La guerre n'a pas un visage de femme de Svetlana Alexievitch
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Littérature => Russe
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Terrible, affreux et plein d'humanité
Ce livre est une merveille. Il se laisse dévorer. Il est terrible, affreux et dans le même temps plein d’humanité. C’est un récit. Svetlana Alexievitch a patiemment recueilli des récits de femmes russes pendant la seconde guerre mondiale : des récits de combattantes, de partisanes. Elle raconte la guerre. La guerre faite par des femmes. La guerre est souvent racontée – aujourd’hui même souvent filmée. La guerre est chiffre. Mais derrière ces chiffres, combien de souffrances, de drames ? En Russie, la guerre a duré quatre ans. Mais 4 ans, c’est combien de jours de souffrances, de peur, de douleur, de l’indicible et de l’inimaginable ? On a une représentation de ce pouvaient être les combats mais pas de ce que pouvaient être leur enchaînement. Chaque jour, rester en vie. Mais le lendemain, c’était pareil. Se répétant et chaque jour la mort qui rôde, la peur pour seul compagnon. Ces récits le montrent admirablement bien. Mais il y a bien d’autres merveilles dans ce livre. La guerre est une histoire d’hommes, faite majoritairement par des hommes et racontée par des hommes. Les femmes ont pourtant fait la guerre. Toutes les guerres : celle de l’arrière, celle du front, de l’hôpital, des airs, de la mer. Dans chaque bataille, dans chaque corps d’armée, les femmes luttaient aussi. C’est leurs regards sur la guerre que nous dévoile avec tant de justesse Svetlana Alexievitch. Alors, bien sûr, le frisson de l’horreur est présent à chaque récit. Terrible, affreux, insupportable, comment survivre, supporter l’indicible et l’inracontable ?
Alors que la seconde guerre mondiale a terrassé l’humanité, annihilant la part d’humain dans l’homme, ces récits nous dévoilent le contraire. Les femmes n’oublient pas la condition humaine. Dans les combats, dans l’horreur, elles ne l’oublient pas devenant à la fois beaucoup plus fortes mais aussi beaucoup plus fragiles. Comment dire, comment vous dire sans paraître un peu simpliste mais je suis ressorti de ce livre en me disant l’homme et la femme ne sont pas égaux. Je ne sais toujours pas l’expliquer et donc impossible de trouver les mots justes. Vraiment les femmes sont plus « intelligentes ». Ne croyez pas cette critique par trop naïve. Je ne fais pas d’angélisme féminin. Mais vraiment lisez ce livre, je crois que vous comprendrez ce que j’ai voulu dire.
Les éditions
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La guerre n'a pas un visage de femme [Texte imprimé] Svetlana Alexievitch trad. du russe par Galia Ackerman et Paul Lequesne
de Alexievitch, Svetlana Ackerman, Galia (Traducteur) Lequesne, Paul (Traducteur)
J'ai lu / J'ai lu
ISBN : 9782290344514 ; 7,17 € ; 02/03/2005 ; 414 p. ; Poche -
Oeuvres [Texte imprimé] Svetlana Alexievitch précédées d'un entretien de l'auteur avec Michel Elchaninoff
de Alexievitch, Svetlana Eltchaninoff, Michel (Préfacier)
Actes Sud / Thesaurus (Arles)
ISBN : 9782330056292 ; 26,00 € ; 07/10/2015 ; 780 p. ; Broché -
La guerre n'a pas un visage de femme [Texte imprimé] Svetlana Alexievitch trad. du russe par Galia Ackerman et Paul Lequesne
de Alexievitch, Svetlana Ackerman, Galia (Traducteur) Lequesne, Paul (Traducteur)
Presses de la Renaissance
ISBN : 9782856169186 ; 22,00 € ; 06/05/2004 ; 398 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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Magnifique
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 7 octobre 2017
La guerre ne fait pas de cadeaux
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 18 avril 2016
Avec Svetlana Alexievitch vous allez découvrir d’une part l’engagement méconnu de centaines de milliers de femmes dans l’Armée Rouge, pas seulement infirmières mais aussi tireurs d’élite ou chefs de section du génie, avec un courage hors du commun né d’une éducation qui a donné à cette génération à la fois la conviction que les femmes peuvent être autant que les hommes et aussi que l’Union soviétique mérite qu’on meure pour elle. Svetlana Alexievitch nous fait découvrir ces épopées personnelles par témoignages brefs, regroupés par thématiques.
Vous allez ainsi découvrir un autre regard sur la guerre, une autre forme d’humanité, de sensibilité face à l’horreur. Des voix bouleversantes, parfois encore enfantines avec leurs tresses, des consciences qui luttent pour garder et retrouver leur féminité et leur élégance par-delà la boucherie.
On regrettera seulement que la brièveté de ce récit, la censure soviétique et l’autocensure de l’auteur ne permette pas d’évoquer certains sujets ou de façon très allusive, comme les exactions de l’Armée Rouge en Allemagne
La guerre n'est pas faite pour les femmes
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 15 novembre 2015
Elles étaient souvent très jeunes, la plupart n'avaient pas 20 ans. Elles étaient poussées par une ferveur patriotique irrésistible et tout à fait légitime : les Allemands venaient profaner le sol de leur Russie bien aimée.
Ce livre est un recueil de témoignages de ces jeunes filles quarante ans après. Ces témoignages ont été enregistrés et retranscrits sans le moindre remaniement, ce qui leur donne un côté d’authenticité irrésistible et l'ensemble de ces récits, alignés sans commentaire, prend les allures d'un roman à personnages authentiques.
Mais ce sont des confidences de femme à femme et il arrive qu'on soit pris d'une certaine gêne, tant on a parfois l'impression d'écouter des confidences qu'on ne devrait pas entendre. Et ce sont les détails qui sont le plus émouvants : toutes ces fillettes ont pleuré quand on leur a coupé les cheveux, leurs beaux cheveux, leurs belles tresses qu'elles ne pouvaient même pas ramasser. Certaines filles confient qu'elles avaient emmené, en cachette, un miroir, d'autres un rouge à lèvres et du maquillage « j'étais si belle à cet âge là », confient certaines, aujourd'hui, en pleurant. Et toutes racontent qu'elles ont pleuré de ne plus voir leur maman, leur petite maman chérie, et combien elles ont prié pour la revoir après la guerre.
On se dit qu'après vingt ans de guerre révolutionnaire, la sainte Russie vivait toujours...
Mais dans ces confidences, on découvre surtout toute l'horreur de la guerre : les bombardements d'avions pendant des nuits entières, les fusillades à bout portant, les combats de corps à corps et puis, le cortège des blessés, des mourants, des cadavres déchiquetés, méconnaissables, de soldats avec qui on avait sympathisé quelques minutes avant, mélangés pêle-mêle avec des cadavres de soldats ennemis...
Toutes ces femmes ont toujours voulu tenir les postes les plus dangereux, par bravade vis à vis des hommes. Certaines ont marché jusque Stalingrad et même jusque Berlin, en première ligne. Leurs témoignages nous racontent la guerre dans toute son horreur. Mais il apparaît que la plupart étaient des étudiantes en médecine – à moins que ce soit là qu'il y ait eu le plus de survivantes ; ces femmes allaient chercher les blessés en plein combat et les soignaient avec un dévouement héroïque ou les aidaient à mourir avec un peu de réconfort.
L'auteur(e) de ce livre méritait certainement d'être récompensée d'un prix Nobel. Je pense que c'est la première fois qu'un auteur ait recueilli des témoignages de femmes qui ont fait la guerre ; parce que les survivantes ont presque toujours été mal reçues à leur retour : on leur reprochait d'avoir joué « les matelas à soldats », et d'être revenues perverties.
Alors, toujours, ces femmes se sont tues ; et aujourd'hui, on les sent soulagées de pouvoir enfin raconter leur guerre ; quarante ans après, elles n'ont rien oublié, et elles vivent toujours dans la souffrance. Et on se dit que oui, vraiment, la guerre n'est pas faite pour les femmes.
C'est un beau livre dans la série des grands témoignages de la guerre 40/45, avec un regard de femmes, ce qui, à ma connaissance, n'avait encore jamais été réalisé avec tant de grandeur et de simplicité.
POIGNANT!
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 1 novembre 2005
La journaliste-romancière biélorusse Svetlana Alexievitch (ou devrais-je dire Svetlana Alekseijevitj) a interrogé pendant de nombreuses années, des dizaines de femmes russes rescapées (survivantes devrais-je dire) du million de femmes ayant servi l'armée durant de la Deuxième Guerre Mondiale...
Où on lit ces récits, ces témoignages incroyables, bouleversants...
On y découvre des jeunes filles de 18, 17 et parfois 16 ans envoyées au front en première ligne... (souvent volontaires d'ailleurs, car complètement embrigadées par la propagande...).
Et pas seulement comme infirmières, médecins ou chirurgiens, mais comme tireurs d'élite, mécaniciens, conducteurs de chars, pilotes d'avions, mitrailleurs, ou encore officiers de renseignements, espionnes, blanchisseuses...
Tant d'histoires, tant de drames humains, de ces jeunes filles envoyées au front comme chair à canon, sans même un équipement adapté, et avec des bottes à la pointure d'homme...
Des jeunes filles découvrant ce qu'est la guerre, la mort, le sang... (parfois jusqu’à ne plus supporter la couleur rouge...).
Ces jeunes filles luttant pour garder un "rien" de féminité, et obligées de se couper leurs longues nattes, parce qu'il n'y a ni le temps, ni la possibilité, ni les produits pour se laver les cheveux...
Un extrait pour résumer toute l'horreur de ces témoignages : "... il y avait avec nous une radiotélégraphiste. Elle relevait de couches. L'enfant était tout petit, il fallait le nourrir au sein. Mais la mère ne mangeait pas à sa faim, elle manquait de lait, et le gosse pleurait. Les SS étaient tout près... Avec des chiens... Si jamais ils nous entendaient, nous étions tous perdus. Le groupe entier. Une trentaine de personnes... Vous comprenez?
Nous prenons une décision...
Personne n'ose transmettre l'ordre du commandant, mais la mère devine toute seule. Elle plonge l'enfant emmailloté dans l'eau et l'y maintient longtemps... Le gosse ne braille plus. Il est mort. Et nous, nous ne pouvons plus lever les yeux. Ni sur la mère, ni sur personne d'entre nous..."
Enfin, quand on sait que Svetlana ALEXIEVITCH est menacée et opprimée dans son propre pays, pour avoir révélé comme journaliste quelques vérités, aux dirigeants de son pays, et qu'elle vit soutenue par le Pen-Club International, on se dit qu'il faut lire ce livre pour la soutenir, et espérer que le Nobel de Littérature qui lui est promis depuis de nombreuses années ne va pas (trop) tarder...
Un livre qu'il faut lire... pour ne plus jamais voir la guerre de la même façon... pour voir la guerre avec des yeux de femme...
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