Mega tome 1 de Salvador Sanz

Mega tome 1 de Salvador Sanz

Catégorie(s) : Bande dessinée => Sci-fi & fantastique

Critiqué par Blue Boy, le 15 septembre 2024 (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 390 

Les fabuleux dragons métalliques de Salvador Sanz

Serait-ce la fin du monde qui se trame au fond des océans, sous la calotte glacière de l’Antarctique ? Une créature géante venue du fond des âges, la « Salamandre », se réveille suite à un étrange rituel pour semer la terreur et dévaster les villes. Désormais, le sort du monde est peut-être entre les mains d’une petite fille, Tina, qui communique en rêve avec son grand-père archéologue, disparu lors d’une mission en mer il y a plusieurs mois. Pour son anniversaire, celui-ci va lui confier un mystérieux coffret contenant un artefact magique…

Cette bande dessinée, qui au premier abord, s’apparenterait à de la grosse artillerie, dissimule contre toute attente quelques charmes insoupçonnés, qui vont se révéler au fil de la lecture. Si la narration respire le déjà vu, elle joue à bon escient sur les contrastes, comme la couverture pourrait assez bien le résumer, laquelle montre une fillette se dressant contre un monstre gigantesque au milieu de gratte-ciel. Et en effet, « Mega » n’est pas juste un prétexte pour montrer des scènes de combat spectaculaires entre deux créatures géantes, avec rien autour…

Assez habilement, Salvador Sanz fait référence non seulement à Godzilla — le mythique blockbuster japonais auquel on pense immédiatement —, mais a puisé son inspiration dans les légendes anciennes ou plus contemporaines, alimentées par les croyances populaires (notamment avec le Chupacabra, équivalent sud-américain de la bête du Gevaudan qui sucerait le sang des animaux de ferme), ainsi que dans la littérature ou le cinéma fantastique, de Lovecraft à « Alien » en passant par « La Guerre des mondes » de H.G. Wells. Une approche très pop-culture qui, par l’entremise de la fillette Tina, nous ramène aussi vers le monde de l’enfance et des rêves. Et de ce point de vue, c’est plutôt réussi et assez prenant.

Quant au dessin de cet auteur « multitâches », force est de constater qu’il dégage pas mal de puissance dans la représentation très détaillée des monstres. Ces derniers, sortes de dragons métalliques dépourvus d’yeux, ont un aspect à la fois terrifiant et intrigant, forcément extra-terrestres. Cela donne lieu à des scènes de « catch » très spectaculaires au milieu des tours en flammes de Montevideo, et pour plus de vraisemblance, retransmises en boucle sur la chaîne d’info locale. Mais ce « vacarme graphique », que d’aucuns pourraient très bien ne pas apprécier, est contrebalancé par la magie et la douceur des scènes oniriques où la fillette dialogue avec son « papi », nous faisant pénétrer dans le domaine merveilleux du conte.

Salvador Sanz est un auteur argentin célébré et bénéficiant d’une certaine notoriété chez lui ainsi que dans les pays latins. Ce touche à tout, qui travaille aussi dans l’illustration et réalise des courts métrages d’animation, a même eu les honneurs du Comic-con de San Diego aux USA, mais reste encore assez méconnu sous nos contrées. Dans le monde francophone, « Mega » est sa deuxième bande dessinée, et cette seconde mise en lumière est permise par l’éditeur français iLatina, spécialisé dans la BD sud-américaine.

Ce premier tome d’une trilogie en cours est suffisamment bien mené, avec son lot d’images prodigieuses et féériques, pour nous donner envie de découvrir la suite, qui nous dira si la petite Tina sera de taille pour anéantir la titanesque Salamandre et le vicieux Chupacabra…

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