Elisabeth Belorgey par L'équipe de CritiquesLibres.com, le 13 avril 2001

.lisabeth Bélorgey vit entre Bruxelles et Paris. Née à Dijon en 1963, elle a fait des études littéraires et travaille depuis de nombreuses années dans l’édition.


Pourquoi avoir choisi Van Eyck ?
Quand j’ai découvert la Belgique, j’ai découvert Gand, Bruges et les primitifs flamands. J'ai été sensible à l'atmosphère de ces villes. Et puis, il y a eu Van Eyck que j'ai découvert avec l'Agneau mystique à Saint-Bavon, un chef-d’Ïuvre de la Chrétienté. Ce fut un éblouissement. Donc, je me suis intéressée à ce personnage, et c'est surtout son autoportrait, qui s'appelle en réalité " l’Homme au turban ", qui s'est imposé à moi, et j’ai donc voulu faire fonctionner le livre autour de cette toile qui me paraît importante dans la démarche du peintre.

L’écriture est très recherchée, écrire ce livre vous a-t-il pris beaucoup de temps ?Oui, parce que ça a l'air assez simple comme ça, mais en fait, il fallait faire attention à ne pas écrire véritablement comme au XVe siècle – cela aurait été illisible pour les lecteurs – mais à écrire pour donner l'atmosphère de l'époque, sans en avoir l'air. J’ai donc mis quelques archaïsmes, mais pas trop, juste pour patiner un peu. Donc oui, j'y ai beaucoup travaillé.

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie, un jour, d’écrire ?
Depuis que j'ai 15-16 ans, j'aime lire. Je lisais tout ce qui me tombait sous la main. J'ai fait des études littéraires et un doctorat sur Claude Tillier, prix Nobel de littérature, et je travaille dans l'édition depuis fort longtemps, donc j'avais une prédisposition, mais c’est mon premier livre publié. J’ai dû travailler, et écrire un livre prend du temps, donc…

Y a-t-il un personnage sur lequel vous aimeriez écrire ?
Je suis en train d’en écrire un et je viens d'en terminer un autre. Ce n’est pas tellement un personnage en particulier, mais plutôt l’Histoire qui m'interpelle. Ce qui m’intéresse, c'est comment les gens font l'Histoire et sont pris par l'Histoire.

Si vous pouviez passer une soirée avec une personnalité quelle serait-elle ?
Ce ne serait pas spécialement quelqu’un de connu, mais quelqu'un qui m’apprendrait quelque chose. Sur la biologie moléculaire ou la biologie du cerveau, les techniques Internet…

Quels sont vos écrivains préférés ?
Fatalement, il y a Claude Tillier sur lequel j’ai fait ma thèse, mais j'aime aussi Marguerite Yourcenar, Pascal Quinard, Jean d'Ormesson, Marcel Proust, James Joyce, Nathalie Sarraute, Chateaubriand et bien d’autres.

Quand vous lisez, y a-t-il un moment et un lieu que vous favorisez particulièrement ?
J'aime bien lire allongée, plus particulièrement en journée, j’ai l'impression de plus en profiter, de faire l’école buissonnière en quelque sorte !

Y a-t-il un livre qui vous ait donné un jour l’envie de visiter un pays ?
Quand j'étais plus jeune, je suis allée au Japon en transsibérien. Ce qui m'en avait donné l’envie, c'était un poème de Blaise Cendrars, " la Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France ", que j'avais trouvé magnifique.

Quel est le dernier livre que vous avez lu ? Qu'en avez-vous pensé ?
Mon dernier roman & parce que le tout dernier, c'était professionnel, un livre sur la littérature allemande chez Pauvert, très intéressant d'ailleurs & c’était " Terrasse à Rome " de Pascal Quignard. Très beau !

Est&ce qu'il y a un ou plusieurs livres qui vous ont particulièrement marquée et pourquoi ?
Oui, quand j’étais petite, j’ai lu " Fureur et Mystère " de René Char. Ce fut vraiment un choc. Il y avait une phrase particulièrement : " Il faut faire vivre les dieux en nous ", et puis d'autres…

Quels sont les ingrédients indispensables pour qu’un livre vous séduise ?
Le travail sur la langue et l’écriture, c’est évident quand il s'agit de littérature au sens premier. Maintenant, il y a des œuvres très bien écrites mais où l’on s'ennuie, alors je pense que le fond est important aussi. Il faut une alchimie entre le " scénario " et le style.


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