Frunny
avatar 30/01/2022 @ 17:43:00
Un homme et son fils roulent vite sur une petite route de campagne.
Soudainement, la voiture fait une embardée et vient s’écraser contre un platane. Le père est tué sur le coup et le fils transporté aux urgences pour y être opéré.
Le chirurgien entre dans le bloc opératoire et s’exclame :
« Je ne peux pas l’opérer car c’est mon fils « ….

Comment cela est-il possible ?

Ludmilla
avatar 30/01/2022 @ 17:53:33
Parce que "le" chirurgien est une femme?

Frunny
avatar 30/01/2022 @ 17:57:32
Parce que "le" chirurgien est une femme?


Et oui….le poids de la grammaire qui pèse sur la langue mais qui la rend incroyable également et que des esprits bien intentionnés veulent détricoter aujourd’hui….

Ludmilla
avatar 30/01/2022 @ 18:11:28
Sauf que ... "chirurgienne" est dans le dictionnaire depuis un certain temps (dans mon exemplaire du Petit Larousse 2005)

Pour moi, la féminisation des noms de métiers (je suis pour!) n'est pas le même sujet que l'écriture inclusive ou autres iel qui compliqueraient trop l'orthographe.

Myrco

avatar 30/01/2022 @ 18:54:09


Pour moi, la féminisation des noms de métiers (je suis pour!) n'est pas le même sujet que l'écriture inclusive ou autres [iel qui compliqueraient trop l'orthographe.



Je suis sur la même ligne que toi;-)

Saule

avatar 30/01/2022 @ 21:37:55
En même temps chirurgienne c'est vraiment pas joli, autant utiliser le neutre (chirurgien) sauf bien sur dans les situations ou la précision du genre apporte une information utile. Même chose pour doctoresse.

Ludmilla
avatar 30/01/2022 @ 21:59:24
Saule, essaie d'imaginer un monde inverse : les métiers "prestigieux" ont tous des noms féminins. Comment le ressentirais-tu?

Si doctoresse" sonne désagréablement de nos jours , ça n'a pas toujours été le cas...



Saule

avatar 30/01/2022 @ 23:15:21
Je crois que quand on dit "chirurgien" on ne veut pas dire un homme, on veut dire une personne dont on ne précise pas le genre qui exerce le métier de chirurgien. Mais comme les gens ne connaissent pas la grammaire française - et c'est vrai que ça prête à confusion - alors les gens assimile le masculin grammatical au genre (alors que ça correspondrait plutôt au neutre). Feint l'a expliqué plusieurs fois, mais c'est clair que sans ses explications c'est pas intuitif.

Mais je comprend que ça puisse faire débat et si la féminisation des métiers peut aider les jeunes filles à faire des études alors je suis pour. Je préfère ça que l'écriture inclusive de toute façon !

Martin1

avatar 31/01/2022 @ 00:04:29
Une agente, une médecine, une professeuse, une autrice, une mannequine, une mairesse, une magistrate...
Sans que ce soit toujours le cas, la féminisation forcée des métiers aboutit parfois à des défauts de clarté ou d'esthétique. Pourquoi ne pas les tolérer ? La langue française nous a livré une certaine oreille, une certaine conception de la juste sonorité d'un mot. Faisons parfois confiance à cette oreille, même si nous n'en comprenons pas toujours les rouages d'horlogerie.

- Une personne, une sommité, une sentinelle, une créature, une vedette, une recrue, une célébrité, une victime, une partie : ces mots féminins peuvent parfaitement désigner un individu masculin.
- Le colporteur, le charron, le forgeron, le jardinier et le bûcheron semblent devoir rester éternellement des hommes, mais je n'y vois nullement des métiers particulièrement enviables, plutôt physiquement ardus.
- La sage-femme, la nourrice sont bien naturellement des femmes ; métiers intimement liés à la maternité bien sûr.
- La mort est chasse gardée du masculin ? Le croque-mort, le fossoyeur, le bourreau, le soldat, le chasseur...

Y a-t-il une hiérarchisation entre l'emploi du masculin et du féminin? J'ai quelques exemples qui me viennent en tête, qu'en pensez-vous ?

- Le couturier confectionne sur mesure, la couturière réalise du prêt-à-porter (c'est juste moi ou vous aussi avez cette impression?)
- Le secrétaire est volontiers secrétaire d'Etat ou du parti, la secrétaire est à l'accueil du hall d'entrée.
- La commère est bavarde comme une pie, le compère est d'agréable compagnie.
- Le maréchal est couvert d'honneurs, la maréchale est... l'épouse de celui qui est couvert d'honneurs.
- Le chef cuisinier... pas de commentaire.
Oui, on voit une sorte d'inégalité de traitement au sein de la langue.
Les femmes, qu'on initie moins fréquemment aux grandes affaires de l'Etat, du trésor ou de la guerre, sont comme recouvertes d'un silence pudique. Mais, quand elles apparaissent, le lecteur est saisi de l'étincelle de la rareté : on est plus attentif lorsque le récit introduit une reine, une poétesse, une sibylle ou une sainte qu'avec leurs équivalents de l'autre sexe.
Un écrivain nous est sympathique mais il y en a tant ; une femme de lettres ne peut qu'être remarquée.

Quant à la galanterie, rien à faire, c'est invariablement un concept unilatéral. C'est toujours du même côté qu'on reçoit le poème d'amour, qu'on se voit tenir la porte. Là-dessus, les féministes ont du boulot.

Et même, belle-mère et beau-père vous inspirent-ils vraiment des images identiques ? Soeur, frère, laitière, potier, tisserand, fileuse, maréchal-ferrant, amant, maîtresse, héritier, ténor, soprano, cantatrice, hôtesse de l'air, gouvernante, aviateur, gentilhomme, vieille fille...
Dans tous ces exemples j'y vois une galerie de portraits désespérément sexués. Connaissons-nous vraiment un seul exemple où homme et femme soient parfaitement, indiscutablement interchangeables ? L'homme et la femme sont différents, essentiellement différents. Comment s'étonner que notre langue en porte les stigmates ?
Moi, j'aime dire "femme de lettres", et "demoiselle". Je ne connais ni l'une ni l'autre, mais déjà je la trouve intelligente, cette femme de lettres, et douce, cette demoiselle. Voyez comme je suis vaincu par les stéréotypes.

Ainsi va notre langue. Reflet sublime d'une société d'hommes, d'hommes envahis par des images de femmes, et leur collant d'invariables étiquettes lettristes et cafouilleuses et fantasmagoriques... ces étiquettes sont françaises. Ne les enlevez pas, laissez-les. Cette matrice inégalitaire imprima ses reliefs sur notre langue comme sur de la cire. Oui, les soubresauts de notre histoire sont souvent faits par des hommes. Nos écrivains, nos génies, nos scientifiques, nos politiques furent des hommes. Pendant ce temps, les femmes donnaient de leur temps, de leur amour et de leur ventre. Elles étaient occupées à faire mille et une petites choses sans lesquelles la France n'aurait pas tenu une génération. On ne peut pas aimer l'histoire de France sans aimer le bruit de ces hommes et le silence de ces femmes. Ce n'est pas possible.

Moi je l'aime, cette langue. Je ne veux pas m'en justifier. Je n'ai pas de procès à donner à ceux qui l'ont parlée. S'il s'agit d'expurger la langue française de tout ce qui en elle sépare hommes et femmes, il faudra la charcuter jusqu'au sang. Cela se fera sans moi. Je suis tombé amoureux d'une langue et je suis condamné à aimer cette inégalité à jamais.

Colen8

avatar 31/01/2022 @ 09:50:55
Quantité de sites traitent de l'histoire de la langue française, de son orthographe et de sa grammaire depuis le XVIIème siècle.
Celui-ci, de l'Université de Neuchâtel, présente des arguments recevables pour rétablir plus d'égalité en faveur du féminin :
https://www.unine.ch/epicene/home/pourquoi.html

Débézed

avatar 31/01/2022 @ 12:01:57
Jeune, j'ai rêvé d'être une vedette, une star, une idole, une icône mais je n'ai été qu'une sentinelle, une estafette, une doublure ... etc, rien de très brillant même pas une plume correct !

Marvic

avatar 31/01/2022 @ 12:11:36
Entendu hier soir dans l'émission Les P'tits bateaux de Noëlle Bréham sur France Inter :
Pourquoi ça fait un peu bizarre de dire « écrivaine » ou « autrice » ? (Florine)
à défaut d'écouter l'émission, je résume la réponse faite ; cela fait bizarre parce que ce sont des mots rarement utilisés alors que certains existent depuis longtemps. Alors que directrice, institutrice, sénatrice...ne choquent personne (ou presque).



Pour moi, la féminisation des noms de métiers (je suis pour!) n'est pas le même sujet que l'écriture inclusive ou autres [iel qui compliqueraient trop l'orthographe.

Je suis sur la même ligne que toi;-)

Moi aussi !

La langue française est une langue vivante. Elle évolue constamment et tant mieux, à condition que ce soit pour l'enrichir et non l'appauvrir !

Minoritaire

avatar 31/01/2022 @ 12:52:30
Je crois que quand on dit "chirurgien" on ne veut pas dire un homme, on veut dire une personne dont on ne précise pas le genre qui exerce le métier de chirurgien. Mais comme les gens ne connaissent pas la grammaire française - et c'est vrai que ça prête à confusion - alors les gens assimilent le masculin grammatical au genre
Les gens connaissent la grammaire qu'on leur a enseignée.
Et dans celle-ci, il n'y a pas de neutre, pas plus que dans le dictionnaire ou dans mon "Guide de Grammaire française" (C. Cherdon). Dans les années 60-70, on m'a bien appris pour les règles d'accord que "le masculin l'emporte sur le féminin". Si "les ministres se sont réunis", même s'il y a parmi ceux-ci une majorité de femmes, c'est bien cette règle qui s'appliquera.
Une piste serait sans doute de modifier le libellé de cette règle et d'enseigner le genre neutre dans le cours de grammaire. Cela permettrait sans doute d'éviter ces points qui tant choquent certain•e•s (et que personne n'impose).

Ludmilla
avatar 31/01/2022 @ 16:14:52
Voir aussi https://fr.wikipedia.org/wiki/…

Extrait:
Alain Rey déclare ainsi : « le fait que 99 femmes et un homme deviennent "ils" au pluriel est évidemment scandaleux. Cette situation est aggravée par le fait que la langue française a la malchance de ne pas avoir de neutre : l’accord au masculin est clairement antiféministe ». Le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) partage cette opinion et avance l'argument des effets psychologiques produits par l'accord au masculin sur les personnes francophones : « L’usage du masculin n’est pas perçu de manière neutre en dépit du fait que ce soit son intention, car il active moins de représentations de femmes auprès des personnes interpellées qu’un générique épicène » (par exemple «les diplomates» est un générique épicène, qui ne précise pas le sexe des individus concernés, à la différence de « les ambassadeurs », ou « les ambassadrices »).

Pieronnelle

avatar 31/01/2022 @ 17:50:07
Moi ce que j'aimerais c'est pouvoir revenir aux sources c'est-à-dire connaître les intentions au moment de la construction de certains mots. Si certains mots ont été masculins parce qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il en soit autrement au moment de cette décision, pas par discrimination mais par l'évidence ,et que par la suite les circonstances de l'évolution de la sociéte font qu'ils ont toutes les raisons d'avoir un féminin alors c'est tout simplement normal et même pas une question d'égalité. Si au départ l'intention était d'éliminer le féminin par discrimination et si rien n'a été fait pour corriger cet état de fait alors là oui c'est une vraie question d'egalité et il faut tout faire pour réparer dès l'instant que le mot peut avoir un feminin correct qui s'intègre bien dans notre langue française, et il y a beaucoup de possibilités ; et ce n'est pas parce qu'un feminin ne "sonne" pas trés bien (subjectivité) qu'il est mauvais...
Mais l'écriture intrusive c'est du "tricotage"...

Saule

avatar 01/02/2022 @ 20:44:44
En effet, la règle "le masculin l'emporte" est mal libellée, Feint l'avait expliqué à plusieurs reprises, et on voit bien que même des spécialistes comme Alain Rey (cité par Ludmilla) n'ont pas compris. La seule chance pour eux serait qu'ils demandent à Feint ou qu'on ressorte un des forums où il l'explique :-)

Toujours dans cet articile sur wikipedia, ils disent que beaucoup de "millenials" mettent dans leur profil sur les réseaux sociaux le genre auquel ils veulent se rapporter, et c'est vrai, souvent on voit "He/him" ou bien "She/her", je trouve ça assez sympa.

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