Les pionniers, tome 1: La machine du diable de Guillaume Dorison (Scénario), Jean-Baptiste Hostache (Dessin), Damien Maric (Couleurs)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par Poet75, le 30 mai 2022 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans)
La note : 9 étoiles
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A l'origine du cinéma

« 10 ans, c’est le temps qu’il a fallu pour que ce projet existe enfin », nous informe un texte mis en exergue de ce superbe album, premier des deux tomes prévus pour raconter, sous forme de bande dessinée, l’histoire de l’origine du cinéma. L’impressionnant travail de documentation effectué par Damien Maric, qui devait, au départ, servir de base à une série télévisée, nous parvient, en fin de compte, grâce au concours de Guillaume Dorison en tant que scénariste et à celui de Jean-Baptiste Hostache en tant que dessinateur, sous cet aspect-là, celui d’une bande dessinée. De cette option, certes plus modeste et moins coûteuse qu’une série télévisée, il résulte un album captivant, au scénario haletant et aux dessins soignés. Bien sûr, il n’a pas été possible de tout retracer jusque dans les détails, il a fallu faire des choix et intégrer quelques personnages fictifs, se concentrer sur quelques-uns des protagonistes principaux de l’histoire des débuts du cinéma, et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce travail a porté ses fruits.
L’album retrace avec sagacité les parcours conjoints de ceux qui eurent, les premiers, l’idée d’exploiter commercialement le cinéma naissant, mais aussi, de ceux qui se servirent de ce nouveau support de manière inventive avec, déjà, des visées artistiques. D’un côté, donc, outre les Frères Lumière, il est surtout question de Charles Pathé et de Léon Gaumont. Car c’est en France, à Paris, que le cinéma connut son premier essor. Charles Pathé, après avoir échoué lamentablement dans toutes ses entreprises commerciales, d’abord en Argentine, puis à Paris, s’enticha, au grand dam de son père, de ce nouveau spectacle, le cinématographe, et eut l’idée de l’exploiter autrement que comme une simple curiosité de foire. On remarquera la judicieuse idée du scénariste qui a choisi d’accorder une place importante à Marie, l’épouse de Charles Pathé : elle nous est présentée comme celle qui avait les pieds sur terre, bien plus que son incorrigible rêveur de mari.
L’autre fameux exploitant du cinématographe, ce fut Léon Gaumont, homme déterminé, résolu à concurrencer, sinon à écraser, son rival Charles Pathé. C’était un homme d’affaires, qui se souciait peu d’un éventuel aspect artistique du cinéma, sauf si cela s’avérait rentable. Or, justement, parmi les pionniers du cinéma, figurèrent, en bonne place, les créateurs, les inventeurs, les artistes. La bande dessinée accorde une place prépondérante à deux d’entre eux. Il y eut, bien sûr, Georges Méliès, l’homme qui imagina, le premier, de fabriquer des films en studio, de les réaliser au moyen de trucages et d’opérer des montages. Mais il y eut aussi celle dont on a redécouvert, depuis quelques années, quelle place importante elle occupa dans les débuts du cinéma : Alice Guy, collaboratrice de Léon Gaumont, qui dut batailler ferme avec celui-ci, pour réaliser les films dont elle avait l’idée. Ainsi, au sujet d’une réalisation sur la Passion du Christ, projet que rejeta Gaumont avant de se raviser et qui fut tourné en 1905 dans la forêt de Fontainebleau.
Bien d’autres événements survinrent, dont certains sont retracés dans l’album, en particulier le tragique incendie du Bazar de la Charité, le 4 mai 1897, qui fit de nombreux morts et fut causé par une allumette malencontreusement frottée à proximité de la lampe à éther hautement inflammable d’un appareil de projection des usines Gaumont. Le procès qui s’ensuivit faillit mettre un coup d’arrêt à l’exploitation du cinéma naissant. Le cinématographe fut alors désigné comme une « machine du diable ». Mais, en réalité, rien ne pouvait faire cesser le développement de ce qui allait devenir le 7ème art et son succès qui redoubla lorsqu’il commença d’être exploité non plus seulement en France, mais aux États-Unis, puis dans d’autres pays. C’est d’ailleurs sur cette page nouvelle que s’achève ce premier volume des Pionniers.

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