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Suite à la lecture d'un recueil (en traduction anglaise) proposant une sélection de poèmes de Ko Un, grâce auquel j'ai pu apprécier une vingtaine de poèmes tirés de "Qu'est-ce? Poèmes zen", ayant éprouvé quelques doutes, voire une gêne par rapport au texte de certains poèmes, je me suis donc adonné à un petit exercice de comparaison, puisant pour ce faire auprès de quelques sources librement accessibles sur le web, de même que faisant appel à l'aimable conseil de Septularisen.
Avant d'aborder le sujet, il convient de souligner la particularité des poèmes zen de Ko Un (notons que le répertoire de cet auteur est très varié et qu'il n'est ici question que des poèmes dits 'zen'), à savoir que ces poèmes sont tous plutôt courts et de fait, plus difficiles à traduire (du moins c'est ce qu'affirme Brother Anthony, son principal traducteur vers l'anglais). A titre indicatif, tel que Septularisen le mentionne dans son compte-rendu, on peut donc comparer ces poèmes au haïku japonais, sachant qu'ils n'en épousent cependant pas la forme exacte et ne s'accordent très certainement pas aux règles du haïku.
D'ailleurs, s'il y a une évidence chez Ko Un c'est bien sa volonté de ne se soustraire à aucune règle. Tant et si bien que vers, pieds ou rimes...
Donc, des poèmes courts sans doute magnifiés par la langue coréenne en raison notamment d'une grammaire tout à fait appropriée. En bref, le coréen ne s'embarrasse ni d'articles, ni de genres ou de nombres, la langue ne fait appel à la ponctuation qu'avec parcimonie, tandis que la phrase type est constituée comme suit: 'sujet-objet-verbe' (Ex: je-pomme-manger). Autant d'avantages qui d'autre part participent à la difficulté de traduire de tels textes. Ajoutons à cela jeux de mots et autres particularismes, et il est clair que le travail du traducteur loin d'être facile, n'est cependant pas chose impossible.
Bien évidemment, le résultat reflète ce que le traducteur conçoit comme étant le plus approchant du texte original et de ce qu'il évoque, tout en tenant compte des contraintes propres à la langue vers laquelle il traduit. Dans cet ordre d'idées, on remarquera parmi les exemples proposés ci-après, comment certains traducteurs ont choisi le pluriel là où d'autres ont choisi le singulier tandis qu'ici on aura cru bon marquer la ponctuation alors que là on l'aura omise, etc.
Puis, lorsqu'on lit plusieurs de ces poèmes sous diverses traductions, il est particulièrement intéressant de constater comment l'expérience de lecture peut parfois s'avérer similaire d'une version à l'autre et d'autres fois varier considérablement. Inversement, on peut noter sur l'ensemble des versions lues, la présence de divers points/mots/phrases communs, témoignant (on peut le supposer) du niveau de proximité qu'aura atteint la traduction par rapport au texte original.
Reste la question de la sonorité de la langue ainsi que celle de la musicalité du texte original qui bien entendu, ne peuvent pas être reproduits comme tels.
Afin de mieux me rendre compte de la chose, je suis allé écouter (en ligne) le poète déclamer ses poèmes, suivis de leur version anglaise, déclamée par le traducteur concerné. A l'identique de ce que j'ai pu constater à l'écrit, certains poèmes ne s'entendent pas de la même façon dans les deux langues, tandis que d'autres démontrent un rythme et une musicalité assez similaires dans les deux cas.
Au final, sans nier l'inévitable distance résultant de la traduction, si l'on prend l'ensemble des poèmes traduits, on peut dire qu'il est tout de même possible d'apprécier le travail de cet auteur d'exception. Du moins telle est l'impression que je retire de cette expérience.
Enfin, pour illustrer mon propos, voici donc quatre versions/traductions de deux poèmes zen de Ko Un, soit une traduction française, une traduction espagnole et deux traductions anglaises (soulignons que cette collection de poèmes a également été traduite en allemand sous le titre 'Was'n das?, en italien sous le titre 'Cos'è?, en norvégien et en grec).
En descendant de la montagne
Tournant la tête
Hein
La montagne d'où je suis descendu n'est plus Là
Où suis-je
Le vent d'automne nonchalamment agite la mue d'un serpent
(Traduit du coréen par No Mi-Sug et Alain Génetiot
In: "Qu'est-ce? Poèmes zen", Editions Maisonneuve & Larose, 2000)
*
Bajando de la montaña
Al mirar atrás
¡ah!
la montaña de la que desciendo
ha desaparecido.
En el lugar donde estoy
la brisa otoñal agita
indolente
la piel que mudó la serpiente
(Traduction originale de Joung Kwon Tae - Révisée par Isabel R. Cachera
In: "108 poemas Zen" Editorial Casariego, 2005)
*
Walking down a mountain
Looking back
Hey!
Where's the mountain I've just come down?
Where am I?
The autumn breeze tosses and turns lifeless
like a cast-off snakeskin.
(Tr. Kim Young-moo & Brother Anthony of Taize
In: "Beyond Self: 108 Zen Poems", Parallax Press, 1997)
*
Coming Down the Mountain
I turned around.
Where did it go?
The mountain I just came down?
Where am I?
The old snakeskin rattles in autumn wind.
(Tr. Clare You & Richard Silberg
In: "The Three Way Tavern, Selected Poems", University of California Press, 2006)
***
Le bébé
Avant ta naissance
Avant ton père
Avant ta Mère
Tes balbutiements étaient déjà là
(Traduit du coréen par No Mi-Sug et Alain Génetiot
In: "Qu'est-ce? Poèmes zen", Editions Maisonneuve & Larose, 2000)
*
Bebé
Antes de tu nacimiento
antes que tu padre
antes que tu madre
tu balbuceo ya estaba ahí
(Traduction originale de Joung Kwon Tae - Révisée par Isabel R. Cachera
In: "108 poemas Zen" Editorial Casariego, 2005)
*
Baby
Before you were born
before your dad
before your mom
your burbling
was there.
(Tr. Kim Young-moo & Brother Anthony of Taize
In: "Beyond Self: 108 Zen Poems" Parallax Press, 1997)
*
Baby
Before you were born
before your dad
before your mom
That's when you cooed.
(Tr. Clare You & Richard Silberg
In: "The Three Way Tavern, Selected Poems", University of California Press, 2006)
Avant d'aborder le sujet, il convient de souligner la particularité des poèmes zen de Ko Un (notons que le répertoire de cet auteur est très varié et qu'il n'est ici question que des poèmes dits 'zen'), à savoir que ces poèmes sont tous plutôt courts et de fait, plus difficiles à traduire (du moins c'est ce qu'affirme Brother Anthony, son principal traducteur vers l'anglais). A titre indicatif, tel que Septularisen le mentionne dans son compte-rendu, on peut donc comparer ces poèmes au haïku japonais, sachant qu'ils n'en épousent cependant pas la forme exacte et ne s'accordent très certainement pas aux règles du haïku.
D'ailleurs, s'il y a une évidence chez Ko Un c'est bien sa volonté de ne se soustraire à aucune règle. Tant et si bien que vers, pieds ou rimes...
Donc, des poèmes courts sans doute magnifiés par la langue coréenne en raison notamment d'une grammaire tout à fait appropriée. En bref, le coréen ne s'embarrasse ni d'articles, ni de genres ou de nombres, la langue ne fait appel à la ponctuation qu'avec parcimonie, tandis que la phrase type est constituée comme suit: 'sujet-objet-verbe' (Ex: je-pomme-manger). Autant d'avantages qui d'autre part participent à la difficulté de traduire de tels textes. Ajoutons à cela jeux de mots et autres particularismes, et il est clair que le travail du traducteur loin d'être facile, n'est cependant pas chose impossible.
Bien évidemment, le résultat reflète ce que le traducteur conçoit comme étant le plus approchant du texte original et de ce qu'il évoque, tout en tenant compte des contraintes propres à la langue vers laquelle il traduit. Dans cet ordre d'idées, on remarquera parmi les exemples proposés ci-après, comment certains traducteurs ont choisi le pluriel là où d'autres ont choisi le singulier tandis qu'ici on aura cru bon marquer la ponctuation alors que là on l'aura omise, etc.
Puis, lorsqu'on lit plusieurs de ces poèmes sous diverses traductions, il est particulièrement intéressant de constater comment l'expérience de lecture peut parfois s'avérer similaire d'une version à l'autre et d'autres fois varier considérablement. Inversement, on peut noter sur l'ensemble des versions lues, la présence de divers points/mots/phrases communs, témoignant (on peut le supposer) du niveau de proximité qu'aura atteint la traduction par rapport au texte original.
Reste la question de la sonorité de la langue ainsi que celle de la musicalité du texte original qui bien entendu, ne peuvent pas être reproduits comme tels.
Afin de mieux me rendre compte de la chose, je suis allé écouter (en ligne) le poète déclamer ses poèmes, suivis de leur version anglaise, déclamée par le traducteur concerné. A l'identique de ce que j'ai pu constater à l'écrit, certains poèmes ne s'entendent pas de la même façon dans les deux langues, tandis que d'autres démontrent un rythme et une musicalité assez similaires dans les deux cas.
Au final, sans nier l'inévitable distance résultant de la traduction, si l'on prend l'ensemble des poèmes traduits, on peut dire qu'il est tout de même possible d'apprécier le travail de cet auteur d'exception. Du moins telle est l'impression que je retire de cette expérience.
Enfin, pour illustrer mon propos, voici donc quatre versions/traductions de deux poèmes zen de Ko Un, soit une traduction française, une traduction espagnole et deux traductions anglaises (soulignons que cette collection de poèmes a également été traduite en allemand sous le titre 'Was'n das?, en italien sous le titre 'Cos'è?, en norvégien et en grec).
En descendant de la montagne
Tournant la tête
Hein
La montagne d'où je suis descendu n'est plus Là
Où suis-je
Le vent d'automne nonchalamment agite la mue d'un serpent
(Traduit du coréen par No Mi-Sug et Alain Génetiot
In: "Qu'est-ce? Poèmes zen", Editions Maisonneuve & Larose, 2000)
*
Bajando de la montaña
Al mirar atrás
¡ah!
la montaña de la que desciendo
ha desaparecido.
En el lugar donde estoy
la brisa otoñal agita
indolente
la piel que mudó la serpiente
(Traduction originale de Joung Kwon Tae - Révisée par Isabel R. Cachera
In: "108 poemas Zen" Editorial Casariego, 2005)
*
Walking down a mountain
Looking back
Hey!
Where's the mountain I've just come down?
Where am I?
The autumn breeze tosses and turns lifeless
like a cast-off snakeskin.
(Tr. Kim Young-moo & Brother Anthony of Taize
In: "Beyond Self: 108 Zen Poems", Parallax Press, 1997)
*
Coming Down the Mountain
I turned around.
Where did it go?
The mountain I just came down?
Where am I?
The old snakeskin rattles in autumn wind.
(Tr. Clare You & Richard Silberg
In: "The Three Way Tavern, Selected Poems", University of California Press, 2006)
***
Le bébé
Avant ta naissance
Avant ton père
Avant ta Mère
Tes balbutiements étaient déjà là
(Traduit du coréen par No Mi-Sug et Alain Génetiot
In: "Qu'est-ce? Poèmes zen", Editions Maisonneuve & Larose, 2000)
*
Bebé
Antes de tu nacimiento
antes que tu padre
antes que tu madre
tu balbuceo ya estaba ahí
(Traduction originale de Joung Kwon Tae - Révisée par Isabel R. Cachera
In: "108 poemas Zen" Editorial Casariego, 2005)
*
Baby
Before you were born
before your dad
before your mom
your burbling
was there.
(Tr. Kim Young-moo & Brother Anthony of Taize
In: "Beyond Self: 108 Zen Poems" Parallax Press, 1997)
*
Baby
Before you were born
before your dad
before your mom
That's when you cooed.
(Tr. Clare You & Richard Silberg
In: "The Three Way Tavern, Selected Poems", University of California Press, 2006)
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