Martin1

avatar 07/07/2022 @ 01:55:17
Je réponds ici à Radetsky dont je rappelle le dernier message

Et ce n'est ni pire, ni mieux.
Certains ont la "transcendance" facile...mais ne devrait-elle pas nous inciter à aller vers l'autre en dépassant le stade global auquel nous attachent notre habitus, notre naissance, notre langue, nos croyances (religieuses ou non), l'époque de nos minuscules vies, etc ??
C'est difficile et demande de sortir de soi en pesant ce que valent l'instinct, les apprentissages, le mimétisme (facile, le mimétisme : on fait comme papa, maman, la tante Adèle font, disent pensent).
Quelques années au désert, au fond d'une forêt, à se démerder pour survivre...?
A part les héros ou les saints (lire Bergson), je ne vois personne qui ait pu relever le défi.
Parole d'ours.


Cher Radetsky, je crois que tu ne comprends pas très bien ce qui est en jeu.
Tu as l'air de penser que ceux qui vivent dans un esprit communautaire sont fondamentalement incapables de cette "sortie de soi" que tu décris. Dans ton idée, nous autres, pour qui l'endogamie est chose naturelle, serions comme prisonniers de notre être, incapables de s'identifier à l'autre, tant nous sommes déterminés par nos apprentissages et notre mimétisme. On nous apprit, à nous chrétiens, par un curieux conditionnement, à ânonner telles vérités métaphysiques et, l'islam brayant des vérités contraires, nous voici condamner à nous braire mutuellement à la figure sans aucun échange possible. C'est que, pour un athée, la religion étant absurde, les discussions entre les religions, au fond, ne recouvrent aucune transmission de sens, aucun véritable échange. Un chrétien et un musulman qui discutent, cela doit fort ressembler à deux mulets qui tirent bêtement la charrue dans deux directions contraires.

Pourtant, lorsque je dis que l'islam est une religion juridico-politique, qu'il n'a sa finalité que dans la création d'une société dont le code est la charia, cela n'est nullement tiré de mon éducation. Mes parents ne me l'ont jamais dit. C'est précisément parce que j'ai fourni, ce fameux effort de "sortie de moi-même". En d'autres termes, j'ai rencontré des musulmans, j'ai discuté avec eux, j'ai lu leurs livres et écouté leurs raisonnements, et que le temps de mon étude, j'ai laissé mon esprit s'identifier avec leur mode de pensée, mon esprit a dû épouser l'objet "islam", cesser de faire dire aux musulmans ce qu'il est coutume de leur faire dire, et apprendre à réfléchir comme eux.
Je ne vais pas me lancer dans une explication sur l'enrichissement inestimable que j'ai tiré de ces discussions. Ce serait vain, car les bien-pensants ne sont pas, à leur stade, capables de s'intéresser au contenu de ces discussions, et surtout, ils ne s'intéressent pas véritablement à l'islam.

Ils s'intéressent à l'Altérité dans un absolu : il faut briser le pain avec le musulman et le traiter comme un frère, car il est membre de l'humanité. Mais dès qu'il s'agit de s'intéresser aux détails pratiques et fastidieux de la religion musulmane, l'échange est impossible : pourquoi l'endogamie, pourquoi la terrible apostasie exigée dans le cadre des mariages mixtes, le communautarisme, le prosélytisme, l'appel au djihad, l'appel à la prière, l'interdiction du porc ou de l'or, ou de la soie, pourquoi le voile, pourquoi l'eulogie suivant le nom du Prophète, pourquoi la sunna, pourquoi le djihad, pourquoi donner aux enfants musulmans le nom d'un Prophète, l'Aïd el Fitr... Toutes ces questions que j'ai posé aux musulmans et que le bien-pensant ne posera jamais. Le bien-pensant aime le musulman [en tant qu'homme], mais jamais [en tant que musulman], car dans ce corps de pratiques, il n'y voit que des copies, à peine plus archaïques, de ce qu'il connaissait déjà dans le christianisme et dont il espérait la société assainie : un irrationalisme béant, que la modernité détruira un jour ou l'autre.

Entre chrétiens et musulmans, les échanges se font sous les deux modes, à la fois entre humains, et entre communautés. D'où le fait que les sujets abordés sont plus personnels et plus sérieux, les échanges plus révélateurs et plus animés, les discussions plus interminables, et la compréhension mutuelle plus facilement atteinte.

D'où le fait aussi, que les chrétiens prennent mesure rapidement de la catastrophe que pourrait représenter l'islamisation de la société française que nous vivons actuellement. Parce que l'islam est avant tout, et n'est rien d'autre, que la poursuite des objectifs du Prophète Muhammad : la soumission définitive de l'espace politique aux principes de la charia, lesquels sont arbitrairement décidés par un texte, le Coran, écrit au VIIe siècle, qui a le statut de parole révélée, et qui donc, en tant que tel, est intouchable. Or, dans le christianisme, c'est avant tout le droit naturel qui fixe les règles sociales, et non la religion (cf Saint Thomas).

Quand on y pense, c'est très drôle. Il n'y a rien de plus xénophobe qu'un bien-pensant. Cela peut paraître paradoxal. Mais non seulement le bien-pensant est incapable d'accepter que l'islam en soi puisse exister et persister, mais c'est plus fort encore, il n'aspire avant tout qu'à détruire ce qui fait que l'autre est différent, qu'à nier ce qu'il ne parvient pas à abolir, qu'à uniformiser au nom de la diversité, qu'à faire entrer l'autre dans l'intimité de son âtre pour lui enlever cet horrible nom d'étranger. Il ne supporte pas l'idée qu'il puisse y avoir des étrangers, et des fossés qui nous séparent d'eux. Il dit aimer la différence, oui, mais il l'aime seulement lorsqu'elle est superficielle, lorsqu'elle tient du caprice et qu'il suffit de proposer un titre de séjour pour que chacun l'abandonne sur le ton de la plaisanterie. Mais la différence réelle, celle qui résiste à la bonne volonté ? celle qui est établie à l'issue d'un débat, qui demeure après les discussions à coeur ouvert ? celle dont la longévité dépasse la romance amoureuse ? Celle qui persiste au moment où est venu le temps de faire des choix graves, pour mon mariage, pour mon enfant, pour mon entreprise, pour mon école ? Cette différence-là, le bien-pensant en a une telle phobie qu'il la recouvre du tabou le plus absolu.

Saint Jean-Baptiste 09/07/2022 @ 11:16:17
@ Martin
Je ne peux qu’être d’accord avec ce que tu expliques. « L’assimilation » est tout à fait impossible sous peine d’apostasier, ce que personne ne peut exiger. Même s’il y a des cas particuliers qui tournent bien, ce n’est pas la règle.
Tout au plus, peut-on espérer une « intégration ». Il faut tout mettre en œuvre pour que les deux communautés vivent ensemble en bonne harmonie. Mais, si je ne me trompe, ce serait une première dans l’Histoire…

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