Shelton
avatar 31/07/2024 @ 08:04:05
L’été c’est fait pour lire et nous allons revenir à un des sujets de notre été, les romans de Patrick Modiano. Au départ, je ne voulais qu’évoquer ce grand romancier lauréat du Nobel de littérature en 2014 puis, les lectures s’enchaînant, je me rends compte que je viens de relire déjà plus de dix de ses romans et que l’envie de vous en parler et très forte… Alors, je me laisse aller en souhaitant ne pas vous lasser et, surtout, de vous donner envie d’en lire ou relire vous-même. Certains pourraient même se rendre compte qu’ils avaient laissé passer quelques titres ! Il faut dire que tout lire d’un auteur n’est jamais si simple surtout quand il s’agit d’un romancier prolifique ! Venons-en sans trop tarder au roman du jour, « De si braves garçons ».

Cette fois-ci, Patrick Modiano va nous parler de son séjour en pension. On sait que, pendant quatre ans, le jeune Patrick a été mis en pension à Jouy-en-Josas, dans une école pour enfants de familles privilégiées assez aisées. Cet établissement bien réel, l’école du Montcel, devient dans le roman le Valvert dit le Château.

Patrick Modiano écrit à la première personne sous le nom d’Edmond Claude et va construire son récit comme si l’école était un meuble avec de nombreux tiroirs et comme si chaque chapitre ou presque permettait de découvrir un nouveau personnage. Une fois le personnage arrivé devant nous, Patrick Modiano reprend le récit comme s’il était ce nouveau personnage, à la première personne… C’est remarquablement bien fait et on mesure comment le romancier s’habille de la personnalité de tous ces personnages qui ont été ses condisciples de pensionnat… Enfin, sans que l’on sache ce qui est vrai ou pas dans cette galerie de portraits !

Toute cette fresque magnifique nait quand Edmond, devenu petit acteur et qui est en tournée, fait escale à Jouy. Un ancien professeur, Thierry Lafaure, demande à la rencontrer après la représentation. Lors de cette rencontre il apprend à Edmond que Valvert est maintenant fermé et cela provoque l’avalanche de souvenirs de cette période… Il y aura le proviseur, le professeur de sport (activité essentielle dans la vie des pensionnaires), les anciens élèves, certains membres de leurs familles… J’ai adoré cette galerie de portraits dont certains finiront par ressembler de près ou de loin aux anciens élèves que vous avez croisés dans votre vie. Certes, les collègues d’Edmond sont particuliers mais vous allez en reconnaitre de toute évidence !

C’est un très beau roman que l’on dévore sans s’en rendre compte et qui va vous raconter une tranche de votre vie. Ne soyez pas surpris si parfois vous croyez revoir en Philippe, Odette, Martine, Michel, Daniel, Christian ou Alain vos anciens amis de lycée ! C’est normal et cela montre comment Patrick Modiano est devenu, roman après roman, le narrateur de nos vies qu’il ne connait pourtant pas… Quel mystère ou quelle universalité de cet auteur hors normes !

Je ne peux que vous souhaiter bonne lecture car je sens que vous allez finir pas y aller ! Après tout, l’été c’est fait pour lire !

Shelton
avatar 01/08/2024 @ 06:56:11
L’été c’est fait pour lire et rien de tel qu’un bel album de bande dessinée pour bien commencer sa journée ! J’ai choisi aujourd’hui de mettre en avant ce qui pourrait bien se révéler un album qui dure dans le temps car basé sur trois piliers fondamentaux pour nous Français lecteurs de bédés. A savoir une belle aventure humaine, une mise en lumière de la gastronomie et l’amour bien sûr !

Les auteurs sont trois à commencer par Antoine Cristau, auteur que l’on avait déjà eu l’occasion de découvrir lors de la sortie de « Fête et défaites », un texte et une histoire qui l’avaient éloigné du droit du travail, son champ d’action initial. Cette fois-ci, c’est en bande dessinée qu’il va mettre son talent au service de ses personnages, de l’amour et de la gastronomie… Mais là aussi, reconnaissons-le, il connait le sujet !

Mais ce scénariste nouvellement venu à la bédé n’est pas seul aux manettes de cet album puisqu’il est accompagné (je ne sais pas d’ailleurs qui accompagne qui !) par Xavier Dorison, un scénariste de beaucoup ont lu et apprécié depuis des années avec Long John Silver, Sanctuaire, Le Troisième testament, Undertaker… et toutes les séries que je ne peux pas vous citer ici sans manger tout le temps de ma chronique ! Oui, Xavier Dorison est un grand scénariste et la rencontre narrative avec Antoine Cristau fait naitre une histoire sublime, celle d’Ulysse et Cyrano !

Deux personnages vont se rencontrer, un jeune et un ancien, deux être qui auraient normalement eu chacun une destinée éloignée de celle de l’autre. Un chef prestigieux, reconnu en son temps par tous, devenu une sorte de paria, aigri et colérique, ayant abandonné la gastronomie qu’il chérissait tant. Cyrano, puisque tel est son prénom sombre après un évènement que l’on comprendra totalement en cours d’album…

Le second personnage est Ulysse, l’héritier d’une grande famille, d’une super fortune, le jeune qui n’aurait rien d’autre à faire qu’attendre que l’argent arrive à lui mais, car il y a bien un mais, qui a d’autres projets pour sa vie. Il veut mener sa barque sans que l’on puisse lui imposer quoi que ce soit… La cuisine… Oui, devenir cuisinier ? Pourquoi pas… Encore faudrait-il apprendre et sa famille ne comprend pas du tout un tel choix. Il faut travailler, passer ses examens, les réussir et prendre le relais de son père, point à la ligne !

La rencontre improbable entre Cyrano et Ulysse, l’amitié spéciale qui va naitre entre les deux, la transmission des savoirs, de l’expérience, des compétences… Tout cela va changer la vie des deux et surtout nous offrir une splendide histoire humaine… Et l’amour me direz-vous ? Pas de souci, il sera aussi là, caché dans les recoins de cette histoire !

Un magnifique album à déguster, à lire et offrir, qui ne pourra que donner quelques saveurs délicieuses à votre été livresque ! Bonne dégustation !

Shelton
avatar 02/08/2024 @ 08:07:15
L’été c’est fait pour lire et certains me demandent très régulièrement pourquoi je parle si souvent de livres anciens ou, pour être plus précis, si peu des nouveautés. Effectivement, je ne parle pas prioritairement des ouvrages prenant place pour la première fois dans les vitrines des libraires même si ces « nouveautés » sont quand même présentes de temps en temps…

La question est importante et je vais prendre le temps de vous expliquer mon fonctionnement livresque. Je suis un lecteur qui aime sa liberté et qui choisit ses lectures en fonction de son humeur, de ses envies, des évènements vécus au jour le jour. J’adore relire car pour moi revenir sur un livre c’est me réapproprier une histoire et non répéter la même histoire. Du coup, ce que j’ai aimé hier peut m’énerver aujourd’hui et réciproquement… Enfin, une nouveauté, n’en déplaise à certains éditeurs ou libraires, n’est pas systématiquement gage de qualité… Donc, je picore en librairie, sur le marché d’occasion ou dans ma bibliothèque les ouvrages que j’ai envie de lire ou relire et je puise dans ces lectures les titres dont je vais vous parler, de façon totalement arbitraire !

Alors, je sais que tous les livres ne vieillissent pas de la même façon et que certains titres sont presque illisibles aujourd’hui. C’est un avis personnel et quand j’ai envie de vous le dire, je ne fais pas semblant, je vous donne mon point de vue sans hésitation. Il n’en demeure pas moins que même une lecture ou relecture désagréable permet de grandir, d’évoluer, d’exprimer une vision sur un sujet… Bref, ce n’est pas inutile !

Enfin, chaque année, je me permets de revenir sur un auteur ou un autre car ce sont des auteurs qui m’ont marqué dans mon évolution, dans ma formation ou même dans ma vie professionnelle. Je sais que je dois beaucoup à Roland Barthes, Michel Foucault, Rabelais, Hugo Pratt, Balzac, Gide, Camus, Jacques Martin, Lamartine, Frédéric Dard, Agatha Christie, Maurice Leblanc, Francesco Alberoni, Italo Calvino, Jean-Jacques Rousseau, Francis James, Patrick Modiano, Annie Ernaux, Patricia Wentworth, Hergé… et cette liste est loin d’être exhaustive. Elle montre que chaque année je peux relire des livres que j’ai adorés !

Enfin, il y a des auteurs qui ne m’ont jamais parlé ni touché. Pour autant, j’aime bien y revenir régulièrement pour m’assurer que je n’ai pas changé d’avis, de ressenti… D’ailleurs, il m’arrive d’évoluer quelque peu comme sur Proust que je peux lire avec un peu plus de plaisir qu’avant : lors de mes études littéraires je ne le supportais pas du tout !

Donc, comme l’été c’est fait pour lire, pourquoi ne pas essayer de relire un livre que vous avez adoré dans votre adolescence. Moi, je me souviens en troisième d’avoir découvert et d’être tombé sous le charme absolu d’un certain Edgar Allan Poe… On en reparle très bientôt car je vais prendre le temps de relire un titre qui m’avait beaucoup marqué cette année-là, « Les aventures d’Arthur Gordon Pym » !

Shelton
avatar 02/08/2024 @ 08:08:08
Et la prochaine chronique rendra hommage à André Juillard...

Shelton
avatar 03/08/2024 @ 07:13:51
L’été c’est fait pour lire et me voilà, une fois encore, obligé de changer mes plans de chroniques puisque le bédéiste André Juillard vient de nous quitter le 31 juillet. C’était un grand de la bande dessinée contemporaine et il serait judicieux pour certains de le découvrir ou de le relire avec délectation. C’est par nos relectures que nous poussons les auteurs et dessinateurs dans l’immortalité livresque (pour les autres formes d’immortalité, je laisserai chacun libre de mettre ou pas les mots qu’il convient !).

André Juillard est né en 1948 Paris et c’est dans la double décennie 1980-2000 qu’il va rencontrer ses plus gros succès. Souvenons-nous de cette série merveilleuse scénarisée par Patrick Cothias, « Les 7 vies de l’Epervier », qui en sept volumes nous plonge dans la période lointaine de la fin du règne d’Henri IV jusqu’au début du règne de Louis XIII. Cette série est à la fois une série historique, une aventure dessinée de main de maitre et une bande dessinée qui peut être dévorée et appréciée par ceux qui n'aiment que très moyennement l’histoire. C’est la psychologie des personnages qui est mise en avant et qui est le moteur de l’histoire !

Après d’autres séries scénarisées par Cothias puis Jacques Martin (Masquerouge, Plume aux vents, Arno), André Juillard va changer de genre de bande dessinée pour entrer magistralement dans la bédé contemporaine. Ce sera « Le cahier bleu » en 1994, album qui me donnera l’occasion de l’interviewer pour la première fois. Puis, en 2000, il va reprendre le dessin de Jacobs pour les aventures de Blake et Mortimer dans « La machination Voronov » sur un scénario d’Yves Sente. Il dessinera ainsi sept albums de cette série.

Dessinant beaucoup, acceptant des illustrations très diverses sans se limiter à la bande dessinée, André Juillard a une bibliographie importante dans laquelle chacun peut trouver la petite perle qui lui réjouira le cœur. Dans cet univers – n’hésitons pas à employer l’expression – je mettrais en avant cette petite série de quatre livres de Convard qu’il a illustrés, « Le dernier chapitre », et qui permet de vivre la vieillesse supposée de Blake et Mortimer, Barbe Rouge, les Pieds Nickelés et Johan et Pirlouit. Pour tous ceux qui grandit avec ces héros ce sera un grand moment de bonheur !

Enfin, je ne pourrai pas clore cette petite chronique souvenir sans citer un très bel album sur L’archipel de Glénan, le lieu de la voile et de la nature, dont je vous parlerai très rapidement car totalement adapté à la période estivale !

Merci André Juillard pour tout ce que tu as apporté à la bande dessinée et aux lecteurs !

Shelton
avatar 04/08/2024 @ 09:17:35
Puisque le bédéiste André Juillard vient de nous quitter et que l’été c’est fait pour lire, prenons le temps de rouvrir avec délectation son ouvrage sur « L’archipel de Glénan ».

Quand j’étais jeune et insouciant, période révolue je le concède, l’archipel de Glénan était porteur de rêves. C’était là où il y avait une fameuse école de voile, la meilleure disait-on. Je ne confirmerai rien car, finalement, je n’y ai jamais mis les pieds. L’école restera une sorte de fantasme inatteignable et il n’est pas certain que si j’y avais posé mon sac marin j’eusse été meilleur navigateur. Mon rôle à bord aura toujours été celui d’équipier, voire parfois de masse pour équilibrer le bateau, surtout en dériveur…

Dans un deuxième temps, l’archipel de Glénan est devenu un lot d’îlots au large que je pouvais voir quasiment de chez mon fils, lui qui a la chance d’habiter à Bénodet. Pour autant, je ne le vis que de loin et je n’y ai toujours pas mis les pieds. C’est trop loin… enfin, il faut surtout prendre le bateau et je n’ai jamais le temps, il y a toujours plus important à faire… Quand je suis en Bretagne, pays merveilleux où il ne pleut jamais, je n’ai qu’une seule envie : aller lire sur la plage !

Mon véritable voyage aux Glénan aura donc été livresque et ceux qui me connaissent bien ne seront pas surpris de voir qu’il a fallu le dessin d’André Juillard pour me convaincre de commencer ma visite. Cet ouvrage, avec un texte de Christian Enjolras et des aquarelles d’André Juillard est tout simplement magnifique. Enfin, c’est peut-être même mieux que cela… C’est trop, comme on dit aujourd’hui…

Soyons clairs et précis, il ne s’agit ni d’un album photos, ni d’un guide, ni d’un manuel de navigation… C’est un ouvrage sur l’histoire de cet archipel avec des illustrations de Juillard. C’est présenté comme un carnet de voyage, mais donc un voyage dans le temps… Enfin, pour compléter cette présentation sur la forme, le format est à l’italienne comme généralement pour les carnets de voyage.

Cette histoire, très bien racontée, partira des origines des îles, géologie et géographie physique, à la vie quotidienne au Centre nautique des Glénan. On y parlera des étapes capitales militaires, industrielles et humaines qui font de cet archipel un microcosme humain passionnant.

André Juillard va rendre tout cela avec son dessin classique, sa ligne claire majestueuse et son esprit malin qui glissera des personnages de fiction, en quelque sorte, au milieu de ces tableaux fascinants. Car cet océan est réellement fascinant, touchant, attirant, mystérieux, dangereux… Il entoure cette terre la faisant osciller entre havre de paix, pays d’accueil, zone de réconfort et d’abri… et rochers dangereux pour le navigateur, risques de rencontre avec les pirates pour le marin, terre de désolation balayée par le vent marin pour l’habitant isolé… Et tout cela donne la beauté des Glénan...
Allez, il serait quand même temps que j’envisage d’aller y passer une journée autrement qu’en relisant ce petit bijou… Mais quand il fait beau, quand on a le sentiment de passer quelques heures au paradis terrestre… on n’a jamais le temps ! Mais, si vous venez avec moi… alors, pourquoi pas !

Eric Eliès
avatar 04/08/2024 @ 11:10:29

Dans un deuxième temps, l’archipel de Glénan est devenu un lot d’îlots au large que je pouvais voir quasiment de chez mon fils, lui qui a la chance d’habiter à Bénodet. Pour autant, je ne le vis que de loin et je n’y ai toujours pas mis les pieds. C’est trop loin… enfin, il faut surtout prendre le bateau et je n’ai jamais le temps, il y a toujours plus important à faire… Quand je suis en Bretagne, pays merveilleux où il ne pleut jamais, je n’ai qu’une seule envie : aller lire sur la plage !

(...) Et tout cela donne la beauté des Glénan... Allez, il serait quand même temps que j’envisage d’aller y passer une journée autrement qu’en relisant ce petit bijou… Mais quand il fait beau, quand on a le sentiment de passer quelques heures au paradis terrestre… on n’a jamais le temps ! Mais, si vous venez avec moi… alors, pourquoi pas !


@Shelton : ayant fait un court séjour fin juillet à Quimper cet été, avec un petit saut à Concarneau pour
(re)visiter la ville close, j'ai découvert que tu peux maintenant faire l'A/R dans la journée depuis Concarneau avec une navette catamaran (80 places : deux départs / jour). Tu n'as plus d'excuse pour ne pas découvrir les Glénans à ton prochain passage en Bretagne ! :D

Shelton
avatar 05/08/2024 @ 11:58:11
L’été c’est fait pour lire et, suite à la mort d’André Juillard, je vous propose de retourner dans la série Blake et Mortimer puisque Juillard en a dessiné sept albums… En effet,
Les aventures de Blake et Mortimer se prolongent et, régulièrement, on peut se retrouver dans un épisode que n’avait pas envisagé son créateur, Edgar P. Jacobs. Est-ce une bonne chose ? Les avis divergent et je retiendrai quelques points de vue pertinents :

- Quand un héros devient populaire il échappe à son créateur, pourquoi ne pas offrir une suite des aventures aux lecteurs !
- Seul l’auteur peut prolonger son œuvre et aucun « extérieur » ne devrait avoir le droit de continuer après la mort du créateur…

Tout cela a déjà été dit et redit et nous retiendrons seulement deux choses : d’une part, Jacobs est mort au milieu d’une aventure et il était très légitime de permettre aux lecteurs d’aller au bout de l’histoire et, d’autre part, si les lecteurs sont satisfaits des suites proposées, je ne vois pas comment les en empêcher !

En revanche, on peut légitimement émettre des jugements qualitatifs sur les suites proposées aux différentes aventures de ces héros populaires. Par exemple, quand j’ai vu Morris et Uderzo continuer les aventures de Lucky Luke et Astérix après la mort de Goscinny, j’ai vu ces deux séries sombrer dans une banalité incroyable. C’en était presque désespérant ! Cependant, les deux séries ont connu un réveil – qui demande à être confirmé album après album – avec l’arrivée de sang neuf, en particulier au scénario. Comme quoi ce n’est pas tant le fait de prolonger les aventures qui pose question que le talent réel des repreneurs…

Pour ce qui est des aventures de Blake et Mortimer, l’exigence des auteurs repreneurs a toujours été portée au maximum. Bob de Moor, grand ami de Jacobs, termine Les 3 formules du professeur Satô ; Jean Van Hamme et Ted Benoît sont les premiers à se lancer dans l’aventure avec un remarquable L’affaire Francis Blake ; Yves Sente et André Juillard relèvent le défi avec un non moins remarquable La machination Voronov; René Sterne entre dans la danse avec son graphisme presque parfait mais la mort l’interrompt en cours de travail sur La malédiction des trente deniers ce qui pousse son épouse dessinatrice aussi, Chantal de Spiegeleer à terminer le premier album de cet épisode tandis qu’Antoine Aubin prend à sa charge le second volet ; Jean Dufaux vient écrire le scénario de L’onde Septimus qui est dessiné par Aubin et Etienne Schréder… Et, c’est ainsi qu’en 2014, un nouvel épisode proposé aux lecteurs, qu’Yves Sente et André Juillard reviennent pour Le bâton de Plutarque…

Mais dans tout cela, dans ces nombreux albums de reprise, il faut constater deux choses qui n’existent pas pour d’autres héros : une équipe éditoriale qui choisit avec soin les artistes qui vont prolonger les aventures de Blake et Mortimer – tout n’est pas possible, il y a du sens et du respect de l’œuvre originale – et un plan qui permet à chaque nouvel épisode de venir se placer à un moment très précis de l’histoire, soit dans une période plus moderne – donc comme une véritable suite – soit entre deux épisodes connus – comme pour venir préciser certains éléments, donner des informations complémentaires aux lecteurs – ce qui fait que le lecteur a le sentiment qu’il y a toujours à la tête de cette série un créateur unique, Jacobs !

L’album Le bâton de Plutarque vient se positionner tout au début de ce cycle mythique. Nous avions tous – ou presque – découvert Blake et Mortimer avec Le secret de l’Espadon et nous avions emmagasiné des informations : Blake et Mortimer se connaissaient, ils avaient déjà travaillé ensemble, ils avaient rencontré Olrik, mais nous n’en savions pas plus… Cette fois-ci, on va tout savoir à travers cet épisode que certains nomment déjà Première enquête, Aventure initiale ou préquelle de l’Espadon…

J’ai envie de dire que c’est là l’album qu’il me fallait pour avoir une bonne occasion de relire Le secret de l’Espadon. En effet, je n’avais jamais bien compris qui était cet empereur Basam-Damdu, probablement parce que lorsque j’étais jeune je ne prenais pas assez le temps de lire tous ces nombreux narratifs textuels que Jacobs nous offrait… maintenant je sais et j’avoue que ma nouvelle lecture du Secret de l’Espadon a été un véritable plaisir !

Ce nouvel album, celui que l’on pourrait considérer comme le premier de la série va nous montrer comment Blake et Mortimer ont, dès la seconde guerre mondiale, travaillé ensemble au service de la Grande Bretagne et de ses Alliés. D’un seul coup, tout prend du sens. Il s’agit avant tout d’une histoire d’espionnage qui laisse présager la grande carrière que Blake fera au sein des services secrets britanniques.

La seule chose que l’on doit dire, ce n’est d’ailleurs pas un défaut au sens strict du terme, c’est que cet album n’est pas fait pour ceux qui n’ont pas l’intention de dévorer derrière tous les autres albums de la série. C’est une véritable introduction, préface, invitation à lire les aventures de Blake et Mortimer dans leur globalité ! C’est un peu comme un menu de fête, une invitation à un anniversaire… et, c’est vrai, Jacobs est né il y a cent-dix ans à Bruxelles ! Cet album de grande qualité sort donc comme pour un anniversaire ou un hommage légitime et mérité…

Un bon scénario de Sente qui montre sa maîtrise scénaristique et sa connaissance de l’œuvre de Jacobs, un dessin précis, juste et appliqué de Juillard qui confirme encore tout le bien que l’on pense de lui depuis longtemps, enfin, la preuve qu’une reprise peut être une œuvre d’art d’une grande qualité, tout simplement !

Les deux auteurs auront ainsi réalisé ensemble 7 albums de cette série, le dernier paru étant « Le testament de William S. ». On annonce pour le 31 octobre, un dernier opus dessiné par Juillard, « Signé Olrik » mais on aura le temps d’en reparler !
Je suis donc heureux de cette relecture et espère que vous partagerez mon bonheur de lecteur !!!

Shelton
avatar 06/08/2024 @ 07:40:14
Je vous avais annoncé que nous reviendrions aux œuvres d’Edgar Poe, mais avant de parler spécifiquement de son roman « Les aventures d’Arthur Gordon Pym », je souhaitais évoquer une série de trois albums de bande dessinée qui a parfaitement réussi, du moins à mon avis, à rendre l’univers de Poe accessible aux lecteurs… Il s’agissait d’une adaptation de trois nouvelles dont la première, Le scarabée d’or.

« Il y a quelques années, je me liai intimement avec un M. William Legrand. Il était d’une ancienne famille protestante, et jadis il avait été riche ; mais une série de malheurs l’avait réduit à la misère. Pour éviter l’humiliation de ses désastres, il quitta la Nouvelle-Orléans, la ville de ses aïeux, et établit sa demeure dans l’ile de Sullivan, près de Charleston, dans la Caroline du Sud. »

Oui, se lancer dans une adaptation d’Edgar Poe en bande dessinée est une opération délicate. Ce n’est pas si simple de choisir où l’on pratiquera l’ellipse – forme indispensable pour une telle aventure – et ce qui pourra être développé en image… Il fallait donc pour cette aventure un scénariste doté de talent et d’expérience, ce fut donc Roger Seiter qui s’y colla. Il est, entre autres, le créateur de Fog avec Cyril Bonin, de Dies Irae et Dark avec Max et de HMS avec Johannes Roussel, auteur aussi de reprises de Lefranc et plus récemment d’Alix… Je n’oublierai pas non plus son travail avec Vincent Wagner que j’avais beaucoup apprécié, Wild River et Mysteries… Une grande maitrise donc du scénario au service de Poe qui écrit toujours avec beaucoup d’images dans ses histoires…

Pour les faire passer des mots au graphisme, le choix du dessinateur se posait. Il ne fallait pas un artiste littéral qui n’aurait fait que de l’illustration, l’élu devait savoir participer à la narration avec un dessin qui aurait porté, lui aussi, une part de mystère. Les histoires d’Edgar Poe sont des récits courts qui se situent entre enquêtes policières, fables noires et parenthèses fantastiques… Le choix fut remarquable avec un véritable artiste complet, le Dijonnais Jean-Louis Thouard.

« Le Scarabée d’or » est très certainement l’une des histoires de Poe les plus connues et célèbres. Comme « La lettre volée », « Le puits et le pendule » ou « Le portrait ovale ». J’avais déjà lu des adaptations en bande dessinée de « Double assassinat dans la rue Morgue » ou « Le chat noir » mais il manquait le petit plus, le petit grain de folie ou de délire qui aurait permis de plonger directement dans Poe que je considère comme un des grands de la littérature… Cette fois, je crois que nous avions là le duo qui allait permettre à toute une génération de lecteurs de comprendre pourquoi Poe est un grand, pourquoi Baudelaire avait voulu le traduire en français, pourquoi cet Américain s’était installé dans nos livres de littérature, en France, aux côtés des plus grands du dix-neuvième siècle… Et il avait fallu attendre 2008 pour arriver à ce résultat exceptionnel !


Vous pourriez penser que je suis en train de perdre la raison, que j’exagère, que ce n’est que de la bédé, que du fantastique réchauffé avec un peu de couleurs… Alors, ouvrez cet album, prenez le chemin de la Nouvelle Orléans, puis, plus risqué, celui des bayous… Cela vous offrira un beau voyage estival !

Le dessin sombre et fascinant de Jean-Louis Thouard va vous conduire à une chasse au trésor prenante, délirante et angoissante…Même si vous connaissez déjà la nouvelle, vous allez la redécouvrir avec un nouveau regard, une nouvelle profondeur, des sentiments mitigés et des émotions fortes… Bref, la vie ne sera plus la même après la lecture du « Scarabée d’or ».

Le duo va ainsi nous offrir trois adaptations de Poe et après une parution en albums, une intégrale sortira pour reprendre ces trois nouvelles : Le scarabée d’or, Usher et La mort rouge.

D’ailleurs, depuis, j’ai acquis un vaisseau et je navigue sur l’océan des songes au rythme de mes relectures de ce petit trésor de la bande dessinée… et comme l’été c’est fait pour lire… Bon voyage !

Shelton
avatar 10/08/2024 @ 11:27:46
L'été c'est fait pour lire et pour faire la cuisine, aussi ! Et pourquoi pas un gâteau ?

Le gâteau de voyage est un objet de souvenir jouissif. On se souvient de ce gâteau que papa ou maman préparaient pour agrémenter les pause du voyage pour les vacances...

- Dis, on est bientôt arrivé ?

Alors, chemin faisant, on s'arrêtait sur le bord de la route, là où il y avait un petit chemin qui entrait dans la forêt - oui, à cette époque, le long des Nationales il n'y avait pas une multitude d'aires de repos aseptisées - et on se reposait paisiblement avec un bon morceau de ce gâteau à déguster ! C'était beaucoup mieux que ces similis croissants à peine réchauffés que l'on paye une blinde !

Donc, si vous voulez retrouver ces goûts d'antan, des madeleines au miel au cake au citron...

- Dis, on est bientôt arrivé ?

... du gâteau breton au pain d'épices (le vrai fait maison), alors n'hésitez pas à lire ce petit ouvrage "Le gâteau de voyage, dix façons de le préparer" d'Isabelle Guichard... et à vos fourneaux avant de prendre le grand départ !
Bonnes vacances, bonne lecture et bonne dégustation !

Shelton
avatar 10/08/2024 @ 17:54:30
L’été c’est fait pour lire et le roman policier est présent dans ma valise de façon systématiquement quand je pars en vacances. Seulement, bien souvent on croit que le polar est un roman facile, léger, estival… D’une part, ce serait faire fi de la violence portée par ces romans car qui dit polar dit bien souvent crime, assassinat, sordide vengeance et j’en passe et des meilleures… D’autre part, ce serait oublier qu’un bon polar s’appuie sur de bons personnages et donc plonge le lecteur dans une psychologie qui, parfois, peut même être très profonde… Violence, psychologie et, ne l’oublions pas, jeu intellectuel pour trouver le coupable, les motivations ou le mode opératoire… tout cela offre un roman plus complexe que prévu !

Je lis des romans policiers depuis longtemps et avec les lectures mes goûts se sont précisés. Il est important de le dire car, bien sûr, cela explique après quelques remarques faites sur un roman ou un autre. Je suis donc amateur, pour ne pas dire grand amateur devant l’Eternel, des romans noirs, des romans à énigme(s) et des romans d’ambiance. Les thrillers et les romans policiers historiques sont moins mon genre même si j’en consomme quand même quelques-uns chaque année…

Une personne me demandait ce que j’aimais dans ces romans alors que souvent ils étaient peuplés de maniaques, d’assassins, de psychopathes et autres tordus… Question diablement pertinente ! Y a-t-il d’ailleurs une réponse absolue à cette interrogation ? J’ai le sentiment de lire des livres et que chacun m’apporte, à un moment donné, des satisfactions. Parfois c’est d’ordre intellectuel, mais ce peut-être aussi poétique, spirituel, social, politique, humain, religieux… et c’est sans limite ! Il y a dans ces lectures de la fiction, de l’essai, de la bande dessinée, du livre illustré, des ouvrages d’art… Qu’importe !

En 2023, Dominique Sylvain a réactivé sa série Ingrid et Lola, une série que j’aime depuis ses débuts, soit en 2004. Alors après avoir lu avec plaisir et délectation « Panique en Armorique » et « Périlleuse Pyrénées », j’ai décidé de relire le premier roman, « Passage du désir ». J’ai d’abord eu le sentiment de pénétrer dans un petit restaurant populaire, Aux belles de jour comme de nuit, chez Maxime Duchamp, de m’y asseoir et de me faire servir un bon verre de Sancerre en attendant l’andouillette AAAAA du chef… Réellement, c’est ce que j’ai ressenti et j’avoue l’ambiance n’a pas changé depuis la première lecture. On est dans ce resto et on y bien !Après, il ne me restait plus qu’à attendre le dessert, mais seul cette fois-ci car Lola, elle, n’aime pas le sucré…

Ah, j’oubliais, vous ne connaissez pas la fameuse Lola Jost ? Lola est en fait l’ex-commissaire Jost, jeune retraitée de la police. Les raisons exactes de son départ de la police arriveront au fur et à mesure et seront largement précisées le moment venu, donc n’anticipons pas ! Elle habite à Paris, non loin de ce petit restaurant dont je vous parlais… Une de ses voisines ou presque est Ingrid Diesel, jeune américaine et masseuse, attention ne le criez pas sur les toits car elle n’est pas réellement déclarée… Ingrid a une autre activité que vous découvrirez en cours de roman donc motus et bouche cousue ! Cette activité perdure d’ailleurs… Enfin, Ingrid se déplace en moto et son side-car prend de plus en plus d’importance… Il est bon de préciser qu’Ingrid, malgré le temps, les années et les romans, ne comprend pas très bien toutes les subtilités de la langue française ce qui provoque de nombreux jeux avec les mots, les sonorités, les expressions françaises ou américaines…

Alors, bien sûr, dans ce cadre, un meurtre va arriver. Un meurtre cruel qui va toucher une jeune femme et nous voilà pris dans une enquête incroyable car l’ancienne commissaire s’est mis en tête avec Ingrid de trouver la vérité… il faut dire que la police avait posé des soupçons sur leur ami commun Maxime Duchamp, restaurateur… Non mais, il fallait faire quelque chose ! Mais n’en disons pas plus… Suspense, suspense !

J’aime beaucoup cette série et les deux nouveaux romans permettent d’aller plus loin dans la connaissance de ce duo de choc – choc des âges, des cultures et des caractères – avec une belle écriture agréable à lire et totalement adaptée à la période estivale !

Donc, une série de huit romans, à lire ou relire cet été… Bonne lecture !

Shelton
avatar 29/08/2024 @ 08:35:03
C’est bien beau de vous raconter par le menu mes vacances, une certaine cousinade en particulier, mais il serait grand temps que je reprenne le fil de mes lectures estivales, puisque l’été c’est fait pour lire, sinon nous nous retrouverons en automne sans que j’aie pu traiter tous les ouvrages que j’avais prévu de vous présenter !

Commençons par deux ouvrages importants pour cette saison. En effet, vous avez constaté comme moi qu’aubergines et courgettes abondent sur nos étales, que ce soit chez les détaillants ou les grossistes, dans les grandes surfaces ou directement chez les paysans. Mais, bien souvent, nous ne savons pas comment varier les recettes. Certes, la ratatouille vient bien sur nos tables mais on ne peut pas en manger tous les jours… Certains se sont déjà lancés dans le caviar d’aubergine ou dans les flans de courgette mais trop souvent on craint la complexité des recettes… On veut faire simple, varié et rapide ! Tout simplement ! Rassurez-vous, c’est possible !

Voici donc deux petits ouvrages bien pratiques et qui ne nécessitent pas d’être maître-queue pour partir à la découverte de certains plats : Courgettes, je vous aime de 83 façons et L’aubergine, dix façons de la préparer. Ainsi, plus d’excuse, profitez des dernières semaines de ces légumes tout en variant vos menus !

Je suis un grand adepte du premier ouvrage car je suis un grand amateur des courgettes, peut-être pas autant que des haricots verts, mais quand même bien au point. Cela fait donc longtemps que j’explore ce légume si fin qui accepte de très nombreuses recettes, grand nombre d’épices et autres variétés de cuisson. Avec ce mémo rempli de recettes simples, vous pourrez découvrir et réaliser sans difficulté une tarte aux courgettes avec tomates et fromage, une salade de courgettes à la moutarde, un flan de courgettes aux herbes sans oublier des plats plus consistants comme le filet de cabillaud en papillote sur lit de courgettes ou un gratin de courgette au tofu (mais on a aussi la version au porc !). Cet ouvrage de Béatrice Vigot-Lagandré m’accompagne depuis plus de dix ans et je ne m’en lasse pas !

Celui sur les dix façons de cuisiner l’aubergine de Nurdane Bourcier est encore plus simple ou presque mais cela ne signifie pas que les recettes soient moins bonnes… Certaines m’ont rappelé la cuisine maternelle, par exemple l’aubergine frite, tandis que d’autres m’ont renvoyé à la cuisine paternelle comme le caviar d’aubergine. Dans tous les cas, ces recettes mettent en valeur ce légume singulier que certains adorent tandis que d’autres le rejettent sans hésiter. Bien que l’aubergine fût sur notre table familiale très souvent, j’ai des enfants qui l’aiment et d’autres qui la fuient ! Il est possible que son amertume nuise à sa réputation mais rappelons que jadis on la nommait le légume du démon !

Donc, deux livres pour profiter d’un légume de saison sans aucune modération ! L’été c’est fait pour lire et cuisiner, alors au travail les amis !

Shelton
avatar 29/08/2024 @ 08:36:49
L’été c’est fait pour lire et bien souvent je profite d’une visite pour trouver un livre qui permet de prolonger mes escapades estivales. Certes, il ne s’agit que très rarement d’un « grand » ouvrage mais ces livres locaux sont très riches et offrent de nouveaux champs de connaissances. Et c’est bien le cas aujourd’hui avec ce carnet illustré « Guifette Moustac, carnet de terrain » de Fatou, illustratrice. Fatou a participé à une expédition dans la Brenne pour découvrir un peu plus la guifette moustac. Ils étaient trois, c’était dans le cadre d’une démarche scientifique au moment de reproduction de cette fameuse guifette moustac… Aujourd’hui, on peut découvrir, au sein de la maison de la nature du parc de la Brenne, une très belle exposition avec les dessins de Fatou, les différents contextes de cette mission, les explications scientifiques, les objets ayant servi… Bref c’est passionnant et on peut repartir avec le « carnet de terrain » pour un prix dérisoire…

Mais revenons à cette guifette moustac que, probablement et sans mettre en cause vos connaissances ornithologiques, vous ne connaissez pas plus que moi le jour où je suis entré dans cette maison de la nature… La guifette moustac est une espèce d’oiseau qui appartient à la famille des laridae et ne me demandez pas beaucoup plus d’explications, je ne suis ni un expert de cet oiseau, ni un ornithologue professionnel. Je sais simplement, parce que j’en ai vu cet été, que la guifette moustac, justement en été, a un bec rouge et une tête noire… Elle vient se reproduire dans les zones humides et c’est justement leur disparition qui la met en péril, on parle de vulnérabilité.

Maintenant, passons à ce carnet de terrain qui est passionnant. On va suivre avec dessins et textes le travail de cette mission scientifique sur une période assez longue, entre le 5 avril et le 13 novembre. On va apprendre une multitude de petites choses, comprendre pourquoi il faut prendre le temps d’observer pour comprendre et agir en suite pour protéger, enfin, c’est la richesse du parc de la Brenne que l’on va découvrir, tout simplement…

Une espèce d’oiseau, en l’occurrence la guifette moustac, ce n’est pas dans les livres que l’on peut agir pour elle, c’est avant tout en l’observant sans la déranger. C’est le fruit de ces observations qui ouvre la possibilité d’actions utiles pour l’espèce, la reproduction, le développement… C’est d’ailleurs pour cela, pour compléter et enrichir cette mission qu’elle va se prolonger avec les mêmes scientifiques du côté de Tombouctou, le pays de Fatou… Et, j’espère qu’il y aura donc prochainement une suite à ce magnifique carnet de terrain !

Alors, si vous souhaitez découvrir la guifette moustac avant d’aller visiter l’exposition et vous installer dans l’un des observatoires, voici l’adresse indispensable :

Maison de la nature
Parc naturel régional de la Brenne
36290 Saint-Michel-en-Brenne

Shelton
avatar 31/08/2024 @ 10:27:56
L’été c’est fait pour lire et comme nous entrons dans la période dite de la « rentrée littéraire » un grand nombre d’ouvrages commencent à s’accumuler sur ma table de nuit, des romans comme des bandes dessinées, des polars comme des biographies… et il va être grand temps que je travaille à rattraper le retard que j’ai pris cet été à m’occuper de mes petits-enfants !

Aujourd’hui, je vous propose le livre que vient de sortir Emile Bravo aux éditions Seuil Jeunesse, Les 7 Ours Nains contre Le gros méchant Loup ! Tout un programme et un esprit similaire à celui que de nombreux lecteurs avaient découvert lors de la sortie des ouvrages précédents dans cette série, à commencer par « Boucle d’Or et les 7 Ours Nains » !

Pour apprécier cette belle histoire, il faut et il suffit :

- d’accepter de se laisser surprendre ;
- de connaître un tant soit peu les contes classiques comme Le petit Chaperon Rouge, Blanche Neige et les 7 Nains, Les trois petits Cochons… mais si vous ne les connaissez pas, qu’importe, vous pouvez lire quand même cette histoire !
- de pouvoir lire une histoire en format bande dessinée car il s’agit bien d’une véritable bande dessinée !
- de ne pas croire que les contes soient uniquement réservés aux enfants !
- enfin, de ne pas croire que les méchants de votre jeunesse soient encore les méchants d’aujourd’hui !

Alors, si vous répondez peu ou prou à ces conditions de départ, vous allez pouvoir partir dans la forêt avec les 7 Ours Nains, des Ours Nains qui sont heureux de retrouver leur domaine après avoir été exploités dans un cirque. Oui, on a bien ici une véritable bande dessinée engagée… Enfin, presque !

C’est drôle, loufoque, cultivé, parfois psychanalytique et philosophique, éducatif même ou politique d’une certaine façon si la politique est bien l’art de faire vivre ensemble une population ou un peuple… Et, comme je l’avais été par les quatre épisodes précédents, je suis encore et toujours séduit !!!

J’espère avoir l’occasion cette année d’interviewer Emile Bravo sur cette revisite et appropriation des grands contes car je pense que ce travail qui semble parfois si léger est en fait une entreprise de très grande qualité !

Donc, très bonne lecture !

Shelton
avatar 31/08/2024 @ 10:31:04
L’été c’est fait pour lire et comme j’ai lu quelques bons romans policiers durant mes vacances – un peu les seules lectures possibles dans un camping pendant une cousinade bien vivante – je vais en glisser un ou deux entre des nouveautés littéraires ou bandes dessinées… Aujourd’hui, ce sera donc « La prisonnière du Créac ’h » de Pierre Pouchairet, un roman policier de la série « Les trois Brestoises ». Ce roman est sorti en 2023 dans une série commencée il y a déjà fort longtemps avec « Mortels trafics » qui avait reçu le Prix du Quai des Orfèvres 2017. A cette époque, l’auteur, ancien policier à la retraite, n’imaginait pas faire d’un de ses personnages, Léanne, l’héroïne récurrente d’une série qui compte aujourd’hui 13 romans publiés par le Palémon… Le temps passe et Léanne est toujours là !

Dans ce roman, on va la retrouver en grande difficulté car elle est accusée tout simplement de meurtre et que la justice ne compte pas du tout fermer les yeux sur une telle accusation ! Il faut dire que tout semble contre elle : la « victime » était en prison, elle lui a rendu visite sans informer sa hiérarchie, la « victime » s’est vanté devant elle d’être plus ou moins responsable de l’assassinat de son mari, policier lui-même, et, devant témoins, elle a explosé et menacer de mort la « victime » … Alors, quand on retrouve ce truand empoisonné dans sa cellule… Je ne vous fais pas de dessin d’autant plus qu’une seringue est retrouvée dans sa poubelle avec le poison incriminé ! Tout est contre elle !

Alors, a-t-elle une chance de s’en sortir ? L’affaire est délicate et le romancier va mettre en place une contre-enquête menée par une héroïne bretonne, policière elle-aussi, mais habituellement manipulée avec talent par un autre romancier, Jean Failler. Je crois que pour les séries TV on nomme cela un crossover ! Bienvenue à Mary Lester dans les trois Brestoises !

Je ne vais pas tout vous raconter, bien sûr. Je vais juste vous donner quelques éléments pour vous donner envire de plonger dans ce roman. Tout, d’abord, le temps de la contre-enquête, Léanne va être assignée à résidence dans un phare sur l’île de Ouessant, une île où elle avait déjà mené une aventure bien particulière… Assignée à résidence ne signifie pas, pour Léanne, temps de repos pour bouquiner et dormir. Le cerveau va fonctionner à 110% et les émotions ne manqueront pas. D’autre part, Mary Lester va mener son enquête avec son équipe mais aussi un renfort provenant des proches de Léanne, Isaac. Deuxième élément important pour les lecteurs des romans du Palémon, l’histoire va se dérouler dans de nombreux lieux bretons : Brest, Quimper, Rennes, Nantes, Ouessant sans oublier du côté de Nice là où les aventures policières de Léanne ont commencé !

Enfin, Pierre Pouchairet a très bien plongé sa plume dans l’encre de Jean Failler et « sa » Mary Lester est très crédible, « son » Fortin aussi !

Un bon roman et pour ceux qui ne connaitraient pas encore la série « Les trois Brestoises » … à vous d’agir !

Saint Jean-Baptiste 04/09/2024 @ 11:04:13
Hello, Shelton, l’été est déjà fini chez toi ?
;-))

Shelton
avatar 04/09/2024 @ 12:06:29
Oh non mais j'ai comme qui dirait un peu de retard ou, du mal à récupérer de la semaine de vacance en camping avec mes enfants et mes petits enfants... A voir !

Shelton
avatar 12/09/2024 @ 07:54:13
L’été c’est fait pour lire et avouons qu’il est encore temps de parler de cette chronique car très bientôt ce sera l’automne. Au lieu de lire à l’ombre d’un grand chêne ou les pieds dans l’eau, il faudra se glisser sous la couette ou s’assoir face à la cheminée… Autre temps béni de la lecture mais profitons néanmoins de cette fin d’été…

Comme je suis un passionné de romans policiers, chaque été j’aime prendre le temps de relire une des grandes enquêtes de Sherlock Holmes. J’ose même affirmer, le sourire aux lèvres malgré tout, que toute enquête de Sherlock Holmes est grande. Par principe, tout simplement…

J’ai donc attrapé un des volumes des œuvres complètes de Sir Arthur Conan Doyle et j’ai relu le recueil de nouvelles « Souvenirs sur Sherlock Holmes » dans la traduction de Bernard Tourville. Ce recueil est aussi connu sous le nom de « Mémoires de Sherlock Holmes » et je précise le nom du traducteur car c’est très important pour une littérature comme celle de Doyle de savoir qui a « réécrit » le texte… Cela donne un ton, un rythme, une langue, un style… et j’appartiens à ceux qui ne peuvent pas prendre de plaisir à lire directement en anglais (on devrait peut-être même dire en écossais) !

Certains trouveront peut-être que ces nouvelles ont mal vieilli mais ce n’est pas mon cas. Certes, le personnage de Watson raisonne en homme du XIX° siècle mais c’est ce qui fait à mon avis le charme suranné qui nous permet de plonger dans l’époque de Sherlock Holmes. On aime ou on n’aime pas, mais moi j’aime. Pour ce qui est de Sherlock lui-même, il est toujours aussi odieux et invivable, aussi désagréable avec son « ami » Watson et la police n’est là que pour le mettre en valeur… Désolé, Lestrade, il faut voir les faits avec objectivité ! Pourtant, je sais bien que vous fûtes un des plus brillants inspecteurs de Scotland Yard… mais cela ne suffit pas pour rivaliser avec Sherlock !

Douze nouvelles dans ce recueil, avec des titres que certains de vous ont bien en mémoires soit grâce à vos lectures soit parce que les adaptations télévisuelles vous ont légué quelques images ineffaçables… Flamme d’argent, La figure jaune, Le rituel des Musgrave, L’interprète grec… C’est fait, les souvenirs reviennent…

Après une telle lecture sortie directement du passé – j’ai dû lire ma première enquête il y a plus de cinquante-cinq ans – il ne me restait plus qu’à lire ou relire une enquête de Sherlock Holmes mais écrite cette fois-ci par un auteur contemporain… et c’est ce que j’ai fait immédiatement, puisque l’été c’est fait pour lire !

Mais n’hésitez surtout pas à relire régulièrement une des enquêtes de Sherlock Holmes… C’est excellent pour le moral !

Bonne lecture !

Shelton
avatar 12/09/2024 @ 07:54:43
L’été c’est fait pour lire et comme je vous l’avais annoncé, j’ai décidé de lire un « Sherlock Holmes » contemporain après avoir relu un recueil de Sir Arthur Conan Doyle. C’est donc ainsi que j’ai choisi « Sherlock Holmes et les vierges de glace » de Sophie Carrillo. Le livre date de 2023 ce qui le rend bien contemporain.

Sophie Carrillo est une femme qui est née à Pau et qui a écrit sous plusieurs noms dont Rose Penn et Bellocq-Poulonis. Elle a commencé par des études de lettres et a écrit son mémoire sur Sherlock Holmes, mémoire qu’elle n’a ni rendu ni défendu mais qui fut, en revanche, édité et qui est une référence dans le domaine holmésien (L’aventure du détective triomphant). Nous sommes donc indiscutablement en bonne compagnie…

Un autre élément est à mettre à l’honneur et on le mesure dès la lecture des premières pages : notre autrice trouve Watson très sympathique et elle le montre. Certes, elle écrit son roman à la première personne, comme d’ailleurs l’ensemble du corpus de Doyle, puisque c’est Watson qui raconte ce qu’il a vu et entendu. Mais, dans le cas précis de ce roman (je n’ai pas lu d’autre Sherlock écrit par Sophie Carrillo) Watson, même s’il n’est pas toujours brillant intellectuellement, est toujours un homme plein d’humanité, d’attention, de gentillesse pour tous les autres, y compris les policiers. Un véritable « brave homme » !

Venons-en maintenant à notre histoire à proprement parler. Nous sommes après l’affaire horrible de Jack l’éventreur, nous sommes encore dans le quartier de Whitechapel, et des femmes recommencent à être victimes d’un assassin cruel… Est-ce le même qui revient car il n’aurait pas finalement été arrêté ? Est-ce l’œuvre d’un simple copieur criminel ? Ou sommes-nous en présence d’un nouvel assassin plein d’imagination et de créativité pour effacer de nos mémoires Jack l’éventreur ? Une affaire délicate que Sherlock veut mener à bien en prenant tout son temps pour ne pas tomber dans un piège tendu par un criminel… On va donc le suivre, fréquenter la morgue, Scotland Yard, les lieux malfamés du quartier de Whitechapel… Parfois, Sherlock s’éclipsera mais, heureusement pour nous, il prendra le temps ensuite de tout raconter à Watson…

C’est un roman que j’ai lu avec beaucoup de plaisir et, du coup, je vais tout faire pour lire « Sherlock Holmes et les mystères du Béarn », un roman signé aussi Sophie Carrillo et qui vient de sortir au printemps 2024.

Comme l’été c’est fait pour lire et comme on peut continuer ses lectures durant l’automne, n’hésitez pas à lire certains de ces romans qui prolongent les enquêtes de Sherlock Holmes de nos jours dans nos belles régions de France !

Bonne lecture !

Shelton
avatar 21/09/2024 @ 13:22:06
Puisque l’été c’est fait pour lire et qu’il me reste encore quelques heures pour faire vivre ma chronique estivale, je vais en profiter pour mettre à l’honneur Emmanuelle Houdart, une artiste peintre et illustratrice suisse.

Son livre « L’abécédaire de la colère » est tout simplement magnifique et mérite d’être lu, contemplé et transmis à de plus jeunes lecteurs. N’oubliez jamais que la beauté n’est pas réservée aux gens cultivés, aux adultes, aux gens qui se croient bien… La beauté est faite pour tous, sans aucune restriction !

Le thème abordé, la colère, est aussi un sentiment qui nous touche tous, qui traverse nos vies, à un moment ou un autre, et que nous devons tous tenter d’apprivoiser, non pas pour sombrer dans une mollesse et apathie destructrices mais pour éviter de s’user contre des moulins à vent…

De « abdomen » à « zygomatiques », d’un des lieux de villégiature de la colère à la source du rire meilleur antidote à cette colère, vous allez voyager en passant par cris, larmes, pères fouettards et xénophobie. Les liens avec la colère ? Vous les découvrirez avec les textes et dessins d’Emmanuelle Houdart dont chacun aurait pu être sur un poster dans ma chambre d’adolescent !

Très prochainement, je vais proposer cet album en lecture avec mes petits enfants et je vous dirai, le moment venu, ce qu’ils en ont pensé !

Bonne lecture !

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