Le Papalagui, les paroles de Touiavii, chef de la tribu de Tiavéa dans les îles Samoa de Erich Scheurmann

Le Papalagui, les paroles de Touiavii, chef de la tribu de Tiavéa dans les îles Samoa de Erich Scheurmann
( Der Papalagi : die Reden des Südseehäuptlings Tuiavii aus Tiavea)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Sahkti, le 22 octobre 2004 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 864ème position).
Visites : 7 666  (depuis Novembre 2007)

Devenir ethnologue

Touiavii est le chef coutumier de la tribu de Tiavéa, dans les Samoa. Sur son île d’Oupolu, on appelle les blancs les papalagui (pourfendeur du ciel).
Elevé par les maristes, Touiavii rêve d’Europe et de culture "blanche", il se prend à rêver de faire le grand voyage, jusqu’au jour où ce rêve devient réalité.
Touiavii découvre l’Europe et prend des notes, un tas de notes, ensemble d’observations et de considérations pleines d’humour et de cruauté. Les rôles sont inversés, c’est Touiavii qui joue les ethnologues et les hommes blancs deviennent des bêtes curieuses.

De retour au pays, Touiavii raconte son expédition à Eric Scheurmann, un Allemand installé sur l’île depuis quelques années, qui prend soin des feuillets et les publie à Berlin en 1920. Le plus intéressant dans ce recueil n’est pas la préface parfois condescendante de Scheurmann mais la sagesse et la lucidité qui se dégagent des propos de Touiavii, étonné des comportements de certains blancs, de leurs règles religieuses et morales, de leur mode de vie…
L’idéalisme de Touiavii pour l’homme blanc en prend un sacré coup pendant son voyage, il est déçu et amer et se donne comme mission de convaincre les siens qu’il faut arrêter de vouloir ressembler aux papalagui. Pas facile, les Blancs sont assimilés à des dieux puissants et intelligents. Comment arriver à briser cet enthousiasme et cet aveuglement?

Ces propos, parfois teintés de naïveté, n'ont pas pris une ride si on observe, avec recul et humilité, que la société occidentale s'est fourvoyée comme le craignait Touiavii. C'est un peu comme si on se contemplait dans un miroir et qu'on voyait passer devant nous nos défauts, notre péché d'orgueil, notre supériorité de colonisateur, notre connaissance absolue que nous voulons imposer à tous (au nom, aujourd'hui, de la liberté et de la démocratie)

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Les éditions

  • Le Papalagui [Texte imprimé], les paroles de Touiavii, chef de la tribu de Tiavéa dans les îles Samoa recueilli par Erich Scheurmann trad. de l'allemand par Dominique Roudière
    de Scheurmann, Erich (Editeur scientifique) Roudière, Dominique (Traducteur)
    Pocket / Presses pocket (Paris)
    ISBN : 9782070307265 ; 5,95 € ; 17/06/2004 ; 160 p. ; Poche
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un roman qui nous ramène à l'essentiel

10 étoiles

Critique de Dany (, Inscrite le 18 janvier 2012, 51 ans) - 1 février 2012

Le Papalagui est un écrit original et rare marqué d'une large empreinte philosophique . A travers le regard de Touiavii -chef de la tribu de Tiavéa - l'auteur nous amène à nous interroger constamment sur les effets néfastes de la modernisation sur l'homme. Nous comprenons alors que l'homme occidental s'est considérablement éloigné de son essence même...Cet égarement serait-il alors la raison de tous ses maux ?

Livre fascinant à lire absolument!

Pourfendeur du ciel

8 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 16 février 2011

Touiavii a parcouru l'Europe au début du XX siècle. De retour chez lui, dans les îles de Samoa, il décide de livrer ses réflexions sur son expérience. Il dépeint l'univers des papalaguis à travers les différentes observations de leurs us et coutumes pour le moins étranges. Avec cette sagesse qui caractérise les individus vivant au contact permanent de la nature et qui ont su garder les yeux ouverts sur les éléments qui fondent l'essentiel d'une existence pérenne et harmonieuse.

Il décrit dans une langue simple, juste et fortement imagée tous les fourvoiements d'une civilisation brisée par des comportements et des courants de pensée qui tendent à rejeter les valeurs sacrées qui unissent l'homme aux esprits de la nature et à ses semblables.

Il n'a de cesse de dénoncer les activités des papalaguis qui se divisent en deux groupes distincts, les hommes fentes et les hommes terres ; les premiers habitent dans des villes surpeuplées et vivent du travail des hommes terres. Il voit la cupidité des uns aux détriments des autres, la soif d'avoir toujours plus afin d'asseoir leur prestige social, sans jamais penser au bien de la communauté. La croyance en l'argent, l'envie de posséder des objets, la tentation de se faire l'égal de dieu, quitte à tout détruire, contribue à faire de cette société un laboratoire du pire.

Parfois empreints de naïveté, ces propos sont forts et percutants, mais en même temps ils recèlent une grande inquiétude vis à vis de ces papalaguis, armés de la bible, qui prônent l'amour des hommes entre eux tout en écrasant le rêve d'une humanité réconciliée avec elle-même.

A maintes reprises, il met en garde son peuple contre le mirage de cette civilisation porteuse du chaos intérieur, et formule le vœu que les papalaguis soient sauvés des démons qu'ils ont créés.

Un récit qui mérite toute notre attention, car il incarne une partie de la mémoire de nos origines physiques et spirituelles.

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