Sondage Suite et Réponses par Lucien, le 23 février 2002
Réaction de Bolcho Le niveau absolu des notes me paraît sans importance. Il est clair, me semble-t-il, que plusieurs auteurs étiquetés comme tels ont eu une trouille bleue d'être pris en flagrant délit de " mauvais goût " (ce qui nous pendait tous au nez) ; de là leur prudence plus grande. En fait, le jeu nous incitait plutôt à comparer les phrases entre elles. D'où mon attention plus grande aux classements. Je note une forte proximité entre les critiqueurs libres qui classent (du moins bon au meilleur) n°1-n°3-n°4-n°2-n°5 et les auteurs qui classent n°1-n°4-n°3-n°2-n°5. Ces derniers intervertissent Viel et Harpman, ce en quoi je persiste à penser qu'ils ont tort, du moins au vu des extraits proposés. Les élèves manient d'autres critères dirait-on et Lucien fait des hypothèses de type sociologique qui sont amusantes et probablement exactes. Voilà pour les moyennes par groupes. Mais si l'on s'intéresse aux individus, que de surprises ! Ambite sur le texte 5 !? Millon et Torrekens sur le texte 2 ! Tout est donc possible. Sans doute pourrait-on se lancer dans une sociologie des goûts littéraires qui nous conduirait à faire apparaître, dans des graphes complexes, les profils socio-culturo-idéologico-économiques des partisans de tel ou tel auteur. Quelques-uns de nos débats les plus passionnés et les plus "lourds" sont sans doute les avatars de cette stratification des goûts. Bref, il y a encore du boulot Lucien ! Un mot de la dénomination " critique amateur ". Est-ce " amateur " au sens de moins compétent, par opposition à professionnel-expert? Ou bien " amateur " au sens de passionné par opposition à professionnel-routinier ? On pourrait aussi dire " critique mateur " tout simplement : celui qui regarde par le trou de la serrure informatique comment lit son voisin. Le comble de l'impudeur. Et grand merci à Julien qui se révèle un animateur de première force. Comme quoi, par les longues soirées pluvieuses d'hiver, l'animosité se dilue très bien dans le jeu. Bolcho Réaction de Virgile C'est trop drôle! Virgile Réaction de Sorcius Je trouve évidemment, comme tout le monde, qu'il est très difficile de juger des extraits si courts. Un "bon auteur" peut écrire des platitudes et un écrivain médiocre peut sortir une phrase magnifique. Mais le test était amusant. Je ne reproche qu'une seule chose à Lucien qui a par ailleurs fait un travail fabuleux, c'est de ne pas nous avoir dit qu'il publierait les résultats avec nos commentaires. Si on l'avait su, peut-être aurait-on écrit un commentaire au lieu de rapidement envoyer notre réponse qui allait servir, pensait-on, à établir des statistiques. Soit
ce qui est fait est fait et nous voici pour compléter ce que nous aurait eu envie de dire
Je reviens aux extraits. J'ai donné mes notes en fonction des émotions que je ressentais en les lisant (j'avais compris que c'était ce qui était demandé, mais j'ai remarqué que certains ont jugé en "réfléchissant", en "analysant"! C'est drôle la manière dont nous avons compris différemment la demande de Lucien
) J'ai remarqué que j'étais moins sévère que la plupart, mettant 2 à l'extrait qui me branchait le moins, alors que certains n'hésitent pas à mettre un zéro. Je trouve que le fait d'écrire un livre mérite déjà quelques points
Bon, c'est un avis perso bien sûr. J'ai donc mis 2 au premier extrait que je trouvais très "cliché". Je n'ai pas changé d'avis. Mais tout le monde utilise des clichés, pas vrai? L'extrait 3 en est d'ailleurs un, mais il me plaît, parce que l'amour, finalement, c'est vraiment une drogue. Ou si ça ne l'est pas pour vous, he bien, c'est dommage! L'extrait 2 est de Malraux? He bien, ce n'est pas transcendant les amis! C'est du déjà-entendu
Comme quoi un livre peut être très bien écrit (j'apprécie Malraux, sans en faire un de mes auteurs favoris) mais un extrait peut tomber bien à plat. Cependant, beaucoup l'ont bien coté
L'extrait 4: j'ai déjà donné mon opinion, je la remets: "seul extrait qui m'ait touchée, malgré le début un peu bizarre de la phrase." Voilà, je pensais qu'on devait parler de ses émotions, et cette phrase m'a touchée, les autres pas. L'extrait 5: j'ai donné 3, mais à le relire, j'augmenterais ma cote d'un demi-point (oui, oui, je suis allée trop vite :-) ). Des meubles qui se réfugient peureusement contre les murs, je trouve ça plutôt chouette. Oui, décidément, je donnerais même 4. Dernière petite remarque: les auteurs n'osent pas trop s'engager
peur du test? Hi hi hi, faut assumer ses choix et ses opinions les amis, faut pas toujours penser à ce qu'on pensera de nous
Sorcius Comparaison nest pas raison (la fin du sondage de Lucien) Avant de conclure, je me suis livré à un dernier petit exercice. Il consiste à appliquer le test de la " comparaison autour de la page 100 " à quelques auteurs qui ont accepté de jouer le jeu. Sont-ils épargnés par les clichés ? Cest ce dont chacun pourra juger sil le désire, en fonction des extraits ci-dessous : De Renaud Ambite : " Jentendis la sonnerie du réveil comme on reçoit un coup sur la tête. Je restai un instant prostré, les yeux fermés, faisant le mort comme une araignée qui espère que son prédateur loubliera. Mon prédateur ne moublia pas. " (" Thérèse magaçait ", page 110 : Renaud Ambite emploie très peu de comparaisons, et puis là, deux dun coup
) De Catherine Clémenson : " Le mâle était assis sur la droite, adossé contre un pan de mur. Le museau plongé entre ses cuisses monumentales, il se masturbait. La femelle se tenait à environ trois mètres de lui et elle conservait cette distance où quelle aille, comme si un fil invisible était tendu entre eux. " (" Intime connexion " ; à propos dours au jardin zoologique). De Nicolas Ancion : " Cest ce quelle disait, et Monique hochait la tête, mais je sentais bien quelle avait une voix étrange, comme une tasse fêlée qui ne résonne plus de la même manière quand on la pose sur la table. Il y avait une partie delle qui entrait en scène et que je navais pas pu entrevoir auparavant, et une autre qui se rétractait comme les antennes dun escargot : le sourire. " (" Quatrième étage ", page 103. Ici aussi, deux comparaisons pour le prix dune). DAlexandre Millon : " Pour notre soirée cinéma, cest râpé, me dit-elle, avec contrition, tout en décroisant les jambes sur la couleur du slip (un trait écarlate, comme celui qui entoure ces petites annonces surlignées de rouge). On évite, me dis-je, en minvectivant, on évite de passer sous une échelle, de croiser un chat noir, et on ne sattarde pas sur les dessous écarlates de la meilleure amie de sa compagne. " (" La ligne blanche " ; fantasmeur, va !) De Michel Torrekens : " Yolande est restée comme une plante balayée par le vent glissant entre deux immenses tours surmontées, lune du sigle dune boisson noire et pétillante, lautre du macaron dune marque de voiture, symboles doccidentales richesses. " (" Brux
elles ", dans " Ftus fait la tête ".)