AmauryWatremez

avatar 29/01/2015 @ 18:37:42
Depuis les attentats de « Charlie Hebdo » et de « l'Hypercasher », les autorités et la presse font beaucoup d'effets de manche sur la laïcité, un problème de volonté politique soit dit en passant et pas seulement de moyens, et de la « com » sur l'Éducation. Ils laissent pourtant de côté, la rejetant du revers de la main, une autre question brûlante témoignant de la violence brute, virtuelle ou non, en progression constante dans les écoles quel que soit le milieu observé :


Celle du harcèlement scolaire.


Soyons clairs, cela a toujours plus ou moins existé, mais à des degrés bien moindres, et sans cet amplificateur géant des travers humains du web. Personnellement, je ne l'ai pas vécu mais en constatant les ravages autour de moi très tôt, il m'a procuré des doutes certains sur la nature humaine dés mon enfance.

Il faut des drames atroces pour entendre les journalistes ou les institutions l'évoquer du bout des lèvres, tel celui vécu par cette mère, Nora Fraisse, en témoignant dans un livre paru il y a quelques jours, « 13 ans pour toujours » :

Nora « est Marion » (voir son article de blog) et elle aimerait bien que les professeurs, les éducateurs, les autres parents le soient aussi avant de s'enthousiasmer pour d'autres causes les mettant certes plus en valeur. Mais ils le sont si peu...

Marion est loin d'être la seule bien malheureusement :

Je songe à ce garçon un peu timide, en avance, portant des lunettes, littéralement martyrisé chaque jour et devant subir des sévices tous plus inventifs les uns que les autres de la part de ses « camarades » : le contenu de son cartable déversé dans les toilettes à chaque récréation, un bombardement de pommes à la sortie du collège, des injures continuelles, y compris sur les réseaux dits sociaux etc...

Je me rappelle de cette jeune fille fine, un peu grande pour son âge, mignonne, intelligente, sérieuse et en plus bien éduquée, jalousée par les péronnelles de sa classe pendant toute sa scolarité au lycée. Elle ne disait rien, ne se plaignait pas, elle non plus...

Je pense à cette autre petite. A cause de la couleur de ses cheveux et de sa timidité, elle se croyait laide car un peu boulotte, chaque jour elle était frappée, en douce, insultée, traînée dans la boue littéralement et virtuellement. Elle se révoltait de temps en temps distribuant une ou deux gifles méritées, mais c'était elle qui était punie et non ses tourmenteurs...

J'ai aussi en mémoire ce jeune homme naïf, désirant ardemment s'intégrer, recherchant la compagnie de ses bourreaux, pourtant racketté sans arrêt ni pause, suivi jusque chez lui sous un chapelet de noms d'oiseaux tous d'une vulgarité abjecte à chaque fin de journée jusqu'au moment où il craquait en pleurant...

Etc...

Etc...

En réponse à ses tragédies muettes le plus souvent l'ensemble des « grandes personnes », à part quelques exceptions, se contentait de mettre en doute le tempérament de l'enfant harcelé, son caractère « peu sociable » ou « sauvage », son origine sociale, un « bourgeois » !, voire insinuait sa responsabilité dans la violence vécue par ces innocents sous leurs yeux.

C'était de sa faute. Forcément : « Il ne comprend pas la plaisanterie ! »

C'était et ce sont souvent les mêmes n'ayant pas de termes assez grandiloquents encore maintenant pour parler du « vivrensemble » et de la diversité ou de la tolérance, exalter les valeurs républicaines, verser une larme en regardant les « clips » de prévention officiels de ce fléau. Il est plus simple pour eux d'acheter la paix civile en se mettant du côté des « moqueurs », des mâles ou femelles « alphas » d'un groupe.

Le harcèlement n'est certes pas une problématique concernant exclusivement l'Éducation Nationale. C'est un des symptômes parmi d'autres de la Crise Morale grave de ce pays. Elle affecte l'éducation des enfants. Ils sont nourris, gâtés, tous leurs désirs sont satisfaits, pour la plupart, mais les parents, et les adultes en général oublient de leur transmettre une ou deux valeurs indispensables pour vivre en société. Leur comportement finalement barbare n'est pas entièrement de leur responsabilité.

« Pas entièrement » car je ne peux les en exonérer totalement. Comme tout un chacun ils ont une conscience...

Darius
avatar 30/01/2015 @ 08:29:18
effectivement, c'est une problématique dont on parle dans les écoles, mon ado est au courant et ils ont des débats à ce sujet. Ce qui est intéressant, c'est de savoir pourquoi certains sont harcelés et d'autres non...

C'est vrai que le comportement du harcelé entre en ligne de compte, puisque tout le monde ne l'est pas..
Il y a bien sûr la personnalité du harcelé, son état physique, faiblesse, maladie, différence...toutes choses difficiles à changer.. sauf à le placer dans des écoles spécifiques..

mais en ce qui concerne les parents, la manière dont ils l'ont élevé, un enfant trop couvé à qui on n'a pas laissé prendre de responsabilités, manque d'indépendance par rapport aux parents, interdiction d'aller dormir chez des copains, refus de fêtes d'anniversaire avec des copains, seulement avec des amis de la famille, non participation aux "classes vertes" car la famille veut contrôler l'alimentation ou les fréquentations (donc isolement social..) obligation de rentrer tout de suite "pour étudier" alors que le jeu fait partie du développement de l'enfant... vêtements "pour tenir chaud" alors qu'il fait 20degrés, mais les parents paniquent qu'il tombe malade.. ou vêtements démodés ou non dans la conformité de l'époque ou du lieu, bref, je cite une floppée de choses que j'ai remarqué..

Bien sûr, il faut lutter contre le harcèlement scolaire. A ce sujet, l'institutrice de mon fils était inscrite sur Facebook et était amie avec les élèves, justement pour noter les possibles harcèlements car là, ils se lâchent et elle remettait les pendules à l'heure en classe. Dès 11 ans ils sont sur FB (en donnant un autre âge bien sûr...)

De plus, les harceleurs sont rarement "des lumières", ce sont aussi des jeunes mal dans leur peau qui se mettent en valeur de cette manière en trouvant plus faible qu'eux...ou différents des autres du moins dans ce type d'environnement..

Bref, juste quelques idées glanées dans mon expérience avec mes deux moussaillons :-)

AmauryWatremez

avatar 30/01/2015 @ 11:52:58
Petit aparté
Je ne sais pas qui perd son temps à juger, et sur quels critères, qu'une critique ne traite pas d'un livre mais de ce que l'on pense du thème traité, et ce que l'on suppose de son auteur ?

Il faudrait alors retirer les critiques du "suicide français", livre que leurs avouent n'avoir pas lu...

Quant aux livres qui sont critiqués mais pas lus, il y a aussi "1984" manifestement, la plupart des critiques évoquant "Wilson" Smith et non Winston, entre autres

Fin de l'aparté

Le harcèlement des enfants n'est pas du fait de leur éducation même si elle entre en ligne de compte car "différente", mais surtout de celle des harceleurs à qui aucune valeur n'est transmise, quelle qu'elle soit.

Ce n'est pas leur intelligence la question je crois mais leur éducation...

On en parle oui, on s'émeut, on pleure même mais on ne fait rien contre, enfin les "grandes personnes"...

Je suis prof depuis 15 ans et dans l'EN depuis 1992

Darius
avatar 30/01/2015 @ 12:53:52

Le harcèlement des enfants n'est pas du fait de leur éducation même si elle entre en ligne de compte car "différente", mais surtout de celle des harceleurs à qui aucune valeur n'est transmise, quelle qu'elle soit.

Ce n'est pas leur intelligence la question je crois mais leur éducation...

On en parle oui, on s'émeut, on pleure même mais on ne fait rien contre, enfin les "grandes personnes"...

Je suis prof depuis 15 ans et dans l'EN depuis 1992


d'accord, mais quand on est parents, on préférerait que ses propres enfants ne soient pas harcelés... c'est pour cela qu'il faut aussi se pencher non seulement sur la problématique des harceleurs qu'il faut éduquer (et les profs du moins dans l'école de mon fils le font...) mais aussi, toujours en tant que parents sur celle des harcelés.. dans toute relation, que ce soit conflit ou non, chacun tient le bord de l'écharpe tendue.. et il faut être responsable du bord que l'on tient... et les parents ont un rôle à jouer des deux côtés pour les aider à se gérer..

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