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Forums  :  Vos écrits  :  L'horizon

Spirit
avatar 28/05/2024 @ 11:39:05
Sur la falaise , tout là-haut, se tenait une femme tout de noir vêtue. Elle avait dans sa main froide la main d'un petit garçon, il portait un bonnet et regardait comme sa mère l'océan et l'horizon. Dans ces îles du bout du continent les eaux tumultueuses prenaient et donnaient tour à tour. C'était une sorte de loterie dont personne ne savait à l'avance si l'on en sortirait vainqueur ou vaincue.
Les yeux de la femme en noir semblaient porter loin le regard, bien plus loin que ce qu'un homme peut voir ; les femmes de marins ont le cœur accroché à l'horizon et voient ce que nul autres ne peux voir : la mer, la mort et leurs hommes. Ces hommes partis pêcher dans l’océan leurs lot de poissons, l'océan donnait mais il prenait aussi parfois leurs vies dans des tempêtes Homériques. En ce jour les flots étaient tumultueux, les vagues portaient haut leurs hargnes, fouettant de ses embruns les visages des vivants et les croix des morts. Le ciel était si bas et si noir qu'il paraissait vouloir engloutir toute cette terre dans une alliance avec les flots, afin de reprendre ses droits sur ce petit bout de terre, comme une verrue sur le visage d'une belle.
Les vagues fouettaient les rochers et venaient mouiller les deux silhouettes immobiles, pour les punir de couver en leur sein un espoir si vain. Mais elles ne bougeaient pas ces silhouettes, pas plus la petite que la grande ; aucuns mots ne sortaient de leurs bouches et aucunes larmes ne venaient mouiller leurs joues. Ici l'on ne pleure pas, l'eau est faite pour rester dans l'océan, pas sur la terre.
Les heures passaient faisant ce joindre les cieux et les eaux dans une même couleur, celle de la mort et de la capitulation. Mais sur leur bateaux les pêcheurs luttaient contre les éléments. Leur coquille de noix chahuté de droite et de gauche, s'engouffrait dans des creux immenses et montait sur la vague suivante à des hauteurs vertigineuses. L'espoir avait quitté le bord et pourtant les hommes luttaient toujours. Tout à coup l'un deux engoncé dans son ciré jaune pointât son doigt dans une direction : «  Là, le phare est là, nous arrivons »
Sur la falaise les deux silhouettes, à peine visibles maintenant, voyaient tout de même au loin le petit esquif rouge et blanc ; le fils et la mère savaient que ce soir il ferait chaud dans la maison, la chaleur du feu et celui de l'amour. Ils tournèrent le dos aux tourments et suivirent le petit chemin de pierres jusqu'au village et son port.

Pieronnelle

avatar 28/05/2024 @ 14:07:44
Ah joli ! Décidément tu es tombé dans l'optimisme ! :-)

Spirit
avatar 28/05/2024 @ 14:33:07
En fait quelqu'un m'a donné deux points et un but : que cela finisse bien, alors j'ai fait en sorte de traiter ces sujets à ma manière tout en restant dans le positif. Je me rend compte que c'est difficile avec des textes courts de trouver des idées neuves. Je vais faire un "appel à thèmes" pour me sortir de cette impasse. :-)

Content que ce texte te plaise.

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