Découverte par les ADN anciens

Pourquoi l’énigme ? L’annonce en 2010 d’une nouvelle espèce du genre Homo dans la grotte Denisova du massif de l’Altaï en Russie venait d’une équipe de généticiens. Stupeur des paléoanthropologues et préhistoriens qui en l’absence de bouts d’os identifiables selon leurs méthodes l’ont d’abord mise en doute. Il ne leur a pas fallu longtemps pour en reconnaître le bien-fondé. Les rapides avancées dans l’étude des humains archaïques par la nouvelle discipline de paléo-génétique fondée sur les ADN(1) en ont multiplié les preuves incontestables.
Selon un consensus désormais établi il y a eu quatre sorties humaines de l’Afrique vers l’Eurasie sur les deux derniers millions d’années(2). L’ultime celle d’Homo sapiens a rencontré Neandertal à l’ouest et un peuplement contemporain à l’est, celui de Denisova. D’abord disséminés dans le sud tropical humide asiatique d’un territoire souvent fragmenté(3) ces Dénisoviens une fois acclimatés au climat continental plus froid ont investi les immenses steppes eurasiatiques. Des brassages génétiques et culturels déjà produits entre eux et les Néandertaliens venus de l’ouest ont laissé leurs empreintes sur les Sapiens.
Formidable enquête réalisée par la paléoanthropologue Silvana Condemi et le journaliste scientifique François Savatier dont on attend les suites. Ils décrivent minutieusement l’apport d’une pierre fondamentale à cette longue odyssée humaine dont ils réordonnent les acquis précédents, le tout illustré de portraits reconstitués de ces habitants du passé, de photos et de cartes. Ils expliquent comment les indices les plus ténus deviennent parlants grâce aux dernières techniques d’investigation et de datation. Enfin ils saluent l’implication et l’esprit de coopération de leurs homologues chinois vivant au cœur d’une grande partie des zones concernées.
(1) ADNmt pour mitochondrial transmis exclusivement par les lignées féminines, ADNn pour nucléaire porté par chaque cellule dont le gène Y présent dans les spermatozoïdes permet de suivre les lignées masculines, autres ADN extraits des strates sédimentaires.
(2) Homo sapiens (4ème sortie entre 200 000 et 70 000 ans) a été précédé d’une forme archaïque proche d’Homo habilis (1ère avant 2 millions d’années), suivi par Homo erectus (2ème vers 1,5 million d’années) puis d’Homo heidelbergensis (ou rhodesiensis 3ème à partir de 800 000 ans) lequel a évolué en Neandertal à l’ouest de l’Eurasie, et Denisova dans sa partie orientale (vers 400 000 jusqu’à leur extinction).
(3) Pendant les épisodes interglaciaires du climat et l’élévation concomitante des niveaux marins, les transformations à plusieurs reprises du socle continental émergé en archipel dans le sud-est asiatique ont réduit les flux des transmissions dans des aires discontinues.

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  L'énigme Denisova [Texte imprimé], après Néandertal et Sapiens, la découverte d'une nouvelle humanité Sylvana Condemi et François Savatier illustrations de Benoit Clarys

  de Savatier, François Condemi, Silvana (Commentaires)
  Albin Michel
  ISBN : 9782226493057 ; 22,90 € ; 10/04/2024 ; 320 p. ; Broché

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