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Un article instructif. (Je suis moi-même très concerné - mon "casier judiciaire" étant plus chargé encore que le sien.)
https://actualitte.com/article/106553/…
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Un article instructif non sur le "casier judiciaire" mais sur ce que sont devenus les libraires : des marchands de livres. Vouloir inviter David Foenkinos, Katherine Pancol ou Alexandre Jardin dans sa librairie pour une signature, non parce qu'on les aime mais parce qu'ils vendront au moins 100 livres dans la soirée, je le comprends car, in fine, c'est ça qui fait vivre une librairie. Mais refuser d'accueillir un auteur au prétexte que "à quoi bon se donner du mal si ce n'est pas pour remplir le tiroir caisse", c'est lamentable... Si tout le monde adopte ce genre de comportement, la société s'effondrera. A titre personnel, en tant qu'officier en état-major à Paris, je suis payé pareil à la fin du mois quel que soit le temps que je passe au bureau. Au final, je dois faire en moyenne 50-55 heures par semaine parce que, dans le contexte actuel qui est assez compliqué, il le faut pour faire avancer des dossiers compliqués (même s'il y a quand même beaucoup de paperasse et de radotage...) et je ne suis pas un cas isolé : beaucoup de monde le fait comme moi, voire même plus (ce qui d'ailleurs - mais ça n'a rien à voir - me rend assez insupportable tous les discours dénonçant le pantouflage de la fonction publique vs le privé qui ferait marcher le pays...)
(ce qui d'ailleurs - mais ça n'a rien à voir - me rend assez insupportable tous les discours dénonçant le pantouflage de la fonction publique vs le privé qui ferait marcher le pays...)(Je suis assez bien placé pour penser pareil)
Pour revenir au cœur du sujet de l'article, je connais (au même titre que pléthore d'auteurs) exactement le même problème. Il fut un temps, pas lointain, où il m'arrivait d'être invité à l'autre bout de la France, ou en Belgique ; il y a peu de chance que ça se reproduise. Il faut beaucoup de motivation et de compétences pour arriver à vendre de la littérature de création. Ce qui est terrible, c'est que le nom même de l'auteur devient un handicap (ou un avantage pour vendre une merde bien signée). C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai tenté une petite provocation salutaire en ne mettant pas le mien sur la couverture du dernier (mais la diffusion a réclamé que le livre soit quand même répertorié sous mon nom). Mais on baigne dans un tel culte de la personne que ce message-là est incompréhensible. A terme, c'est la littérature de création qui est condamnée à n'être plus accessible que pour quelques lecteurs très avertis.
A terme, c'est la littérature de création qui est condamnée à n'être plus accessible que pour quelques lecteurs très avertis.
Sans la moindre volonté de provocation, est-ce qu'au fond, ça n'a pas toujours été la règle et la deuxième partie du 20e siècle l'exception ?
A terme, c'est la littérature de création qui est condamnée à n'être plus accessible que pour quelques lecteurs très avertis.Quand même, avant la deuxième moitié du 20e siècle, on a eu des Proust, des Joyce, des Woolf, des Kafka, des Faulkner... qui vendraient très peu aujourd'hui. Et sans parler de la poésie !
Sans la moindre volonté de provocation, est-ce qu'au fond, ça n'a pas toujours été la règle et la deuxième partie du 20e siècle l'exception ?
Mais là, avec Datalib, concrètement, ça veut dire que je ne peux plus, nous ne pouvons plus publier certains de nos textes, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec leur qualité - à moins de travailler avec un éditeur pour qui le risque financier est secondaire (ce qui se fait rare). Et ça signifie aussi que, si je voulais publier chez un gros éditeur, j'aurais tout intérêt à prendre un pseudo (voire à mentir sur mon âge et sur mon sexe).
A terme, c'est la littérature de création qui est condamnée à n'être plus accessible que pour quelques lecteurs très avertis.
Sans la moindre volonté de provocation, est-ce qu'au fond, ça n'a pas toujours été la règle et la deuxième partie du 20e siècle l'exception ?
Quand même, avant la deuxième moitié du 20e siècle, on a eu des Proust, des Joyce, des Woolf, des Kafka, des Faulkner... qui vendraient très peu aujourd'hui. Et sans parler de la poésie !
Bien sûr, mais ce que je veux dire, c'est : n'étaient-ils pas, eux aussi, accessibles qu'à quelques lecteurs avertis ? Je n'ai pas de chiffres à l'appui, mais j'aurais tendance à penser qu'on lit davantage Les Vagues, La Recherche, Le Bruit et la fureur ou Ulysse aujourd'hui qu'à l'époque de leur écriture. Sans même parler de Kafka...
Après tout, il me semble que La Chambre de Jacob fait un four à sa sortie. Tout le monde connaît les circonstances de la publication du Coté de chez Swann. Le Bruit et la fureur n'est pas compris...
Mais là, avec Datalib, concrètement, ça veut dire que je ne peux plus, nous ne pouvons plus publier certains de nos textes, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec leur qualité - à moins de travailler avec un éditeur pour qui le risque financier est secondaire (ce qui se fait rare). Et ça signifie aussi que, si je voulais publier chez un gros éditeur, j'aurais tout intérêt à prendre un pseudo (voire à mentir sur mon âge et sur mon sexe).
Oui, je comprends parfaitement ce problème...
@Feint : pour revenir à une discussion récente sur un autre sujet ("Fayard et Bolloré"), il me semble que ce que tu exposes donne finalement raison à l'orientation préconisée par François Bon : l'édition via des sites collaboratifs type Patreon, comme le font aussi beaucoup de musiciens face aux exigences des maisons de disque, pour permettre à l'écrivain de reprendre sa liberté créatrice dans une liaison directe avec ses lecteurs. Est-ce très différent ce qu'il y eut avant ? Rimbaud a imprimé à compte d'auteur, sans même réussir à atteindre la publication, Proust a publié compte d'auteur, Gracq également... Joyce aussi, pratiquement, puisque "Ulysse" fut publié à ses frais par une amie libraire et non par un éditeur. Comme le dit Stavro, je pense que notre époque contemporaine est en train de refermer - mais pas uniquement pour les écrivains - une période que les générations futures regarderont sans doute comme une période dorée (mais ça nous renvoie là aussi à un autre sujet, sur le devoir d'optimisme qui avait suscité une discussion passionnée avec Colen et Pieronnelle !)
@Feint : pour revenir à une discussion récente sur un autre sujet ("Fayard et Bolloré"), il me semble que ce que tu exposes donne finalement raison à l'orientation préconisée par François Bon : l'édition via des sites collaboratifs type Patreon, comme le font aussi beaucoup de musiciens face aux exigences des maisons de disque, pour permettre à l'écrivain de reprendre sa liberté créatrice dans une liaison directe avec ses lecteurs. Est-ce très différent ce qu'il y eut avant ?Sauf qu'à l'époque, il y avait beaucoup moins de monde qui se piquait d'écrire. L'éditeur, c'était devenu une sorte de garant, dans la mesure où c'était lui qui prenait tous les risques financiers ; cela signifiait qu'il croyait à la qualité de ce qu'il publiait. Pour qu'un éditeur publie un inconnu, il faut nécessairement qu'il y croie. Qui sont les lecteurs suffisamment averti pour faire le tri sur des plateformes comme Patreon ?
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