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Forums  :  Vos écrits  :  Bienvenu au club III

Magicite
avatar 28/06/2024 @ 04:04:40
Un lapin en gilet sans longue oreilles et juché sur ses pattes arrières qu’il avait longues et larges comme les chaussures d’un clown Auguste battit de ses membres antérieurs. Il était dans le coin du petit peuple qui éructa un joyeux raout indiscipliné pour Farfadet. Son nom restertait secret mais pas son histoire. Le nom des créatures de féeries donnait un pouvoir à ceux qui le connaissait, aussi la plupart restaient anonymes ou donné un surnom.
Les regards des autres clans devant un tel charivari qui loin de s’atténuer gagnait en ampleur, sifflets et même trompette étaient pour le moins réprobateurs.
Gimpe, de son surnom, battit des mains après avoir terminé de copier l’histoire.
Le maître de cérémonie sombre et solennel enchaîna une nouvelle page qui fit voleter encore une fois de la poussière, noire comme raclée dans les conduits d’une cheminée. Un hymne funèbre s’éleva et acheva de tuer les rires et chants du petit peuple, puis accéléra en se terminant en une violente et bruyante cacophonie.

III

L’écran appelle un commentaire, noir sur blanc, encre sur brillant.
Confondre ABBA et Elton John, cela est intolérable.
Le receveur martèle une réponse, aigri et néfaste comme s’il veut mettre du stylo rouge sur toute la page. Puis il rit sardonique, rage contractée en crispation de la mâchoire.
Le Mal noir emplit ses yeux avant de repartir dans la toile du réseau.
Violence haineuse, géranium écrevisse qui se fane en une puanteur poisseuse, fusils huilés et chargés. Le Mal noir est tout cela.
Éblouissant voile de l’ire il se propage sur les réseaux.
Ici une lettre, menace et insulte, condamnation et fanfaronnade.
Chacun des connectés, simultanés ou alternés, crispent la mâchoire, bavent leurs venins sur les claviers, assaisonnent une réponse péremptoire.
Le Mal comme une poussière sombre passe à travers le regard en un cillement de paupières.
Le réseau lui a donné un espace immense.
Les algorithmes sont comme des chevaux qui le tracte dans toutes directions, lui ouvre la voie vers des terrains de jeux innombrables.
Derrière les moniteurs ultra lumineux il peut atteindre facilement autant de personnes qu’il veut; confinés dans l’entre-soi et baignés d’une médisance envers tous ce qui y est étranger s’y cultivent les germes de l’auto-glorification en rabaissant ce qui est différent. Et nous sommes tous différents, tous indifférents à l’autre, au moins à un certain point.

Plus minuscule qu’un grain de pissenlit il s’envole dans le vent comme dans les protocoles Internet d’échanges numériques.
Là il trouve une cible parfaite, quelqu’un imperméable aux idées nouvelles, incapable de penser qu’il a tort, un être humain en somme. Celui ci est particulièrement fermé d’esprit, indétrônable sur ses convictions, fort de ses fortes convictions.
Son œuvre une fois glissé dans les replis de son esprit, les plis de l’encéphale, c’est de s’enfoncer dedans et triturer le tout, patauger dans la matière grise en y laissant son empreinte. Jouer comme d’un orgue sacrilège du système limbique, exciter l’amygdale, creuser son sillon de ses circonvolutions dans le cortex, provoquer des émotions mauvaises, noyer l’hippocampe pour porter la douleur jusqu’au lèvres où de nos jours un clavier.
Mais remplir de haine et de violence jusqu’à déborder sa cible pour ce Mal ce n’est qu’une première étape. Dans le Finistère, la fin de la terre, un homme le portant tente d’incendier une mosquée puis satisfait le Mal s’envole vers une autre cible, pistil haineux dans le vent.
Quelqu’un l’attrape comme on choppe un rhume. Il hait déjà ses voisins, leur chien qui aboie et leur bébé qui crie tout le temps. Il hurle sur le pallier quand il voit le jeune père de famille rentrer chez lui, il a laissé la porte de l’immeuble grande ouverte. Quel irresponsable si des voyous rentrer l’agresser! IL EST INCONSIDÉRÉ !!! Il veut sa mort et ne pense même pas à la sécurité de son jeune enfant!
Le concerné habitué à son voisin irascible ne réponds rien, ressort après être rentré pour récupérer le gros sac de courses une fois sa mallette posé chez lui.
L’autre l’insulte encore quand la porte claque en disant qu’il n’a aucun respect pour le voisinage.
Le Mal est un peu déçu car son hôte n’a fait que regarder le marteau sans le prendre mais il se contente de la rage bouillonnante qui le fait grandir comme une montagne immense et noire aux yeux malsains bouchant tout horizon.

Il s’envole en se disant qu’il reviendrait bien dans le cerveau de ce voisin, là c’est une écolière qui le ramasse. Elle est jalouse de ses copines qui ont toutes un amoureux, de ce qu’elle disent. Le cerveau des enfants est trop instables, trop saturés d’émotions, pour qu’il puisse y laisser une marque suffisante pour le satisfaire mais il lui fait dire des médisances qui seront colportées dans l’école, pousseront comme des plantes mauvaises et flétries pour exciter les haines et les mépris. Il s’envole encore, rebondit sur l’institutrice juste trop fatiguée et rentre par une fenêtre dans un bureau. Quelqu’un sur un ordinateur qui déteste déjà les méchants et fait partie des gens bien. Une cible facile; il y reste quelques jours assez pour lui faire préparer des plans et passer à l’acte. Il s’envole alors qu’il commence à tuer au nom de son dieu.
Puis une dame âgée qui soupire, elle n’a que des chats et reste enfermée chez elle. Le Mal commence à s’accrocher à son ressentiment, instiller la haine, celle des jeunes et du monde qui fout le camp. Elle soupire, caresse un des chat qui refuse le contact, pense à son mari décédé il y a tant d’années déjà. Puis se tournant vers la fenêtre elle regarde la campagne au dehors. Elle sort et marche la tête engourdie par le mal rampant sous son crâne, l’air pur lui fait prendre une grande inspiration, le bruit de la rivière lui rappelle comme elle aime cet endroit. Elle aimait en tout cas y accompagner Maurice et lui servir des sandwiches pendant qu’il pêchait, un loisir qu’il avait trouvé au début de leur retraite. Elle en profitait pour coudre adossée à un arbre et profiter du soleil et du silence troublé uniquement par le défilement de l’eau et du vent, rarement par une prise de poisson, parfois par une remarque de Maurice qui se terminait toujours par ‘ma chérie’.
Elle inspira une grande bouffée d’air, et dans son souffle le Mal malmené s’effilocha en cendres invisibles qui se dissolvent dans l’eau.
Le vent et les autoroutes de l’information portent tellement d’autres comme lui. Minuscules boules de Mal noires invisibles à l’œil nu et pourtant devenant géants démesurés à l’intérieur des cerveaux. Sautent de gens à d’autres comme des graines qui ensemencent l’humanité, se propagent de l’un contre l’autre comme une épidémie mondiale et couvent dans les réseaux pour pondre leurs larves abominables accrochées à la moindre plaie, toutes griffes taillant au dedans.

Froidmont
avatar 20/07/2024 @ 12:51:33
C'est, des trois lus, celui que je préfère pour trois raisons.

D'abord, l'idée de créer une entité "Mal" qui s'immisce dans les cerveaux. Il m'aurait déplu qu'elle serve d'excuse à la perversion, mais pas ici. Elle est un stimulus, un engrais qui cultive et accroît ce qui était déjà latent.

Connecté à cette première raison, j'ai aussi aimé l'aspect plus politique, du moins plus assumé, plus visible. Cela donne plus d'épaisseur au récit, car cette fois-ci la créature n'est pas déphasée avec le monde humain contemporain. C'est aboutir alors à une critique sociale, une satire qui devient l'élément central de la narration, alors qu'elle semblait plus d'arrière plan, situationnelle, dans les précédentes parties.

Troisième est dernière raison, je ressens plus un style qui commence à se détacher, surtout sur les 2e et 3e sections de ce texte. Je ne reconnaissais même plus vraiment la plume des premières parties qui se lisait convenablement mais sans petit plus. Là, il y a un petit plus. L'écriture devient plus énumérative (donc rythmée) et plus imagée (donc impressive, suggestive). En somme, elle est plus littéraire et moins fonctionnelle.

Cela m'amène à une remarque. Selon le devenir que tu réserves à ce texte encore embryonnaire (une publication plus lucrative peut-être), il faudra revenir sur les précédents éléments pour en unifier le style ou alors créer des démarcations plus nettes et explorer un style légèrement différent pour chaque partie. Ceci nous amènerait plus sur un recueil de contes satiriques unifiés par une intrigue centrale qui peut elle-même bénéficier de son propre style. Cela ferait de ce projet un bon laboratoire d'écriture pour essayer, tenter, explorer, se raviser.

Par contre, je maintiens ma remarque sur les virgules, même s'il y a du mieux (énumérations obligent).

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