Portrait d'un officier de Pierre-Henri Simon

Portrait d'un officier de Pierre-Henri Simon

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 27 juillet 2024 (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans)
La note : 10 étoiles
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Les guerres ne sont plus ce qu’elles étaient.

Pierre-Henri Simon est académicien donc immortel et pourtant il est mort et bien mort puisqu’il ne vit même plus dans la mémoire des amateurs de lecture que sont les CLiens. Alors, avec cette critique, je me propose de le ressusciter pour un temps. Il en vaut vraiment la peine.
Son « Portrait d’un Officier » est un récit relativement court, 175 pages, il se lit facilement, il est magnifiquement écrit et ne manque pas d’intérêt ; il a été écrit en 1958 et reste parfaitement d’actualité.

Un officier de carrière et un officier de réserve se rencontrent, par hasard, quinze ans après la guerre 40/45. Ils se racontent leurs souvenirs, leurs très mauvais souvenirs, puisqu’ils ont perdu la guerre et se sont retrouvés prisonniers dans le même Oflag en Allemagne pendant quatre ans.

L’officier de carrière est issu d’une famille de militaires qui ont toujours servi la France et dont l’ancêtre a été anobli par Louis XV à la guerre de Sept Ans. Lui-même a fait Saint-Cyr et, dit-il, il est entré à l’armée comme on entre en religion : « je ne pouvais voir la guerre autrement que dans la forme d’une action où les vertus ne sont pas celles de la paix, parce qu’elles les dépassent ».
Mais son ami lui fait valoir que les guerres d’aujourd’hui ne sont plus « le grand tournoi loyal que vous imaginez, elles sont devenues sordides et cruelles, une espèce de boucherie scientifique…  ». L’officier de carrière est bien d’accord. Il se lance alors dans ses souvenirs de la guerre d’Indochine puis de la guerre d’Algérie et ça nous vaut le portrait d’un officier désabusé qui se demande si au lieu d’avoir été « le chevalier chrétien » qu’il croyait être, il n’aurait pas été qu’un Don Quichotte.

Ce qui est formidable, et même pathétique, ce sont ses récits de guerres en Indochine, et surtout, en Algérie. C’est bien raconté, dans un style élégant et clair, mais très vif et très visuel ; ça pose la question de la légitimité de ces guerres et, en même temps, ça remet aussi en question la légitimité des guerres récentes et actuelles.
Ce livre est une petite pépite que je range parmi les livres que je relirai un jour.

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