Magicite
avatar 28/05/2024 @ 18:48:25
La porte à chaussettes, une solution pour la planète?

I
La sérendipité est l’aptitude d’un chercheur de faire une découverte en conjonction avec un hasard heureux. Le cas de la pénicilline est souvent cité où le docteur Fleming revenant de vacance trouva ses élevages de staphylocoques dans des boîtes de Pétri colonisés par un champignon du laboratoire de son voisin mycologue. L’histoire est simple, à partir de là n’importe quel profane en médecine imagine facilement qu’un vieux sandwich oublié puisse offrir une solution pour traiter les infections. Jolie histoire, devenue mythe et légende avec ses imprécisions.
Il s’écoula 12 ans de travail, auquel ne prit pas part Fleming, avant que l’extraction et utilisation de la toxine du pénicillium puissent être utilisés en antibiotique et encore 5 années avant le début de sa production industrielle. Que la thèse du docteur Duchesne en 1897(32 ans avant la ‘découverte’ de Fleming) portait déjà sur l’interaction entre Penicilium et les bactéries et que ses travaux ont sombré dans l’oubli. A ceci prêt que l’étude dentaire de Néandertal il y a 40 000 ans montre que celui ci utilisait déjà la pénicilline pour se soigner.

Que dire du cas de la porte à chaussettes pour Nébulo Tomik qui révolutionna le monde et régla en grande partie les problèmes de pollution humaine et son impact climatique dont 30%(à minima) étaient liés au transport particulier(les voitures personnelles)? C’est à se demander si les néandertaliens avaient un équivalent des chaussettes et des portes qu’il connaissaient déjà.


Nébulo cherchait dans sa commode sous son lit en mezzanine quelque chose avec avidité. Le tiroir du haut de la commode était boursouflé par son trop plein. Le tiroir à chaussettes contenait aussi les masques remisés de la crise de la Covid et menu bricoles qui auraient du être rangées ailleurs comme un clou neuf et intact ramassé par terre et jamais rangé dans son bon emplacement. Il y avait aussi un petit ruban rouge, un emballage plastique roulé en boule qui devait aussi contenir quelques bonbons acidulés jamais jetés, une pile de piles plates pour montres alors que personne n’avais plus de montre depuis l’avènement de la téléphonie mobile, en tout cas lui n’en avait pas porté depuis le milieu de la première décennie 2000.
Des élastiques à cheveux pour les nouer en queue de cheval, celles qu’il mettait de côté s’il ne retrouvait pas les ‘régulières’ qu’il mettait en évidence dans la salle de bain, en théorie en tout cas.

Les choses du commun ont parfois cette particularité de disparaître où n’être pas retrouvées quand on en a besoin. Pour les chaussettes c’est un fait connu et étudié dans les universités, le professeur Lefuer à même émis une théorie sur la présence de lutins chapardeurs de chaussettes auquel peu de gens prêtent vraiment crédit. Pourtant ce mystère profond reste bien réel!

POURQUOI LES CHAUSSETTES DÉPAREILLÉES EXISTENT ELLES,
hormis bien sûr les exceptions des tambours de machine à laver avaleurs, des chutes de l’étendoir dans la rue et autres fugues explicables (sans sous-estimer les animaux domestiques comme chiens attirés par la fragrance «pédestre» du maître et chats rendus frénétiques à la vue d’un bout de fil laineux qui semble bouger de sa propre volonté en incitant les félins au combat à pattes raccourcies .

Magicite
avatar 28/05/2024 @ 18:49:00
II

La gravité est égale à la constante de gravitation universelle multipliée par la masse du corps qui crée le champ gravitationnel divisée par le carré de la distance entre le point d'étude et le centre du corps. La gravitation est l'interaction physique responsable de l'attraction des corps. Elle se manifeste notamment par l'attraction terrestre qui nous retient au sol, la gravité, qui est responsable de plusieurs manifestations naturelles; les marées, l'orbite des planètes autour du soleil, la sphéricité de la plupart des corps célestes en sont quelques exemples.
Archiméde, Oresme, Galilée puis Newton, Lagrange, Faraday établirent et polirent ces principes physiques, puis Einstein mit un coup de pied dans la fourmilière savante en parlant de déformation de l’espace à quatre dimensions où ses prédécesseurs étaient à la masse (P = m*g).
Et des chaussettes, rouge et jaune à petit pois?
En fait non.
Si Nébulo cherchait dans sa commode c’est qu’il devait sortir de chez lui. Une chose qu’il faisait peu et méritait des chaussettes, méritait même ses chaussettes les plus chaussetesques.
En effet il possédait cette paire de chaussettes bleu foncée, chacune brodée d’un fermier debout en salopette tenant un cochon par le cou à bout de bras. Pour la sortie il devait voir des potes et il devait avoir des filles. Malgré sa forte timidité et dépression chronique il se projetait à nouveau, un peu trop et il le savait. Jusqu’à imaginer le moment où il dévoilerait ses chaussettes et qu’un cochon tenu à bout de bras par un fermier ne pouvait que lui donner une touche de charme et originalité mémorable. Bien que ce soit faux imaginer un tel moment suffisait à le motiver sauf que les chaussettes restaient introuvables. Il tassa les affaires dans un coin du tiroir pour examiner le contenu du coin opposé plus facilement et répéta l’opération pour les autres coins. Il savait bien que ses autres chaussettes plus fréquentes étaient réparties sales en différents endroits dans la pièce mais savait aussi pertinemment que ses chaussettes à cochons il ne les avaient pas portées depuis longtemps et ne pouvaient pas être ailleurs…
Il plongea encore la main, scrutant des yeux les profondeurs, penché intensément sur son tiroir, éjectant en désordre des chaussettes esseulées ou trop trouées pour être portées. Sa main agrippa par mégarde le clou qui n’était définitivement pas à sa place et quelque chose d’autre se coinça entre ses doigts. Il négligea de s’en débarrasser en apercevant le coin d’un ourlet coincé dans le fond et semblant prometteur.
OUI, jubila t’il intérieurement.
C’était bien le fermier au cochon replié en 4 mais à son grand désarroi une seule de la paire.

Magicite
avatar 28/05/2024 @ 18:49:48
III

Il continua à triturer le fond approximativement s’aplatit encore plus jusqu’à avoir la tête dans le tiroir. Sa main qui fouillait avait coincé le bout de ruban rouge et le clou qui empêchait la mobilité de deux de ses doigts. Puis il se fit une grande obscurité alors qu’il traversait le fond du tiroir de la commode qui ne lui semblât pas si pratique à ce moment. Ses deux doigts, majeurs et index liés étaient engourdis. Il tenta de dégager le ruban et le clou entrelacés curieusement dans sa main. Le ruban, souvenir d’une soirée, formait un 8 autour de ses phalanges et le clou enroulé au milieu vacillant telle une pointe de boussole erratique. C’est à ce moment qu’un frisson le parcourut. Il était dans un espace vide, sol sombre genre torchis matelassé, des brumes ondulaient du sol et un tintement cristallin scintillait dans le lointain, ou plutôt sifflement. Derrière lui à plat sur le sol un cadre de bois s’ouvrait sur le plafond de sa chambre, devant lui il y avait des petits monticules qu’il n’avait pas aperçu plus tôt dans la pénombre ambiante. Peut-être une personne saine d’esprit ou non désespérée à la recherche d’une paire de chaussettes particulière aurait paniqué, aurait eu le réflexe conservateur d’essayer de repasser de l’autre côté du cadre qui montrait son plafond agrémenté de chaussettes empilées et tassées. Nébulo n’était ni l’un ni l’autre.
Les fumées dansantes sur le sol lui piquait le nez, une odeur légèrement soufrée et d’œuf pourris s’en dégageait. L’odeur semblait même avoir une volonté propre dans sa persistance.
Le pied est la partie du corps qui contient le plus de terminaisons nerveuses. Le dessous du pied est la partie la plus sensible du corps et les nerfs de la plante et des orteils remontent jusqu’à la taille. Ce sont eux qui soutiennent aussi tout le poids du corps dans notre position la plus naturelle de bipède: debout. Einstein et la relativité restreinte, la courbure de l’espace temps. La masse influant sur le poids, l’espace tridimensionnel et la quatrième dimension du temps sont liés.
L’homme se dirigea vers les monticules sombres. Il avisa des montants ouvrant sur un espace sombre. Sans réfléchir au danger il mit la main dans le cadre qui rencontra une poisseuse humidité. Le ruban était toujours serré sur ses doigts et le clou vrillant autour, il plia et replia ses doigts plusieurs fois pour les ragaillardir trop accaparé pour se soucier de ce détail. Le cadre même, en bois ou contreplaqué était visqueux et humide, gonflé comme lors d’une infection. Cela faisait beaucoup et trop curieux pour penser à se retourner il commença pourtant à réaliser sa situation anormale.
C’était bien des monceaux de paires de chaussettes qu’il avait deviné de l’autre côté, derrière leur voile humide. Il parcourut en se hâtant de ses pieds nus sur le sol froid et glauque quelques mètres en évaluant les monticules. Il y en avait des vingtaines en groupes épars. Et au loin encore d’autres. Il fit un pas et le sol colla à ses pieds. Il détacha un morceau de bas déchiré et pourrissant et réalisa l’extraordinaire vérité où l’avait mené ses pas et dansa brièvement une gigue nerveuse comme si il se trouvait nu pied sur une poêle à frire brûlante. Le sol entier était comme un cimetière de chaussettes esseulées, celle qui était tombée dans la faille de cette étrange lieu. Il avait trouvé par un hasard domestique la réponse à l’un des plus grands mystères de l’humanité: où donc allait l’autre chaussette de la paire que #€4@€ l’on ne trouve nulle part.

Magicite
avatar 28/05/2024 @ 18:50:41
IV

Debout sur une terre de chaussettes pourries en décomposition, l’odeur planante piégée ici formait des serpentins de fumées ayant presque leur vie propre, une vie de vestiaires et fond de placards l’hygiène en moins. Il était trop tard pour s’inquiéter d’où il avait mis les pieds, littéralement. Sa panique s’accrut en réalisant à quel point il s’était égaré et n’avait aucune notion de droite gauche, est ou ouest, donc de comment retrouver la porte à chaussettes qui l’avait mené ici. Où qu’il se tourne le paysage semblait identique. Éclairée par une faible lumière diffuse dans toutes les directions des encadrements de tiroirs et armoires alignés comme les tombes d’un cimetière sortant du sol.
Il fit donc la seule chose à faire, il chercha, chaque pas sur la surface putride lui répugnant mais rester sur place avait le même effet.
Les chaussettes qui subissent toute leur vie la pression de notre poids complet et les réactions biologique d’un pied enfermé dedans toute la journée déformaient elles la cohérence de l’espace-temps aussi sûrement qu’un trou noir? Nébulo n’en savait rien, c’était juste un type qui était tombé dans le fond du tiroir de sa commode et qui cherchait des chaussettes avec des fermiers et des cochons brodés.
Parmi les rangées de cadres la plupart étaient fermés, ou plutôt dans l’obscurité d’un tiroir fermé. L’un de ceux qu’il croisa menait sur un flou de plastique translucide. Il essaya un court instant de passer à travers mais ne rencontra que la mollesse spongieuse et humide de la barrière auquel il avait déjà été confronté lors de son premier essai. En secouant ses bras pour se débarrasser de la matière gélatineuse invisible qu’il avait touché il remarqua le ruban et le clou. Le clou vacillant toujours dans son attache emberlificoté et pas à cause de ses mouvements impulsifs. Il tendit ses doigts liés, un peu blanchit par la compression de la circulation sanguine, et observa l’étrange balancement.
Le clou semblait vouloir pointer dans une direction puis revenir à une position intermédiaire indéfiniment.
Il eut un flash se rappelant enfin d’où venait le ruban rouge. C’était en plein pic de dépression quand tout ce qu’il voulait c’était mourir sans avoir la force de le faire. La fille, une connaissance d’ami communs, lui avait fait des avances. Lui avait paniqué et finalement elle était allé avec’ un autre gars. Puis ils s’étaient recroisés et ça avait été encore plus appuyé. Elle était sympa, grande brune maigre et une voix rauque, bassiste d’un groupe de musique il l’avait reconnu à un de ses concerts. Après le set du groupe il avaient bus un verre et ils étaient sortis pour aller dans un autre bar, la discussion et ses frottements répétés contre lui étaient clairs. Le petit ruban rouge venait de la veste de la fille qui s’était accroché à un bouton de la sienne. Il avait essayé de le rattacher gauchement d’où il venait et elle hilare et souriante lui avait dit qu’il pouvait le garder. Sauf que il n’avait pas osé la raccompagner chez elle et se sentait honteux et fautif pour cela. Ayant des fréquentations communes ils se recroisèrent quelque fois et malgré son désir pour elle il fuyait sa présence avec l’amertume blasé d’une grave dépression. Depuis il sortait peu, voire pas du tout. Le ruban c’était un souvenir, réchauffant et le plongeant dans la tristesse de sa réalité morbide. Il avait finit par finir dans le tiroir à chaussettes oublié jusqu’à se retrouver à former une attache sur ses doigts. Avec le clou c’était le motif désormais bien connu de la double Ankh bien connu et utilisé par les voyageurs du monde entier, le blason même de l’organisation des portes à chaussettes plaqué sur un masque en tissu.
Nébulus s’orienta dans la direction vers laquelle pointait le clou pris dans le ruban. Il arriva à une porte au sol parmi toutes les autres, ses contours n’étaient pas nimbés d’humidité, la porte à chaussettes était sèche.
Il s’aperçut que la voie était dégagée en passant la main par l’ouverture. La mollesse du tissu l’avertit qu’il allait rencontrer des chaussettes. Il hésita un instant en se remémorant qu’il était pied nu en caleçon avec une chaussette dans la main.

Magicite
avatar 28/05/2024 @ 18:51:17
XX

Heureusement Blanche restait une fille plus sympa que bégueule. L’explication qui eut lieu dans sa chambre à la sortie du tiroir à chaussette de Blanche appartient maintenant à la science des voyages en portes à chaussettes. Comme toutes les histoires la version la plus simple et la plus inexacte est celle retenue par le public et inclut un long lavage de pied avant des choses plus réjouissantes.
En vérité dans les détails la fille vit émerger du fond d’un casier de son armoire Nébulo, passablement pataud ses cheveux accrochèrent au passage une culotte du rebord du casier d’à côté qui lui fit un chapeau encore plus mémorable que des chaussettes fantaisistes.
_« Euh...salut Blanche c’est Nébulo. »
Après une seconde d’observation muette la jolie musicienne répondit:
_ «Ah... Né...bulo » en détachant bien les deux syllabes de son prénom.
De nos jours vu sa portée pratique et économique la technologie est maintenant mieux maîtrisée mais reste obscure et odorante. Toutes les hypothèses ou presque sont émises sans beaucoup plus de compréhension du phénomène, des cabines d’aiguilleurs hermétiques ont étés mise en place avec un employé aidant les gens en transit. On peut voyager d’à peu près n’importe où sur la planète en quelques instants il suffisait d’avoir un tiroir à chaussettes, une double Ankh( il s’en vendait dans le commerce mais quand un clou et une ficelle suffisent pour se déplacer de centaines de kilomètres quasi instantanément il y eut peu d’acheteurs) et d’un objet appartenant à la personne détentrice de la porte à chaussettes d’arrivée et ultimement de désirer se retrouver au lieu d’arrivée.
Bien sûr les sifflements comme on peut le deviner ce sont des canaris(qui savent disparaître aussi vite que les chaussettes) qui se tiennent loin du sol pour éviter les chats(autres usagers réguliers des portes à chaussettes bien avant l’humain). Personne n’a découvert la source du tintement cristallin à ce jour.
Toutefois lecteur du passé de cette future invention si tu doute de la possibilité des portes à chaussettes je te conseille de te munir de l’appareillement nécessaire(la forme de la double Ankh et un masque de protection ou un pince-nez) et de partir en exploration, le prix Nobel te tends les bras ainsi que les mycoses des pieds.

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