Yankee signifie prédateur

Un « assassin financier » est un professionnel de l'économie grassement payé par une société américaine privée mais sous influence de services secrets qui escroque des milliards de dollars à divers pays du monde en prodiguant divers conseils sur l'aménagement du pays, l'électrification, le réseau routier et autres infrastructures nécessaires à son évolution. Ses armes principales sont les rapports frauduleux, les élections truquées, la corruption, l'extorsion de fonds, le sexe et même le meurtre déguisé en accident. John Perkins sait de quoi il parle. Il a fait partie de la confrérie des années 70 aux années 2000. En faisant contracter d'énormes prêts au Panama, à la Colombie, à l'Indonésie et autres pays et en donnant l'exclusivité des chantiers de construction à des entreprises américaines, il est parvenu à placer ces pays sous contrôle partiel ou total du gouvernement américain, sous la coupe de la Banque Mondiale et dans la dépendance de l'USAid et de maintes autres organisations dites « humanitaires ». Perkins a dédié son livre à Jaime Roldos, président de l'Equateur et à Omar Torrijos, président du Panama, tous deux morts dans un accident d'avion qui sentait fortement l'opération de nettoyage de la CIA. Les deux hommes ayant osé s'opposer à la mainmise américaine sur leurs pays respectifs.
« Les confessions d'un assassin financier » est le témoignage de la vie d'un homme qui prend peu à peu conscience du rôle que la société américaine (Main) qui l'emploie lui fait jouer et qui finit par tout plaquer. Il s'agit pour les Etats-Unis de reprendre le contrôle du canal de Panama, de récupérer des contrats d'exploitation du pétrole en Equateur, de faire passer dans la modernité l'Indonésie, en un mot de participer à l'extension sans limite d'un empire global tentaculaire. En se parant des plumes de l'aide au développement et de l'avancée de la « démocratie », il met la main à une opération de prédation généralisée, de pillage de la nature et de destruction de civilisations ancestrales ou non. La méthode est toujours et partout la même. Cela commence par les cabinets de conseils présentant des études plus ou moins bidons et se poursuit par la mise en place de politiciens complaisants. Si les dirigeants sont un peu trop hésitants, on passe à la corruption, aux pots de vin et aux tentations sexuelles. Si cela ne suffit pas, on n'hésite pas à liquider physiquement le récalcitrant. Le moyen ultime étant la guerre (Afghanistan et Irak à l'époque de Perkins, Libye hier, Gaza et Ukraine aujourd'hui…) où l'on détruit pour mieux reconstruire et surtout enrichir les seules compagnies américaines (Bechtel, Halliburton, Stone & Webster, Brown & Root et autres). Le livre est intéressant surtout d'un point de vue historique car il montre la « préhistoire » de la mise en place de cette pieuvre totalitaire. Perkins ne présente que le début de l'affaire. Il semble même naïf et un brin utopique sur les réactions possibles de l'opinion publique. Nous savons à notre propre détriment que ce phénomène « globaliste » n'a fait que croitre et embellir jusqu'à maintenant.

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  Les confessions d'un assassin financier

  de Perkins, John
  Alterre
  ISBN : SANS000072644 ; 03/04/2007 ; 306 p. 11X15