La fabrication des mâles de Nadine Lefaucheur, Georges Falconnet (Co-auteur)

La fabrication des mâles de Nadine Lefaucheur, Georges Falconnet (Co-auteur)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Khayman, le 27 août 2005 (Chicoutimi, Inscrit le 25 février 2004, 44 ans)
La note : 4 étoiles
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Propos démagogiques

L’histoire de l’acquisition de ce livre est presque plus intéressante que sa lecture. J’étais au Festival des Artisans de Notre-Dame-des-Bois où se déroulait un genre de méga-vente de garage faite par l’ensemble du village. L’un des kiosques, occupé par deux jeunes demoiselles, vendait des livres à 25¢. En voyant la couverture et le titre de ce livre, et voulant sans doute également attirer l’attention des jeunes femmes (désolé chérie), j’ai commencé à les narguer à chacun de mes passages.

Mon coloc m’ayant rejoint, et lors d’un énième passage devant le kiosque et un non moins énième commentaire grivois sur le livre en question, mon coloc a sorti un trente sous de sa poche et m’a offert le livre. Rouge de confusion, j’ai donc pris possession de « la chose ».

« La chose » est une étude sociologique sur le sexisme exercé par les hommes. On y parle de l’influence de la société, de la publicité, de l’éducation, de l’endoctrinement des hommes dès leurs plus jeunes âges à des comportements misogynes, machos, phallocrates.

Citation :

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« Pour mener à bien cette entreprise, nous avons voulu étudier nous-même ce qu’il en était dans la réalité et nous avons mené une enquête en enregistrant les interviews, aussi non directives que possible, de 32 hommes d’origine sociale et géographique, d’âge et de situation familiale très variés.

[…]

C’est peut-être dans la publicité que l’on trouve la représentation sociale de l’idéologie masculine la plus frappante par sa cohérence et son exhaustivité. C’est pourquoi il nous a semblé intéressant de mener, parallèlement aux interviews, l’analyse critique d’un important matériel d’annonces publicitaires destinées aux hommes (400 annonces, parues principalement dans le Nouvel Observateur entre 1964 et 1974 et dans le magazine Lui entre 1972 et 1974). » (p. 17-18)

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Je dois avouer ma réticence à lire des études sociologiques. Puisque l’être humain est la structure la plus complexe que nous avons découvert dans l’univers observable et qu’un groupe d’êtres humains est plus complexe qu’un seul être humain, la sociologie traite donc, selon moi, d’un des problèmes les plus complexes de l’univers. Nous avons, en physique, de la difficulté à comprendre des systèmes beaucoup moins complexes qu’une entité vivante. Alors j’ai peine à imaginer une étude pertinente des sociétés humaines avec l’état actuel de nos connaissances du vivant. Seul les sciences humaines peuvent se vanter de pouvoir explorer ce domaine (avec toutes les limitations dont elles sont victimes).

Ce court livre (186 pages) est trop succinct pour le sérieux que semble vouloir manifester les auteurs. Traiter un sujet aussi complexe en si peu de pages tient de la grossière caricature. Oui, on reconnaît des attitudes, des comportements, des idéologies véhiculées auprès des hommes, mais elles me semblent trop générales et, pire, non-falsifiables, donc non-scientifiques. Ainsi, on peut s’identifier facilement à certains comportements et attitudes, mais c’est un discours similaire à l’astrologie. Par exemple, on pourrait écrire dans votre horoscope : « Aujourd’hui, vous vivrez des hauts et des bas, des joies et des peines. » Hors, tout le monde vit ceci, pas besoin d’être devin pour prévoir ça. Je trouve des similarités avec les thèses exposées dans ce livre.

En plus, les auteurs dénient les sources naturelles, génétiques, biologiques du sexisme. Je trouve que c’est bien maladroit de leur part car c’est le domaine où la science en connaît le plus et d’où l’on tire les arguments les plus solides pour expliquer les causes comportementales. L’inné et l’acquis forment le comportement humain et tenter d’expliquer ce dernier avec tout l’un ou tout l’autre, c’est comme vouloir calculer l’aire d’un rectangle avec seulement la longueur ou la largeur(1).

Notons quand même quelques attraits. Les auteurs dénombrent quelques formes de sexisme(2) et je dois dire que je ne savais pas qu’il en existait autant de sorte. Les exemples de publicités cités sont tout simplement savoureux. Avec le recul du temps, on trouve tout simplement minable les allusions à la « aie un gros camion pour montrer que tu as une grosse quéquette » omniprésentes dans la publicité de l’époque.

Finalement, la page couverture est en elle même fascinante. Non pas nécessairement de par la forme de l’illustration, mais par le fait qu’elle fut produite par une petite fille de 10 ans ! Je trouve très étonnant qu’une fille de cet âge soit aussi « éveillée ».

En conclusion, je crois beaucoup plus à l’analyse du comportement humain faite par Laborit que celle faite par ces deux sociologues.

(1)Hebb cité par St-Arnaud (ST-ARNAUD, Yves (1979), « La psychologie : modèle systémique », Les Presses de l’Université de Montréal, Éditions du CIM, 146 p.)

(2)« Ils connaissent bien le sexisme agressif du fasciste, le sexisme galant du play-boy, le « sexisme ordinaire » du Français moyen, le sexisme compensateur de l’ouvrier qui se venge sur sa femme et sur ses enfants des brimades dont il souffre à l’atelier, celui du travailleur immigré, victime de la frustration sexuelle et de la mentalité patriarcale héritée de sa culture d’origine. »

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  Du rôle de la science 1 Mieke Maaike 29 août 2005 @ 12:05

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