Un bon épisode...

Avant toute chose, de façon à rester dans la clarté, je précise que pour cette série je manque complètement d’objectivité ! Voilà, c’est dit ! En effet, j’ai lu la série initiale, celle de Charlier et Uderzo, dès l’âge de huit ans, quand elle est arrivée à la maison. C’était le temps béni de la revue Pilote que mon père appréciait, il faut dire qu’il adorait une autre série du journal (Mâtin quel journal !) à savoir Astérix et Obélix… Mais revenons à cette sacrée série !

Pour comprendre mon attachement ces deux héros que sont Michel Tanguy et Ernest Laverdure, il faut savoir que j’ai porté l’uniforme militaire, que j’ai servi sur une base aérienne durant quatre ans en dirigeant l’équipe qui faisait les pleins des avions de chasse. Seule différence avec la série, celle où je travaillais était équipée d’un autre avion, le jaguar et non le mythique Mirage…

Dans cette série, il y a de très nombreux niveaux de lecture. Il y a, tout d’abord, l’histoire des pilotes et de toute la communauté d’une base aérienne française, un lieu de solidarité, d’amitié mais aussi de grande conscience professionnelle car avec l’avion, une seule erreur et c’est la chute, le bisou avec la planète, la mort…

Il y a une très belle histoire d’amitié entre Michel et Ernest, une amitié totale et sans faille, même quand Ernest se met dans des situations délicates, ce qui ne manque pas… Cette relation est doublée d’une belle relation entre Michel et son père. Chez les Tanguy, on est pilote de père en fils. «Mon Grand-père a été pilote de chasse de 1916 à 1918… Mon Père l’a été en 1940, il a fait toute la dernière guerre, deux blessures en service aérien commandé. Croix de guerre quatre palmes.» Quant aux relations avec la maman, elles arriveront à leur moment, dixit papa, encore en activité : « Ta Mère est folle de peur ! ». Cela paraît normal, en ayant un mari et un fils pilotes dans l’armée française…

Cette série est aussi un astucieux mélange de scènes aériennes, d’espionnage, de voyage dans le monde, de vie quotidienne avec des gags presque outranciers… D’ailleurs, si la série n’avait pas eu cette touche d’humour digne du magazine Pilote, elle n’aurait pas eu sa place au milieu des Blueberry, Grand Duduche et autres Rubrique-à-brac…

Il fallait un petit quelque chose de plus qu’une série mettant à l’honneur des militaires de l’Armée de l’air… L’humour et la bonne humeur… Ernest Laverdure est le clown de service. Il commet toutes les bêtises possibles. C’est un peu tarte à la crème, mais ça fonctionne aussi bien que du champagne sur l’uniforme du colonel de la base, mettre le pied dans un pot de peinture, les fesses dans un bac d’huile de vidange… Et quand il n’y est pour rien, si ça arrive une fois, la catastrophe est provoquée par un autre, mais il en est la victime… Un pauvre plat de bœuf bourguignon qui se retourne sur lui… Jean-Michel Charlier avait déjà testé ce type d’humour avec le personnage de Tuckson dans les aventures de Buck Danny… Mais il n’était jamais allé si loin ! Là, il n’avait aucune limite ou presque !

La notoriété des héros a été accrue par l’arrivée, en 1967, d’une série TV, 39 épisodes de 26 minutes… Et les pilotes, qu’en pensent-ils ? Le bruit court qu’ils auraient majoritairement apprécié ce travail qui a suscité, aussi, des vocations de pilotes (militaires, civils et amateurs).
Je ne retiendrai qu’une seule chose, ces bédés d’aventure de mon enfance et en particulier mon album préféré, « L’Escadrille des cigognes » qui a été une de mes premières bédés, un souvenir qui reste… Vous ne serez pas aussi touchés, c’est bien probable, mais souvenez-vous qu’à huit ans on aime beaucoup la tarte à la crème, les amitiés éternelles et la punition des méchants…

Alors, bien sûr, cette série « Une aventure « classic » de Tanguy et Laverdure » ne pouvait que me toucher et je dévore chaque album avec mes yeux de huit ans… Et qu’importe si cette série ne touche qu’un public limité et particulier… Moi j’aime !

Ce dernier épisode va se dérouler au début des années soixante, sur une base canadienne dans le nord de la France. On verra comme avions essentiellement des Super Mystère B2 et des Sabre… Avec une histoire un peu plus évoluée qu’une simple histoire d’espionnage. Ici, on semble s’installer dans une sorte de vengeance… Mais il faudra attendre la fin de l’histoire dans le prochain album pour tout comprendre… Je serais tenté d’affirmer que c’est plutôt une réussite scénaristique et quant au dessin, là strictement aucun doute, c’est la perfection !

Je ne peux donc que vous conseiller la lecture de cette histoire, « Le mystère du Sabre jaune » !

• 

  Une aventure Classic de Tanguy & Laverdure - Tome 5 - Le Mystère du sabre jaune

  de Durand, Matthieu (Illustrateur) Buendia, Patrice (Scénariste)
  Coédition Dargaud/Zéphyr
  ISBN : 9782205203202 ; 15,50 € ; 03/02/2023 ; 48 p. ; Relié

  Go Amazon