, lecture facile...) ; ils n'envoient que ces titres-là. Les services de presse coûtent cher : ce sont des livres offerts qui ne rapportent aucun argent à l'éditeur (ni à l'auteur évidemment) et qui se retrouvent très vite sur le circuit de l'occasion, souvent à l'état neuf puisqu'ils n'ont jamais été lus, rachetés par Joseph Gibert (exemple courant) pour quelques centimes aux journalistes et aux jurés de prix littéraires qui ne vont pas stocker chez eux les centaines de livres reçus par an, et revendus au deux tiers du prix du neuf sans aucun bénéfice ni pour l'éditeur ni pour l'auteur. C'est la raison pour laquelle la majorité des prix littéraires reviennent aux maisons d'édition qui ont les moyens.
Ceci explique cela... de manière fort éclairante d'ailleurs. Merci.
Est-ce que tu penses aux listes par catégorie ? (https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcat/
Je pense plutôt aux bibliothèques thématiques (https://critiqueslibres.com/i.php/forum/… ) qui listent les livres sur un thème bien précis, moins vague qu'un genre littéraire. (D'ailleurs, je compte en créer une pour répertorier les BD au format webtoon, pratique pour quand il y en aura assez pour créer une catégorie (car c'est un genre de BD à part entière avec ses propres codes, donc il mériterait sa sous-catégorie autant que le manga par exemple))
Pourrais-tu donner un exemple?
Chez les anglophones il y a https://www.wattpad.com/user/TemporalTravel qui fait des listes de lecture de différents genres, et côté français, le Collectif Grand-Grimoire https://www.wattpad.com/user/Grand-Grimoire fait aussi ses listes par genres. Comme je l'ai dit, lister par genre n'est pas aussi spécifique que les collections des maisons d'éditions, mais je suis sûr qu'il existe d'autres comptes dont les pratiques de listage s'en approchent plus, je ne les connais juste pas.
On me corrigera si je suis à côté de la plaque, mais de mon point de vue, la littérature web c'est de l'auto édition en version numérique
En pratique, l'autoédition est plus proche de l'édition traditionnelle sur la forme (la version ebook d'un livre autoédité est généralement sur un site type fnac/Amazon, a un isbn, est figée (on ne peut plus modifier les chapitres), se paye en une fois, n'a pas de commentaires sur les chapitres, etc.), et plus proche de la littérature web sur le fond (ouverte à tous, amateurs comme professionnels, sans correction et filtrage éditorial, l'auteur est seul aux commandes). Contrairement aux ME, l'autoédition n'interdit pas de publier les livres gratuitement sur le web, mais peu d'auteurs le font.
Cela étant, cette forme d'édition ne pose-t-elle pas problème au niveau de la protection des droits d'auteur, et/ou au niveau du risque de plagiat?
Les gens y sont globalement moins propriétaristes/à fond sur le droit d'auteur.
Beaucoup n'écrivent que pour le plaisir donc c'est comme la fanfiction : ça ne respecte pas le droit d'auteur mais tant que c'est non-commercial ça passe.
Un certain nombre de lecteurs qui préfèrent lire en version papier plutôt que de lire sur écran.
Certains lisent qu'en papier, d'autres qu'en numérique, encore une séparation de plus. Même si celle-ci est asymétrique : les livres traditionnels existent en numérique, mais les livres web n'existent pas en papier. (Pour la BD traditionnelle, son format étant plus grand, en proportion le texte est trop petit une fois ramené sur téléphone, c'est inadapté)
la première difficulté que cela pose pour les administrateurs de prix, c'est le nombre de livres ainsi publiés
Je vois pas en quoi ça diffère de l'édition traditionnelle, on ne peut pas non plus lire tous les livres édités. Même s'il faut rappeler qu'entre les classiques (Goncourt, Prix des Lecteurs, Prix des Lycéens…), ceux organisés par les plateformes (Wattys, Prix Babelio, Prix CL…), et ceux organisés par les lecteurs sur Wattpad (The Chaos Awards, The Prism Awards, The Magic Awards…), le fonctionnement n'est pas toujours le même. D'ailleurs, comme autre exemple de "codes qui différeny dans les deux mondes", il y a le bandeau rouge qui est propre à la littérature traditionnelle, je ne l'ai jamais vu en littérature web. C'est pas grand-chose, mais l'accumulation de ces petites différences, ça finit par compter…
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Pour donner un exemple concret, les petits prix Wattpadiens que j'ai cité ont été remportés par ce livre : https://wattpad.com/story/…
Je recommande aussi cet auteur, dont j'ai critiqué ici son roman primé aux Wattys 2021. Il a écrit d'autres livres intéressants : https://www.wattpad.com/user/LeGreg
Merci pour tes réponses.
Ca m'a fait penser, qu'en fait le modèle (littérature web) existe en Chine depuis plus de 20 ans. Bien sûr, la Chine c'est la Chine, mais on peut tout-de-même observer quelques similitudes et voir comment les choses évoluent là-bas. On peut notamment voir que bien que le modèle 'web' se soit considérablement développé et affiné au cours des années, (à ma connaissance) il n'y a pas eu d'intégration entre ce modèle et le modèle traditionnel. J'ignore comment les choses se jouent au niveau des bibliothèques. En revanche il semble bien que la littérature web ne soit pas prise en compte au niveau des prix littéraires (qui souffrent d'ailleurs des mêmes 'maux' qu'en France) tels que le Mao Dun ou le Lu Xun. Bref, en l'espace de disons 20 ans, les deux modèles sont restés chacun dans leur camp...
Reste à savoir comment les choses vont évoluer au sein des cultures occidentales...
Ca m'a fait penser, qu'en fait le modèle (littérature web) existe en Chine depuis plus de 20 ans. Bien sûr, la Chine c'est la Chine, mais on peut tout-de-même observer quelques similitudes et voir comment les choses évoluent là-bas. On peut notamment voir que bien que le modèle 'web' se soit considérablement développé et affiné au cours des années, (à ma connaissance) il n'y a pas eu d'intégration entre ce modèle et le modèle traditionnel. J'ignore comment les choses se jouent au niveau des bibliothèques. En revanche il semble bien que la littérature web ne soit pas prise en compte au niveau des prix littéraires (qui souffrent d'ailleurs des mêmes 'maux' qu'en France) tels que le Mao Dun ou le Lu Xun. Bref, en l'espace de disons 20 ans, les deux modèles sont restés chacun dans leur camp...
Reste à savoir comment les choses vont évoluer au sein des cultures occidentales...
C'est vrai qu'en Chine (mais aussi au Japon et en Corée), ils sont en avance sur nous sur ce point, la part du numérique sur le papier y est plus grande voire majoritaire sur l'édition traditionnelle (alors que la proportion de jeunes y est plus faible).
Ça a un impact sur nous, car nombre de sites de littérature web occidentaux sont détenus par des sociétés asiatiques. Naver détient entre autres Webtoons.com et Wattpad, et est un "GAFAM mais coréen". Webnovels.com est détenu par le géant chinois Qidian. Sur ces plateformes, certains genres spécifiques s'y sont developpés, comme le Wuxia, qui dérouterais surement nos bibliothéquaires français.
Une des grandes différences avec l'Asie et que là-bas, les ME suppriment moins les versions web de leurs livres. Par exemple, ma série préférée "MushokuTensei" est d'abord sortie en littérature web en japonais sur un site japonais, puis reprise par une ME sans suppression de l'œuvre d'origine. Cela donne deux versions parallèles dont l'histoire diffère parfois suite aux modifications éditoriales.
Une des grandes différences est aussi que l'Asie étant moins propriétariste, la fantraduction d'œuvres de ces pays est monnaie courante. La fantraduction comme la fanfiction viole les droits d'auteurs et n'est tolérée que lorsqu'elle est non-commerciale, donc en littérature web uniquement. Je grossis un peu le trait, mais si un étranger traduirait un auteur français sans son accord et publierais gratuitement les traductions sur le web, l'auteur crierait au scandale et ferait un procès au traducteur, alors qu'un auteur asiatique n'y verrait aucun soucis, voire serait honoré.
Au final, les groupes de fantraduction se comportent presque en éditeurs : ils sélectionnent soigneusement leurs œuvres, les traduisent, les mettent en forme et les hébergent. Ils font un boulot remarquable et sans eux, beaucoup d'œuvres ne nous seraient jamais parvenues.
Pour ceux qui ne voient pas ce que c'est, par exemple Prince Revolution est un groupe spécialisé dans la traduction des romans de l'autrice de fantasy taïwanaise Yu Wo https://international.princerevolution.org/francai…
Il y a aussi Novel de Glace, spécialisé dans la fantasy japonaise légère de pure divertissement https://noveldeglace.com
Ça a un impact sur nous, car nombre de sites de littérature web occidentaux sont détenus par des sociétés asiatiques. Naver détient entre autres Webtoons.com et Wattpad, et est un "GAFAM mais coréen". Webnovels.com est détenu par le géant chinois Qidian. Sur ces plateformes, certains genres spécifiques s'y sont developpés, comme le Wuxia, qui dérouterais surement nos bibliothéquaires français.
Une des grandes différences avec l'Asie et que là-bas, les ME suppriment moins les versions web de leurs livres. Par exemple, ma série préférée "MushokuTensei" est d'abord sortie en littérature web en japonais sur un site japonais, puis reprise par une ME sans suppression de l'œuvre d'origine. Cela donne deux versions parallèles dont l'histoire diffère parfois suite aux modifications éditoriales.
Une des grandes différences est aussi que l'Asie étant moins propriétariste, la fantraduction d'œuvres de ces pays est monnaie courante. La fantraduction comme la fanfiction viole les droits d'auteurs et n'est tolérée que lorsqu'elle est non-commerciale, donc en littérature web uniquement. Je grossis un peu le trait, mais si un étranger traduirait un auteur français sans son accord et publierais gratuitement les traductions sur le web, l'auteur crierait au scandale et ferait un procès au traducteur, alors qu'un auteur asiatique n'y verrait aucun soucis, voire serait honoré.
Au final, les groupes de fantraduction se comportent presque en éditeurs : ils sélectionnent soigneusement leurs œuvres, les traduisent, les mettent en forme et les hébergent. Ils font un boulot remarquable et sans eux, beaucoup d'œuvres ne nous seraient jamais parvenues.
Pour ceux qui ne voient pas ce que c'est, par exemple Prince Revolution est un groupe spécialisé dans la traduction des romans de l'autrice de fantasy taïwanaise Yu Wo https://international.princerevolution.org/francai…
Il y a aussi Novel de Glace, spécialisé dans la fantasy japonaise légère de pure divertissement https://noveldeglace.com
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