Magicite
avatar 17/03/2022 @ 13:51:58
Un soleil bat entre mes tempes avant de s’enfoncer dans un lac de silence comme une plaque de givre dans une eau glacée. Elle avaient des visages comme des masques et derrière les masques porcelaines à angles aigus pleins de brisures, visages vampires, succubes, le genre de faces auquel on succombe. Décharné d’échardes incrustées sous les peaux, de cris d’effrois, d’efforts déniés.
Moi aussi j’ai un masque, je suis une créature damnée des nuits moribondes, de tabac froid et de crachats séchés sur le carrelage de murs glauques. Sucs aigres, remontées aigus.
Les suicidés aux mâts d’un bateau avant de s’élancer de la vergue sur le ponton ou le béton de la mer tanguent et savent ce qu’est cette nuit, un orage précédé d’un éclair et de lumière avant le fracas assourdissant d’un choc violent, vibrant longtemps dans toute l’épave du bateau fantôme qui erre sans équipage sur les océans amers de l’acide de batteries internes.
Pourrait t’on les prévenir, leur percer les tympans avec une aiguille pour qu’ils n’entendent plus leur rumeurs internes, leurs coudre les yeux de fil blanc pour qu’ils ne voient plus l’arrière de leur crâne, leur découper un sourire au burin et ciseau pour en extirper les cris enfermés?
Moi je suis une goule, ni mort ni vivant, rogner des os froid et sans moelle dans les restes des cercueils aux remugles rares m’apaisent du mirage d’être contenté.
Le silence assourdissant de la froideur de l’outre-monde me tire par mes orteils moisis, bleuis par la crasse et l’érosion traînante sur toute la terre.
Portant le globe tel Atlas, le roulant comme un Sisyphe bousier des excréments de mon âme et pourtant ne pouvant renoncer à vouloir m’enivrer des rêves damnés d’un Faust aux fausses illusions non perdues. Des Bovary, pauvres hardies.
Vrilles de violons sirènes, morues aux mamelles putrides, chamelles puantes, déesses essentielles aux essences de santal pointant des seins, tétons tirés de leurs globes charnus de satin, frôlements d’ailes de cheveux poudreux d’un maquillage évanescent dévoilant la tentation de Tantale, les feux de Prométhée punis des chaînes et becs durs de dieux injustes et cruels, maudites corneilles.
Comment faire fi de fois de fous, des croyances réjouissantes, du besoin d’aimer, de besogner le sillon du mont vénusien, de tenir une main dans sa main, d’embrasser au-delà de l’emprise des bras. Romance, souffrance, espérance, affres, eaux rances, transe, lances, danse comme chante le cygne, hanté de signes désincarnés, de lignes jamais prononcées, de rimes à rien, d’une fluide méphitique qui charge mes reins.
Si j’étais pierre tel un Midas en mendicité, hors des cités, jamais cité, statue, pourrais-je être ni vivant ni mort, ni désirant rempli de torts, roc fort d’immobilisme, minéral et non minet râlant?
Dans cette pièce vide, excepté de mes souvenirs brisés, entassés et merdiques mes pieds nus saignent sur le verre des vitres fracassées, rien à faire et et ne pouvant taire ma tête. Pour moi mois pourris les jambes gelées, la face grêlée d’une vérole enflée de vérité, petit secrets en poisons m’assouvissent, m’ont sauvés, perdus dans l’éternité des lames dans la pluie, des larmes rongeant le charme, quelqu’un a parlé et rien ne peut-être repris. Ne reste que le mépris d’une bouteille de mensonges qui ne compte plus.
N’est ce pas quelque chose? Toutes les histoires ne méritent pas d’être dites, lues et vécues. Seulement la peur et l’angoisse que ne peuvent recouvrir l’oubli ni les pièces dans les fontaines ou les cailloux jetés se consumant au-delà de ma stratosphère dans une course de temps inimaginables.
Mort-vivant je me gave d’espérance, mourir, dormir, rien de plus.
Déjà amoureux de celle qui se nomme solitude, le sol est bien rude et l’amer bien haut pour les naufragés sans île, les noyés aux yeux et la langue gonflés, poissons remuant hors de l’eau et ne pouvant même ramper. Condamnés à ouvrir la bouche pour aspirer l’éther des terres désolées, des termes de soi, des fermes de supplice, des pistes sans issues, dessous les nuées de la folie d’épées de Damoclès, de paix de damoiselles, de vers fixant les étoiles de leur faces sans yeux, tuyaux peureux sans bras ni jambes, étranges dans les tranches de la fange de leur propres opprobres, offrandes de mirages qui tremblent à des portes fermées.

Magicite
avatar 17/03/2022 @ 14:05:12
>- ! -< ceci est une expérimentation poéticomique et artistique et comme toujours pas du tout autobiographique sauf la première phrase peut-être qui l'est (vécu) et j'avais tenter de me baigner en rivière de montagne en janvier...et écrite après ça.
J'ai cherché l'assonance comme souvent en écriture "automatique" et peut-être ce texte peut-être étrange ou autre impression p-e en partie du à la musique que j'écoutais en écrivant, pas conseillé à toutes les oreilles mais artistes vivants inclassables(leur spectacle et tenues de scènes sont très ...arts contemporains aussi):
https://www.youtube.com/watch?v=XsNRxgzk4sQ

voilà je tenais à partager sais t'on jamais qu'il y ait quelques jolis sons(je parle pas de la musique mais des mots) qui puisse vous intéresser.

Martin1

avatar 18/03/2022 @ 13:27:44
Je trouve qu'il y a de belles assonances, des tournures mélodiques et certainement quelques expressions qui méritent qu'on les retienne. Par exemple, quand tu dis
"ne pouvant taire ma tête. Pour moi mois pourris les jambes gelées, la face grêlée d’une vérole enflée de vérité, petit secrets en poisons m’assouvissent, m’ont sauvés, perdus dans l’éternité des lames dans la pluie, des larmes rongeant le charme".
Je me suis surpris à relire ce fragment deux ou trois fois en en tirant une espèce de jouissance, un peu comme un archéologue qui tomberait sur une tablette figurant un fragment incomplet d'une pièce d'Eschyle. Je ne sais pas si cela fait sens, mais cela fait son.
Je ne suis pas sûr de saisir l'intérêt de cet exercice car sitôt qu'on l'a lu, on en garde un souvenir très aveugle, très touristique, comme un voyage infécond refusé de notre mémoire. Quelques éclats de phrases demeurent temporairement, et puis on se demande dans quelle cave on est descendu et s'il n'est pas temps de revenir à la tyrannie du sens.
J'ai aussi essayé d'écrire comme cela, et j'essaierai encore, en me laissant complètement porter par les entrelacs complexes et fragiles qui d'un mot t'amène à un autre, avec cette vitesse qui ne laisse pas le temps à ces fils de craquer.
Dans l'ensemble, ce texte ne m'a déplu, loin de là.

Magicite
avatar 19/03/2022 @ 14:15:27
merci de ta lecture.
Haha et moi qui me réjouissait que Tistou ne commente plus mes textes en concluant par une litote voilà que tu t'y met!
Blague à part, peut-être j'ai abordé aussi des thèmes que tu peut aborder, forcément autrement. Je pense par exemple à 'poème pour la demoiselle de la chapelle' mais pas que celui là(que j'ai lus mais n'ai pas commentés ne sachant pas trop que dire ou ne m'y consacrant pas pour une raison ou une autre).
Forcément ce sont des thèmes humains, universels aussi.

Dans des périodes d'écriture intense anciennes j'avais pour objectif d'écrire des souvenirs de "rêves"(suite à un trauma crânien+coma de 3 semaines) où je voulait enlever le "romanesque" pour essayer de donner/rendre l'impression des sensations que j'ai pu y avoir(anesthésie prolongée sous plusieurs jours d'opérations*) de la manière la plus brute possible. J'y ai renoncé(sous cette forme) mais c'est p-e aussi mon l'explication de mon appétit pour cela, d'autres étant que j'ai du mal quand je prépare vraiment qqchose. (ex. plan de roman ou autre préparation minutieuse que j'arrive pourtant à produire mais ailleurs qu'en littérature-synopsis, storyboarding, bédé, tournages ou à l'inverse j'ai du mal à faire sans préparation minutieuse...
L'intérêt (de cette "méthode" de tenter de n'avoir pas de méthode)c'est un accès direct et moins "intellectualisé" à l'imaginaire+inconscient, à s'habituer à la facilité de pouvoir écrire sans préparation.
En parlant de cette technique une femme que j'ai rencontré m'a fait le parallèle avec ses cours de peinture les yeux bandés. Les résultats étaient surprenants. Il y a une libération de la contrainte de la réflexion comme esthétique -et du mouvement de la main pour le pinceau-(contrebalancée dans mon texte par la recherche des sonorités).
Peut-être(avec ses limites) on peut aussi comparer(dans la peinture) à l'art brut où l'art doit être dépourvu de culture artistique, dans le but possiblement d'aller au fondamental au delà de nos préconçus culturels ou d'un Miro (et bien d'autres) qui cherchent à dessiner "comme des enfants".

*j'ai un texte prévu pour la publication chez Soleil Hirsute sur le thème de la guérison qui va évoquer cette expérience. Je mettrais le lien probablement si mon texte est choisit.

Magicite
avatar 19/03/2022 @ 14:32:34
bien sûr il ne faut pas me croire je suis un écrivain...
citation approximative de ne je sais plus quel auteur
outre la thématique générale il y a quand même quelques phrases qui ne sont plus travaillées (ou retravaillées), moins passé le premier tiers car ce texte à traîné quelque temps sur le disque dur avant que j'y revienne pour me décider à le finir. Ce n'est pas le cas de celle que tu cite.
Et bien sûr les allusions à Shakespeare, la mythologie grecque, Flaubert ou la poésie d'Hugo(pas sûre qu'elle soit visible dans le dernier cas) sont plus des habitudes/routines que j'utilise fréquemment donc c'est un peu 'triché' aussi.

Magicite
avatar 19/03/2022 @ 14:42:35
>mode spam ON<
Comme il pleut ce soir !
N'est-ce pas, mon hôte ?
Là-bas, à la côte,
Le ciel est bien noir,
La mer est bien haute !

extrait de "une nuit qu'on entendait la mer "(V. Hugo)

dur de savoir qui est ce qui parle : l'auteur, le personnage, l'écrivain, l'inconscient de l'écrivain, le souvenir du lecteur ?
Et c'est ça qui m'amuse aussi, rester inclassable car l'essentialisme me débecquette.

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