Miramar de Naguib Mahfouz
( Miramar)
Catégorie(s) : Littérature => Arabe , Littérature => Moyen Orient
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Miramar....Simplement époustouflant!
Miramar: lieu de l'action et pension délabrée d'Alexandrie, anciennement célèbre aux temps des colons anglais.... Titre évocateur qui annonce la saveur amère qui se dégage de la lecture de ce livre. 7 personnages se partagent la vedette: Amir Wagdi, l'intellectuel vieillissant, Marianna, vestige de la colonisation anglaise et tenancière de la pension, Tolba Marzuq,aristocrate méprisant déchu de ses terres et amant de Marianna, Sarhan el Biheiri, opportuniste, Mansour Bahi, le laissé pour compte, Hosni Allam, le débauché et enfin Zahra, l'héroïne du roman. Le livre retrace la lente ascension sociale de Zahra, petite paysanne ignorante mais ambitieuse, au travers des histoires personnelles des personnages, marquées par les 2 révolutions(1919 et 1952) qui mirent à feu et à sang l'Egypte. Chacun représente ainsi une classe sociale, Tolba Marzu et Marianna les classes aisées, Zahra, les classes défavorisées et Sarhan el Biheiri et Mansour Bahi, la nouvelle génération corrompue par l'argent et le profit. Le livre est organisé autour de 5 chapitres racontant la même histoire mais selon le point de vue des 5 personnages masculins. Mahfouz retranscrit ici les désillusions politiques et économiques de la population égyptienne après ces 2 révolutions. Un chef d'oeuvre à lire absolument et qui pourrait s'appliquer à la société arabe actuelle, moi-même en faisant partie.
Les éditions
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Miramar [Texte imprimé] Naguib Mahfouz trad. de l'arabe par Fawzia al Ashmawi Abouzeid
de Mahfouz, Naguib Ashmawi-Abouzeid, Fawzia A. al (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070386000 ; 6,90 € ; 16/03/1993 ; 217 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (2)
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On dirait le sud
Critique de Gryphon (Mexico DF, Inscrit le 22 juillet 2004, 59 ans) - 26 octobre 2008
Ceci dit, il y a la spécificité d'Alexandrie, ville cosmopolite, marquée par la présence européenne. Il y a la pension Miramar, qui n'est pas sans rappeler la pension Vaucquer imaginée par Balzac. Il y a les pensionnaires, un vieillard résigné, un opportuniste, un écorché, un joli-coeur, qui chacun à sa façon et selon ses moyens tentent de s'arranger avec un pays changé. Le vrai changement vient cependant de Zohra, une jeune provinciale qui a fui les traditions de son village et qui, travaillant comme bonne à tout faire, va se trouver au centre des préoccupations.
Tout le talent de Mahfouz a été de ne justement pas styliser Zohra en icône d'une nouvelle Egypte quelle qu'elle le soit: Zohra travaille, désire s'instruire, elle tombe amoureuse et essuie un échec. C'est un personnage plus réaliste qu'emblématique. Et malgré tout, elle détonne à plus d'un titre dans une société restée profondément machiste malgré les révolutions: elle manifeste une volonté, un désir, elle se résoud à l'action. Une histoire du sud.
Cosmopolitisme à Alexandrie
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 9 juin 2008
C’est par les yeux d’Amer que nous entamerons le premier chapitre (on pourrait plutôt parler de premier acte). Il va nous relater les changements intervenus dans la ville et nous décrire les autres protagonistes de la pension : Tolba Marzuq, ex-ministre déchu, qui revient lui aussi retrouver la pension Miramar connue autrefois, et puis Sarhan Al Biheiri, Mansour Bahi et Hosni Allam. Les 5 chambres de la pension Miramar sont louées et Marianna s’active à une saine cohabitation.
Et puis il y a Zohra, la belle paysanne, saine et jeune, belle et attirante, qui fascine toute cette gent masculine à des degrés divers et par qui le drame va arriver.
Une belle histoire n’est-ce pas ? Mais pas que. Naguib Mahfouz en profite pour nous instruire sur de nombreux évènements, politiques, sociaux, qui ont lourdement impactés la société égyptienne à partir de l’indépendance. Et il a l’intelligence de le faire dans le corps du récit, chacun des personnages étant mis à contribution pour illustrer tel ou tel aspect. C’est très habilement réalisé et en dehors de tout didactisme.
En outre, la construction ; 5 chapitres, chacun étant le point de vue d’un personnage différent sur la même situation (Miramar et le drame qui va s’y dérouler) est parfaitement maîtrisée. C’est une construction courante maintenant mais à l’époque de l’écriture de Miramar (1967), ce devait être novateur. Nous connaîtrons donc la situation via Amer Wagdi puis Hosni Allam, Mansur Bahi, Sahran Al Biheiri. Amer Wagdi concluant le roman, bouclant la boucle.
Tout y est intéressant : l’éclairage sur la vie sociale en Egypte, les éléments politiques post-indépendance, la situation faite aux femmes, et plus encore aux femmes de la campagne, la corruption …
Un beau roman.
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Naguib Mahfouz | 8 | Giny | 19 septembre 2007 @ 17:00 |