Pierre et Céline Lassale par Agnès Figueras-Lenattier, le 15 novembre 2015
Vous avez tous les deux un passé de sportif. Cette situation a du vous rapprocher!
Oui. L'habitude de faire des efforts, de traverser des souffrances, d'avoir des buts précis, de les accomplir individuellement ou en équipe, font naître une dimension de transcendance qui nous a forcément réunis au sein de notre vie. C'est un état d'esprit très particulier englobant un défi permanent...
Vous intéressiez-vous déjà au spirituel à l'école ou à l'université?
J'avais un goût certain pour les mystères, et pour tout ce qui se situait au-delà de l'apparence. Je possédais surtout une quête d'amour très forte, et je voulais toujours dépasser mes limites. Adolescente, je me disais constamment "je suis plus forte que la mort". Cet état s'est apaisé petit à petit, mais j'étais tout à fait consciente qu'il existait un autre monde. Autant dans le rapport avec la nature, qu'au sein de ma propre nature. J'avais en outre, la chance d'écrire de la poésie dès l'âge de 6 ans. Une façon de plonger dans un monde intérieur, un monde d'images, d'élévation aussi qui m'a permis de traverser certains voiles.
Que signifie la quête spirituelle pour vous?
Un questionnement permanent destiné à apprendre à révéler l'esprit que l'on est dans ce monde. Je vais voir en moi ce qui peut me définir. Je me demande ce qui constitue ma véritable identité, et comment je vais pouvoir le manifester en étant le plus aligné possible dans ma créativité, ma vie et mes relations. C'est une quête constante à la fois vers l'intérieur et vers l'extérieur, afin de créer un alignement le plus joyeux et le plus créatif possible.
Comment s'est créée " Terre de lumière".
C'est une idée qui nous a portés mon mari et moi quasiment dès le début de notre rencontre. On s'est beaucoup rapproché, et on a commencé à écrire ensemble. Pierre avait déjà créé un journal appelé "Terra Lucida" destiné à prôner une nouvelle culture spirituelle. Par la suite, cet état d'esprit s'est déployé dans les livres, et dans la création d'une société. Plus tard, il fallait juste rencontrer les bonnes personnes pour qu'elles s'emparent de l'idée, et deviennent maîtresses de l'entreprise. On voulait laisser l'expérience d'une "société maison d'édition" à d'autres gens, pour vivre ensemble un grand jeu. C'est une collaboration qui exige de très bien s'entendre, et actuellement, il règne une grande symbiose qui dynamise. On commence vraiment à s'amuser.
Combien y a t-il de livres au sein " de Terre de Lumière"? Quels sujets abordent-ils?
Une trentaine plus deux autres qui vont arriver. On trouve des e-books aussi, et tout un domaine artistique qui s'articule autour des livres. Une demi-douzaine ont été écrits en duo. Il existe différentes portes pour différentes sensibilités, différents types de public qui visent toujours la vérification de la réalité du monde spirituel en soi. Ainsi que la capacité de manifester le créateur que l'on représente dans ce monde. Pierre a débuté par le domaine de la connaissance. Ce fut son premier best seller, et il est surtout connu dans le domaine de l'astrologie. Il continue d'ailleurs puisqu'il a sorti un livre récemment intitulé " Astrologie sophianique". La numérologie est aussi présente. Après, sont relatés les mystères christiques. Avec une suppression du côté religieux que l'on attribue au christ, pour le percevoir comme notre héros, notre créateur. Également pour entrer dans la dynamique de ceux qui le cherchent vraiment au-delà des dogmes. Autre domaine : l'éternel féminin. Tout ce que l'on appelle les mystères sophianiques découlant de Sophia la sagesse. On trouve aussi tout le domaine de l'héroïsme dont on a commencé à parler en 2008, mais qui n'en finit pas et qui va continuer. Certains livres contiennent des exercices très précis pour que chacun même s'il est seul, et n'a en sa possession que le livre, puisse vérifier par lui-même. Et puis des tarots. Tous les jours, vous créez votre monde de solutions, vous vivez vos images, et vous êtes autonome. Cette approche héroïque s'apparente au retournement du grand sportif, en adoptant un mode de vie spirituel. Avec les qualités du sportif, du défi. De la transcendance tout en restant simple.
Le petit dernier "365 pensées d'éveil Amour et Liberté" découle de votre propre initiative !
Oui. C'est une démarche autre que j'ai entreprise, basée quasiment sur tous les livres de Pierre. Un rassemblement de pensées articulées autour du calendrier, englobant le thème de l'amour et de la liberté. C'est un travail qui m'a demandé entre cinq et sept mois pour tout rassembler.
Comment s'est opéré le choix?
Livre après livre. Au départ, je ne savais même si j'en aurais trois-cent-soixante-cinq. Au bout de quatre mois, j'en avais deux-cent-cinquante, et je me suis dit que vu le nombre de livres que j'avais encore à lire, je pouvais accepter le défi. Au final, très peu de pensées se ressemblaient, et le choix représentait surtout une question d'organisation. Comment vais-je faire pour les mettre en rapport avec les fêtes, pour varier les appels, pour dégager le côté humour, le côté profondeur, le côté plutôt soft? Une espèce de variété jour après jour, tout en sachant que bien évidemment, les gens sont libres de lire ces pensées comme ils le souhaitent. Pas forcément comme le calendrier le voudrait. On peut très bien prendre une phrase, et rester dessus pendant un mois, tellement elle nous porte. En revanche, il règne une organisation par rapport aux fêtes de l'année qui me semblaient majeures. Comme Noël Pâques, L'ascension... Et puis un respect des lecteurs dans le sens où se dégage une belle variance des thèmes.
Comment faire pour obtenir la liberté?
Il faut le vouloir. Que ce soit une soif de ne plus se sentir prisonnier, et de trouver qui l'on est. C'est une intense quête d'identité. " Qui suis-je au-delà de mon corps, de ce que la société me dit, des influences, de mon éducation ?" Il existe une réalité en moi qui doit raisonner, qui dit " au secours, dévoile-moi, dis-moi qui je suis." C'est une conquête de connaissance de soi. Par exemple, le tarot de l'individualisation est parfait pour arriver à trouver qui je suis, ce que je vaux au-delà de tout. En même temps, c'est un jeu car c'est infini, l'esprit étant très grand. Au départ, la base consiste en une retrouvailles intérieure avec soi-même. Beaucoup prétendent que la liberté est extérieure, et qu'elle consiste à faire ce que l'on veut. Non, la liberté survient lorsque l'on qui l'on est. C'est soi, avec son rythme, sa volonté. Personne d'autre ne peut le découvrir à notre place.
La méditation peut-elle aider?
Oui, complètement. Lorsque j'étais jeune, j'ai également beaucoup attendu de l'extérieur. Puis comme le mental n'était pas au beau fixe, je me suis dit que personne ne pouvait me dire qui j'étais. Je suis partie en quête de moi-même grâce à l'individualisation. Ce fut une libération, l'envol du papillon à l'intérieur. Une sortie de chrysalide plutôt qui fait respirer, et fondamental pour les jeunes. A partir de là, vous ressentez de la gratitude pour la vie. Vous avez envie d'avancer, et à ce moment là, le coeur s'ouvre et on arrive vraiment à l'amour.
Quelle sorte de méditation est-ce? Celle des bouddhistes?
Je n'ai jamais pratiqué celle-là, mais d'après les expériences que Pierre a eues, c'est une création totale, qui nécessite de franchir un seuil. C'est à dire de se dégager des limites physiques, pour entrer au coeur de soi, dans une dimension que l'on appelle éthérique. Pierre appelle cela l'intériorisation. Celle-ci demande un lâcher-prise par rapport au monde extérieur. Beaucoup de concentration également pour vérifier par soi-même la réalité. Avec la présence à l'intérieur de soi d'une vraie dimension spirituelle qui n'a rien à voir avec un contexte matériel. Après, la dimension dans laquelle on pénètre, permet d'être suffisamment concentré, et en éveil, pour obtenir des réponses qui ne seraient jamais venues sans ce sanctuaire intérieur.
Quelles sont les démarches à effectuer pour y parvenir?
Nous donnons beaucoup d'exemples dans les livres. En général, il faut choisir un moment où l'on est calme. Pour essayer de s'immobiliser, apaiser son corps par la respiration. De nombreuses personnes se rendent compte qu'elles ont besoin de cela pour pénétrer un peu plus en eux. On utilise beaucoup la respiration, et après c'est un principe de concentration. Se mettre dans ce que l'on appelle le coeur spirituel, et non pas travailler avec la tête ni avec le corps physique. Vraiment ce que l'on nomme le chakra du coeur en terme oriental. C'est une porte d'entrée réelle permettant de franchir un seuil. D'atteindre un sanctuaire intérieur où s'incruste la conscience pour être en lien avec le monde spirituel. On peut dire éternel féminin, ou ange gardien, qui signifie une réalité, mais que l'on doit expérimenter pour pouvoir en parler. C'est tout simple, il suffit de franchir le seuil...
Il faut se libérer de ses peurs, de ses désirs égoïstes!
Oui, tout ce qui empêche le coeur de s'ouvrir. Les peurs ennemies de l'amour, les dogmes ennemis de la liberté, tout l'égoïsme qui empêche sa transformation intrinsèque. C'est une demande un peu alchimique où l'on prend conscience de certaines parties logées en soi. Petit à petit, l'on a envie d'explorer sa dimension divine, et l'on réalise qu'il existe des zones qui ne lui ressemblent pas. On fait ses choix, on sélectionne ce que l'on souhaite. L'espérance, telle ou telle vertu. On est habité par une grande aspiration, et on l'applique à sa propre personnalité. Ou alors on se laisse aller avec son petit égo, rétrécissant ce que l'on est vraiment. On est au coeur d'un choix permanent qui vérifie notre grandeur, notre dignité au fur et à mesure qu'on le décide. C'est un rythme particulier, personnel, mais qui implique une transformation. Mais ce changement est libre, personne ne peut vous forcer à le faire. C'est la raison pour laquelle c'est une démarche vraiment délectable. Mais il faut trouver des clés, des solutions pour y parvenir, d'où les manuels pratiques que l'on propose...
Une des pensées dit : " Un amour sans liberté n'est qu'attachement égoïste"
C'est la raison pour laquelle j'affirmais que tout commence par là. Ceci si l'on considère que l'amour est une force, qui veut se donner et s'émanciper vers l'incarnation. En effet, si l'on n'est pas d'abord libre, on va vite se perdre et chercher des supports extérieurs comme les habitudes, les comportements rationnels. Or la liberté, nous apporte la verticalité et la conscience de bien rester soi-même. On peut considérer l'amour comme le don de soi, et si l'on est vide à l'intérieur que peut-on donner? Libre, on attend moins que l'autre remplisse le vide que l'on a en soi. On arrive à des relations plus équitables, et à quelque chose d'autre que sa petite pomme.
Ce n'est pas parce que l'on s'aime soi-même que l'on va aimer les autres suggère ce livre de pensées !..
Pierre et moi entendions beaucoup cette affirmation, et découvrir la fausseté de cette théorie a été fondamental pour moi. C'est totalement l'inverse, et à force de s'aimer, on finit tout étriqué. Je préfère me dire que je rentre au sein d'une dimension plus grande que moi. En effet, tout ce qui est plus grand que moi me fait grandir. J'ai donc plus de propension à pouvoir aider autrui. Au moins une personne de plus que moi. Le fait que je puisse donner à autre que moi me rend digne. Je suis en amour de qui je suis, car j'ai pu donner. C'est un processus humain que je trouve vraiment supérieur.
Le fait d'acquérir de la liberté et de se transformer peut-il s'assimiler à une forme de création?
Oui. Tout être homme ou femme est à " la ressemblance de Dieu, et l'on a ce potentiel créateur en nous. Ceci dès lors que l'on acquiert un peu de liberté, et que l'on possède un minium d'ouverture du coeur. On sent en nous un réveil, celui du créateur ou de la créatrice. Après quoi que l'on fasse, que ce soit dans l'art culinaire, dans l'approche d'un livre, d'un être, de la nature, on apporte des solutions. Celles-ci représentent une dimension spirituelle intérieure que l'on amène dans ce monde. L'on est créateur de sa vie, de son travail, de son sport. Il manque juste de passer le voile, et d'entrer dans un réveil qui se manifeste. Si l'on vit une vraie vie spirituelle, on apporte des forces de vie et de créativité dans l'univers. C'est impossible autrement.
Quelque part on devient Dieu!
Oui. C'est un peu à l'image de "Terre de Lumière", (be like god) de ne pas hésiter à avoir de grands modèles. Des dieux, des déesses. Ce n'est pas juste une idée d'illuminé, non. C'est une réalité, et l'on porte en soi des potentiels permettant de se considérer comme quelqu'un de grand à la ressemblance de Dieu. Ce qui implique l'effort de s'en rendre compte dans l'acte. On peu ressentir de grandes choses intérieurement, mais cet aspect de ressemblance à Dieu on l'acquiert lorsque l'on agite de grandes choses. Des créativités emplies de sa grandeur pour d'autres que soi. Là, on se dit que la vie est belle. On sait que l'on ressemble à Dieu et peu importe ce que l'on a fait. Même si on a l'impression qu'aux yeux des autres c'est petit, la grandeur d'âme, la noblesse que l'on a mises, ont une telle valeur que l'on se dit qu'évidemment l'on a Dieu en soi. Que cela ne peut pas être autrement. Cette certitude créé une vision de la vie vraiment magique.
Et cela empêche d'être triste !
Je pense que la tristesse s'évapore avant la création. Créer ses retrouvailles intérieures amène de la joie, car celle-ci provient de l'union intérieure. On retrouve la dimension que l'on croyait avoir perdu. Bien sûr, l'on est toujours capté sur le plan émotionnel. Mais on a le choix de se départir de ce qui pourrait représenter de la nostalgie, des regrets, de l'attachement au passé. On décide d'être dans la dimension de la création. A cet instant là, c'est impossible d'être habité par la tristesse. Si l'on rate quelque chose, on reste un peu sur sa fin. Mais on n'est pas triste, car on a voulu aller au bout de ses engagements. La liberté que l'on prend en tant que créateur empêche la tristesse d'arriver. Elle s'en va et le passé aussi, grâce à la dynamique de création...
L'archer Michaël est souvent cité. Qui est-ce?
Un grand modèle de combattant qui devrait inspirer nos coeurs en quête de bien. Quand on pense à lui, on l'imagine combattant le dragon avec une lance ou une épée, et matant une certaine forme de mal souvent représenté par le dragon. C'est une réalité que l'on porte dans notre coeur. Que l'on soit homme ou femme, Michaël résonne en nous comme un miroir en tant que Dieu, si l'on accepte cette dimension. Mais on peut l'appeler autrement. Il donne le courage de combattre les vices, les défauts, les failles, et appelle le héros en nous.
Voici une jolie pensée de Pierre : " L'illusion de l'homme est de croire que s'il désire une femme, c'est qu'il l'aime"!
Comme l'homme est encré dans la matière, son attraction par rapport au féminin, se base sur le bas du corps. La femme ressent quelque chose de plus sentimental. Elle va aimer bien, entrer en empathie, sympathiser, et ne va pas forcément penser sexualité. L'homme inverse beaucoup les termes, et il pense amour = désir sexuel. Il lui faut être très touché par la dimension que la femme va révéler d'elle, qui est plus subtil, plus intérieur. Si la femme ose le faire, elle va entraîner l'homme à maîtriser cette part là, et à entrer dans une dimension plus chevaleresque. Il va dominer cette nature là, pour accéder à des relations un peu plus équilibrées, plus élevées, qui ne s'identifieront pas qu'à cela. Qui vont davantage respecter la femme pour ce qu'elle est, si elle-même joue le jeu de se révéler. Ce sera pour l'homme un juste équilibre des forces qui ne sera pas de penser uniquement au corps de la femme. Il peut très bien y avoir une dimension sexuelle au sein d'un couple, mais l'amour ce n'est pas cela. C'est très distinct, et cela n'a rien à voir. On l'explique bien dans " L"héroïsme de l'amour". C'est un des mensonges les plus vilains de ce siècle. C'est un conditionnement très masculin qu'il faut éliminer. Si la femme ne fait pas l'effort d'entrer dans sa propre dimension spirituelle, elle est très vite embarquée par l'homme, et par son côté instinctif. Elle a un rôle à jouer pour équilibrer cet instinct qui court...
Vous faites une distinction entre tomber amoureux et s'énamourer. Quelle est la différence?
S'énamourer revient à être émerveillé par la présence d'un amour transcendant. Tomber amoureux c'est lorsque l'on refuse de s'élever par cette dimension pensée, voire esprit, et que l'on succombe à une forme d'habitude. De facilité qui plonge dans l'aspect uniquement sentimental ou instinctif. Tomber amoureux signifie se mêler à l'autre, et l'on retrouve le manque de liberté. On se fond dans l'autre, et l'on est dépossédé de la lumière de qui l'on est. On ne peut pas aimer l'autre, on tombe dans une espèce d'ignorance de ce que l'on peut créer ensemble grâce à l'amour. C'est juste dommage.
Vous faites l'éloge du secret !
On l'avait précisé pour le couple dans " L'héroïsme de l'amour". Généralement, les personnes qui trouvent un copain, une copine, s'emballent. Ils pensent tout de suite que c'est de l'amour, et le crient sur les toits. Tout le monde le sait, avant même que quelque chose se soit construit. On a vérifié avec des personnes qui l'ont expérimenté. Au départ, la relation est un peu comme un enfant. Il est important de le garder au dedans pour lui donner les forces spécifiques à sa croissance... Une bonne confiance, quelque chose qui va être coulé, et qui va donner la puissance après pour la naissance et le déploiement de cet enfant relation. Ce n'est pas tant un jardin secret en soi, cela regarde chacun. Mais si l'on veut vraiment que l'amour naisse, cela provient d'abord d'une protection. Une prise de conscience des forces qui nous réunissent. Sinon, cela ressemble à une espèce de passoire, où un tel va venir de l'intérieur, va se mêler de l'histoire, donner son point de vue... Peuvent naître aussi des jalousies, des gens qui vous envient. Tous ces aspects viennent brouiller les pistes. Une force de cocon est nécessaire. Lorsque l'on est sûr, c'est vraiment la bonne personne, que son engagement vis à vis de cette personne provient d'un déploiement sans aucune influence, alors là on peut le dire avec joie aux autres. On est en terrain de confiance, et l'on sait que l'on va avancer avec cet être. C'est une véritable question, et le secret permet cette puissance.
Il est dit " que le compromis est un poison mortel pour l'amour vertueux". C'est à dire?
Globalement, on peut dire que l'amour vertueux s'efforce de mettre au devant de la relation la sincérité. L'exigence vertueuse dans le sens où j'essaye de tout faire pour être meilleur que j'étais hier avec toi. Je vais faire plein d'efforts au nom de l'amour. Le compromis serait : J'ai certains comportements égoïstes, et j'aimerais bien que tu les acceptes. Surtout, ne me remets pas en question. En échange, j'accepte les tiens. Comme un petit commerce en fait, avec des zones d'ombre des deux côtés. Une situation de facilité d'un côté comme de l'autre, où à un moment donné, cela explose à la figure. C'est une histoire d'égos qui se met en place. C'est très mauvais pour l'amour, c'est un manque de grandeur ou de transcendance sur certains aspects. C'est plus ou moins conscient, plus ou moins tordu et sournois. Ce sont des fonctionnements homme femme parfois très ancrés, avec une fuite par rapport à l'exigence vertueuse du dépassement. Cela empêche la totale confiance entre deux êtres. On part dans la méfiance et l'on n'en finit pas. Cette situation peut tout gâcher, alors qu'à la base, il peut régner un très bel amour. On met en garde dans " L'héroïsme de l'amour"...
Dans ce livre vous ne parlez pas de l'amour paternel, maternel !
C'est vrai. Mais j'ai rencontré des gens qui avaient des enfants qui ont pratiqué et qui sont entrés dans cette dynamique d'intériorité et aussi de créativité dans leur vie. Cela leur a permis de transformer l'éducation, d'apporter d'autres choses. De voir qu'ils étaient peut-être conformes dans leur vie par rapport à leur façon d'être avec les enfants. Ils se sont dit " qu'est-ce qui est essentiel dans mes rapports avec mes enfants" ? " quel est le véritable amour que je peux leur donner"? Ils raisonnaient différemment tout simplement parce qu'ils avaient touché cet amour qui dépasse complètement les liens familiaux, qui est totalement libre. Qui n'a pas besoin à la base de formes. C'est moi qui décide de le mettre là où je le veux après, car il vit en moi. Mais il n'a rien à voir avec les forces familiales. Il provient de la source spirituelle, et se situe à des années lumière. Après, si j'ai une famille et que je veux mettre de l'amour dans mon rapport avec les autres, il n'existe aucune interdiction...
Et l'amitié ?
C'est un beau royaume d'amour. Je dirais même que c'est un sujet passionnant qui est très vertueux aussi. On aimerait beaucoup l'explorer avec Pierre dans un prochain livre. Les rapports amicaux homme femme, femme femme, homme homme, afin que ce soit le plus vertueux possible. En amitié, on parle rarement d'amour, or à la base c'est de l'amour. On peut donc aussi lui donner une dimension créatrice, une dimension infinie. On va en parler, ça va venir.
Comment fait-on pour se transcender à deux?
Lorsque l'on crée ce processus de mise en engagement, il est important de savoir ce qui enflamme son être, ce qui enflamme l'autre et de le partager. Après, de trouver une flamme commune qui transcende les deux, qui les unit. Quelque chose qui nourrit, et qui n'empêche pas chacun d'exister. C'est ce qui constitue une sorte de repère dans la relation. Si l'on constate que de temps en temps cela ne va pas, que l'on a le blues, on dit à l'autre " Regarde on vit ceci, n'oublie pas, c'est notre engagement." On veut de battre pour cette cause, c'est en nous, c'est intime. La transcendance est toujours liée à un but, à un idéal plus grand que soi. Quelque chose que l'on veut réaliser. Qui n'existe pas forcément dans ce monde, que l'on veut être les pionniers à réaliser au sein de notre couple. Cela peut être aussi un projet que l'on réalise ensemble et qui va faire que l'on pourra toujours se relever, car on n'a pas atteint notre objectif. Un peu comme le but du sportif qui amène à aller au-delà des rapports parfois difficiles : coups de blues, désespoir... On le rappelle à l'autre, comme étant la base de notre relation. Cela nous réunit, et l'on repart.
Pour finir, quelle serait la société idéale pour vous?
Pour l'instant, la reconnaissance de ces deux idéaux, liberté et amour, serait le coeur de vie, peu importe la proportion. Les portes d'entrée majeures vers le futur, et au coeur de cela, la reconnaissance du créateur que l'on est. Lorsque l'on parle de créer une nouvelle société, il faut bien qu'elle provienne du créateur. Il est donc nécessaire que le créateur se réveille, et que naisse cette ressemblance à Dieu. C'est à partir de là que l'on va pouvoir se dire que l'on peut changer les choses, puisque l'on porte en soi ce potentiel. Une société où les individus sont prêts au changement, et qui s'accordent de la valeur en tant qu'esprit. Qui veulent partager avec d'autres au-delà des races, des sexes, et de tout système. Quelque qui nous rassemble vers une vie meilleure, où l'esprit se sent bien chez lui, et avec la nature...