Cher Monsieur,
Je suis intrigué par votre critique du livre "Mon ami Robespierre", où vous présentez Henri Béraud comme un ami de Robespierre. Or, le Henri Béraud que je connais est né en 1885 et mort en 1958. J'ai recensé ici de lui l'essai "Ce que j'ai vu à Berlin. Et sa bibliographie comprend bien en effet ce "Mon ami Robespierre". Faut-il croire que le narrateur du cet ouvrage est un "je" qui se distingue bien de l'auteur ? Pouvez-nous nous éclairer sur cette distorsion temporelle ?
Un grand merci à vous,
Alceste
Je suis intrigué par votre critique du livre "Mon ami Robespierre", où vous présentez Henri Béraud comme un ami de Robespierre. Or, le Henri Béraud que je connais est né en 1885 et mort en 1958. J'ai recensé ici de lui l'essai "Ce que j'ai vu à Berlin. Et sa bibliographie comprend bien en effet ce "Mon ami Robespierre". Faut-il croire que le narrateur du cet ouvrage est un "je" qui se distingue bien de l'auteur ? Pouvez-nous nous éclairer sur cette distorsion temporelle ?
Un grand merci à vous,
Alceste
Merci beaucoup, Alceste, de m’avoir éclairé. Vous avez raison ce Henri Béraud est né à Lyon en 1885 et décédé sur l’île de Rez en 1958.
Merci Wikipédia. (Entre parenthèses, ce n’était pas un type très recommandable).
C’est bien lui qui à écrit « Ce que j’ai vu à Berlin » dont j’ai lu ta critique.
(le tutoiement est de rigueur sur CL, n’y vois pas une familiarité déplacée).
Ce livre est répertorié dans « du même auteur » dans mon bouquin « Mon ami Robespierre ». J’aurais dû être plus attentif.
Il est donné comme référence, parmi d’autres, dans le Robespierre de Duc de Lévis Mirepoix et comme je l’avais depuis des éternités je l’ai lu sans me rendre compte que c’était du roman.
Il faut dire qu’il donne un tel luxe de détails plausibles qu’on s’y laisse prendre. Même dans son prologue, il affirme qu’il est né à Arras, qu’il vit actuellement – donc en 1825 – à Paris.
Je me demande s’il est permis de mystifier comme ça les lecteurs. Ce serait un beau sujet de débat. Reste en tout cas que c’est un très beau livre mais maintenant je reste sur l’impression de m’être fait dindonner.
Merci Wikipédia. (Entre parenthèses, ce n’était pas un type très recommandable).
C’est bien lui qui à écrit « Ce que j’ai vu à Berlin » dont j’ai lu ta critique.
(le tutoiement est de rigueur sur CL, n’y vois pas une familiarité déplacée).
Ce livre est répertorié dans « du même auteur » dans mon bouquin « Mon ami Robespierre ». J’aurais dû être plus attentif.
Il est donné comme référence, parmi d’autres, dans le Robespierre de Duc de Lévis Mirepoix et comme je l’avais depuis des éternités je l’ai lu sans me rendre compte que c’était du roman.
Il faut dire qu’il donne un tel luxe de détails plausibles qu’on s’y laisse prendre. Même dans son prologue, il affirme qu’il est né à Arras, qu’il vit actuellement – donc en 1825 – à Paris.
Je me demande s’il est permis de mystifier comme ça les lecteurs. Ce serait un beau sujet de débat. Reste en tout cas que c’est un très beau livre mais maintenant je reste sur l’impression de m’être fait dindonner.
Cher ami,
Je découvre ta réponse. Il est dommage que le site ne notifie pas un nouveau message sur une discussion qu'on a lancée.
Donc, le narrateur du livre sur Robespierre est un "je" que l'on peut confondre avec Henri Béraud. Est-ce qu'il se nomme au cours du récit ?
Par ailleurs, as-tu eu en main une édition récente, ou le livre n'existe-t-il qu'en édition ancienne ?
J'aurais plaisir à le parcourir en tout cas.
Bien amicalement,
Alceste
Je découvre ta réponse. Il est dommage que le site ne notifie pas un nouveau message sur une discussion qu'on a lancée.
Donc, le narrateur du livre sur Robespierre est un "je" que l'on peut confondre avec Henri Béraud. Est-ce qu'il se nomme au cours du récit ?
Par ailleurs, as-tu eu en main une édition récente, ou le livre n'existe-t-il qu'en édition ancienne ?
J'aurais plaisir à le parcourir en tout cas.
Bien amicalement,
Alceste
@Alceste
Non, le nom de l’auteur n’est jamais énoncé dans le roman. Mais dans le prologue il dit : « Le 10 pluviôse an III, j’allais porter l’offrande de fidélité à mon ami d’enfance Maximilien Robespierre. (…) Il y a de ça tout juste trente ans. Aujourd’hui, le 29 janvier 1825 (…) j’entreprends d’écrire mes souvenirs sur l’Incorruptible. »
Plus loin, après avoir remarqué : « trente ans, que cela est lointain, il dit : aujourd’hui, je suis magistrat, j’appartiens à la justice royale. Oui moi, l’ami de Robespierre, qui fut à Arras le confident de sa jeunesse, je siège à la cour… etc, etc. » Et puis il cite les noms de gens qui ont connu Robespierre et qu’il continue à fréquenter aujourd’hui, en 1825, à Paris.
Ce prologue n’est pas signé du nom de l’auteur mais il est noté : « Paris, le 29 janvier 1825 ».
Comme je ne connaissais pas ce Henri Béraud, j’ai pensé pendant tout le livre qu’il avait vraiment été l’ami intime de Robespierre et j’ai pris ses souvenirs et confidences pour authentiques.
Maintenant je me dis que j’ai été dindonné mais, il n’empêche, que c’est, à mon avis, un tout bon livre, remarquablement bien écrit. Très plaisant à lire mais il faut quand même connaître un peu l’histoire de la Révolution pour bien comprendre où on est et ce qui se passe.
Mon édition est de mars 1927 chez : Librairie Plon – Les petits-fils de Plon et Nourrit – Paris. C’est apparemment l’édition originale. Il a dû y avoir des rééditions parce que la couverture présente sur le site est différente.
Si tu comptes le lire, je serais impatient d’avoir ton avis.
Non, le nom de l’auteur n’est jamais énoncé dans le roman. Mais dans le prologue il dit : « Le 10 pluviôse an III, j’allais porter l’offrande de fidélité à mon ami d’enfance Maximilien Robespierre. (…) Il y a de ça tout juste trente ans. Aujourd’hui, le 29 janvier 1825 (…) j’entreprends d’écrire mes souvenirs sur l’Incorruptible. »
Plus loin, après avoir remarqué : « trente ans, que cela est lointain, il dit : aujourd’hui, je suis magistrat, j’appartiens à la justice royale. Oui moi, l’ami de Robespierre, qui fut à Arras le confident de sa jeunesse, je siège à la cour… etc, etc. » Et puis il cite les noms de gens qui ont connu Robespierre et qu’il continue à fréquenter aujourd’hui, en 1825, à Paris.
Ce prologue n’est pas signé du nom de l’auteur mais il est noté : « Paris, le 29 janvier 1825 ».
Comme je ne connaissais pas ce Henri Béraud, j’ai pensé pendant tout le livre qu’il avait vraiment été l’ami intime de Robespierre et j’ai pris ses souvenirs et confidences pour authentiques.
Maintenant je me dis que j’ai été dindonné mais, il n’empêche, que c’est, à mon avis, un tout bon livre, remarquablement bien écrit. Très plaisant à lire mais il faut quand même connaître un peu l’histoire de la Révolution pour bien comprendre où on est et ce qui se passe.
Mon édition est de mars 1927 chez : Librairie Plon – Les petits-fils de Plon et Nourrit – Paris. C’est apparemment l’édition originale. Il a dû y avoir des rééditions parce que la couverture présente sur le site est différente.
Si tu comptes le lire, je serais impatient d’avoir ton avis.
Merci SJB pour cette intéressante critique !
Venu de l'extrême-gauche Henri Béraud s'est plu à décrire Robespierre sous un jour sympathique ; après les grèves de 1934 il est semble-t-il passé du côté des ligues d'extrême droite.
Il fut condamné à mort pendant l'Epuration, tout comme Robert Brasillach. Comme ce dernier, il bénéficia d'une initiative de François Mauriac visant à sauver sa peau.
L'appel à la charité de Mauriac touchera De Gaulle qui se décidera à le gracier. Quand ce fut le tour de Brasillach ensuite, et malgré une pétition de 63 intellectuels, le même De Gaulle rejeta la grâce.
Venu de l'extrême-gauche Henri Béraud s'est plu à décrire Robespierre sous un jour sympathique ; après les grèves de 1934 il est semble-t-il passé du côté des ligues d'extrême droite.
Il fut condamné à mort pendant l'Epuration, tout comme Robert Brasillach. Comme ce dernier, il bénéficia d'une initiative de François Mauriac visant à sauver sa peau.
L'appel à la charité de Mauriac touchera De Gaulle qui se décidera à le gracier. Quand ce fut le tour de Brasillach ensuite, et malgré une pétition de 63 intellectuels, le même De Gaulle rejeta la grâce.
@Martin
J’avais lu quelque part que ce Henri Béraud avait été un adulateur de Staline, puis qu’il était passé à l’extrême droite et qu’il avait eu un comportement inqualifiable pendant la guerre.
Je ne le connaissais pas du tout mais, peu importe ! comme écrivain, je l’ai trouvé excellent.
On dit qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Mais moi je préfère quand même les gens comme Mauriac qui se sont fait des convictions solides et qui s’y tiennent. Et j’admire d’autant plus ce Mauriac qui incite De Gaulle a pardonner ; surtout qu’après la guerre ce n’était pas facile, il fallait de la grandeur d’âme !
Et je frissonne à l’idée que De Gaulle a refusé la grâce pour Brasillach malgré la pétition de 63 intellectuels… Je me demande comment il s’est vu dans la glace après ce coup là !
Mais c’est toujours surprenant de voir comment ces hommes d’État, les De Gaulle, Churchill, Mitterrand… sont capables de grandeur d’esprit en même temps que de méchancetés et mesquineries incroyables.
J’avais lu quelque part que ce Henri Béraud avait été un adulateur de Staline, puis qu’il était passé à l’extrême droite et qu’il avait eu un comportement inqualifiable pendant la guerre.
Je ne le connaissais pas du tout mais, peu importe ! comme écrivain, je l’ai trouvé excellent.
On dit qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Mais moi je préfère quand même les gens comme Mauriac qui se sont fait des convictions solides et qui s’y tiennent. Et j’admire d’autant plus ce Mauriac qui incite De Gaulle a pardonner ; surtout qu’après la guerre ce n’était pas facile, il fallait de la grandeur d’âme !
Et je frissonne à l’idée que De Gaulle a refusé la grâce pour Brasillach malgré la pétition de 63 intellectuels… Je me demande comment il s’est vu dans la glace après ce coup là !
Mais c’est toujours surprenant de voir comment ces hommes d’État, les De Gaulle, Churchill, Mitterrand… sont capables de grandeur d’esprit en même temps que de méchancetés et mesquineries incroyables.
à SJB :
Je n'ai pas trop mesuré le degré de compromission de Béraud et Brasillach dans la période où les persécutions antijuives ont commencé en France, mais j'imagine qu'on ne juge pas de la même manière un intellectuel au parcours chaotique qui écrit des articles (Béraud) et le rédacteur-en-chef d'un journal qui a une fenêtre de tir permanente sur l'opinion (Brasillach).
Mais ton commentaire fait écho à un vieux débat : celui de Sartre qui réclame la totale responsabilité de l'écrivain envers son oeuvre, contre Mauriac qui comme toi rappelait un droit à l'erreur. Le débat est difficile à clore. Mais je pense qu'on ne peut pas résumer certains journalistes à leur profession d'intellectuel. Ils sont parfois des acteurs politiques redoutables qui ne peuvent se cacher derrière l'apparente innocence de leur plume. Brasillach savait sûrement qu'il risquait la mort en cas de défaite de l'Allemagne, surtout s'il est un écrivain intelligent comme on l'a souvent dit. Il espérait que cette défaite n'arriverait pas ; eh bien il a perdu son pari.
De plus, l'épuration a plusieurs visages et je préfère encore l'épuration par condamnations à mort, légale, et souvent moins meurtrière, que celle par lynchage de quartier ou tonsure publique de femmes qui a éclaté en France entière en 1944-45. Ces dernières formes ont quelque chose de plus hideux car on y distingue très mal les malheureux qui se sont mis dans de beaux draps et les véritables criminels.
A l'issue d'une guerre surtout aussi terrible que celle-ci, il est prévisible que le gagnant procède à une forme d'épuration, ne serait-ce que pour corroborer sa victoire et sécuriser l'avenir politique, satisfaire une vindicte populaire qui réclame du sang aussi. C'est pourquoi cette décision de De Gaulle ne me choque pas de prime abord. Mais il faudrait examiner toutes les pièces du dossier pour mesurer la compromission de Brasillach et se faire une opinion définitive.
Ce n'est que mon avis, bien sûr...
Je n'ai pas trop mesuré le degré de compromission de Béraud et Brasillach dans la période où les persécutions antijuives ont commencé en France, mais j'imagine qu'on ne juge pas de la même manière un intellectuel au parcours chaotique qui écrit des articles (Béraud) et le rédacteur-en-chef d'un journal qui a une fenêtre de tir permanente sur l'opinion (Brasillach).
Mais ton commentaire fait écho à un vieux débat : celui de Sartre qui réclame la totale responsabilité de l'écrivain envers son oeuvre, contre Mauriac qui comme toi rappelait un droit à l'erreur. Le débat est difficile à clore. Mais je pense qu'on ne peut pas résumer certains journalistes à leur profession d'intellectuel. Ils sont parfois des acteurs politiques redoutables qui ne peuvent se cacher derrière l'apparente innocence de leur plume. Brasillach savait sûrement qu'il risquait la mort en cas de défaite de l'Allemagne, surtout s'il est un écrivain intelligent comme on l'a souvent dit. Il espérait que cette défaite n'arriverait pas ; eh bien il a perdu son pari.
De plus, l'épuration a plusieurs visages et je préfère encore l'épuration par condamnations à mort, légale, et souvent moins meurtrière, que celle par lynchage de quartier ou tonsure publique de femmes qui a éclaté en France entière en 1944-45. Ces dernières formes ont quelque chose de plus hideux car on y distingue très mal les malheureux qui se sont mis dans de beaux draps et les véritables criminels.
A l'issue d'une guerre surtout aussi terrible que celle-ci, il est prévisible que le gagnant procède à une forme d'épuration, ne serait-ce que pour corroborer sa victoire et sécuriser l'avenir politique, satisfaire une vindicte populaire qui réclame du sang aussi. C'est pourquoi cette décision de De Gaulle ne me choque pas de prime abord. Mais il faudrait examiner toutes les pièces du dossier pour mesurer la compromission de Brasillach et se faire une opinion définitive.
Ce n'est que mon avis, bien sûr...
J’ignorais que Brasillach avait été rédacteur-en-chef d’un journal à propagande raciste. C’est évidemment très différent que d’exprimer simplement ses opinions.
Je pense que l’écrivain est responsable envers son œuvre mais que tout le monde a droit à l’erreur et qu’après la guerre on ne pouvait pas juger selon le camp où on s’était trouvé et encore moins se venger, évidemment.
Ce qui me choque dans le cas de De Gaulle c’est qu’il a imposé son jugement contre celui de 63 intellectuels. D’où sortait-il ce droit de juger ? N’était-ce pas une vengeance plus qu’un jugement ? C’est très troublant, je n’aurais pas voulu être à sa place mais c’est vrai que le débat est difficile.
Je pense que l’écrivain est responsable envers son œuvre mais que tout le monde a droit à l’erreur et qu’après la guerre on ne pouvait pas juger selon le camp où on s’était trouvé et encore moins se venger, évidemment.
Ce qui me choque dans le cas de De Gaulle c’est qu’il a imposé son jugement contre celui de 63 intellectuels. D’où sortait-il ce droit de juger ? N’était-ce pas une vengeance plus qu’un jugement ? C’est très troublant, je n’aurais pas voulu être à sa place mais c’est vrai que le débat est difficile.
Ce qui me choque dans le cas de De Gaulle c’est qu’il a imposé son jugement contre celui de 63 intellectuels. D’où sortait-il ce droit de juger ? N’était-ce pas une vengeance plus qu’un jugement ?
Il est facile de répondre à cela : Il faut bien comprendre que ni De Gaulle ni les 63 intellectuels n'ont jugé Brasillach.
D'un point de vue juridique, de Gaulle n'est pas juge et ne juge donc personne. Il a "imposé" sa décision au moment où il a exercé le droit de grâce, c'est-à-dire dans le cas de Béraud. Dans le cas Brasillach, les 63 intellectuels font ici une pétition et n'a aucune valeur judiciaire. Brasillach a été jugé par une cour d'assises, puis condamné à mort ; à cela une grâce n'y changera rien. Si l'on veut critiquer cette décision, il faut s'en référer à cette cour qui a jugé après enquête.
D'un point de vue politique, effectivement De Gaulle fait un choix politique important en ignorant la pétition. Ce sont les aléas de l'Histoire - et oui! - qui donne au chef de gouvernement un droit de grâce qui remonte aux rois de France, bien sûr. Mais ce droit n'est pas un pouvoir de juger (De Gaulle n'est pas juge, contrairement aux rois de France d'ailleurs) ni de casser (une grâce ne casse pas le verdict, elle ne fait que le rendre inopérant). On peut le considérer comme un levier politique de prestige monarchique. De Gaulle l'utilise ou non, comme bon lui semble selon des motifs qu'il n'a pas à justifier mais qu'on peut imaginer :
Ces motifs sont :
Exercice du droit de grâce : clémence personnelle, désir de ne pas entamer la confiance des intellectuels dont il a besoin, doutes sur l'antisémitisme réel du personnage (si on distingue l'antijudaïsme d'Etat et l'antisémitisme par exemple)...
Rejet du droit de grâce : exécution pour l'exemple, avertissement aux intellectuels, désir de punir sévèrement la collaboration et l'antisémitisme afin de donner une orientation idéologique au nouveau régime, satisfaction d'une vindicte populaire qui réclame du sang (de peur qu'ils ne se fassent justice eux-mêmes), solidarité avec un peuple juif qu'il espère assimiler à la culture française, peur de banaliser le droit de grâce...
De Gaulle a a pesé le pour et le contre et a opté pour la seconde option pour Brasillach, la première pour Béraud. Moi non plus je n'aurais pas aimé être à sa place
Ce qui me choque dans le cas de De Gaulle c’est qu’il a imposé son jugement contre celui de 63 intellectuels. D’où sortait-il ce droit de juger ? N’était-ce pas une vengeance plus qu’un jugement ? C’est très troublant, je n’aurais pas voulu être à sa place mais c’est vrai que le débat est difficile.
Brasillach était antisémite et très anticommuniste ... Béraud était avant tout un anglophobe et aussi antisémite au passage mais ne se positionnait pas aussi radicalement contre les communistes. C'est peut être là la clé.
Si ma mémoire est bonne, ils ont été jugés à peu près en même temps, vers la fin 1944, début 45.... Les deux ont été soutenus par des intellectuels (Mauriac, Cocteau, Aymé, ...) et les deux ont été condamnés à mort. De Gaulle à ce moment là était déjà dans sa vision de l'après guerre et, en bon politique, il entrevoyait déjà la grande réconciliation qu'il s'acharnera à mettre en place dès la fin des hostilités. Cependant, tant que la guerre n'est pas finie, il a besoin des militants et combattants communistes FTP qui sont quasi plus nombreux que ses FFI. Il refuse donc la grâce de Brasillach pour satisfaire les Communistes.
@SJB
Voyons, voyons (je n'ai pas fait le compte), combien d'intellectuels étaient au maquis, combien dans les FFL, combien en déportation, combien dans une armée combattant les nazis, combien ont ouvert leur clapet sous l'occupation pour protester...?
Combien sont morts et combien sont restés dans leur fauteuil ?
Alors, 63, 630 ou 6300, j'attends leurs états de service... et peut-être bien que certains eussent mieux fait de la fermer.
Voyons, voyons (je n'ai pas fait le compte), combien d'intellectuels étaient au maquis, combien dans les FFL, combien en déportation, combien dans une armée combattant les nazis, combien ont ouvert leur clapet sous l'occupation pour protester...?
Combien sont morts et combien sont restés dans leur fauteuil ?
Alors, 63, 630 ou 6300, j'attends leurs états de service... et peut-être bien que certains eussent mieux fait de la fermer.
à Patman : oui en effet, j'avais oublié le paramètre des communistes
En fait, en 1944, l'antisémitisme est encore un grief mineur à côté de la collaboration avec l'Allemagne...
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/50297
Brasillach écrivain, mal-aimé des Lettres françaises de Pierre Somville
Dans ce livre que j'ai récupéré à la soirée CL 2017, l'auteur évoque le procès de Brasillach et il me semble qu'il disait qu'il n'avait vraiment pas eu de chance que ce procès était arrivé au pire moment pour lui. Je crois me souvenir qu'il disait que De Gaulle avait craint de voir déferler une vague de demande de grâces, et que, pour y mettre un terme, il avait refusé celle de Brasillach..Mais, cette lecture est un peu trop lointaine, il faudrait reprendre le livre pour avoir la version de l'auteur qui trouvait la sanction bien lourde.
Brasillach écrivain, mal-aimé des Lettres françaises de Pierre Somville
Dans ce livre que j'ai récupéré à la soirée CL 2017, l'auteur évoque le procès de Brasillach et il me semble qu'il disait qu'il n'avait vraiment pas eu de chance que ce procès était arrivé au pire moment pour lui. Je crois me souvenir qu'il disait que De Gaulle avait craint de voir déferler une vague de demande de grâces, et que, pour y mettre un terme, il avait refusé celle de Brasillach..Mais, cette lecture est un peu trop lointaine, il faudrait reprendre le livre pour avoir la version de l'auteur qui trouvait la sanction bien lourde.
@SJB@Radetsky
... combien d'intellectuels étaient au maquis, combien dans les FFL, combien en déportation, combien dans une armée combattant les nazis, combien ont ouvert leur clapet sous l'occupation pour protester...?
Combien sont morts et combien sont restés dans leur fauteuil ?
Alors, 63, 630 ou 6300, j'attends leurs états de service... et peut-être bien que certains eussent mieux fait de la fermer.
Tu as raison de montrer les dents parce que je crois aussi qu’ils étaient peu nombreux au maquis, en déportation, combattant les nazis, ou même à ouvrir leur clapet pour protester sous l’occupation…
Je crois qu’ils étaient plus nombreux à avoir choisi le mauvais camp.
Mais je pense que c’est toujours triste de perdre un bon écrivain, même si c’est un salopard… Et puis, on peut comprendre « la raison d’État » mais, une fois la guerre finie, à quoi bon envoyer encore des hommes au poteau…
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/50297Tout ce qu’on gagne à fréquenter les soirées CLiennes, hein Débézed… ;-))
Brasillach écrivain, mal-aimé des Lettres françaises de Pierre Somville
Dans ce livre que j'ai récupéré à la soirée CL 2017,
@SJB7
Mais je pense que c’est toujours triste de perdre un bon écrivain, même si c’est un salopard… Et puis, on peut comprendre «la raison d’État» mais, une fois la guerre finie, à quoi bon envoyer encore des hommes au poteau…
Alors, une fois le crime accompli, à quoi bon juger les criminels...,?
La moindre des choses, c'est aussi d'éviter les tombereaux d'hypocrisies lesquels, trop souvent, viennent a posteriori, accompagner les cérémonies de "repentance" avec force dem211andes de "pardon", alors que les mêmes salopards n'ont au grand jamais ne serait-ce qu'entrevu la moindre possibilité de clémence à l'égard de ceux qu'ils poursuivaient de leur haine tout en encourageant les bourreaux.
@SJB
Mais je pense que c’est toujours triste de perdre un bon écrivain, même si c’est un salopard… Et puis, on peut comprendre «la raison d’État» mais, une fois la guerre finie, à quoi bon envoyer encore des hommes au poteau…
7
Alors, une fois le crime accompli, à quoi bon juger les criminels...,?
La moindre des choses, c'est aussi d'éviter les tombereaux d'hypocrisies lesquels, trop souvent, viennent a posteriori, accompagner les cérémonies de "repentance" avec force dem211andes de "pardon", alors que les mêmes salopards n'ont au grand jamais ne serait-ce qu'entrevu la moindre possibilité de clémence à l'égard de ceux qu'ils poursuivaient de leur haine tout en encourageant les bourreaux.
Je suis totalement d'accord avec toi Rad ; le seul argument que personnellement je pourrais avancer c'est que, étant avec ferveur contre la peine de mort, je ne pourrais cautionner cette execution ; d'autant que la prison, là dans des conditions très rudes (avec interdiction d'écrire !) est une peine vraiment subie alors que la mort libère...
Mais l'exemplarité a aussi son rôle ! C'est pourquoi personnellement je ne conçois pas qu'on puisse exonérer d'une peine exemplaire, tout excellent qu'il soit, un coupable de faits odieux sous prétexte qu'il est écrivain...
@SJBJe pense que tu n’as pas bien compris (c’est, sans doute, que je me suis mal exprimé). Il n’est pas question d’exonérer d’une peine exemplaire un coupable sous prétexte qu’il est bon écrivain.
... personnellement je ne conçois pas qu'on puisse exonérer d'une peine exemplaire, tout excellent qu'il soit, un coupable de faits odieux sous prétexte qu'il est écrivain...
Je dis seulement que c’est toujours triste de perdre un bon écrivain.
@SJB@Pieronnelle
... la prison, là dans des conditions très rudes (avec interdiction d'écrire !) est une peine vraiment subie alors que la mort libère...
Souhaiter que quelqu’un expie sa peine en le mettant en prison pour qu’il souffre toute sa vie et meurt à petit feu, c’est lui infliger un supplice qui ressemble à une vengeance, me semble-t-il. Surtout s’il s’agit d’un homme de lettres qui n’est pas un danger pour la société.
On devrait au moins le laisser écrire, sous réserve, bien sûr, de lui interdire les appels à la haine, racisme, etc. Mais chacun doit avoir le droit d’exprimer ses opinions.
Mais le sujet est difficile et je n’arrive pas à me faire une opinion définitive. Il n’y a pas de société civilisée sans une justice impartiale. Mais d’un autre côté, de quel droit un homme peut-il juger un autre homme ? On devrait juger d’après des valeurs établies mais, aujourd’hui les valeurs de société changent ou n’existent plus, ou ne sont plus acceptées par tous. Un homme qui était coupable hier, devient un homme exemplaire aujourd’hui.
C’est un débat difficile qui pourrait durer des heures. En attendant le Jugement Dernier, nous devons nous en remettre à la justice des hommes qui vaut ce que valent les hommes…
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