Sincèrement vôtre, Chourik de Ludmila Oulitskaïa

Sincèrement vôtre, Chourik de Ludmila Oulitskaïa
( Iskrenne vaš Šurik)

Catégorie(s) : Littérature => Russe

Critiqué par Jules, le 8 août 2005 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 5 458  (depuis Novembre 2007)

Pauvre Chourik...

Chourik naît quelques jours après la mort de son père renversé par une voiture. Il comptait justement, enfin, épouser sa mère après des années d’une relation abandonnée et reprise. Au début du livre nous sommes à Moscou dans les années 50. Son père était un ancien prodige du piano dont la carrière fut modeste. Quant à sa mère, elle était convaincue d’être une grande artiste mais devra bien vite abandonner le monde de la danse pour manque de talent.

Chourik sera donc élevé par sa mère, Vera Alexandrovna, et sa grand-mère, Elisavéta Ivanovna. Quelle grand-mère !… Une femme au caractère fort et pleine de gentillesse, de culture, de sensibilité, d’amour pour le beau. C’est elle qui domine son petit monde et Véra Alexandrovna s’en remet à elle pour tout, y compris l’éducation de son fils Chourik.

Mais voilà qu’elle meurt en clinique alors que Chourik n’était pas là… Il en gardera toujours un énorme sentiment de culpabilité. Avec le temps celui-ci ne fera que grandir et cela le mènera à devenir l’esclave de nombreuses personnes. A commencer par sa mère qu’il adore et qu’il couvera.

Mais Chourik a un autre très grand problème : il n’arrive pas à se dominer dès qu’il sent une certaine fragilité chez une femme. Ce sentiment de pitié fait qu’instantanément il est prêt à lui faire l’amour. Et Oulitskaia de décrire ainsi ce que pense Chourik : « Pauvre petite bécasse ! Vous n’avez besoin que d’une seule chose, toutes autant que vous êtes… »

Il ne sait donc pas quitter une femme et n’aura de cesse que de parcourir les magasins de Moscou pour aller chercher tout ce dont elles ont besoin. Il est vraiment le gentil petit jeune homme à qui l’on peut tout demander !… Il y aura Sevtlana, Valéria, Alla, Mathilda, Faïna Ivanovna, Lilia et bien d’autres… Il ira même jusqu’à épouser Léna, enceinte d’un jeune cubain, pour que son père ne la chasse pas de la famille !… Un mariage simplement pour la forme.

Il gagne pas mal sa vie en faisant des traductions scientifiques, mais ne vivra jamais qu’en fonction de sa mère, très finement décrite, et de toutes ces autres femmes qui lui inspirent pitié. Bref, lui-même ne dirige rien de sa vie et au jour de ses trente ans et découvre le vide dans lequel il est.

Mais voici l’opinion de la seule femme qu’il a vraiment aimée : « … c’est presque une sorte de saint. Mais quelle andouille ! Mon Dieu, dire que j’ai été amoureuse de lui ! Que j’ai même failli rester à cause de lui… Quand je pense que j’aurais pu l’épouser. Pauvre Chourik. »

Au travers des personnages nous découvrons aussi les différents modes de vies en URSS et ce jusqu’à la fin de la période de Brejnev. Les contraintes scolaires, l’accès au travail, au logement, les difficultés de trouver de la nourriture et d’autres produits etc.

Un livre agréable à lire, qui ne manque pas d’intérêt. Celui-ci vient aussi de la variété des personnages et de l’art qu’a Oulitskaia de les faire vivre, de construire leur personnalité.

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