Le livre témoignage d’une manouche

Tout le monde peut écrire un livre, raconter sa vie, l’histoire de sa famille, directement sans un « médiateur » du livre qui transcrit dans un français parfois soutenu.
Ce livre écrit par une femme du peuple sans être « traduit » est la preuve que cela existe.
Cette œuvre, car c’est une œuvre est passionnante, lisible, directe qui vous prend aux tripes.
Anna Lagréné Ferret est née en 1942 pendant le génocide qui frappait ceux que l’on n’appelait pas encore les gens du voyage.
L’auteure revient sur son enfance, sur les difficultés rencontrées mais aussi sur les accueils qui pouvaient passer d’une empathie locale à un rejet en fonction des relations nouées ou du climat existant.
Aujourd’hui il y a les camps aménagés, parfois à côté d’une décharge ! Il faut payer et parfois ces « aires d’accueil » sont inaccessibles la nuit et l’entretien de la part des pouvoirs publics laisse à désirer.
L’auteure avec son humour « froid » commente en donnant la parole à son mari : » avant, on était dans les camps, on était malheureux. Maintenant, on est encore dans les camps qu’il faut qu’on paie. »
Ce livre « extraordinaire » est une mine d’informations.
Il y a la vie de « ces gens-là » , nos frères, avec leur diversité, leur culture, leur engagement religieux très fort comme évangélistes, leur solidarité sans faille.
Le lecteur y apprend, entre autres que c’est le président Hollande qui en 2017 a supprimé le livret de circulation, ce marqueur de la ségrégation pour enfin leur ouvrir le droit aux cartes d’identité de citoyens français.
L’auteure a écrit ce livre « pour qu’il y ait la paix pour tout le monde. Pour qu’on ait la paix entre nous, les Voyageurs, les Manouches, et notre pays la France. »
Ce livre est une partie de notre mémoire collective.

Jean-François Chalot

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  Mémoires manouches

  de Lagréné Ferret, Anna
  Éd. Pétra
  ISBN : 9782847433500 ; 01/08/2024 ; 146 p. 10x15