Les pauvres gens de Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski
(Бедные люди)
Catégorie(s) : Littérature => Russe
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Deux êtres perdus
Ce livre est le premier écrit par Dostoïevski. Il a paru en 1846 et l’auteur a vingt-cinq ans. Le bagne, et les grands romans qui le suivront, sont pour plus tard. C’est un ami de Dostoïevski qui le fera lire à un critique et celui-ci sera émerveillé !
Tout le livre n’est composé que de lettres échangées entre deux personnages : Makar Alexéiévich (ou Diévouchkine) et Varvara Alexéievna (ou Varinka). Ces deux personnes vivent l’une en face de l’autre, séparées par une cour. Makar Alexéiévich est un petit fonctionnaire et Varinka est une jeune orpheline pauvre.
Lui ne parle que de ses trente années de fonctionnariat, alors qu’elle ira jusqu’à confier ses carnets d’adolescence à Diévouchkine. Cette relation va évoluer très lentement vers une sorte de pitié d’abord, puis vers une affection profonde allant jusqu’à l’amour sans en vraiment donner le nom.
Chacun livrera ses soucis, ses craintes, ses doutes, ses difficultés, à l’autre. Diévouchkine, au long de sa correspondance, ne se fait pas beaucoup de cadeaux et parle de lui en se traitant de « rat de ministère », de « vieil ignorant » et j’en passe !… Quant à Varinka, dans l’une de ses lettres elle dit ces paroles terribles : « Ah ! mon ami ! le malheur est une maladie contagieuse. Les malheureux, les pauvres, doivent se garer les uns des autres pour ne pas aggraver leur mal. »
Dostoïevski décrit merveilleusement bien l’univers petit et même pitoyable de ces « pauvres gens » parcouru par des êtres aussi dépourvus qu’eux, comme un mendiant du quartier, ou dangereux, comme la logeuse ou l’usurier.
Chacun devient petit à petit un confident de l’autre, puis son miroir.
Un livre attachant, très bien écrit, mais qui n’a pas encore la puissance des romans d’après le bagne…
Les éditions
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Les pauvres gens [Texte imprimé], roman Fédor Dostoïevski trad. du russe par André Markowicz
de Dostoïevski, Fedor Mikhaïlovitch Markowicz, André (Traducteur)
Actes Sud / Babel (Arles).
ISBN : 9782742733408 ; 7,70 € ; 12/06/2001 ; 258 p. ; Broché -
Les pauvres gens de Fedor Mihailovič Dostoevskij
de Dostoïevski, Fedor Mikhaïlovitch
P.O.L.
ISBN : 9782867442278 ; 15,24 € ; 30/06/2008 ; 172 p. ; Broché -
Les pauvres gens [Texte imprimé] Fédor Dostoïevski éd. présentée et annotée par Richard Millet trad. de Sylvie Luneau
de Dostoïevski, Fedor Mikhaïlovitch Millet, Richard (Editeur scientifique) Luneau, Sylvie (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio. Classique
ISBN : 9782070428816 ; 6,30 € ; 27/01/2005 ; 224 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (6)
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Pauvre de moi
Critique de Maranatha (, Inscrit le 17 janvier 2019, 52 ans) - 1 août 2021
Bien m'en a pris, je l'ai lu avec plaisir. C'est l'atmosphère à laquelle je pensais qui transparaît dans ce bouquin. L'âme russe qui transpire. Ces deux personnages dont nous sommes témoins du destin pour le moins tragique me semblent être une bonne entrée en matière pour aborder l'auteur. Cela se lit aisément, reste agréable sans longueurs. Il s'agit de son premier roman ce qui laisse penser qu'il y a encore des germinations qui ne demandent qu'à sortir et resplendir que la littérature. Cela m'a donné envie de reprendre en main Crime et châtiment.
Des débuts hésitants
Critique de Incertitudes (, Inscrit le 4 décembre 2008, 40 ans) - 19 août 2010
Publié en 1846, il suscitera les louanges du grand critique littéraire Belinski. L'écrivain, poète et critique Nekrassov qualifiera même Dostoïevski de "nouveau Gogol".
Pourtant rien ne laisse supposer que Dostoïevski deviendra un grand écrivain. C'est un scientifique, pour avoir fait l'école des ingénieurs militaires de Saint-Pétersbourg, plus qu'un littéraire.
Le livre parle de la relation affectueuse, via un échange de lettres, qu'entretiennent, dans un quartier pauvre de Saint-Pétersbourg, un vieux fonctionnaire Makar Devouchkine et une jeune fille à la santé fragile Varvara Dobrossiélova. Deux voisins qui sont aussi parents éloignés.
Outre la foi profonde de Makar Devouchkine en Dieu, ce qui sera un trait récurrent des personnages de Dostoïevski, l'auteur, qui est également un grand lecteur, parsème son récit d'allusions envers certains écrivains russes. Gogol est cité, Pouchkine aussi. Russes donc mais également anglais (Shakespeare) ou allemand (Schiller).
Malgré une peinture réaliste de la société russe de l'époque, le style redondant (mon âme, ma petite colombe, ma vie, reviennent assez souvent) ainsi qu'un Makar Devouchkine passant la plupart de son temps à se dévaloriser (ce qui ne le rend pas très attachant) font qu'on a du mal, en tout cas en ce qui me concerne, à accrocher.
Son premier roman...
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 5 septembre 2009
Dostoïevski exalte la grandeur d'âme et la noblesse des sentiments qui habitent ces pauvres hères: humilité, sens de l'honneur et du devoir, une piété profonde et une foi sans borne en notre Seigneur.
Cependant le livre est un peu lassant, par la répétition des malheurs qui frappent les deux protagonistes et l'effusion des sentiments. Ce livre ne m'a pas emporté comme avait pu le faire "Humiliés et offensés" du même auteur par exemple.
Un peu agaçant...
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 27 août 2007
Bon, je me suis dit, c'est son premier livre, soyons indulgente mais toute cette litanie de plaintes serinées sur un ton geignard m'ont presque fait abandonner ma lecture. Mais, j'ai persévéré car je me disais que je finirais bien par rencontrer le génie de l'auteur. Et ce génie, je l'ai trouvé dans le récit de Varenka au sujet de son enfance heureuse et comblée. Ces quelques pages m'ont presque tirée des larmes tellement le texte est sublime de beauté et rempli d'émotion.
Je vous en reproduis un court extrait qui est un véritable hymne à l'automne :
"Mais, aujourd'hui, le matin frais, lumineux, éclatant, comme il y en a peu en automne, m'a ranimée, et je l'ai accueilli avec bonheur. Ainsi, nous voilà déjà en automne ! Comme j'aimais l'automne à la campagne ! J'étais encore enfant, mais, dès ce moment-là, je ressentais bien des choses. Je préférais les soirs d'automne aux matins. Je me souviens, à deux pas de notre maison, en bas de la colline, il y avait un lac. Ce lac, je le vois comme aujourd'hui, ce lac, il était si large, lumineux, pur comme du cristal ! Parfois, si la soirée était tranquille, le lac était paisible; dans les arbres qui poussaient sur les berges, pas un souffle, l'eau - immobile, un vrai miroir. La fraîcheur ! le froid ! La rosée tombe sur l'herbe, les veilleuses s'allument dans les isbas de la rive, on ramène le troupeau - et c'est là que , tout doucement, je me faufilais hors de chez moi, pour regarder mon lac, et mes yeux s'y perdaient, parfois ! Un fagot de petit bois brûle chez les pêcheurs, juste au bord de l'eau, et la lumière coule le long de l'eau, loin, si loin. Le ciel est si froid, bleu sombre et, sur les bords, tout mélangé de bandes rouges, enflammées, et, ces bandes, elles ne font que pâlir ; la lune se lève ; l'air est tellement sonore, que s'élance un oiseau effrayé, qu'un filet de vent fasse tinter les ajoncs, qu'un poisson vienne clapoter à la surface, - on entend tout."
Et ça continue comme ça pour encore une ou deux pages. De la beauté à l'état pur ! Je relirai ces pages souvent afin de bien m'en imprégner. Oui, ce livre vaut la peine d'être lu car malgré l'ennui que j'ai ressenti, ce passage a tout effacé et m'a révélé ce que veut dire "écrire".
Le thème de la pauvreté est le moteur du récit et tous les tracas et les soucis qu'elle apporte sont extrêmement bien décrits. La pauvreté au quotidien est terrible pour l'être humain et gruge lentement mais sûrement tout espoir et toute joie. L'argent fait décidément le bonheur et vient guérir bien des maux autant physiques que psychologiques serait tenté de croire le lecteur mais il suffit de penser au mariage de Varenka pour en douter...
Qui conduit dans le fossé y tombe le premier.
Critique de THYSBE (, Inscrite le 10 avril 2004, 67 ans) - 17 mai 2005
Comme beaucoup de personnes qui n’ont pas persévéré dans les études, je n’osais pas me mesurer à la grande littérature classique, surtout un Russe avec leur nom déjà imprononçable, comment voulez-vous accéder à leur langage ma pauvre dame !.
Que nenni ! Voici, ma première approche enchantée, que dire comblée, subjuguée et voire même ensorcelée par ce beau récit.
Toute la grandeur de ce livre est le choix d’un écrit épistolaire. F.D. par cette technique laisse le lecteur dans la douleur de chacun énoncée sans pouvoir être soulagée immédiatement par le destinataire. De plus, ces missives vont peu à peu être utilisées pour s’épancher sans vraiment se trouver mutuellement. Car si les lettres permettent de dire certaines émotions que la parole n’ose pas, elles n’en installent pas moins une distance petit à petit de la réalité. Une interprétation et des relations dont chacun puisera un réconfort pour se maintenir en vie.
Mais un beau jour, il faut voir la réalité en face.
F.D. traduit bien la toute la souffrance humaine et ses conséquences, les culpabilités, la fierté de chacun, le regard de l’autre et cette terrible pauvreté qui aspire comme un vortex tous ceux qui s’en approchent.
Après ce premier Dostoïevski, je me dis qu’il me faut attendre avant vraiment d’attaquer ces fameuses grandes œuvres. Car, quelle lecture peut-on avoir après Dostoïevski ?
Marquant!
Critique de Martell (, Inscrit le 27 février 2004, 61 ans) - 13 octobre 2004
Même après avoir lu ses grandes oeuvres, on ne peut pas rester insensible à cette histoire touchante et juste.
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Que lire après Dostoïevski ? | 8 | Saule | 19 mai 2005 @ 09:45 |