L'envie de Iouri Olecha

L'envie de Iouri Olecha

Catégorie(s) : Littérature => Russe

Critiqué par Léonce_laplanche, le 17 décembre 2004 (Périgueux, Inscrit le 22 octobre 2004, 88 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (56 160ème position).
Visites : 5 853  (depuis Novembre 2007)

Ni une petite, ni une grosse envie !

Iouri Olecha est né en Russie méridionale au tout début du siècle.
Issu de la bourgeoisie juive, il accueille avec enthousiasme la révolution de 1917.
Dans ses grandes lignes, ce roman oppose Babitchev, un homme sympathique et bien dans sa peau ; il connaît le succès de la réussite car il est l’inventeur d'une nouvelle forme de saucisson ( et ça c’est pas rien là-bas !) _ il symbolise l'homme moderne _ à Kavalérov, poète et intellectuel qui figure l'homme décadent ou dépassé. Evidemment, on prend partie pour ce dernier. Mais voilà : Kavalérov n'est pas toujours parfaitement convenable, et surtout il est envieux !
Ce livre est quelque peu déroutant, très intéressant par moments et désorientant à d'autres !
J'ai eu l'impression que l'auteur prenait plaisir à perdre son lecteur, en particulier avec les différents noms, prénoms et diminutifs dont il pare ses personnages.
Et puis il y a finalement deux poètes dans l'histoire avec des idées intelligentes... et des comportements stupides ! Cela m'a un peu dérangé j’aurais préféré des poètes bien à tous points de vue !
Après lecture subsiste une certaine ambiguïté ! Je me demande encore si j’ai bien tout compris ?

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C'est quoi la révolution ?

7 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 19 juillet 2015

Publié pour la première fois en 1927, « L’envie » est le premier roman écrit par Iouri Olécha, il reste son chef d’œuvre. Dans ce texte, il raconte la rencontre entre un apparatchik, Babitchev, un homme ayant un passé chargé, sûr de lui, suffisant, arrogant, qui s’est taillé une belle place dans l’administration grâce à la révolution, au parti, à sa débrouillardise et son absence de scrupule, et le un jeune homme égaré qu’il a ramassé ivre sur la voie publique, éjecté d’un café par des convives peu hospitaliers. « Lui, André Petrovitch Babitchev, occupe le poste de directeur du trust de l’industrie alimentaire. C’est un charcutier en gros, un confiseur en gros, un cuisinier en gros. Et moi, Nicolas Kavalérov, je suis un bouffon ». « … il a industrialisé les cuisines ». Il acquiert une notoriété dans le parti en inventant un saucisson industriel grâce aux compétences de ses charcutiers. Entre eux se dresse le frère de Babitchev inventeur mythomane qui couve un jeune footballeur de talent.

Kavalérov, véritable parasite de Babitchev, l’inventeur du saucisson, rejette ce parvenu incompétent se pavanant devant les foules pour se faire valoir et gravir les échelons du pouvoir. Il lui écrit une lettre accusatrice dénonçant son inconséquence, son avidité, et ses ambitions peu louables. Olécha a compris très rapidement que la révolution était gangrenée par des ambitieux incompétents intéressés par le seul pouvoir et ce qu’il procure. En 1927, cette attitude était déjà empreinte de témérité, les grandes purges pointaient à l’horizon et elles le concernèrent de près, il échappa à l’accusation mais il subit des tracasseries qui troublèrent sa vie mais surtout son œuvre qui subit différentes formes de censures.

Comment expliquer la fin d’une civilisation et l’apparition d’un homme nouveau ? Comment va se traduire cette transformation sociale ? Iouri Olécha, en 1927, se pose déjà cette question, il a certainement constaté que la réalité révolutionnaire ne correspondait pas exactement à toutes les théories énoncées a priori et à ce que le peuple attendait réellement. Il s’interroge notamment sur la volonté de destruction de la notion de famille pour la remplacer par une organisation nouvelle de la société, par le remplacement des relations sentimentales par des rapports plus raisonnés. « Mais qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il faut détruire le sentiment humain de paternité ? Alors pourquoi m’aime-t-il, lui, l’homme nouveau ? »

Ce livre est aussi une méditation sur le temps et l’histoire. « La révolution a été quoi ?... Quoi exactement ? La cruauté même ! Et pourquoi est-elle devenue ainsi ? Elle était généreuse aussi, n’est-il pas vrai ? Elle était bonne, et dans tout le cercle du cadran, n’est-il pas vrai ? Il s’agit donc de ne pas s’affliger en petit, dans l’intervalle de deux divisions mais de considérer le cercle entier du cadran… Alors, on ne voit plus l’écart entre la cruauté et la grandeur d’âme, le temps seul compte. Le temps a déformé la perception de l’histoire et a transformé la grandeur d’âme de certains en véritable cruauté ». Olécha essaie de nous expliquer que les dérapages révolutionnaire sont en partie imputables à une vision trop globale des problèmes qui a provoqué l’application de mesures trop générales particulièrement préjudiciables pour certains. L’individu n’est pas un élément standard d’un peuple, mais un être différent de tous les autres et on peut le faire évoluer en inscrivant le changement dans son temps, dans son rythme. L’application radicale de grandes théories généralistes a pu être généreuse mais, hélas, aussi dévastatrice.

Ce roman, qui est plus qu’un roman, est aussi une plongée au cœur de la société ukrainienne du début du siècle dernier, à l’époque où le héros a pu forger son avenir révolutionnaire dans ses humiliations et ses fantasmes. Les chimères occupent une grande place dans le texte, elles incarnent toutes les idées fantasmagoriques et démagogiques qui ont fait dévier la révolution de ses objectifs fondamentaux.

Littérairement ce texte m’a paru très moderne pour l’époque, il est écrit en bonne partie à la forme interrogative, Olécha questionne, interpelle, le lecteur à longueur de pages, je n’ai jamais vu autant de points d’interrogation dans un texte. La construction du texte et elle aussi moderne, il faut suivre attentivement les personnages pour ne pas confondre les deux frères antagonistes, les temps et les époques. Il semblerait que le livre essaie de reproduire la confusion qui règne dans la société nouvelle qui tente de se constituer après la révolution.

Pas apprécié

2 étoiles

Critique de Lomegas (, Inscrit le 24 mars 2012, 35 ans) - 19 avril 2012

Ce livre est devenu un classique de la littérature russe. Cependant ce livre est presque illisible sans introduction à l'oeuvre d'Olecha ou à ce livre. Tout est dans la symbolique des choses et des personnages.
Malheureusement je n'ai pas apprécié cette histoire (peut-on même parler d'histoire ?). Il y a un chapitre qui est intéressant parce qu'il nous explique ce qu'est le vieux monde et ce qu'est le nouveau monde. Et c'est le seul chapitre que j'ai lu avec attention sans ennui.
On ne s'attache à aucun des personnages et on l'impression en refermant le livre qu'on a perdu son temps.
Dommage, à moins que je n'ai pas tout bien compris ?

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