Jim Fergus par Sirocco, le 28 mai 2004
" La Fille sauvage " est votre deuxième roman; depuis quand l’écriture fait elle partie de votre vie ?
J’ai toujours rêvé de devenir un romancier. Mais lorsque j’étais jeune, je n’imaginais pas gagner ma vie de cette façon là. J’ai commencé par être professeur de tennis et j’écrivais des articles en parallèle. Ensuite, vers trente ans, je suis devenu journaliste à plein temps jusqu’à la sortie de mon premier roman " Mille femmes blanches ". Depuis, c’est le rêve d’une vie qui s’est réalisé !
Dans quel domaine journalistique travailliez-vous ?
J’étais free lance. J’ai écrit beaucoup d’articles sur la littérature, j’ai fait beaucoup des portraits d’écrivains, d’artistes… J’aime la nature et j’ai donc travaillé beaucoup dans ce domaine; j’ai énormément écrit pour des magazines de pêche et de chasse… J’ai également écrit un livre de voyage sur une périple que j’ai fait à travers les Etats-Unis avec mon labrador pour la chasse des oiseaux.
Dans vos deux romans, vous partez de faits historiques; ce sont des sujets qui vous avez découverts en tant que journaliste ou est-ce le désir d’écrire un roman qui vous a dirigé dans ces directions ?
C’est en tant que journaliste que j’ai commencé à faire des recherches au sujet des Indiens de la grande plaine, des Cheyennes en particulier. J’avais l’intention d’écrire une biographie d’un grand chef Cheyenne qui s’appelait " Little Wolf "(personnage du premier roman "Mille femmes blanches "). C’est au cours de mes voyages pour la réalisation de cette biographie que je suis tombé sur ce fait historique incroyable : mille femmes blanches demandées en cadeau par les Cheyennes. J’ai été très impressionné par cette histoire et c’est là que j’ai décidé d’en faire un livre .
Outre le fait que cette histoire vous ai impressionné, c’est une culture qui vous touche particulièrement et que vous aviez envie de partager ou était-ce plus simplement le sujet que vous attendiez pour écrire un roman ? Ou les deux ?
Je crois que j’ai passé tellement de temps comme journaliste que je ne pensais même plus à écrire autrement. A ce moment, je ne savais même pas si j’en étais capable. J’ai passé des années à essayer d’écrire la biographie de Little Wolf avant de me rendre compte que ça ne m’intéressait plus vraiment. C est vraiment cette histoire fascinante de mille femmes blanches qui m’a poussé à écrire.
Après des années de journalisme passées à relater les faits, ça doit être un formidable sentiment de liberté pour vous que de pouvoir jouer avec vos personnages ?
Oui, c’est vrai ! Mais c’est toujours difficile pour moi d’écrire car j’ai tellement eu l’habitude d’écrire des articles de journalisme. C’est un monde entièrement différent; inventer, c’est vraiment ça que j’ai toujours eu envie de faire.
Comment ce sont passés les premiers contacts avec le monde de l’édition ?
C’est intéressant car on a sorti le roman aux Etats-Unis sans publicité et on n’a vendu que 6000 exemplaires, ce qui n’est vraiment pas beaucoup. J’étais avec mon ami écrivain Jim Harrison en train de faire de la chasse aux oiseaux dans le Michigan. Il avait déjà lu mon roman et l’a passé à un de ses amis français pour le faire lire par des maisons d’édition françaises. Douze maisons d’édition ont refusé avant que le Cherche Midi ne décide de faire une série de romans étrangers et d’accepter de publier mon livre. J’ai vraiment eu beaucoup de chance !
Le succès en France a-t-il eu des répercussions aux Etats-Unis ?
Non, pas du tout. C’est le livre de poche qui s’est vendu le plus aux Etats-Unis, grâce au bouche à oreilles des lectrices, des groupes de lecture, Internet… on est arrivé à 300 000 exemplaires.
Avez-vous déjà le sujet de votre prochain livre ?
Oui. Je quitte les Indiens pour écrire sur ma mère…