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Quelques précisions, enfin, qui ne s’adressent plus à Monsieur Romans mais à mes potentiels jeunes lecteurs et aux autres historiens qui liraient ce ROMAN :
- La partie historique de mon livre (une vingtaine de pages sur 233...) ne sert que de support à l’histoire d’une rencontre, celle d’un jeune garçon avec Jaurès. Ce n’est pas un livre sur la guerre de 1914, c’est un roman destiné à imaginer ce qui se passait dans l’esprit des gens, des « petites gens », ceux qui habitaient rue de la Gaité ou ailleurs… Et pour imaginer ce que représentait Jaurès pour eux. Après l’avoir écrit (sans les parties historiques au préalable), il s’est avéré qu’il fallait spatialiser, resituer, rythmer dans le temps. D’où le rajout des quelques introductions.
- En ce qui concerne le passage sur la déclaration de la guerre, je voudrais rappeler les termes précis de mon livre et resituer mes choix (qui ne sont pas fondés uniquement sur le livre d’Emil Ludwig, mais j’ai expliqué tout cela en postface), en toute humilité, sachant parfaitement, comme je l’ai précisé à la fin, que mes compétences limitées m’exposent sans doute à des erreurs ou imprécisions. Mais j'ai longuement réfléchi à chaque parti pris littéraire. Je me permets de les exposer :
o j’ai dit que Pasic était persuadé qu’il fallait accepter toutes les conditions de cet ultimatum. Et qu’il a tout fait pour convaincre son gouvernement. Je n’ai dit en fait que cela mais ma phrase peut porter à confusion, c'est vrai. C’est là qu’il y a imprécision. C’est aussi une interprétation de romancière, parce que le comportement de Pasic semblait prouver qu’il était convaincu. Cet homme m’a semblé avoir tout fait pour que les conditions autrichiennes soient acceptées.
o J’avais ensuite une phrase rappelant que toutes les conditions sauf une avaient été acceptées, et j’expliquais précisément ce qu’il en était. Mais à la relecture, tout cela était bien trop lourd, trop précis, trop « leçon d’histoire » pour garder mes jeunes lecteurs dans la dynamique du roman. Je l’ai donc remplacée par la phrase suivante, à laquelle je tiens : « qu’ils acceptent ou non l’ultimatum, la machine de guerre est lancée ». J’espère que ceci ne choquera pas la communauté des historiens (j’avais pris conseil mais visiblement, difficile d’être consensuelle sur ce sujet !). J’avais cru comprendre que l’idée d’une guerre déclarée malgré la bonne volonté évidente de Belgrade était tout à fait légitime (parce qu’elle fait écho à des raisons plus profondes, à l’œuvre depuis bien plus longtemps, que je n’aborde pas dans ce livre). J’espère que l’on m’accordera le droit à cette interprétation. Je l’ai donc exprimé de la façon la plus claire possible sans m’attarder sur le contenu de la réponse serbe elle-même. Le bombardement immédiat des autrichiens par la suite et surtout, le calendrier choisi pour la remise de l’ultimatum (que je rappelle sans le roman) me semblaient aller dans ce sens.
o Reste la façon dont je noircis le personnage de Berchtold. Cela, c’est effectivement un parti pris. Mais il est fondé sur l’aller-retour interpellant à propos de cette affaire de Temes Kubin, information d’attaque des serbes transmise à l’empereur … puis réfutée. J’espère que là-encore, je ne choquerai pas la communauté des historiens : J’ai appelé cela le mensonge de Berchtold , je l’ai fait effectivement à la suite d’E. Ludwig, mais pas seulement.
o Quant à l’attitude du Kaiser, ne peut-on dire qu’elle est troublante ? Vacances étonnantes à la veille de la guerre (cela, je voulais le dire aux jeunes !), puis, en dernière minute, pression sur les Russes, à l’heure où les anglais s’agitent pour trouver un compromis... J’espère là encore ne heurter personne en considérant que Guillaume II a pu prendre conscience que la position anglaise n’était pas aussi claire qu’il pouvait le croire sur son bateau. Et je voulais raconter les choses telles que je les imaginais : en dernière minute, certains hommes en proie au doute et d’autres pas.
Enfin, une explication de mon travail littéraire, peut-être le point le plus important : je voulais montrer le rôle des hommes mais dans un roman. Ainsi, il m’a semblé pouvoir penser que, si la guerre de 1914 n’était pas anticipée par les peuples (c’est-à-dire mes héros de la rue de la Gaité, c’est-à-dire par des jeunes de 15 ans, vivant à Paris à cette époque) elle l’était sans doute par les Etats-majors. D'où le besoin tardif de ces petites introductions. Il y a eu beaucoup de mensonges pour convaincre les peuples. Ai-je tort là-dessus (d'autres ouvrages existent sur le sujet, pas seulement celui d’E. Ludwig)?
Je termine par une phrase qui m’a aidée tout au long de cette rédaction, pour affronter mes doutes et mes craintes à aborder des sujets historiques, redoutant de m’exposer à la critique :
« Il y a bien des manières d’être historien et les tenants des unes et des autres ne renonceront pas de sitôt à l’exercice assez vain d’en comparer les avantages.
Toutes sont bonnes, y compris la manière romancée, à condition qu’elle s’avoue pour telle. »
( Extrait d’un discours de M. Georges Dumézil, ayant été élu par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Jacques Chastenet)
- La partie historique de mon livre (une vingtaine de pages sur 233...) ne sert que de support à l’histoire d’une rencontre, celle d’un jeune garçon avec Jaurès. Ce n’est pas un livre sur la guerre de 1914, c’est un roman destiné à imaginer ce qui se passait dans l’esprit des gens, des « petites gens », ceux qui habitaient rue de la Gaité ou ailleurs… Et pour imaginer ce que représentait Jaurès pour eux. Après l’avoir écrit (sans les parties historiques au préalable), il s’est avéré qu’il fallait spatialiser, resituer, rythmer dans le temps. D’où le rajout des quelques introductions.
- En ce qui concerne le passage sur la déclaration de la guerre, je voudrais rappeler les termes précis de mon livre et resituer mes choix (qui ne sont pas fondés uniquement sur le livre d’Emil Ludwig, mais j’ai expliqué tout cela en postface), en toute humilité, sachant parfaitement, comme je l’ai précisé à la fin, que mes compétences limitées m’exposent sans doute à des erreurs ou imprécisions. Mais j'ai longuement réfléchi à chaque parti pris littéraire. Je me permets de les exposer :
o j’ai dit que Pasic était persuadé qu’il fallait accepter toutes les conditions de cet ultimatum. Et qu’il a tout fait pour convaincre son gouvernement. Je n’ai dit en fait que cela mais ma phrase peut porter à confusion, c'est vrai. C’est là qu’il y a imprécision. C’est aussi une interprétation de romancière, parce que le comportement de Pasic semblait prouver qu’il était convaincu. Cet homme m’a semblé avoir tout fait pour que les conditions autrichiennes soient acceptées.
o J’avais ensuite une phrase rappelant que toutes les conditions sauf une avaient été acceptées, et j’expliquais précisément ce qu’il en était. Mais à la relecture, tout cela était bien trop lourd, trop précis, trop « leçon d’histoire » pour garder mes jeunes lecteurs dans la dynamique du roman. Je l’ai donc remplacée par la phrase suivante, à laquelle je tiens : « qu’ils acceptent ou non l’ultimatum, la machine de guerre est lancée ». J’espère que ceci ne choquera pas la communauté des historiens (j’avais pris conseil mais visiblement, difficile d’être consensuelle sur ce sujet !). J’avais cru comprendre que l’idée d’une guerre déclarée malgré la bonne volonté évidente de Belgrade était tout à fait légitime (parce qu’elle fait écho à des raisons plus profondes, à l’œuvre depuis bien plus longtemps, que je n’aborde pas dans ce livre). J’espère que l’on m’accordera le droit à cette interprétation. Je l’ai donc exprimé de la façon la plus claire possible sans m’attarder sur le contenu de la réponse serbe elle-même. Le bombardement immédiat des autrichiens par la suite et surtout, le calendrier choisi pour la remise de l’ultimatum (que je rappelle sans le roman) me semblaient aller dans ce sens.
o Reste la façon dont je noircis le personnage de Berchtold. Cela, c’est effectivement un parti pris. Mais il est fondé sur l’aller-retour interpellant à propos de cette affaire de Temes Kubin, information d’attaque des serbes transmise à l’empereur … puis réfutée. J’espère que là-encore, je ne choquerai pas la communauté des historiens : J’ai appelé cela le mensonge de Berchtold , je l’ai fait effectivement à la suite d’E. Ludwig, mais pas seulement.
o Quant à l’attitude du Kaiser, ne peut-on dire qu’elle est troublante ? Vacances étonnantes à la veille de la guerre (cela, je voulais le dire aux jeunes !), puis, en dernière minute, pression sur les Russes, à l’heure où les anglais s’agitent pour trouver un compromis... J’espère là encore ne heurter personne en considérant que Guillaume II a pu prendre conscience que la position anglaise n’était pas aussi claire qu’il pouvait le croire sur son bateau. Et je voulais raconter les choses telles que je les imaginais : en dernière minute, certains hommes en proie au doute et d’autres pas.
Enfin, une explication de mon travail littéraire, peut-être le point le plus important : je voulais montrer le rôle des hommes mais dans un roman. Ainsi, il m’a semblé pouvoir penser que, si la guerre de 1914 n’était pas anticipée par les peuples (c’est-à-dire mes héros de la rue de la Gaité, c’est-à-dire par des jeunes de 15 ans, vivant à Paris à cette époque) elle l’était sans doute par les Etats-majors. D'où le besoin tardif de ces petites introductions. Il y a eu beaucoup de mensonges pour convaincre les peuples. Ai-je tort là-dessus (d'autres ouvrages existent sur le sujet, pas seulement celui d’E. Ludwig)?
Je termine par une phrase qui m’a aidée tout au long de cette rédaction, pour affronter mes doutes et mes craintes à aborder des sujets historiques, redoutant de m’exposer à la critique :
« Il y a bien des manières d’être historien et les tenants des unes et des autres ne renonceront pas de sitôt à l’exercice assez vain d’en comparer les avantages.
Toutes sont bonnes, y compris la manière romancée, à condition qu’elle s’avoue pour telle. »
( Extrait d’un discours de M. Georges Dumézil, ayant été élu par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Jacques Chastenet)
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