Jironépalia 25/09/2017 @ 20:36:56
« Les Proies » de Thomas Cunigan

Le roman de Thomas Cullinan publié en 1966 aux Etats Unis dont le titre original est en anglais « the beguiled » ou sous-titre « the painted devil » est l’objet d’une deuxième adaptation au cinéma par Sofia Coppola.
Cette difficulté même pour l’auteur américain a donné un titre adéquat à cette trame dramatique, révèle combien le sujet mis en avant est délicat tout au moins l’était en 1966 au moment de sa publication au US.

Ce n’est pas le meilleur film de Sofia Coppola mais reconnaissons lui le mérite de pointer, de révéler toute l’ambivalence, l’immense désarroi du féminin dans les tourments du désir sexuel, qui survient alors qu’elles (les femmes) n’y comprennent rien. Comme dans le film « Virgin suicide » plus réussit celui-là.
Et pourtant ce roman, ce scenario donc, ne manque pas d’intérêt.
Une première remarque s’impose. La traduction en français du titre original prête à bien des commentaires. Le roman lors de sa traduction a été intitulé : « les proies » peut être car dans ce huis-clos d’une grande demeure sudiste, cadre du roman, toutes ces femmes n’étaient en proie qu’à un désir qui les dépassent.
Plutôt réducteur pour la capacité du féminin à vivre consciemment ses pulsions
Alors que le titre original se traduit par « celui qui a été séduit, accueilli, entrainé, amené » ou sous-titre . Le diable déguisé beaucoup plus explicite encore. le diable par définition n’a pas de genre



Alors qu’en français le féminin choisi fixe un genre. Et peut-être attribue un statut de victime à ces femmes dans leur gynécée, ce qui n’est pas vraiment le propos du romancier américain qui est beaucoup plus ambigu dans sa présentation des responsabilités

Il est tout de même remarquable qu’un écart si conséquent existe entre le titre original et la traduction en français ,. Différence notoire qui subsiste ou plutôt est reprise dans le titre des deux adaptation cinématographique de Ron Siegel et de Sofia Coppola . Bien sur les cinéaste ne sont certainement pas consultés ou vaguement pour valider la traduction du titre version originale.
Ce choix du traducteur du roman qui a été repris pose question sur la perception de la force des enjeux psychologique de ce roman . Dont la pertinence , la richesse est quelque part illustrée par l’intérêt que lui trouvé les cinéastes américain. Il est en cela important de remarquer que cet ouvrage est tout à fait fictionnel . L’auteur n’a pas vécu la guerre de sécession . Les choix de lieux et contexte historique ne sont là que pour facilite la mise en avant de dérive comportementale qui se révèlent d’une violence inouïe.
Il n’est pas anodin de remarquer que l’assassinat perpétré est accompli avec le support explicite de la plus jeune pensionnaire pleine de candeur .
Celle-là même qui est à l’origine de l’accueil et de la bienveillance de départ . Qui elle aussi par réaction personnelle n’hésite pas à engager la destruction de celui qu’elle avait trouvé banalement humain .
De même Edwine se joint à l’horreur pour passivement approuver l’exaction du groupe en guidant à la couture du linceul.
On peut même s’aventurer à parler de la banalité du mal pour qualifier ce comportement de groupe , référence à la thèse brillante d’Hannah Arendt sans faire d’amalgame trop rapide . Thomas Cunigan est loin de ce propos

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