Agnesfl 14/05/2024 @ 20:56:52
Le tennis santé vu par moi



Apercevant un court de tennis, et ayant déjà pris pas mal de cours avec un professeur quelques années auparavant, et ayant beaucoup apprécié ce sport qu’elle finit par vraiment bien maîtriser, Agnès fut intriguée par quelqu’un qui semblait crier tout en jouant au tennis. Elle s’approcha et reconnut les vers d’Hamlet. Pourquoi vous récitez ces vers demanda t-elle au Monsieur ? Déja parce que c’est beau, et d’autre part parce que ça me fait beaucoup de bien. C’est un directeur de théâtre et passionné de tennis qui a inventé ce concept « tennis-théâtre ». Il dit que c’est bien pour progresser au tennis et en fonction du coup que l’on frappe il faut par exemple exprimer un sentiment : de la rage, de la joie ou autre.
C’est intéressant rétorqua la jeune fille. Où puis-je joindre ce Monsieur? Il habite à quelques lieux d’ici dans un petit cabanon. Très bien, je vais m’y rendre. Aussitôt dit, aussitôt fait et quelques minutes plus tard Agnès frappa à la porte. «  Je viens vous voir car je suis intéressée par votre méthode. Serait-ce possible de commencer bientôt? Oui, je vais vous donner l’adresse où ont lieu les cours. Vous pouvez déjà venir jeter un coup d’oeil si vous voulez. Très bien je viendrai demain.
Et une fois sur place, cela l’enchanta vraiment et le soir elle commença à frapper quelques balles sur le mur du couloir. Or il se trouve que quelques mois avant, elle avait subi une grave opération chirurgicale du bras droit suite à un accident de voiture. Elle pouvait tout faire et cela ne la gênait en rien dans la vie de tous les jours. En revanche, faire un effort physique avec ce bras un peu faible n’était pas toujours facile. Et frapper sur un court de tennis lui demandait un peu trop d’eff fort. Et c’est alors qu’une idée lui vint, réduire l’espace, ce sport permettant justement cette possibilité. Et à 3h du matin, ayant besoin de peu de sommeil, elle se mit à commencer à frapper contre le mur. Et retrouver les sensations du tennis fut pour elle un enchantement. Faire un revers coupé, puis ensuite un coup droit chopé ou sans effet que c’était bon. Bien évidemment, comme elle avait arrêté pas mal de temps, plus l’opération, ce n’était plus aussi fluide qu’avant mais cela lui était égal. Elle n’avait rien à prouver à personne, elle était aux anges, et le reste lui importait peu. Et puis le fait que ce soit la nuit, c’était encore plus grisant et cela lui rappelait les cours de tennis qu’elle prenait le soir à la lumière avec son professeur et qui lui avaient apporté une griserie intense. Frapper une balle alors qu’il faisait nuit noire l’inspirait vraiment et chaque jour elle jouait ainsi augmentant son amusement avec la raquette et la balle en fonction de son imagination. Elle pouvait par exemple se mettre très près du filet puis reculer, revenir. Puis faire une amortie, travailler son toucher, ou balancer un grand pin. Quand elle frappait ainsi de toutes ses forces elle pensait en même temps à des gens qui l’avaient fait souffrir et cela lui permettait de libérer sa haine et de l’ expurger. Et petit à petit en fonction du coup qu’elle utilisait, elle pensait à tout ça. Or il se trouve qu’ elle avait croisé dans son passé trois hommes qui à la suite s’acharnèrent sur elle. A ce moment là, elle venait de perdre un bébé, et était assez dépressive et faible moralement. Et ces trois hommes avait un sadisme effréné profitèrent de sa détresse pour la faire souffrir de plus en plus et avec une jubilation folle. Agnès un peu masochiste et à l’époque attirée par ce genre de situation se prit au jeu et se mit à aimer cette atmosphère. Or il se trouve que même si elle possédait une énorme force de caractère, et une grande capacité à souffrir, elle ne s’en sortit pas indemne et se retrouva en hôpital psychiatrique mise de force par sa mère. Et sa mère en agissant ainsi n’était pas consciente de la situation que cela allait provoquer. Mais ce fut carrément les camps de concentration. Après des années et des années de souffrance, de torture elle réussit à s’en sortir et à ne plus prendre de  médicament. Mais restait le traumatisme qu’elle essayait d’amenuiser petit à petit par divers moyens. Ecriture, sport, sorties culturelles diverses. Mais c’était si violent qu’effacer ça en un tournemain n’était pas possible. Et cette reprise du tennis lui donna cette idée de se libérer petit à petit en imaginant donc plein de facettes du tennis. C’est ainsi qu’elle eut l’idée assez inspirante il faut le dire de prendre trois balles de tennis et d’en nommer chacune une par le prénom des trois sadiques. Et d’utiliser chacune en fonction de son humeur, de ce qu’elle voulait purger. Et puis d’autres idées lui vinrent. Comme elle aimait beaucoup le théâtre, et inspirée par cet homme qui avait inventé ce concept, elle inventa elle-même son propre «  tennis théâtre. Par exemple, comme au théâtre elle se mit à jouer chez elle avec les lumières, elle imaginait en même temps qu’elle frappait jouer «  La tempête « de Shakespere dans le palais des papes, ou se travestir en homme comme dans les pièces de Marivaux. Ou jouer ses propres scènes qu’elle avait écrites. Puis elle passa à la musique, une étape encore différente. Sur des musiques de Supertramp ou de Michel Berger, ou autre s, là aussi tout en chantant elle variait les possibilités du tennis. Par exemple, elle frappait de petits revers sur le dos du canapé, frappait la balle avec sa raquette, ou mimait des coups. Se laisser aller sans réfléchir, laisser libre court à son imagination c’était sa jouissance intellectuelle et physique qui lui permettait de tout expurger et à force, elle finit par tout sortir , à ne plus rien avoir à expurger. Ca y est, elle n’avait plus de rancoeur, plus d’acrimonie et ce fut sa victoire personnelle, sa victoire à Roland Garros, son grand Chelem. Et en plus, elle venait d’inventer le tennis thérapie qu’elle se mit à diffuser partout. Et comme elle le dit avec humour mieux vaut se servir d’une raquette de tennis que d’une cigarette ou d’une bouteille de whisky….

Agnès Figueras-Lenattier

Saint Jean-Baptiste 15/05/2024 @ 10:43:31
On a l’impression que tu racontes ta vie, Agnès, et c’est un très beau témoignage. Tu exprimes bien cette volonté de guérir par la pratique d’un sport. Les sportifs, en général, savent souffrir et sont courageux.
Par ailleurs, tu donnes une autre vision du tennis de compétition. Quand on voit les joueurs professionnels, on a l’impression qu’ils ne s’amusent pas. On dirait des bagnards ! Mais toi, tu montres bien que c’est une passion de perfectionnistes et que cette volonté de se surpasser a du sens.
C’est un beau texte et un bel éloge a la valeur du sport et à la volonté de guérir.

Pieronnelle

avatar 15/05/2024 @ 12:11:35
Tres beau texte ,très fort en émotion mais sans pathos...Comment se guérir en se défendant, se "vengeant", se libérant des agressions exterieures mais...sans faire de mal !! c'est intelligent, plein d'humanité envers soi-même (ce qu'on oublie souvent croyant que l'humanisme ne peut être qu'envers les autres ! alors que c'est le meilleur moyen d'aider...).
Taper de toutes ses forces physiquement avec une raquette et une balle n'est pas à la portée de tout le monde :-) mais ton exemple donne tellement de clefs pour "expurger" la révolte en soi par la puissance de l'esprit !!
Bravo Agnès, tu as beaucoup de ressources et d'inventivité pour vivre et aider les autres à vivre !
Merci !

Spirit
avatar 15/05/2024 @ 12:33:42
Jolie texte qui prend le lecteur dans ses filets, nous entrénant sur des chemins que nous n'aurions peut être pas explorés. Un exemple si l'on n'y parvient. J'ai bien aimé Agnès, donne nous en d'autres à lire.

Agnesfl 15/05/2024 @ 17:33:01
Merci beaucoup ça me fait très très plaisir, ça me va droit au coeur.

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