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Forums  :  Vos écrits  :  Le rebelle de Mithragan

Magicite
avatar 26/12/2022 @ 22:51:10
Il était une fois mais pas à Bruxelles,
Caché dans des caisses un élfe à ressort.
Il jaillit comme le pape au balcon et couru sauter par la fenêtre d’où il glissa pantelant ses jambes pendantes du pantalon dans la jardinière. Le buisson amorti heureusement son lourd impact. Boule verte coiffée d’un ruban rouge, le symbole de son oppression.
Il déterra son arrière-train du creux dans le terreau du pot de terre en se redressant. Dégrafa une branche verte agrippée dans ses cheveux en tissu.
Puis hirsute et hagard, il dérapa au sol en zigzaguant dans la cour pavée. De l’autre côté les doubles battants encoché dans une arche de pierre d’une herse immense en fer forgé donnent sur la rue.
Vif et erratique comme un chemin de foudre il sautilla jusqu’au barreaux pour s’y accrocher.
Se hissant à la force de ses articulations il redescend de l’autre côté en pirouettant tandis qu’une alarme retentit.

De l’œil derrière lui il lorgne derrière son nez en bois pointu au bout peint d’un cercle rouge. Son œil est un bout de verre coloré en forme d’amande. Il jette sa tête de poupée en arrière pour dégager le pompon au bout du bonnet pointu de sa vision. Des troupes en képis et uniformes sombres, pistolets à la ceinture ou en main, accourent dans la cour.
Un chat roux miaule, les voitures passent et l’élfe hasarde une gesticulation du cou pour voir où fuir.
À droite et à gauche un long trottoir de ciment, devant un passage clouté. Sans réfléchir il court pour remonter la rue, le chat s’éloigne et des pieds bottés piétinent.
Avec bonheur il plonge dans la ruelle sombre qui semble providentielle.
Caché dans l’ombre, en prenant les petits chemins il rejoindra les insurgés.
Il sursaute quand son pied en tissu rembourré fait crisser le gravier, se fait fin comme un félin pour se faufiler dans l’ombre en espérant semer ses poursuivants.
Le chahut des pieds bottés s’estompe, c’est peut-être gagné pour lui…
Un sifflement ophidien le fait se retourner à nouveau. Les chats y voient dans l’obscurité et celui ci sifflant strident devant la ruelle sans issue: « HSSss HISSsssss ».
Les pistolets et les bottes arrivent en masse. Une trompette couine lançant l’assaut des bâtons courts agités par des gants qui s’abattent jusqu’à ce que la marionnette perde connaissance.
Au réveil il est plié en quatre comme dans sa boîte. Il n’y a pas de lumière non plus dans sa cellule de 15 X 18,5 cm.

Bien sûr il n’eut pas droit à un procès, son cas était déjà réglé par la justice des hommes. Tout ce à quoi il eut droit c’est un interrogatoire où on lui hurlait dessus des menaces dans une langue qu’il ne parlait pas. On le replia et il resta coincé deux jours dans sa boîte carcérale, les bras et jambes maintenus solidement par des ficelles blanches, avant d’être sortit de nouveau. Il eu droit à un rapiéçage des coutures et on lui colla une étiquette fraîchement imprimée.
Le temps était clément mais l’hiver avançait. Pour le captif dans son isolation le temps et l’espace s’étirent en dilutions d’ombres interminables. Il sentit des secousses, su qu’il était déplacé sans entendre, sans voir, dans le noir imagé et littéral.
Au terme de cette angoisse, torture supplémentaire au malheur de sa condamnation arbitraire il fut posé la tête à l’envers sur une étagère.
Jusqu’à ce qu’il soit emmené dans le couloir terminal pour être découvert le 25 décembre sorti de son enveloppe de papier brillant et rubans colorés. Sortit de sa boîte pour une vie qui ne lui appartiendra plus. Une grande majorité des jouets sont brutalisés et tôt ou tard abandonnés. Aucun ne peut quitter le foyer ou la surveillance de son enfant jusqu’à ce qu’il devienne un rebut, souvent brisé par des usages infamants…

La planète couverte de petit poneys, de croûtes d’acrylique, de sacs, de lutins et elfes, marteau laser et maisons de poupées…
Pour pendant quelques soirs rêver des pays magiques où existent les oursons qui lancent des arcs-en-ciel, les pilotes de courses et les princesses brodées de gazes roses, pendant quelques vies être un enfant qui imagine un monde merveilleux.
Celui qui avec une écharpe en travers du visage est un pirate, qui vole comme un papillon en courant avec un tissu sur le dos pour des ailes, celui qui imagine l’origine du soleil où marcher sur la lune, qui attend un bonhomme avec une barbe blanche qui rentre dans les maisons par les cheminées et qui encore cette année va dire Joyeux Noël, se réchauffer en groupe de ses rires et joies pendant que la neige rêve en tas agrémenté d’une carotte et de boutons pour les yeux.

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