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Je ne vais pas ajouter une critique secondaire à la présentation de l'ouvrage mais juste souligner davantage ce qui, pour moi, constitue la plus grande réussite de l'œuvre de R-E Howard : le souffle épique et poétique qui porte son écriture, digne des grands récits épiques. R-E Howard était un fervent lecteur de poésie et auteur lui-même d'un recueil qui reste à présenter sur C-L : "poèmes de guerre et de mort" (ce que j'essayerai de faire dans les semaines qui viennent). Chez Conan, les intrigues sont parfois presque secondaires et d'ailleurs R-E Howard n'a jamais été à l'aise dans les nouvelles longues qui reposent sur une histoire qu'il faut faire rebondir. R-E Howard est un paradoxe en ce sens qu'il fonde le genre de l'heroic-fantasy et, en même temps, s'éloigne de tous les clichés usuels du genre, qui sont en fait une caricature des intentions initiales de Howard. Ce qui marque durablement le lecteur chez Howard, comme chez Lovecraft dont il était proche, ce n'est jamais l'histoire mais la mise en abîme d'un rapport au monde (fondé sur la force chez Howard alors qu'il était fondé sur l'intellect chez Lovecraft) confronté à des puissances qui le dépassent. Il y a chez Howard des échos philosophiques, assez sombres et nihilistes, sur l'effondrement inéluctable de toute civilisation. On le ressent dans les meilleures nouvelles de Conan, mais aussi chez Kull, notamment l'extraordinaire nouvelle "Les miroirs de Tuzun Thune", sans doute le chef d'œuvre de R-E Howard (qui n'a pas non plus écrit que chefs d'oeuvre car il publiait dans des magazines bon marché et une part de son œuvre est de la littérature "alimentaire") où un roi barbare s'abandonne dans la contemplation de miroirs magiques ouvrant des perspectives sur d'autres univers, jusqu'à presque dépérir quand il réalise que son empire est moins qu'un grain de sable et que toute ambition n'est que pure vanité...
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