Le profit avant l'homme de Noam Chomsky
( Profit over people : neoliberalism and global order)
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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L'effet cliquet
A l'image de la terre qui tourne autour du soleil, les milieux politiques et financiers s'efforcent de nous faire croire que le capitalisme, et son extension néo-libérale, sont des mécanismes naturels et surtout irréversibles, théorie connue sous le nom d'effet cliquet. Mais comment s'y prennent t-ils pour nous faire avaler ce gloubiboulga indigeste ? Tout simplement parce qu'ils ont un truc ou plutôt des trucs. "Les maîtres de l'univers" (comme les désigne l'auteur) agissent en vrais magiciens de la démocratie.
Comment croyez-vous qu'ils aient réussi à concevoir et à entériner des accords internationaux sur le libre échange international qui, depuis les années 1980, ont réorienté radicalement l'existence des peuples, sans que ceux-ci soient consultés ? C'est ce que ce livre, composé de textes parus dans diverses revues, propose de faire en exposant clairement tous les mécanismes de la machine à faire du profit, que dirigent les grands patrons, tandis que les politiciens tentent de rouler le peuple, avec la complicité des médias (inféodés au système du fait qu'ils leur appartiennent), en dirigeant son attention vers des sujets plus "populaire". Cela va de l'utilisation de la bonne vieille propagande, à des lois donnant tout pouvoir au président des USA à signer des accords sans qu'il lui soit nécessaire d'obtenir l'approbation institutionnelle, en passant par l'idéologie, un peu tordu, du "consentement sans consentement [du peuple]". Principe qui se définit comme un moyen pour le gouvernement d'imposer une mesure contre l'opinion du peuple qui, s'il reconnaît dans les années qui suivent le bien fondé de cette mesure, pourra considérer que cette mesure a été imposée avec le consentement des gouvernés. Deux moyens d'y parvenir, soit par la force (mais cela fait mauvais genre), soit par "la fabrication du consentement" (moins barbare, mais tout aussi méprisable).
Le système néo-libéral, imposé par la puissance dominatrice au monde entier, est cadré par des lois et restrictions très strictes qui défendent le libre échange, en interdisant par exemple aux états d'intervenir dans les affaires des grandes entreprises, qui au contraire doivent en faciliter, par tous les moyens possibles, l'implantation sur leur territoire. Mais en tant que puissance hégémonique, régnant sans partage, les Etats-Unis ont souvent enfreint ces mêmes règles pour sauver leurs entreprises, en défiant les instances internationales de les mettre à l'amende, tandis qu'eux-mêmes n'hésitent pas à faire pression sur les autres gouvernements lorsqu'ils estiment que leurs intérêts sont menacés (même si cela a été fait de manière légale dans le respect des accords signés). Cette politique économique dictatorial a bien entendu engendré de multiples catastrophes économiques dans plusieurs pays.
Comme le rappel l'auteur, la constitution Américaine fut rédigée par les représentants des classes privilégies de l'époque, dans le but de protéger exclusivement leurs acquis. Un acte prémédité de ce que devait être les Etats-Unis, à savoir une nation où les riches devenaient plus riches et les pauvres plus pauvres. Ou autrement dit, l'acte fondateur d'une nation (et plus tard du monde) bipolaire, d'un coté les possesseurs et de l'autre les dépossédés, mais pour éviter toute tentative de rébellion contre l'ordre établit, le concept de la démocratie s'imposa comme un rempart entre les deux pôles antagonistes, en agissant comme une sorte de centrifugeuse sociale qui les maintiendraient hors de portée l'un de l'autre (même si l'histoire fourmille d'exemple contraire). Pour les pères fondateurs de la démocratie Américaine il était hors de question que le peuple puisse d'une manière ou d'une autre exercer le pouvoir. La démocratie, ainsi instrumentalisée par les privilégiés, permis d'écarter toute velléité de contestation ou de révolte, en instaurant une illusion égalitaire entre tous. Le bipartisme absolu et écrasant, ainsi que le système de vote très complexe des Etats-Unis en est un exemple significatif. L'auteur cite l'exemple du principe du droit "à la propriété" défendu par le président Madison (1809-1817) destiné à préserver les droits des possesseurs, ce qui diffère, bien évidemment, du droit "de propriété" qui signifie la garantie, pour tout individu, du droit de possession légitime. Le même Madison déclara que la première responsabilité de l'Etat était "de protégé la minorité opulente contre la majorité".
Ce serait un truisme que de vous dire que ce livre est très instructif, car si nous vivons tous sur la même planète, perdu dans l'immensité du cosmos, il apparaît évident que nous ne vivons pas dans le même monde, mais bel et bien dans deux mondes très différents (voir antagonistes). D'un coté la minorité des "maîtres de l'univers" qui ne pensent qu'à une chose, eux. Pour être tout à fait honnête, il y a quand même une autre chose à laquelle ils pensent, ce quelque chose c'est nous, le peuple ou plus exactement à la manière de tenir "le grand animal" (le peuple) à distance de leurs décisions et surtout de leurs privilèges. Et de l'autre il y a le peuple ("Le grand animal") ultra majoritaire qui se rend bien compte que son sort ne lui appartient plus, et qu'il ne fait que subir les coups de boutoirs qui lui sont portés, sans trop savoir quoi comment réagir face aux charlatans en tout genre qui les abreuvent de messages lénifiants et décérébrés, créant ainsi une sorte d'atonie collective. Mais heureusement que des mouvements tentent, depuis quelques années, de briser les chevaux de frises qui barricadent les foyers de la cupidité pour défendre le droit légitime de tous les peuples à prétendent à un monde qui leur appartiendraient enfin.
Les éditions
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Le profit avant l'homme [Texte imprimé] Noam Chomsky trad. de l'anglais (États-Unis) par Jacques Maas
de Chomsky, Noam Maas, Jacques (Traducteur)
10-18 / Fait et cause
ISBN : 9782264038128 ; 7,50 € ; 06/05/2004 ; 245 p. ; Poche
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