Dirlandaise

avatar 22/08/2012 @ 18:04:20
Correction : fâchés...

Aria
avatar 24/08/2012 @ 05:17:44
Un bête exemple : lorsqu'il émigre enfin au USA, ses yeux sont "éteints" nous dit-il, et chaque personne qui le voit lui demande ce qui est arrivé à ses yeux. Il répond chaque fois la même chose. C'est une sorte d'humour de répétition, très efficace je trouve. Autre exemple, la manière dont il se dégotte un petit déjeuner, en allant prendre un oeuf dans le frigo de son voisin, une tranche de pain chez sa logeuse,.. c'est très cocasse. Mais je n'ai pas le livre sous la main pour citer des extraits.

Il fait de l'humour sur un sujet grave, grâce à un ton décalé, tout à fait à l'opposé à la gravité des situations.

Saule, j'ai beaucoup aimé ta critique. Nous avons été sensibles aux mêmes choses.

SidonieLasalle

avatar 02/09/2012 @ 01:33:06
Je l'ai lu pendant ma semaine de vacances, et heureusement que j'avais emmené 3 autres livres, je me suis jetée sur ceux-ci (après avoir lu, heu devrais-je dire subi, "Fuck America") comme on se jette sur une bouteille d'eau afin d'atténuer un goût désagréable dans sa bouche.
Je suis restée complètement hermétique à son style. Cela aurait pu être loufoque, savoureux, ce décalage entre l'atrocité de son passé et ses anecdotes cocasses. Une manière de traiter un sujet extrêmement sérieux de la meilleure manière qui soit: avec humour. Dénoncer l'inavouable avec une causticité jubilatoire et déjantée. Sauf que pour moi c'était tout sauf drôle, pas de chance, mais au contraire terriblement poussif et pathétiquement plat. Trop de décalage tue le décalage, à mon sens. Les dialogues m'ont tantôt crispée, tantôt ennuyée. La grossiereté pour la grossiereté aussi. On ressent tellement les "grosses ficelles" de l'humour mal huilé, la provocation non maitrisée, bref dire que j'ai détesté serait encore faire trop d'honneur à cet ouvrage, quand on déteste on ressent quelque chose de fort, non?. J'ai plutôt passé les pages dans un état de consternation polie, voire de pitié. Quelques baillements, des soupirs, voire des "c'est quand que ça se termine, j'aimerais bien lire un vrai livre?".
Cet avis n'engage que moi, et je vais même plus loin en disant que je comprends sincèrement les commentaires écrits plus haut. Je conçois que ce livre trouve son public, qu'on puisse être sensible à ce style, à cet humour. Ce n'est pas mon cas, j'ai eu envie de hurler à l'imposture une fois le bouquin refermé. Deux aprem de lecture sur la plage de perdues, pfff :))
Critique à venir, d'ailleurs. Il faudra que je trouve le temps de l'écrire. Et ça va saigner, moi aussi je peux écrire façon "Branleur" :)

Aria
avatar 02/09/2012 @ 10:40:33
"envie de hurler l'imposture..."

Bon, ça y est, on a compris, tu n'as pas aimé. C'est ton droit ! Mais ton post est tellement virulent qu'on a l'impression que tu voudrais assassiner l'auteur. Ce n'est pas la peine, il a déjà échappé aux camps de concentration.

Mais hurler à l'imposture...alors là tu y vas fort. Il y avait un article dans Le Monde des livres récemment sur Hilsenrath. C'est rare que ce genre de publication parle longuement des imposteurs.

Saule

avatar 02/09/2012 @ 11:02:06
Mais Aria, il faut être virulent dans ses posts lorsqu'on déteste un livre, et dans l'autre sens aussi si on aime : c'est le but du jeu. Quant à moi, je l'ai prêté à ma mère qui l'a dévoré. C'est un livre qui va circuler dans ma famille.

Un passage génial du livre, exemple de ce décalage dont parle Sidonie, c'est celui ou il raconte sa naissance, et il imagine deux nazis qui regardent par la fenêtre en fumant une cigarette et en discutant sur le sort de ce futur petit juif (vingt ans avant le nazisme). Je n'ai pas le livre pour citer, mais c'était tordant et pathétique à la fois. Et je voyais la scène, comme dans des tableaux des primitifs flamands, lorsque des gens regardent par la fenêtre dans une scène de la nativité ou du dernier repas.

SidonieLasalle

avatar 02/09/2012 @ 14:26:53
Mais Aria, il faut être virulent dans ses posts lorsqu'on déteste un livre, et dans l'autre sens aussi si on aime : c'est le but du jeu. .

il me semblait, effectivement, que c'était un peu le but d'une critique, et de ce forum en général :)

Aria
avatar 02/09/2012 @ 14:28:18
Saule, on n'est pas obligé d'être virulent en utilisant des mots comme "imposture" : ce mot est affreux.
Je ne me permettrais pas de dire ça d'un auteur connu et reconnu.

Je n'aime pas Nothomb, je ne vais pas crier à l'imposture...

Tu me fais rire car je ne t'ai jamais vu être virulent dans une critique. Il y a des façons de faire bien comprendre qu'on a détesté un livre, sans utiliser des mots définitifs.
Tiens, je vais le relire, ce livre.

As-tu lu "Le Nazi et le Barbier" ? Pas de grossièretés, enfin ce n'est pas le style, mais il y a des horreurs, que tu aimerais aussi.

Je pense surtout qu'il n'est pas donné à tout le monde de comprendre et d'apprécier la dérision et surtout l'auto-dérision.
Par exemple, le passage que tu rappelles ci-dessus ferait hurler plein de gens !

Aria
avatar 02/09/2012 @ 14:31:13
Mais Aria, il faut être virulent dans ses posts lorsqu'on déteste un livre, et dans l'autre sens aussi si on aime : c'est le but du jeu. .

il me semblait, effectivement, que c'était un peu le but d'une critique, et de ce forum en général :)

Sidonie, je n'ai rien contre la virulence mais c'est ta phrase "envie de hurler à l'imposture" qui me paraît outrée.

SidonieLasalle

avatar 02/09/2012 @ 14:56:28
Sidonie, je n'ai rien contre la virulence mais c'est ta phrase "envie de hurler à l'imposture" qui me paraît outrée.

j'ai eu ENVIE d'hurler à l'imposture et ... je ne l'ai pas fait. M'as-tu vue me précipiter pour écrire une critique "virulente", comme tu dis?
Non. J'ai terminé ce livre il y a près d'une semaine et je me donne le temps d'écrire ma critique avec un minimum de recul. Mais de toute façon elle sera négative, c'est clair. J'attendais beaucoup de ce livre, peut-être même davantage depuis que ma soeur m'avait confié l'avoir détesté, étant donné que nous n'avons pas forcément les mêmes goûts, j'étais persuadée que j'allais aimer :)
Imposture, oui oui, j'assume ce terme, tant pis si ça ne plait pas. Ce n'est pas bien grave, au final. Il m'est déjà arrivé de lire des horreurs écrites avec bien moins de gants que je n'en ai pris ici, sur des ouvrages que j'ai adorés. Par exemple, j'ai une tendresse particulière pour David Foenkinos dont j'apprécie le style (davantage que le fond de ses bouquins), ça ne fait pas toujours plaisir de le voir comparé à un Marc Lévy dans certaines critiques et... la belle affaire? C'est le jeu, c'est comme ça.

Je donne juste mes impressions de lecture dans un fil dédié à ce livre. J'utilise des termes comme "à mon sens", "je suis hermétique", "cet avis n'engage que moi", loin de moi l'idée de décréter que ce livre est nul et que je détiens la science infuse.
J'explique simplement pourquoi il ne m'a pas plu, et ce qui m'a dérangée, de manière que je ne trouve pas virulente mais plutôt détaillée et objective. Et j'assume tout à fait mon avis sur ce livre.

Maintenant, s'il faut sortir des phrases telles que :"ce livre est certes un petit bijou de virtuosité mais je devais être fatiguée, j'ai pas bien compris", bah... autant arrêter d'écrire des critiques, tu ne crois pas? :) C'est précisemment ce qui m'a retenue de participer à la houleuse discussion sur Lolita, de Nabokov, qui pour moi reste un des livres les plus forts et les plus beaux que j'ai pu lire de ma vie. Je n'ai pas envie de rentrer dans l'argumentation condescendante du "tu n'as pas compris toutes les subtilités", pour moi c'est l'anti-débat. Chacun ses goûts, et je garde mon petit sentiment d'imposture concernant E. Hilsenrath, je suis navrée qu'il te choque mais c'est ce que je ressens et je ne trouve pas d'intérêt à mentir, surtout pas sur ce forum.

Tistou 02/09/2012 @ 15:45:11
Ce qui est évident c'est que concernant "Fuck America : ..." les avis sont tranchés !

SidonieLasalle

avatar 02/09/2012 @ 15:47:45
Ce qui est évident c'est que concernant "Fuck America : ..." les avis sont tranchés !


oui :)
L'important est que cela ne laisse pas indifférent, à mon sens c'est le meilleur accueil qu'un livre puisse avoir!
Et je le répète : je comprends tout à fait qu'on adore, qu'on soit séduit par le style, cet humour là, ce n'est pas mon cas et c'est tant pis pour moi :)

Maria-rosa 02/09/2012 @ 16:53:16
J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce livre qui avait été recommandé par Aria. Il faut remettre l'écriture de ce livre dans son contexte tout simplement. Ce livre c'est la dignité de la désespérance racontée avec toute l'ironie du désespéré...
Il me semble, une petite idée qui me turlupine comme ça, que ceux qui n'aiment pas Hilsenrath, ne doivent pas non plus adorer Philip Roth...

SidonieLasalle

avatar 02/09/2012 @ 17:07:57
Il me semble, une petite idée qui me turlupine comme ça, que ceux qui n'aiment pas Hilsenrath, ne doivent pas non plus adorer Philip Roth...


J'ai lu un seul roman de Philip Roth (La bête qui meurt), j'ai vraiment accroché. Perso, je ne vois aucune comparaison possible entre son style et celui d'Hilsenrath. Mais... mes souvenirs sont flous et il faudrait d'ailleurs que je lise autre chose de Roth. Je note sur ma LAL, bonne idée :)

Aria
avatar 02/09/2012 @ 17:35:53
Sidonie, je ne suis pas gênée que tu n'aimes pas ce livre. Ni que tu sois virulente. Chacun est libre de penser ce qu'il veut.

Ce qui m'interpelle c'est "imposture" .
Le Petit Robert donne comme définition :" tromperie de celui qui se fait passer pour ce qu'il n'est pas".
En quoi y a-t-il tromperie dans ce livre ? De la part de qui ?
C'est ce que j'aimerais comprendre.

Je ne pense pas que Maria-rosa compare le style d'Hilsenrath et celui de Roth. Elle doit plutôt faire allusion aux obsessions de Roth qui le font écrire beaucoup sur le sexe dans de nombreux romans. Et là, je suis assez d'accord avec toi, Maria-rosa. "Portnoy et son complexe" de Roth, par exemple, est sûrement plus drôle à lire pour un homme que pour une femme.

Je me souviens que dans "Fuck America", j'ai souvent pensé, à propos des obsessions continuelles du héros quand il regarde les fesses de la secrétaire, que de nombreuses femmes seraient un peu fatiguées de lire ces paragraphes qui sont assez redondants.

SidonieLasalle

avatar 02/09/2012 @ 17:59:58
Mais moi je ne me trouve pas spécialement virulente, je te le redis :)
Je n'appelle pas cela de la virulence que de donner les détails sur son ressenti de lecture, même s'ils sont négatifs, exposés en termes imagés et forts, en prenant soin de préciser qu'ils sont avant tout personnels.
La "virulence", Aria, à mon humble avis, ce serait peut-être davantage d'utiliser des termes agressifs comme "imbécile" dans un forum de discussion anodin, ou de venir fustiger des avis contraires au sien de manière péremptoire et sèche comme un coup de trique (Hilsenrath aurait-il apprécié cette métaphore?)? Ce que je ne fais pas, du moins je m'en efforce. Je ne réagis même pas aux explications doucement charitables censées me permettre de comprendre enfin ce livre :) Je l'ai compris mais je ne l'ai pas aimé.

Cette mise au point faite, je réponds à ta question : "Imposture", oui, parce lorsque j'entame un ouvrage primé, encensé par certaines critiques (et oui, j'ai été abonnée à Telerama, on fait tous des erreurs, n'est-ce pas?

SidonieLasalle

avatar 02/09/2012 @ 18:00:44
mince, mon texte a été tronqué

SidonieLasalle

avatar 02/09/2012 @ 18:01:13
--- suite

Cette mise au point faite, je réponds à ta question : "Imposture", oui, parce lorsque j'entame un ouvrage primé, encensé par certaines critiques (et oui, j'ai été abonnée à Telerama, on fait tous des erreurs, n'est-ce pas?

SidonieLasalle

avatar 02/09/2012 @ 18:01:44
Mais moi je ne me trouve pas spécialement virulente, je te le redis :)
Je n'appelle pas cela de la virulence que de donner les détails sur son ressenti de lecture, même s'ils sont négatifs, exposés en termes imagés et forts, en prenant soin de préciser qu'ils sont avant tout personnels.
La "virulence", Aria, à mon humble avis, ce serait peut-être davantage d'utiliser des termes agressifs comme "imbécile" dans un forum de discussion anodin, ou de venir fustiger des avis contraires au sien de manière péremptoire et sèche comme un coup de trique (Hilsenrath aurait-il apprécié cette métaphore?)? Ce que je ne fais pas, du moins je m'en efforce. Je ne réagis même pas aux explications doucement charitables censées me permettre de comprendre enfin ce livre :) Je l'ai compris mais je ne l'ai pas aimé.

Cette mise au point faite, je réponds à ta question : "Imposture", oui, parce lorsque j'entame un ouvrage primé, encensé par certaines critiques (et oui, j'ai été abonnée à Telerama, on fait tous des erreurs, n'est-ce pas? ceci est de l'humour, précisons-le), sur un sujet et une dualité du personnage qui promettaient d'être jubilatoires, la seule chose qui me vient à l'esprit en refermant ce livre après plus de 200 pages de ferme ennui, c'est le terme "imposture". Pourquoi? Je l'expliquerai plus longuement dans ma critique. Un avant-gout tout de même : parce que j'ai la désagréable impression que les faits abolissent toute forme de médiocrité littéraire. Que le passé si tourmenté et toute l'atrocité sous-jacente des jeunes heures de l'auteur permettent de pallier à ce style répétitif, que je trouve grossier (au sens primitif du terme). Qu'il suffit d'avoir tutoyé l'horreur des yeux et laisser entrevoir une errance horripilante de platitude pour que les lecteurs les plus pointus y décèlent du génie. Parce que j'ai rarement été aussi écoeurée d'un tel gâchis car ce livre avait tout pour m'embarquer et m'émouvoir et qu'il ne l'a pas fait. C'est sans doute ma propre frustration de lectrice (qui n'a pas voyagé pendant sa lecture mais qui est restée engluée dans un marasme d'ennui teinté d'agacement) qui me rend amère? Sans doute.
Le livre a enchanté certains lecteurs? Mais tant mieux, sincèrement tant mieux. Encore heureux. Moi je continue à avoir l'impression d'avoir été dupée, de m'être fait avoir. Je ne sais s'il t'est déjà arrivé, en lisant un livre, de te dire "ah.. A cet endroit, je suppose que je devais rire?", "là, l'auteur a voulu susciter le malaise", "ici, le lecteur doit être ému". Tu le sais, mais tu ne le ressens pas. L'intention est là mais la mayo ne prend pas, et bien me concernant j'ai eu ces impressions du début à la fin! Dès les lettres entre le consul et Bronsky-père. J'étais déjà effarée.
Une chose est sûre : il est beaucoup plus difficile d'intéresser des lectrices "primaires" comme moi que des esprits capables d'écrire eux-mêmes ce qui manque cruellement entre les lignes. Tu peux prendre ça comme un compliment si tu veux :)

Aria
avatar 02/09/2012 @ 18:21:42
Sidonie, je serai ravie de lire ta critique car je pense que je comprendrai mieux ton ressenti de ce livre.

Je pense, en effet, que tu t'attendais à quelque chose que tu n'as jamais trouvé et que toute personne frustrée par une lecture est souvent amère.
J'ai déjà ressenti ça quand tout le monde te recommande un livre et que toi, tu n'y vois pas le moindre intérêt.
Pourquoi te traites-tu le lectrice "primaire" ? Là, tu n'es pas sérieuse.
C'est peut-être moi qui suis primaire ! ;o))

Maria-rosa 02/09/2012 @ 18:22:30
Non, non, il ne s'agit évidemment pas du style. Plutôt une espèce de façon de donner une torsion à la réalité, par l'humour, pour qu'elle soit supportable. J'ai du mal à mieux expliquer ce que j'ai ressenti.

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