C'est vraiment noir...

Léo Malet fait partie de ces romanciers que l’on adore ou que l’on exècre. Si vous appartenez à la deuxième catégorie, passez votre chemin, je ne parle pas pour vous, c’est ainsi, ne m’en voulez pas, mais moi j’aime de façon totale… Mais pour ce qui est de l’adaptation en bande dessinée, je pensais, une bonne fois pour toute, que Jacques Tardi avait donné le ton et qu’on ne pouvait plus en sortir… A tel point que lors de la reprise de la série Nestor Burma par Emmanuel Moynot, aucun lecteur n’aurait admis qu’il ne s’écarte trop des personnages créés pat Tardi… Il le fit pourtant, mais avec de petites touches pour ne pas effrayer le lecteur habitué à la noirceur de l’auteur aimé et chéri… Mais voilà que d’autres auteurs s’intéressent à Malet, certes en prenant la Trilogie noire qui n’a rien à voir avec les aventures de Nestor Burma, mais quand même, on attendait le résultat avec quelques inquiétudes…
J’étais dans ces dispositions quand j’ai ouvert ce premier volume de la Trilogie, La vie est dégueulasse. Très rapidement, en une planche ou deux, j’ai oublié le graphisme de Tardi pour accepter, plonger dans celui de Youssef Daoudi. Sa narration graphique est différente mais très adaptée aux personnages de Léo Malet. Sans aucun doute, tout était réuni pour nous offrir un ouvrage de très bonne facture. Alors allons-y !
Nous partons de cette bonne ville de Paris, personnage principal de tous les romans de Malet, et tout commence par un casse, un braquage, une simple histoire qui aurait pu n’avoir aucune conséquence… Mais tout dérape, le sang coule, Marcel, l’un des casseurs est blessé… Et c’est ainsi que nous allons faire la connaissance de Jean, le personnage central de ce premier volet de la trilogie, nous ne parlerons pas de héros… Jean est d’un cynisme étonnant et il va abattre Marcel, le blessé, alors qu’on aurait probablement pu le sauver, mais…
Oui difficile de vous donner envie de plonger dans cette histoire sans vous en dire trop… Ce qui est certains c’est que, comme souvent, Léo Malet ne nous offre pas des méchants n’ayant comme unique moteur que le besoin d’argent. Ces gangsters auraient aimé offrir l’argent à des mineurs grévistes victimes de la troupe envoyée par le gouvernement… On est dans un milieu anarchiste ou révolutionnaire… Mais le coté politique n’est pas le seul car Jean est un personnage qui aurait fait le bonheur de n’importe quel psychanalyste, d’ailleurs … Il est beaucoup question d’amour, de relations avec les femmes, de vie, de mort… Quand même, la trilogie est noire !
Philippe Bonifay a réussi à rendre les dialogues de cette bande dessinée dans l’esprit de Léo Malet, avec juste ce qu’il faut de violence, de grossièreté, de folie… Youssef Daoudi a offert un dessin de qualité, pas trop noir, mais suffisamment bien explicite pour accompagner le côté policier de l’intrigue… Quant au coloriste, Damien Callixte Schmitz, il a mis en place un jeu de couleur qui nous permet de naviguer dans une histoire digne des séries B des années cinquante…
Bravo à tous les trois et au travail pour la suite de cette trilogie car nous attendons aussi bien…

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  La vie est dégueulasse [Texte imprimé] scénario, Philippe Bonifay dessin, Youssef Daoudi [d'après] Léo Malet

  de Malet, Léo (Antécédent bibliographique) Daoudi, Youssef (Illustrateur) Bonifay, Philippe (Scénariste)
  Casterman / Ligne rouge (Bruxelles)
  ISBN : 9782203370104 ; 2,95 € ; 16/09/2005 ; 55 p. ; Album

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