Et à la fin, ils meurent: La sale vérité sur les contes de fées de Lou Lubie
Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire
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Quel délice !
Je crois que l’on ne parle pas assez des contes aujourd’hui, que l’on n’en raconte pas assez le soir devant la cheminée, que l’on oublie cette sagesse ancestrale car il s’agit bien de cela… Certes, j’entends bien que le conte a été remplacé par le dessin animé, la série TV ou la vidéo Youtube ! Je prends cela comme un fait indiscutable, mais rien ne pourra m’empêcher de penser que tout cela est bien regrettable… Voilà, c’est dit !
Aussi, je vous propose un livre, un vrai en papier, pour redécouvrir le conte et sa richesse. Pour cela, on oubliera les essais trop complexes comme celui de Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées. Je ne veux pas enlever de la valeur aux sciences humaines, loin de là, mais je préfère me faire accompagner au pays des contes par une personne qui les aime, les lit, s’en souvient… Ouvrons donc « Et à la fin ils meurent, la sale vérité sur les contes de fées ». Que l’on ne se méprenne pas, il ne s’agit pas de dévaloriser les contes mais bien de les redécouvrir pour les adorer !
Lou Lubie, une autrice de bande dessinée, originaire de l’île de la Réunion, une jeune femme bercée depuis toujours par les livres de contes qui l’accompagnent depuis le premier « il était une fois… » entendu enfant, décide de tout remettre à plat pour mesurer la force des contes, surtout ceux dans leur version originale. Pour cela elle propose une « sorte » de bande dessinée, certains diront un roman graphique, d’autres une thèse illustrée ou encore même un essai en images… En fait, il s’agit bien d’une bande dessinée car il s’agit d’une histoire – en l’occurrence celle du conte dans l’humanité – racontée avec du texte – et il est excellent – et du dessin – un graphisme parfaitement narratif. Donc, pas de doute, nous sommes bien dans une bande dessinée !
L’ouvrage – oui, en fait, n’en déplaise à certains, une bande dessinée est bien un livre, un ouvrage, une œuvre – est structuré avec rigueur : des éléments explicatifs, des exemples, de nouveau des explications, thèses ou suppositions, et encore des exemples… On aura donc des récits de contes dans leur version la plus ancienne, mais aussi des réflexions pertinentes sur le conte, les personnages, les récits, l’écriture, les modifications dans le temps… Parfois, on va redécouvrir un conte et sa cruauté (ou, plus exactement, son actualité adulte car le conte n’est définitivement pas fait pour les enfants !), parfois elle nous pointe du doigt le moralisme excessif d’une époque, d’un auteur… Enfin, elle va même nous offrir un bonus final, l’adaptation en BD d’un conte qu’elle avait écrit dans sa jeunesse… Que du bonheur !
Quand on arrive à la fin, on n’a qu’une seule envie, relire et même lire à voix haute à ses petits enfants (car même si le conte est pour adultes, on ne doit pas prendre les enfants pour des demeurés incapables de comprendre une histoire… Non, mais !). Il nous faut donc agir, tout simplement : lire un conte à voix haute (et je dis lire mais vous avez le droit d’interpréter à votre façon, avec vos mots, votre ton…) c’est lui redonner vie et le repositionner au cœur de nos vies !
Donc, bonne lecture à tous !
Message de la modération : Prix CL 2023 catégorie Bande dessinée
Les éditions
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Et à la fin, ils meurent [Texte imprimé], la sale vérité sur les contes de fées Lou Lubie
de Lubie, Lou
Delcourt
ISBN : 9782413040705 ; 24,95 € ; 03/11/2021 ; 248 p. ; Relié
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Aux sources du conte
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 8 octobre 2023
Que nenni, on ne nous a pas menti, on nous a tout simplement induits en erreur au fil du temps. C’est ce que nous démontre avec brio Lou Lubie dans cette BD par ailleurs très rigolote. Page après page, la jeune autrice va s’employer à démonter « les archétypes de Disney » qui d’une certaine manière ont déformé (et américanisé) le propos des contes que l’on connaît. La plupart ont des origines européennes (Grimm et Perrault, ou encore Basile) mais… si l’on remonte le temps, trouveraient leur source en Chine ou en Inde, par exemple avec « Cendrillon », qui a traversé 1.200 ans pour nous parvenir de l’Empire du milieu. Cela étant, nombre de contes ont été transmis oralement depuis la nuit des temps (avec souvent plusieurs versions selon leur région d’origine), pour être ensuite figés sous une forme écrite définitive, perdant sans doute au passage un peu de leur authenticité.
Mais quand Lou Lubie tacle Walt Disney et les versions édulcorantes de ses dessins animés, ce n’est pas juste pour faire genre. Nombre de contes traditionnels comportent leur lot de meurtres, de sang et d’inceste, ne sont guère romantiques mais parallèlement moins sexistes. A sa décharge toutefois, Disney avait trouvé le moyen de les remettre au goût du jour par le support animé. Problème : il les a vidés de leur contenu en leur associant un propos quelque peu mièvre, en particulier « Blanche neige et les sept nains », « Cendrillon » et « La Belle au bois dormant ». Les derniers films des studios Disney, qui ont survécu à la mort de leur créateur, intègrent cependant une approche plus féministe, sans toutefois revenir vers la nature authentique du conte.
Au fil des pages, l’autrice va ausculter les contes sous tous ses aspects (psychanalytique, sociologique, sexuel, religieux…) et nous rafraîchir la mémoire en livrant pour certains la « vraie » version (écrite ou orale) d’histoires passées à la moulinette « hollywoodienne ». Bref, c’est très complet, bien documenté et plutôt passionnant, avec un humour décalé qui fait mouche et empêche de tomber dans le sérieux, même si le sujet est sérieux ! Le dessin minimaliste et vif de Lou Lubie donne beaucoup de punch à cet essai bien structuré et très réussi.
« Et à la fin, ils meurent », bien loin d’être une charge ironique contre les contes, s’avère davantage un hommage sincère et respectueux, malgré les procès qui leur sont intentés à l’aune des évolutions sociétales et de la rationalité de notre époque, qu’il s’agisse des versions disneyennes ou non. Lou Lubie nous le rappelle, « les contes sont partout ! » : à travers le cinéma, la mode, les romans, les séries, les jouets et bien sûr… la BD. Et de citer le psychanalyste Bruno Bettelheim, qui affirme que « les contes de fées préparent inconsciemment l’enfant au monde qui l’attend ». Pour l’autrice, ils « sont bien plus que des histoires naïves pour enfants », mais « notre patrimoine littéraire, notre héritage culturel, les origines de notre imaginaire. » Message transmis.
Tout ce qu'il faut savoir...
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 15 mars 2023
Comment ces histoires traditionnelles orales, racontées dans le monde entier, ont évolué au cours de leurs voyages, sont devenues des contes figés ou presque par leurs premiers "auteurs", de l’italien Basile Giambattista en 1634 , au français Charles Perrault en 1697 , les frères Grimm en Allemagne en1812 jusqu’aux films de Walt Disney en 1950, qui modifia toutes les histoires en "happy end", celles-ci devenues références.
Sans oublier les conteuses et autrices trop souvent méconnues comme Madame d’Aulnoy, ou Madame de Beaumont, première autrice de livres pour les filles.
Lou Lubie nous livre les "véritables" versions des contes les plus connus où l’on pouvait, dans les contes pour adultes rencontrer "violence, sexisme, racisme". On est bien loin des contes que je racontais ou qui me permettaient d’apprendre à lire aux élèves de CP !
Elle explique aussi leurs origines, rappelant la définition, et citant bien sûr Bruno Bettelheim et son ouvrage célèbre La psychanalyse des contes de fées.
Il aurait été dommage de ne pas citer les auteurs contemporains de Marcel Aymé et ses Contes du Chat perché à Pierre Gripari et les contes de la rue Broca, ainsi que leurs différents supports, livres, films, séries télévisées.
Toutes ces informations dans un livre très drôle, très pertinent, un imposant et magnifique ouvrage broché, à la tranche dorée, avec son ruban marque-page… Ouvrez vite ce grimoire !
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