Survivre au développement : De la décolonisation de l'imaginaire économique à la construction d'une société alternative de Serge Latouche
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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La guerre des mots
Qu’il soit qualifié de social, humain, local ou durable, pour Serge Latouche, spécialiste des rapports économiques et culturels Nord-Sud et de l’épistémologie des sciences sociales, le développementiste est un concept erroné voué à l’échec. Il est né en 1949 pendant un discours du président Truman quand il qualifia la majeure partie du monde de régions sous-développées. De ce fait, une partie de la planète fut reléguée dans cette catégorie. Ce qui conduisit les poseurs du diagnostic à préconiser le seul antidote possible à leurs yeux: le développement. Aussitôt rendu synonyme de production, de croissance économique, de hausse du niveau de vie...
Quarante ans plus tard, Latouche estime que ce beau programme a été mis à mal.
L’auteur indique des chiffres inquiétants : « Si, en 1998, la richesse de la planète a été multipliée par six depuis 1950, le revenu moyen des habitants de 100 des 174 pays recensés est en pleine régression, et même l’espérance de vie. Les trois personnes les plus riches du monde ont une fortune supérieure au PIB total des 48 pays les plus pauvres.»
Parce qu’il repose sur des bases fausses et parce que l’entreprise développementiste n’est que le nouveau nom de la colonisation ou en tout cas sa poursuite par d’autres moyens. Parce, explique aussi Latouche, les valeurs sur lesquelles reposent le concept et tout particulièrement le progrès ne correspondent pas du tout à des aspirations universelles.
« Le développement a été et est l’occidentalisation du monde. Les mots s’enracinent dans une histoire ; ils sont liés avec des représentations qui échappent, le plus souvent, à la conscience des locuteurs, mais qui ont prise sur nos émotions.(...) Dans plusieurs sociétés africaines, le mot même de développement n’a aucun équivalent dans la langue locale parce que l’imaginaire qui institue la chose fait largement défaut. »
L’auteur parle du véritable danger de la croissance, en fait productrice de pénurie et de pauvreté.
Ainsi, en 1999, « les dépenses de publicité en France atteignaient l’équivalent de toute l’aide des pays de l’OCDE aux pays du Sud. Les accidents de la route, les effets sur la santé de la pollution atmosphérique, le marché de la dépollution, résultat de la croissance sans frein, serait de 1000 milliards de dollars. »
L’après développement ne pourra prendre une forme unique ; elle sera nécessairement plurielle. « Il s’agit de la recherche de modes d’épanouissement collectif dans lesquels n’est pas privilégié un bien être matériel destructeur de l’environnement et du lien social. » Parmi ces alternatives, Latouche relève les associations à but non lucratif comme les communautés néo rurales, banques de temps, régies de quartier, mouvements de commerce équitable et solidaire etc. pour autant qu’elle ne se limitent pas à un tiers secteur mais réussissent peu à peu à coloniser les deux autres, le marché capitaliste et l’Etat. Pour cela, il faut un changement d’attitude, « une véritable décolonisation de notre imaginaire et d’une déséconomicisation des esprits qui vise à ne ne plus placer au centre les valeurs économiques et une consommation toujours accrue. »
« Il faut commencer par voir les choses autrement pour qu’elles puissent devenir autres» Avant que le changement du monde ne nous y condamne dans la douleur, prévient Serge Latouche dans cet essai éclairant qui va à l'encontre des idées reçues.
Les éditions
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Survivre au développement [Texte imprimé], de la décolonisation de l'imaginaire économique à la construction d'une société alternative Serge Latouche couv. de Boris Séméniako
de Latouche, Serge
Éd. Mille et une nuits / Les Petits libres (Paris)
ISBN : 9782842058654 ; 2,98 € ; 13/10/2004 ; 126 p. ; Poche
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Un mot de guerre !
Critique de Simpore (, Inscrit le 16 octobre 2020, 29 ans) - 16 octobre 2020
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