Roman ou essais ?...

Je me suis immédiatement retrouvé attiré par ce livre que l’on nous annonce comme un inédit de Gorki. Inédit, il ne l’est cependant pas tout à fait. Gorki a écrit ce livre en 1908 et il a déjà été traduit en français dans les années 20. Mais il semble, qu’à cette époque, il ait été expurgé.
Lénine a brutalement attaqué ce livre, Staline aussi, et il s’en est retrouvé au placard jusqu’à la Perestroïka. Le sujet ne pouvait pas plus plaire à l’un qu’à l’autre !

De quoi s’agit-il ?… Le personnage central du livre, Matveï, est un jeune orphelin recueilli à gauche à droite un peu au hasard. Si cela ne démarre pas trop mal pour lui, il finit par aboutir chez le régisseur d’un assez vaste domaine. Celui-ci vole son patron, mais, surtout, ne se gêne pas pour affamer les paysans. Par différents moyens il forcera Matveï à devenir son complice.
A la suite d’un drame, celui-ci va prendre la route. Il s’est toujours senti comme un « juste » et entend maintenant le redevenir. Il va errer de par les routes, se trouver des maîtres de pensées différents et fera même quelques séjours dans des monastères. Bien bizarres ces monastères où les moines reçoivent des femmes la nuit et boivent de l’alcool !… Il reprendra à nouveau la route et finira par trouver « la vérité » en un homme assez joyeux, grand marcheur comme lui, portant le nom de Jéhudiel.

Qu’est ce qui a dérangé Lénine dans ce livre ?… Le fait que Matveï, et Gorki, ne cherchent rien d’autre ici que Dieu. L’image de celui-ci sur terre ne leur plaît en rien ! Partout ils ne voient que des hommes tournés vers eux-mêmes, ou des images de Dieu données par des popes qui ne pensent qu’à profiter de leur pouvoir pour vivre mieux. Quant aux moines…

Tout comme Nietzsche, Gorki n’est pas contre Dieu, mais contre l’image que l’homme en a ou en donne. Il hait les faux dieux qui peuplent l’esprit des hommes. Lui vient une lueur : tout comme le Chatov de Dostoïevski dans « Les démons », Gorki, et Matveï, vont trouver le vrai Dieu dans le peuple russe. Dieu n’est pas le créateur du monde et des hommes, Dieu est créé par les hommes, par le peuple tout entier quand il concentre toute sa volonté et la tend vers lui. C’est dans ce peuple que réside l’idée de Dieu, pas ailleurs. Et il termine : « Grand est le peuple russe, et indiciblement belle est la vie. » et il ajoute : « Peuple, tu es mon Dieu, créateur de tous les dieux, que tu as tissé des beautés de ton esprit, dans le labeur et la fermentation de tes quêtes… Qu’il n’y ait point d’autres dieux au monde, car tu es le dieu unique, faiseur de miracles ! »

Imaginez aussi la rage d’un Staline quand Gorki explique que le, ou les, hommes qui se mettent au-dessus des autres, une fois séparés du peuple créateur de Dieu se déshumanisent, perdent ce pouvoir présent dans le peuple et n’ont donc plus aucune utilité. Ils tombent vide de sens…

Il me faut encore vous donner un avis tout à fait personnel sur ce livre. Les deux tiers m’ont ennuyé, carrément ! Tous les tâtonnements de Matveï m’ont semblé sans intérêts et ces nombreuses questions sur Dieu m’ont lassé. On ne connaît que trop… Puis, soudain, Matveï, Gorki, approchent de ce qui, pour eux, semble être la solution. Là, cela devient vraiment passionnant, parce que c’est nouveau et intéressant. Mais pour en arriver là, il m’aura fallu lire plus de cent cinquante pages sur deux cent et vingt !… Mais elles valent largement l’effort !…

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  Une confession [Texte imprimé], roman Maxime Gorki trad. du russe et présenté par Michel Niqueux

  de Gorki, Maxime Niqueux, Michel (Traducteur)
  Phébus / D'aujourd'hui. Étranger (Paris)
  ISBN : 9782752900647 ; 18,75 € ; 04/03/2005 ; 220 p. ; Broché

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