La Belle Espérance T01: Le temps des fruits verts de Chantal Van Den heuvel (Scénario), Anne Teuf (Dessin)

La Belle Espérance T01: Le temps des fruits verts de Chantal Van Den heuvel (Scénario), Anne Teuf (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par Saigneur de Guerre, le 23 septembre 2022 (Inscrit le 11 juin 2022, 66 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 281ème position).
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Découvrez l'histoire du Front populaire

Bayonne. Décembre 1933.
L’affaire Stavisky éclate. Des milliers d’actionnaires sont ruinés. Ils ont été attirés dans les rais de l’escroc qui leur garantissait des rendements exceptionnels… Sale coup pour la France ! Déjà que la crise de 1929, venue des USA, avait frappé le monde entier… Le gouvernement tombe ! Un de plus !
Sale coup pour les juifs ! Stavisky était juif originaire d’Ukraine. Dans ces années ’30, le fascisme et le racisme progressent partout ! Mussolini en Italie (plus fasciste que raciste), Hitler en Allemagne…

Bretagne. Juillet 1934.
Roger est de retour de son pensionnat chez les jésuites. Sa maman, veuve, se tue à la tâche et se prive de tout pour payer les études de son fils, brillant étudiant qui rêve de devenir ingénieur… Et il en a les capacités ! Sa mère épargne sou après sou pour qu’il puisse, une fois qu’il aura passé son BAC, aller étudier à l’université.
Roger est heureux de revoir sa mère ! … Mais aussi sa cousine, Louison ! Ah, ce qu’ils s’aiment ces deux-là ! Elle, son rêve, c’est de devenir actrice. Une nouvelle Danielle Darieux…

Critique :

Au travers d’un récit qui suit deux jeunes gens amoureux qui vont devoir, de façon plus ou moins forcée, quitter la Bretagne, les auteures vont nous faire découvrir l’extraordinaire histoire du Front populaire.
Souvent, certains historiens se sont servis du Front populaire pour expliquer la débâcle de l’armée française au printemps 1940. L’intelligence des autrices, c’est de nous faire découvrir les incroyables mauvaises conditions de vie du petit peuple français, qu’il travaille en usine, dans une maison de haute couture parisienne, aux Galeries Lafayette, ou bien encore à la campagne, en bord de mer ou en mer. Pourtant, la vie de certains n’a rien à voir avec cet enfer des ventres vides et d’un chômage où vous n’avez plus aucune occasion de gagner le moindre franc pourtant bien indispensable pour vous nourrir, payer le loyer d’un logement plus que médiocre, vous vêtir ou vous soigner.
Chantal Van den Heuvel nous balade d’abord en Bretagne dans une histoire digne de Zola, avant la montée à Paris de deux jeunes gens très amoureux qui vont découvrir, pour l’un l’enfer de la vie en usine, pour l’autre le travail harassant d’une couturière au service d’un jeune et grand couturier.
L’immense pauvreté, les ventres vides, les terribles cadences dans les usines, vont conduire aux grèves, avec occupation des usines, puis à la victoire aux élections de 1936 de ce Front populaire où l’on retrouve les socialistes de Blum, élu Président du Conseil (premier ministre), les radicaux et les communistes de Maurice Thorez… aux ordres de Moscou ! L’entente entre socialistes et communistes ne va pas durer. Ce que Staline veut, le parti communiste le veut. Le parti est très puissant et peut s’appuyer sur une base solide prête à le suivre aveuglément.
Au passage, Chantal Van den Heuvel rappelle que les femmes n’avaient pas le droit de vote, mais que Blum « va mettre la charrue avant les bœufs » en en incluant dans son gouvernement aux postes de ministres ! Dans le gouvernement de Front populaire de Léon Blum en juin 1936, trois femmes ont été nommées ministres (ou « sous-secrétaires d'État ») alors qu'elles n'étaient, comme toutes les femmes de leur temps, ni électrices ni éligibles. Mais ne rêvez pas ! Elles ne prirent jamais la parole dans l’hémicycle… Et Léon Blum ne renouvela pas l’expérience lors de la mise sur pied de son second gouvernement.
Cette BD rend un hommage certain à Léon Blum, esthète intelligent, évoluant au milieu d’un champ de mines d’autant plus dangereux qu’il était juif.
Vivement la suite de ce roman graphique !

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9 étoiles

Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 27 septembre 2022

C’est toujours difficile de porter un regard sur un premier tome d’une histoire mais malgré tout certains aspects peuvent permettre de donner des indications fiables pour un lecteur potentiel. Par exemple de dire que « La Belle Espérance » est une saga humaine sur fond historique… quoi qu’il s’agisse peut-être d’un récit historique incarné par une aventure humaine… Allez savoir !

Bon, ce qui est certain, restons dans le factuel pour commencer, c’est que cette histoire nous plonge dans les années trente en France. On a les conséquences de la crise, les malversations et le suicide de Stavisky, la montée du nationalisme et de l’antisémitisme, la fragilité des politiques, la victoire des forces de gauche… Dans ce cadre général, bien d’actualité osons le dire, on va suivre un jeune breton, son amoureuse, un couturier-styliste juif, sa sœur… On est bien dans une saga, aucun doute en fait, et la diversité des personnages permet d’aborder les différents visages de cette cruelle et dramatique période…

Il y a des personnages historiques dans cette histoire dont le plus connu est Léon Blum, un politique qui semble avoir tous les « défauts possibles » : il est honnête, attentif aux personnes, n’est pas dévoré par l’ambition, est juif et parfois un peu distant, hautain à son corps défendant. Bref, il n’est pas des plus sympathiques au premier abord et, pourtant, c’est lui qui parle avec raison et humanité !

Enfin, dernier aspect (du moins si je me limite un peu), on a une affaire quasi criminelle avec un détournement d’argent, une affaire de famille glauque et cruelle. Du coup, Roger, pauvre orphelin part pour la capitale pour tenter sa chance… Il voulait être ingénieur mais devra se contenter pour commencer (pour le reste on verra plus tard) d’être ouvrier à la chaine chez Renault…

Pour ce qui est de l’histoire, de la qualité historique, de l’écriture elle-même, je pense que Chantal Van Den Heuvel nous livre là une très bonne histoire qu’Anne Teuf valorise par une narration graphique que j’apprécie beaucoup, efficace et simple, dynamique et réaliste juste ce qu’il faut pour le fond historique mais sans étouffer les personnages de la fiction. Le tout est agréable à lire et je serais tenté de dire que c’est du très beau et bon travail !

Je suis très heureux de pouvoir interviewer Anne Teuf lors du prochain festival Quai des bulles de Saint-Malo !!!

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