Puisque dans un autre sujet de ce forum on discute la dissociation de certaines attentes de lecture, l'envie m'est venue, à la lecture d'"Un été sans les hommes" de Siri Hustvedt, de partager quelques passages de son bouquin.
En bref, déjà :
"Les femmes lisent des fictions écrites par des hommes et par des femmes. La plupart des hommes, non. Si un homme ouvre un roman, il aime avoir sur la couverture un nom masculin ; cela a quelque chose de rassurant."
Évoquant Jane Austen, la décriée, conspuée par des auteurs comme Twain ou Carlyle, elle dit aussi :
"La vie en province, indigne d’observation ? Les douleurs des femmes, sans importance ? Ca peut aller quand c’est Flaubert, bien entendu. Pitié pour les idiots."
Nombreuses fois, je me souviens, avons-nous discuté avec un membre de ce site sur le fait qu'il y avait de fortes différences dans la lecture/littérature pour hommes et la lecture/littérature pour femmes. Que les femmes n'écrivaient pas comme les hommes ("sauf peut-être Yourcenar") mais que le fondement même de ces différences était difficile à déterminer.
Ce qui me plait, ici, est de me demander si, de nos jours, les hommes restent toujours enclins à préférer les auteurs mâles là où les femmes seraient plus ouvertes (ou indifférentes) au genre.
Je crois que pour nombreux lecteurs, ça garde une belle part de vérité...
Et vous, Messieurs les lecteurs, vous vous positionnez comment? ;-)
En bref, déjà :
"Les femmes lisent des fictions écrites par des hommes et par des femmes. La plupart des hommes, non. Si un homme ouvre un roman, il aime avoir sur la couverture un nom masculin ; cela a quelque chose de rassurant."
Évoquant Jane Austen, la décriée, conspuée par des auteurs comme Twain ou Carlyle, elle dit aussi :
"La vie en province, indigne d’observation ? Les douleurs des femmes, sans importance ? Ca peut aller quand c’est Flaubert, bien entendu. Pitié pour les idiots."
Nombreuses fois, je me souviens, avons-nous discuté avec un membre de ce site sur le fait qu'il y avait de fortes différences dans la lecture/littérature pour hommes et la lecture/littérature pour femmes. Que les femmes n'écrivaient pas comme les hommes ("sauf peut-être Yourcenar") mais que le fondement même de ces différences était difficile à déterminer.
Ce qui me plait, ici, est de me demander si, de nos jours, les hommes restent toujours enclins à préférer les auteurs mâles là où les femmes seraient plus ouvertes (ou indifférentes) au genre.
Je crois que pour nombreux lecteurs, ça garde une belle part de vérité...
Et vous, Messieurs les lecteurs, vous vous positionnez comment? ;-)
Bon, je suis une femme (enfin je crois), mais je vais répondre quand même: je suis du genre indifférent. ;-)
"Si un homme ouvre un roman, il aime avoir sur la couverture un nom masculin ; cela a quelque chose de rassurant."
Ca j'ai quand même du mal à y croire, je trouve que ça relève de l'énorme cliché, non?
Enfin, on va laisser ces messieurs répondre...
Oui, ce sont de brefs extraits d'une réflexion plus globale. Mais pour un point de départ, ma foi... ;-)
Ça m'est complètement indifférent. Parmi les auteurs anciens que j'aime il y a une forte majorité masculine parce qu'il y avait à l'époque une forte majorité d'auteurs masculins. Parmi les contemporains, ça ne joue plus. (Tiens, d'ailleurs le livre que je suis en train de lire est d'une femme.)
"Si un homme ouvre un roman, il aime avoir sur la couverture un nom masculin ; cela a quelque chose de rassurant."
Ca j'ai quand même du mal à y croire, je trouve que ça relève de l'énorme cliché, non?
Enfin, on va laisser ces messieurs répondre...
C'est ce que se disait déjà George Sand.
Comme Feint, à ceci près que le livre que je suis en train de lire est d'un homme.
Evidemment, la majorité des livres que je lis est écrite (est écrite ou sont écrits ??) par des hommes, mais uniquement parce que jusqu'à récemment l'écrasante majorité des auteurs étaient des hommes. En tout cas, ça ne me semble pas déterminant dans mes choix de lectures. Encore que ça puisse effectivement jouer un rôle sans que ça me paraisse en jouer un ; mais ça, c'est encore un autre problème.
En tout cas, je ne pense vraiment pas que ce soit une histoire de nom sur la couverture. Toutefois, et pour creuser un peu dans ces choix de l'inconscient, puisque de fait, il me semble lire plus d'hommes que de femmes, même si a priori ça m'indiffère, peut-être qu'il y a un substrat un peu indéfinissable qui fait qu'une écriture d'homme ou une manière de poser des personnages, des raisonnements, de choisir des thèmes me parlera plus et fera que je lirai plus d'hommes. Une sorte de projection facilitée peut-être. Peut-être aussi que je m'identifierai plus à un personnage masculin et qu'il est peut-être aussi plus facile pour un auteur de mettre en scène des personnages de son propre sexe, au moins à titre principal.
D'ailleurs, la même chose n'est-elle pas vraie pour les femmes ? Par exemple, suite à l'attribution du Prix Nobel à Munroe, j'ai l'impression que beaucoup de femmes ont souhaité la lire (sur les forums CL, elles sont en tout cas majoritaires ; la mienne a aussi acheté deux de ces recueils). Il ne me semble pas constater un tel engouement du lectorat féminin à chaque attribution de Nobel, a fortiori pour un auteur qui écrit dans un genre relativement peu lu.
Mais vraiment, ce côté "nom sur la couverture" ou "pitié pour les idiots" me semble très galvaudé et je n'ai pas l'impression que ça me corresponde.
Evidemment, la majorité des livres que je lis est écrite (est écrite ou sont écrits ??) par des hommes, mais uniquement parce que jusqu'à récemment l'écrasante majorité des auteurs étaient des hommes. En tout cas, ça ne me semble pas déterminant dans mes choix de lectures. Encore que ça puisse effectivement jouer un rôle sans que ça me paraisse en jouer un ; mais ça, c'est encore un autre problème.
En tout cas, je ne pense vraiment pas que ce soit une histoire de nom sur la couverture. Toutefois, et pour creuser un peu dans ces choix de l'inconscient, puisque de fait, il me semble lire plus d'hommes que de femmes, même si a priori ça m'indiffère, peut-être qu'il y a un substrat un peu indéfinissable qui fait qu'une écriture d'homme ou une manière de poser des personnages, des raisonnements, de choisir des thèmes me parlera plus et fera que je lirai plus d'hommes. Une sorte de projection facilitée peut-être. Peut-être aussi que je m'identifierai plus à un personnage masculin et qu'il est peut-être aussi plus facile pour un auteur de mettre en scène des personnages de son propre sexe, au moins à titre principal.
D'ailleurs, la même chose n'est-elle pas vraie pour les femmes ? Par exemple, suite à l'attribution du Prix Nobel à Munroe, j'ai l'impression que beaucoup de femmes ont souhaité la lire (sur les forums CL, elles sont en tout cas majoritaires ; la mienne a aussi acheté deux de ces recueils). Il ne me semble pas constater un tel engouement du lectorat féminin à chaque attribution de Nobel, a fortiori pour un auteur qui écrit dans un genre relativement peu lu.
Mais vraiment, ce côté "nom sur la couverture" ou "pitié pour les idiots" me semble très galvaudé et je n'ai pas l'impression que ça me corresponde.
Par exemple, suite à l'attribution du Prix Nobel à Munroe, j'ai l'impression que beaucoup de femmes ont souhaité la lire (sur les forums CL, elles sont en tout cas majoritaires ; la mienne a aussi acheté deux de ces recueils). Il ne me semble pas constater un tel engouement du lectorat féminin à chaque attribution de Nobel, a fortiori pour un auteur qui écrit dans un genre relativement peu lu.
Gardons-nous bien d'extrapoler à partir d'un exemple comme celui-là!Munro n'était pas très connue ici jusque_là (de nom peut-être seulement).Personnellement ,j'apprécie assez les nouvelles d'où une certaine curiosité.L'année d'avant ,j'aurais probablement eu la même pour Mo Yan si je n'avais déjà pas mal pénétré son œuvre (que j'apprécie particulièrement).
Pour en revenir précisément à ce dont tu parles,nous avons été 4 à vouloir la découvrir et échanger à ce propos ,dont 1 homme.Base statistique non valable !;-)Et pour Pieronnelle et moi ,on ne peut vraiment pas parler d'engouement ,mais nous ne sommes peut-être pas de vraies femmes !;-))
"Les femmes lisent des fictions écrites par des hommes et par des femmes. La plupart des hommes, non. Si un homme ouvre un roman, il aime avoir sur la couverture un nom masculin ; cela a quelque chose de rassurant."
Pour moi c'est une ânerie profonde mais ça marche peut-être pour d'autres, je ne fais pas beaucoup attention au nom de l'auteur, il y a des pseudos hermaphrodites, des femmes hommes, des hommes femmes, des homos, des travestis, des hommes qui se glissent dans la peau d'une femme et vice-versa. Combien croient encore que George Sand est un homme ?
Nombreuses fois, je me souviens, avons-nous discuté avec un membre de ce site sur le fait qu'il y avait de fortes différences dans la lecture/littérature pour hommes et la lecture/littérature pour femmes. Que les femmes n'écrivaient pas comme les hommes ("sauf peut-être Yourcenar") mais que le fondement même de ces différences était difficile à déterminer.
Certaines femmes écrivent comme des hommes (l'inverse est vrai aussi), les ateliers d'écriture et d'autres moyens d'apprendre à écrire contribuent à standardiser l'écriture et ça se voit souvent dans les textes actuels.J'ose cependant croire que la sensibilité féminine peut se différencier et apporter une touche, un regard, une émotion particulière, qu'on trouve moins facilement dans les textes écrits par des hommes. Mais, à mon avis, il n'y a pas de règles, ça reste des tendances.
Ce qui me plait, ici, est de me demander si, de nos jours, les hommes restent toujours enclins à préférer les auteurs mâles là où les femmes seraient plus ouvertes (ou indifférentes) au genre.
Je crois que pour nombreux lecteurs, ça garde une belle part de vérité...
Merci de poser cette question, elle ne m'aurait jamais effleuré. quand je choisis un livre, le sexe de l'auteur n'entre jamais en ligne de compte, c'est trop aléatoire aujourd'hui (demande à Véronique Janzyk !). Dans la littérature étrangère, il n'est pas toujours évident de deviner le sexe de l'auteur à travers son nom.
Oui, ce sont de brefs extraits d'une réflexion plus globale. Mais pour un point de départ, ma foi... ;-)
Bluewitch c'est une femme ou un homme ?
Des femmes qui écrivent des livres... Ou va le monde?
Pourquoi pas le droit de vote aussi !
Va laver mon slip, femme !
(humour, lourd peut être mais humour :)
Pourquoi pas le droit de vote aussi !
Va laver mon slip, femme !
(humour, lourd peut être mais humour :)
En revanche ce qui me gêne, c'est quand on met en avant le sexe de l'auteur (comme son origine géographique ou sociale et toutes ces choses qui au fond n'ont rien à voir avec la littérature).
Par exemple, suite à l'attribution du Prix Nobel à Munroe, j'ai l'impression que beaucoup de femmes ont souhaité la lire (sur les forums CL, elles sont en tout cas majoritaires ; la mienne a aussi acheté deux de ces recueils). Il ne me semble pas constater un tel engouement du lectorat féminin à chaque attribution de Nobel, a fortiori pour un auteur qui écrit dans un genre relativement peu lu.
Gardons-nous bien d'extrapoler à partir d'un exemple comme celui-là!Munro n'était pas très connue ici jusque_là (de nom peut-être seulement).Personnellement ,j'apprécie assez les nouvelles d'où une certaine curiosité.L'année d'avant ,j'aurais probablement eu la même pour Mo Yan si je n'avais déjà pas mal pénétré son œuvre (que j'apprécie particulièrement).
Pour en revenir précisément à ce dont tu parles,nous avons été 4 à vouloir la découvrir et échanger à ce propos ,dont 1 homme.Base statistique non valable !;-)Et pour Pieronnelle et moi ,on ne peut vraiment pas parler d'engouement ,mais nous ne sommes peut-être pas de vraies femmes !;-))
Il ne s'agissait pas de tirer des généralités de cet exemple, mais plutôt d'en faire une base de questionnement. Je me demandais juste si les femmes ne témoignaient pas d'une certaine curiosité vis-à-vis des auteurs de leur sexe, que ressentent peut-être moins les hommes ? Peut-être parce qu'il encore plus "exceptionnel" qu'une femme soit reconnue comme un "grand écrivain". Bref, je ne concluais rien, je rebondissais sur l'interrogation de Bluewitch pour demander si cet espèce de confort/intérêt à lire un écrivain de son sexe n'existait pas chez les femmes, pour autant qu'il existe.
Des femmes qui écrivent des livres... Ou va le monde?
Pourquoi pas le droit de vote aussi !
Va laver mon slip, femme !
(humour, lourd peut être mais humour :)
ça a eu le mérite de me faire rire, merci pour ce moment !
;)
Oui, ce sont de brefs extraits d'une réflexion plus globale. Mais pour un point de départ, ma foi... ;-)
Bluewitch c'est une femme ou un homme ?
Une femme. Siri Hustvedt.
Elle cite certains clichés mais en même temps en les plongeant dans une réflexion plus ample où certains se montrent toujours d'actualité.
En effet, je pense que la large majorité des lecteurs (en Europe plus qu'aux USA, peut-être?) devient de plus en plus inattentif au sexe de l'auteur mais, il en reste quelques irréductibles, je crois, qui sont influencés.
Dans le cas de Jane Austen, j'ai quand même le sentiment qu'elle demeure étiquetée "écrivain pour femmes". ;-)
En revanche ce qui me gêne, c'est quand on met en avant le sexe de l'auteur (comme son origine géographique ou sociale et toutes ces choses qui au fond n'ont rien à voir avec la littérature).C'est comme le fait de mettre en avant le sexe de l'auteur ;-) Pour le coup, on pourrait parler de genre, non? mais on s'y perd déjà dans les genres littéraires. Aargh.
Pour en revenir à une discussion semblable samedi passé au dîner des Céliens, mon interlocuteur (j'ai oublié son pseudo !) avait fait l'expérience de se rendre compte a posteriori du genre de l'auteur. En aveugle, donc. Je doute d'être capable d'une telle faculté de discernement. Par contre, je choisis un livre pour son titre, sa 1ère ou 4ème de couverture, parce que c'est un(e) auteur(e) que j'apprécie. Jamais pour son genre.
En revanche ce qui me gêne, c'est quand on met en avant le sexe de l'auteur (comme son origine géographique ou sociale et toutes ces choses qui au fond n'ont rien à voir avec la littérature).J'avais bien vu que ma formulation était un peu érectile mais je me demandais si ça se verrait. ;) (Mais je garde mon "sexe" : dans cette acception "genre" est un affreux anglicisme.)
C'est comme le fait de mettre en avant le sexe de l'auteur ;-) Pour le coup, on pourrait parler de genre, non? mais on s'y perd déjà dans les genres littéraires. Aargh.
Pour en revenir à une discussion semblable samedi passé au dîner des Céliens, mon interlocuteur (j'ai oublié son pseudo !) avait fait l'expérience de se rendre compte a posteriori du genre de l'auteur. En aveugle, donc. Je doute d'être capable d'une telle faculté de discernement. Par contre, je choisis un livre pour son titre, sa 1ère ou 4ème de couverture, parce que c'est un(e) auteur(e) que j'apprécie. Jamais pour son genre.
Dans le cas de Jane Austen, j'ai quand même le sentiment qu'elle demeure étiquetée "écrivain pour femmes". ;-)
Ce qui, dans la bouche de certains, n'est pas un compliment.
Minoritaire m'ôte les mots de la bouche: le sexe de l'auteur n'intervient jamais dans mes critéres de choix d'un livre. Je viens de m'en rendre compte, mais tout comme lui je m'intéresse à la maison d'édition, au titre (beaucoup), à la 4éme de couv (de moins en moins, sauf si elle est rédigée par l'auteur), au sentiment éprouvé à la lecture d'une page, à la personnalité de l'auteur éventuellement, mais je me fiche comme d'une guigne de son sexe, en fait.
Quand certains veulent mépriser un texte en le considérant comme "pour femmes" d'un revers de main, ils mettent le texte ainsi éconduit dans le même panier à linge sale que celui de la chick litt (reines du shopping and co)...
Jane Austen a écrit des textes considérés par beaucoup, et dénigrés du coup, comme sentimentalistes et donc "pour femmes". Mais les détracteurs d'Austen ont-ils simplement lu ses oeuvres ? Il n'y a rien de comparable avec du Kinsella ! Emma peut paraître sentimentaliste, mais Pride & Préjudice est d'une violence morale sans nom.
D'ailleurs ce dénigrement "pour femmes", est tellement haineux, péjoratif, méprisant, que je ne comprends pas qu'il ne soit pas déjà dénoncé... Est-ce qu'il y a une littérature "pour hommes" qui, en le disant seulement tout haut, nous laisse d'accord sur le niveau accepté par le sens commun de cette littérature ?
Jane Austen a écrit des textes considérés par beaucoup, et dénigrés du coup, comme sentimentalistes et donc "pour femmes". Mais les détracteurs d'Austen ont-ils simplement lu ses oeuvres ? Il n'y a rien de comparable avec du Kinsella ! Emma peut paraître sentimentaliste, mais Pride & Préjudice est d'une violence morale sans nom.
D'ailleurs ce dénigrement "pour femmes", est tellement haineux, péjoratif, méprisant, que je ne comprends pas qu'il ne soit pas déjà dénoncé... Est-ce qu'il y a une littérature "pour hommes" qui, en le disant seulement tout haut, nous laisse d'accord sur le niveau accepté par le sens commun de cette littérature ?
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