Faut-il en finir avec la famille ?: Entre carcan normatif et lieu de résistance au libéralisme de Raymond Debord

Faut-il en finir avec la famille ?: Entre carcan normatif et lieu de résistance au libéralisme de Raymond Debord

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par CHALOT, le 19 octobre 2022 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans)
La note : 10 étoiles
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Une analyse rigoureuse qui fera date

Faut-il en finir avec la famille ?
Livre de Raymond Debord
Editions critiques
273 pages, 313 avec les notes
septembre 2022


Un livre de référence

L'auteur ne s'est pas contenté d'amasser, de classer et d'ordonner toute une série de documents permettant de comprendre les évolutions qui ont permis de passer du « natalisme » à l'individualisme, il a analysé les mutations et les a expliquées en les contextualisant.
Il s'appuie sur l'étude de nombreux ouvrages et travaux, qu'il cite et passe au crible et aussi sur des témoignages d'acteurs, comme celui de Jean-Marie Bonnemayre, alors président du CNAFAL (Conseil National des Associations Familiales Laïques).

C'est une œuvre qui peut intéresser les chercheurs et acteurs du secteur social mais aussi les néophytes curieux.

L'UNAF, cette pieuvre puissante qui détient depuis 1945 le monopole de la représentation familiale est sur le grill et pour cause :
Cette institution de la République, c'est ainsi qu'elle se présente, a connu ses heures de gloire grâce au soutien que lui ont apporté les régimes en place à la Libération et aussi parce que, à gauche et à droite il y avait une dominante idéologique ; il faut produire beaucoup plus et faire des enfants !.

L'auteur rappelle les origines de l'UNAF et les liens tissés entre les associations les plus puissantes comme Familles de France avec la droite extrême.
Il montre le décalage important entre l'idéologie des associations comme Familles de France et les AFC ( Associations familiales catholiques) et la double évolution, celle des besoins de la bourgeoisie et celle qui découle des évolutions en cours dans la société française.
L'UNAF vit-elle ses derniers soubresauts avant sa disparition ou est-elle le moindre mal car comme l'explique l'auteur :
« En tant qu'appareil idéologique institué par l'Etat, l'UNAF a pour vocation d'homogénéiser les idées s'exprimant dans le périmètre du mouvement familial, en les subordonnant à celle qui dominent le pouvoir politique à l'instant donné. »
L'une des conséquences de cette obligation de subordination est l'évolution des rapports de force dans cette grande institution avec l'affaiblissement de l'aile la plus droitière et la place particulière qu'ont prise les Familles rurales.

Pourquoi la famille remise en cause, vilipendée par beaucoup, et en crise est-elle le mode de vie souhaité par le plus grand nombre ?

C'est une des questions centrales que l'auteur traite avec rigueur, pour en conclure, entre autres et preuves à l'appui que la famille, lieu de socialisation, voire d'organisation à travers les solidarités qu'elle génère fait obstacle au système économique libéral.

Les classes populaires sont celles qui souffrent le plus des politiques qui visent à leur paupérisation, en s'en prenant aux familles nombreuses et en conduisant à la précarisation de millions de personnes.

Ce livre fera date.

Il nous apporte des clés de compréhension et établit un diagnostic rigoureux de la situation actuelle avec un œil qui est celui d'un chercheur mais aussi d'un acteur social .
Il met entre nos mains un document vivant accroché aux réalités.

Jean-François Chalot

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