La force des femmes de Denis Mukwege

La force des femmes de Denis Mukwege
(The Power of Women: A Doctor's Journey of Hope and Healing )

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Krys, le 19 janvier 2024 (France-Suisse, Inscrite le 15 mars 2010, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 323ème position).
Visites : 1 150 

Puissant

Ce récit est aussi puissant que nécessaire.

Le Dr Mukwege nous relate ici son travail et à travers lui le destin de femmes survivantes de violences sexuelles.
Il part du triste constat de violences extrêmes en République démocratique du Congo, où il travaille dans l'hôpital qu'il a fondé en tant que gynécologue obstétricien (hôpital de Panzi, à Bukavu). Mais il dépasse les frontières et nous embarque dans le monde entier où, partout sans exception, des femmes, des filles et des bébés sont victimes des mêmes violences.
C'est très difficile de décrire ce récit de vie et d'actions. Le Dr Mukwege nous raconte ses petites victoires (au sein de l'ONU notamment) mais aussi ses défaites, et du chemin qu'il reste à parcourir. Nous en sortons grandis et avec l'envie urgente d'agir, et non de se laisser abattre : là est la force de ce récit.
C'est un livre à mettre entre toutes les mains, un livre dont on ne sort pas indemne.

Prix Nobel de la Paix en 2018, Prix Sakharov en 2014 , Prix des Droits de l'homme des Nations unies et Prix Olof Palme en 2008, Denis Mukwege est connu pour être "l'homme qui répare les femmes".

" Nous avons tous le pouvoir de changer le cours de l'histoire lorsque les convictions pour lesquelles nous nous battons sont justes."

"Le nombre de crimes sexuels contre les femmes dans le monde est un scandale qui n'a rien d'imaginaire. Cela se produit en ce moment même. Et cela continue en raison du sexisme et du peu d'intérêt porté à la vie des femmes. Alors que ça devrait être une priorité de sûreté nationale dans tous les pays."

A lire, urgemment.

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L’HOMME QUI RÉPARE LES FEMMES.

8 étoiles

Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 5 février 2025

Il était une fois, - et oui, cette recension commence par: «Il était une fois» -, il était une fois, un petit garçon de cinq ans qui accompagnait son père, pasteur pentecôtiste, dans ses tournées de prière dans la petite ville de Bukavu au Congo Belge (aujourd’hui République Démocratique du Congo), dans les années 60. Son père s’occupant du spirituel, il se promit un jour de devenir médecin et de s’occuper des corps physiques des personnes… La suite tout le monde la connaît, il deviendra médecin gynécologue, spécialisé dans la réparation des mutilations génitales pratiquées sur les femmes, notamment lors des viols employés comme arme de guerre…

On ne présente donc plus le Dr. Denis MUKWEGE (*1955), Prix Nobel de la Paix 2018. Tout le monde connaît «L’Homme qui répare les femmes», et pourtant…
Et pourtant, qui sait que bien avant son Prix Nobel, il avait déjà reçu la plus haute récompense pour les «défenseurs des droits de l’homme», décernée par l’Union Européenne: le «Prix Sakarov pour la liberté de l’esprit» en 2014… D’ailleurs la récompense pécuniaire attachée à ce prix, qui lui avait été versée, a par la suite «mystérieusement» disparu de son compte en banque…
Qui sait qu’il a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat et qu’il vit en permanence quasiment cloîtré dans son hôpital, sous la protection de hauts murs, de barbelés, et surtout d'une douzaine de «Casques bleus» de l’ONU?..
Qui sait qu'il a d’ailleurs subi plusieurs fois des «pressions» des autorités de son pays, «prié» de se taire et de surtout ne rien révéler au monde sur la situation catastrophique des femmes en RDC! Politiciens qui d'ailleurs n'hésitaient pas à pratiquer la politique de la «chaise vide» quand il lisait ses discours au siège de l’ONU à New York…
Que l’une des premières personnes à le soutenir et à lever des fonds pour l’aider dans sa croisade n’est autre que Mme. Eve ENSLER (*1953)? Bien sûr que si, vous la connaissez! C’est la dramaturge américaine autrice de la pièce de théâtre mondialement connue: «Les monologues du vagin»! (1). Elle n’hésita d’ailleurs pas à aller rencontrer les femmes victimes de violences sexuelles directement dans la clinique de Panzi (RDC), fondée par le Dr. MUKWEGE, en leur posant une simple question : «Que puis-je faire pour vous aider?»...
Que suite à une tentative d'assassinat et après avoir trouvé refuge a l'étranger avec sa famille (qui avait été prise en otage lors de cette même tentative), un collectif de femmes de l'île d'Idjwi, lui demanda de revenir à l'hôpital de Panzi,lui promettant que vingt-cinq femmes venant de cette même île, veilleraient jour et nuit à sa sécurité...
Que le jour de la remise du Prix Nobel à Oslo en Norvège, alors que la cérémonie est diffusée en direct dans le monde entier, la seule chaîne de télévision de son pays retransmet… Un match de basket!..

Voilà, il n’y a pas grand-chose à dire de plus sur ce livre, c’est pour des anecdotes comme celles que je viens de vous citer ci-dessus qu’il vaut la peine d’être lu!

Qu'est-ce que je n’ai pas aimé dans ce livre? Peut-être la deuxième partie du livre, quand le Dr. MUKWEGE sort de son «pré carré» et où cette autobiographie deviens un.. essai! L’auteur nous parle alors de l’action politique, de politiciens, de lois, de géostratégie, de minéralogie, etc, etc… Attention, non que cela ne soit pas intéressant! C'est absolument nécessaire à la compréhension générale de la situation des femmes en RDC et dans le monde!.. Simplement, cela m’a beaucoup moins passionné, et j'aurais préféré qu'il continue à nous parler de sa vie, de son œuvre, de ses réalisations, de ses passions, de ses combats, de son travail, etc etc… Cette deuxième partie aurait dû, - mais cette remarque n'engage que moi, et est mon avis personnel -, faire l'objet d'un autre livre distinct de cette autobiographie, et aurait alors pu être beaucoup plus développée et approfondie.

Qu’est-ce que j’ai aimé dans ce livre? : Pratiquement tout je dois dire. C’est franc, juste, honnête, posé… le Dr. MUKWEGE ne nous cache rien de son combat, de ses doutes, de ses erreurs, de ses victoires… Il fait preuve d’une résilience et d’une bienveillance admirables, il parle avec une empathie exceptionnelle des femmes qu’il opère et soigne, et toujours très honnêtement, y compris quand il nous avoue avoir fait des erreurs... Et aussi avec réalisme de ses «opposants», qui sont d’ailleurs plus un système que des personnes…

Est-ce-que je vous recommande la lecture de ce livre? Inutile de le préciser ici, c’est un grand OUI! Je suis un fan inconditionnel de ce livre, qui est sans aucun une des plus belles autobiographie que j’ai lu depuis longtemps! C’est bien écrit, simple à lire, accessible au plus grand nombre. Mais surtout, c'est émouvant, - j'ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises -, et très très vrai je dois dire. C'est sans aucun doute un livre dont on se souviens longtemps après sa lecture... Je dirais donc juste : Lisez-le, lisez-le, lisez-le!!

P. S. : A cause des témoignages extrêmement durs et pourtant tous vrais qui y sont rapportés, ce livre est à déconseiller aux personnes les plus sensibles.

(1) : Cf. ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/4925

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