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Stephen King enfin couronné
Je lis Stephen King depuis mon adolescence, j'ai toujours beaucoup aimé cet auteur qui a un vrai talent de style, une imagination féconde diablement habile. Je jure toujours que je ne me laisserai pas avoir par son verbe prolifique et il arrive toujours à m'emmener là où il veut. Ainsi, commençant « Sac d'Os » je songeais qu'il allait faire comme d'habitude et attendre une cinquantaine de pages avant de réellement débuter l'action et voilà que le narrateur voit sa mère morte lui apparaître en plein jour sous son lit. Il va sans dire que je n'ai pas lâché le livre avant de l'avoir fini au bout d'une nuit bien évidemment de pleine lune. Si beaucoup j'ai commencé à le lire grâce à l'adaptation de « Shining » par Kubrick, j'aime beaucoup les premiers recueils de nouvelles de l'écrivain ainsi que « le Fléau » ou « Charlie » considéré le plus souvent comme mineur par les fans.
Au lever du soleil de cette longue nuit de lecture, je crus alors ricaner doucement la sorcière du tombeau à laquelle je ne crois plus bien entendu car je suis maintenant un adulte responsable et d'une grande maturité, à moins que ce ne soit le gardien de la crypte...
Stephen King connait en ce moment en France consécration et reconnaissance en tant qu'écrivain « comme les autres », et même comme « grand écrivain alors qu'il était jusque là le « plaisir coupable » favori ou pas des lecteurs de romans dits « de genre », l'auteur que les éducateurs et les critiques méprisaient pour les thèmes qu'il abordait ; voyons, un auteur qui fait travailler l'imagination de ses lecteurs ne peut être bien sérieux et les critiques sont des gens sérieux, c'est eux qui le disent, qui ne lisent que des bons livres !
Il a même eu le droit hier aux honneurs « la Grande Librairie » de François Busnel sur France 5, l'animateur, j'ai trouvé cela ironique et savoureux, avouant préférer deux romans « blancs » de King aux autres, « Dolorès Claiborne » et « Misery », comme si finalement reconnaître que l'on a des lectures relevant du fantastique ou de l'horreur est toujours aussi honteux aux yeux des z-élites. King était également en première page de « Télérama », pour la série « Under the Dome » inspirée de « Dome », son avant-dernier roman fleuve, et « Docteur Sleep », la suite de « Shining », les journalistes dans le dossier qui lui était consacré insistant bien également sur le fait qu'eux aussi préféraient les livres de cet auteur relevant de la « littérature blanche ».
Pourtant, il l'a expliqué plusieurs fois, la pire horreur dans ses livres ce n'est pas celle que génère les monstres, les vampires, les zombies mais celle qui vient directement de la psyché humaine, qui est capable le plus souvent du pire. Les monstres, les vampires, les zombies, ainsi que dans la littérature populaire qui a nourri son inspiration, sont là pour se faire peur et créer des allégories, amener une réflexion comme dans les « EC Comics » d'horreur de William Gaines dans les années 50 qui étaient toujours moraux, à leurs façons de « Tales from the Crypt » à « Stories from the Vault ». Comme tous les gosses un peu trop sensibles et pas très doués pour la vie en société, il a toujours beaucoup lu, et comme tous les grands lecteurs, il a fini par écrire.
King fait aussi appel à notre part d'enfance, à l'enfant que tout le monde reste toute sa vie, et dont les souffrances, mais aussi les joies, conditionnent la vie d'adulte, cet enfant qui est certain qu'il ne répétera certainement pas les erreurs des grandes personnes et qui commet exactement les mêmes. Les personnages qu'il fait vivre ne sont jamais non plus monolithiques, ce ne sont jamais des archétypes qui sont là pour servir une démonstration ou appuyer une cause ou une autre, ils sont humains, les « méchants » ne le sont jamais entièrement et les « gentils » ont énormément de zones d'ombre.
Curieusement, je trouve que ses dernières productions sombrent dans une logorrhée qui n'est pas toujours intéressante, il a également tendance à ronronner quant aux thèmes abordés. Et il semblerait qu'il écrivait mieux lorsqu'il était en moins bonne santé psychologique. A moins que cela ne relève du snobisme de l'amateur de la première heure qui voit les livres qu'il croyait être le seul à apprécier à leur juste valeur aller vers d'autres. Je regrette également la disparition -tragique- de Richard Bachman qui était le versant plus subversif, plus transgressif de King, un peu plus sombre également. « Les régulateurs », qui voit une petite ville américaine typique d'un tableau de l'« Americana » par Norman Rockwell subir une sorte d'Apocalypse, ou « Rage » restent parmi ses meilleurs livres; "Cellulaire" signé King relevant de l'inspiration de Bachman.
Une autre et dernière considération que je trouve intéressante est que King n'aurait peut-être jamais été édité en France, ou aurait difficilement eu sa chance sans réseau personnel. Et il serait encore largement méprisé car relevant d'un « genre ». Ce qui dans notre beau pays est rédhibitoire...
Je lis Stephen King depuis mon adolescence, j'ai toujours beaucoup aimé cet auteur qui a un vrai talent de style, une imagination féconde diablement habile. Je jure toujours que je ne me laisserai pas avoir par son verbe prolifique et il arrive toujours à m'emmener là où il veut. Ainsi, commençant « Sac d'Os » je songeais qu'il allait faire comme d'habitude et attendre une cinquantaine de pages avant de réellement débuter l'action et voilà que le narrateur voit sa mère morte lui apparaître en plein jour sous son lit. Il va sans dire que je n'ai pas lâché le livre avant de l'avoir fini au bout d'une nuit bien évidemment de pleine lune. Si beaucoup j'ai commencé à le lire grâce à l'adaptation de « Shining » par Kubrick, j'aime beaucoup les premiers recueils de nouvelles de l'écrivain ainsi que « le Fléau » ou « Charlie » considéré le plus souvent comme mineur par les fans.
Au lever du soleil de cette longue nuit de lecture, je crus alors ricaner doucement la sorcière du tombeau à laquelle je ne crois plus bien entendu car je suis maintenant un adulte responsable et d'une grande maturité, à moins que ce ne soit le gardien de la crypte...
Stephen King connait en ce moment en France consécration et reconnaissance en tant qu'écrivain « comme les autres », et même comme « grand écrivain alors qu'il était jusque là le « plaisir coupable » favori ou pas des lecteurs de romans dits « de genre », l'auteur que les éducateurs et les critiques méprisaient pour les thèmes qu'il abordait ; voyons, un auteur qui fait travailler l'imagination de ses lecteurs ne peut être bien sérieux et les critiques sont des gens sérieux, c'est eux qui le disent, qui ne lisent que des bons livres !
Il a même eu le droit hier aux honneurs « la Grande Librairie » de François Busnel sur France 5, l'animateur, j'ai trouvé cela ironique et savoureux, avouant préférer deux romans « blancs » de King aux autres, « Dolorès Claiborne » et « Misery », comme si finalement reconnaître que l'on a des lectures relevant du fantastique ou de l'horreur est toujours aussi honteux aux yeux des z-élites. King était également en première page de « Télérama », pour la série « Under the Dome » inspirée de « Dome », son avant-dernier roman fleuve, et « Docteur Sleep », la suite de « Shining », les journalistes dans le dossier qui lui était consacré insistant bien également sur le fait qu'eux aussi préféraient les livres de cet auteur relevant de la « littérature blanche ».
Pourtant, il l'a expliqué plusieurs fois, la pire horreur dans ses livres ce n'est pas celle que génère les monstres, les vampires, les zombies mais celle qui vient directement de la psyché humaine, qui est capable le plus souvent du pire. Les monstres, les vampires, les zombies, ainsi que dans la littérature populaire qui a nourri son inspiration, sont là pour se faire peur et créer des allégories, amener une réflexion comme dans les « EC Comics » d'horreur de William Gaines dans les années 50 qui étaient toujours moraux, à leurs façons de « Tales from the Crypt » à « Stories from the Vault ». Comme tous les gosses un peu trop sensibles et pas très doués pour la vie en société, il a toujours beaucoup lu, et comme tous les grands lecteurs, il a fini par écrire.
King fait aussi appel à notre part d'enfance, à l'enfant que tout le monde reste toute sa vie, et dont les souffrances, mais aussi les joies, conditionnent la vie d'adulte, cet enfant qui est certain qu'il ne répétera certainement pas les erreurs des grandes personnes et qui commet exactement les mêmes. Les personnages qu'il fait vivre ne sont jamais non plus monolithiques, ce ne sont jamais des archétypes qui sont là pour servir une démonstration ou appuyer une cause ou une autre, ils sont humains, les « méchants » ne le sont jamais entièrement et les « gentils » ont énormément de zones d'ombre.
Curieusement, je trouve que ses dernières productions sombrent dans une logorrhée qui n'est pas toujours intéressante, il a également tendance à ronronner quant aux thèmes abordés. Et il semblerait qu'il écrivait mieux lorsqu'il était en moins bonne santé psychologique. A moins que cela ne relève du snobisme de l'amateur de la première heure qui voit les livres qu'il croyait être le seul à apprécier à leur juste valeur aller vers d'autres. Je regrette également la disparition -tragique- de Richard Bachman qui était le versant plus subversif, plus transgressif de King, un peu plus sombre également. « Les régulateurs », qui voit une petite ville américaine typique d'un tableau de l'« Americana » par Norman Rockwell subir une sorte d'Apocalypse, ou « Rage » restent parmi ses meilleurs livres; "Cellulaire" signé King relevant de l'inspiration de Bachman.
Une autre et dernière considération que je trouve intéressante est que King n'aurait peut-être jamais été édité en France, ou aurait difficilement eu sa chance sans réseau personnel. Et il serait encore largement méprisé car relevant d'un « genre ». Ce qui dans notre beau pays est rédhibitoire...
J'abonde globalement dans ton sens, AmauryWatremez. Stephen est injustement "méprisé".
Mais j'ajouterais que "Dolores Claiborne" est un très grand roman.
Mais j'ajouterais que "Dolores Claiborne" est un très grand roman.
Il était invité de France Inter également, des lecteurs ont eu la chance de poser leur question.
http://franceinter.fr/emission-le-79-stephen-king-…
Je n'ai jamais lu Stephen King, auriez vous un conseil pour l'aborder pour la première fois ?
http://franceinter.fr/emission-le-79-stephen-king-…
Je n'ai jamais lu Stephen King, auriez vous un conseil pour l'aborder pour la première fois ?
J'abonde globalement dans ton sens, AmauryWatremez. Stephen est injustement "méprisé".Je confirme. Livre que j'ai lu grâce à toi, merci Tistou!
Mais j'ajouterais que "Dolores Claiborne" est un très grand roman.
Pour ma part, j'avais adoré "Misery"...
de même l'adaptation au cinéma avec une Kathy Bates époustouflante ! qui d'ailleurs incarnait également à l'écran Dolorès Claiborne... quelle actrice !
de même l'adaptation au cinéma avec une Kathy Bates époustouflante ! qui d'ailleurs incarnait également à l'écran Dolorès Claiborne... quelle actrice !
Pour commencer je conseillerai le recueil de nouvelles "Danse macabre"...
Dolores Claiborne est effectivement un grand roman, mais ce n'est pas mon préféré qui est "Sac d'Os".
Dolores Claiborne est effectivement un grand roman, mais ce n'est pas mon préféré qui est "Sac d'Os".
Et les Richard Bachman ont tous un petit côté transgressif et titilleur qui me plait bien
Il était invité de France Inter également, des lecteurs ont eu la chance de poser leur question.
http://franceinter.fr/emission-le-79-stephen-king-…
Je n'ai jamais lu Stephen King, auriez vous un conseil pour l'aborder pour la première fois ?
Moi aussi je te conseillerais de débuter par son recueil de nouvelle "Danse macabre" ("Night Shift") ou "Brume" ("Skeleton Crew"). Un bon choix pour se faire une idée de l'oeuvre du King.
Merci Amaury, nous avons décidément quelques points communs...
Je recommande "Ca", "Sac d'os", "Salem", tous les recueils de nouvelles sauf "rêves et cauchemars".
J'ai eu la chance de voir Stephen King mercredi pour la séance de dédicaces près de la BNF !
J'ai une manie, je résume tous les livres que je lis donc si vous voulez avoir une idée des livres de King vous pouvez consulter la rubrique "fiches de lecture" de mon blog http://humanisme.canalblog.com
Je recommande "Ca", "Sac d'os", "Salem", tous les recueils de nouvelles sauf "rêves et cauchemars".
J'ai eu la chance de voir Stephen King mercredi pour la séance de dédicaces près de la BNF !
J'ai une manie, je résume tous les livres que je lis donc si vous voulez avoir une idée des livres de King vous pouvez consulter la rubrique "fiches de lecture" de mon blog http://humanisme.canalblog.com
"Salem" est excellent aussi effectivement
à Hiram, j'aurais aimé être à la séance de dédicaces mercredi mais hélas je n'ai pas pu
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