La vie dans un village médiéval de Frances Gies, Joseph Gies

La vie dans un village médiéval de Frances Gies, Joseph Gies

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par CC.RIDER, le 2 août 2024 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 9 étoiles
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Communauté de production agricole

Le village d'Aethelintone, Aethelington ou Adelintune, selon les sources, fut aussi connu sous le nom d'Aylington avant de prendre son nom actuel d’Elton. Il est le seul et unique objet de cet ouvrage et uniquement sur la période allant du Xe au XIIIe siècle. Il dépendait alors de la riche abbaye bénédictine de Ramsay dans la région des Midlands de l’Est où l’on pratiquait une forme d’agriculture en « open fields » (champs ouverts) ainsi que l’élevage de moutons, cochons, bovins, chevaux, oies, canards et volaille… Contrairement au village actuel où la population qui y habite travaille ailleurs, le village médiéval était une véritable communauté où les gens vivaient, travaillaient, chassaient, pêchaient, se socialisaient, allaient à la taverne et à l’église, se prêtaient mutuellement de l’argent, des outils ou du grain. Libres ou « villeins » (équivalent de nos « serfs »), les villageois y naissaient, s’y mariaient, avaient des enfants et y mouraient. Même s’il y avait des échanges avec les villes environnantes, les habitants s’en éloignaient rarement. Toute la communauté était orientée vers la production agricole. La population comptait de 400 à 600 habitants environ, vivant dans des conditions souvent difficiles, avec de fortes contraintes et de grandes inégalités sociales.
« La vie dans un village médiéval » est une monographie historique bien écrite, bien documentée et bien étayée (pas loin de 50 pages de notes ainsi que de nombreux documents photographiques et de dessins d’époque). Le lecteur intéressé par le sujet pourra y apprendre énormément de choses et également reconsidérer certaines idées reçues sur une période historique finalement assez mal connue. Les auteurs passent en revue bien des sujets comme le statut des paysans, libres ou non, qui avait assez peu à voir avec la condition des esclaves africains, comme le système pyramidal dans lequel le propriétaire terrien (aristocrate descendant de compagnons de Guillaume le Conquérant, mais aussi abbayes, évêques, voire bourgeois enrichis) multipliait impôts, redevances et travail contraint ou comme les assemblées villageoises où se rendait une justice très différente de la nôtre. Tout le village servait de juge et de jury. Les sanctions allaient de quelques sous d’amende à la pendaison en passant par le pilori. Les peines de prison n’apparurent que beaucoup plus tard pour des raisons de commodité. Paradoxalement, la vie était plus facile quand la population était moins nombreuse, décimées par les épidémies ou les guerres. Une lecture passionnante qui donne une idée sans doute moins misérabiliste et moins romantique que celle proposée par les romanciers d’hier et aujourd’hui…

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