Héliopolis de Ernst Jünger
( Heliopolis, Rückblick auf eine Stadt)
Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique
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Un monde pas si nouveau
Héliopolis est un livre étrange que l'on peut classer dans la science-fiction, l'héroic fantasy, le conte ou la légende. Jünger a essayé de recréer un monde qui a survécu à un cataclysme nucléaire.
Le plus important n'est pas tellement l'intrigue : la venue de Lucius, un grand dignitaire , son implication dans un complot et son départ vers d'autres lieux , que la description d'une civilisation techniquement extrêmement avancée , mais politiquement écartelée entre l'élitisme du Prince et le populisme du Bailli . Cette société vit dans une guerre civile quasi permanente, avec ses castes supérieures et inférieurs et ses boucs émissaires , les Parsis , habiles commerçants , fins artisans et redoutables financiers ...
Nous sommes dans un très grand livre, du niveau de "1984», "Le meilleur des mondes" ou " Le seigneur des anneaux». Junger profite des diverses situations pour exposer ses idées sur la philosophie, la psychologie, la théologie ou la sociologie. Il se montre d'une extraordinaire clairvoyance sur la nature humaine, la société ou les progrès techniques à venir. Publié en 1949, ce livre décrit des panneaux lumineux à peine mis au point à notre époque, un appareil appelé "Phonophore" qui n'est autre que notre portable en mieux. Il a même imaginé un réseau de type Internet avec un demi-siècle d’avance. Un précurseur, Jünger, une sorte de Jules Verne.
Pour faire court, un livre foisonnant , irrésumable , un peu hermétique , très poétique et surtout empreint d'une grande nostalgie pour notre esprit chevaleresque perdu ...
Les éditions
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Héliopolis [Texte imprimé], vue d'une ville disparue Ernst Jünger trad. par Henri Plard
de Jünger, Ernst Plard, Henri (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche. Biblio.
ISBN : 9782253047568 ; 28,78 € ; 01/09/1988 ; 412 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (2)
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Le roman le plus ambitieux et le plus complexe de Junger
Critique de Eric Eliès (, Inscrit le 22 décembre 2011, 50 ans) - 29 janvier 2012
Héliopolis est le roman le plus ambitieux et le plus complexe de Jünger mais ce n'est pas, pour moi, son meilleur. Les trop minutieuses descriptions et les trop longues digressions (par exemple, le passage de Licius à l'école militaire), dans un style parfois un peu lourd et/ou alourdi à la traduction (ex : "l'élément neptunien" pour évoquer la mer...), nuisent à la fluidité de l'écriture. Néanmoins, sa lecture est impérative pour toux ceux qui apprécient ou veulent comprendre l'oeuvre d'Ernst Jünger.
Hermétique et troublant
Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 7 octobre 2004
J'avais éprouvé les mêmes difficultés à la lecture d'"Héliopolis" avec l'impression de me trouver confrontée à un langage codé auquel je n'avais pas été initiée. Dans "Héliopolis", Ernst Jünger crée en effet un univers foisonnant, dressant le portrait d'une société complexe, très avancée techniquement et profondément divisée entre une populace insatisfaite qu'une étincelle suffit à déchaîner, une élite qui semble l'héritière de cette petite noblesse prussienne qui peuple les romans de Theodor Fontane ou d'Eduard von Keyserling, propriétaires terriens se consacrant à l'administration rigoureuse de leurs domaines et l'organisation du travail de "leurs" paysans, militaires de carrière tout dévoués au service de leur patrie et pour lesquels l'obéissance à l'autorité - celle des rois de Prusse, puis celle de leurs successeurs - est décidément une vertu. Et enfin, il y a les Parsis, habiles commerçants et artisans, dépositaires d'une culture aussi ancienne que raffinée qui accorde une grande place à l'exploration des abîmes de l'inconscient, une exploration menée à l'aide de substances psychotropes et dont Lucius découvrira à ses dépens qu'elle n'est pas sans risque, tant les forces qui sommeillent dans ces abîmes peuvent se révéler terribles. Cette familiarité des Parsis avec des puissances cachées, jointe à leur relative aisance matérielle, ne manquera pas d'éveiller la vindicte de la populace qui se déchaînera, brûlant et saccageant tout sur son passage, sous le regard un peu dédaigneux mais surtout indifférent de l'élite qui se gardera du reste bien d'intervenir.
Conte, légende, roman de science-fiction ou d'héroïc fantasy? Peut-être. Mais "Héliopolis" est avant tout resté gravé dans ma mémoire comme une admirable allégorie de l'Allemagne nazie, admirable en effet car l'écriture d'Ernst Jünger est de toute beauté (il fait partie des rares élus qui ont su mériter l'admiration de Julien Gracq, ce qui n'est pas peu dire) mais aussi des plus hermétiques. Page après page, "Héliopolis" distille le trouble dans l'esprit du lecteur, suscitant des interrogations qui resteront sans réponse claire: jusqu'où doit-on pousser la pratique de l'obéissance et du patriotisme, jusqu'à quel point peut-on se contenter d'observer la mêlée du sommet de sa tour... Questions qui se sont posées avec une terrible acuité pour Ernst Jünger et pour ceux de ses compatriotes qui, en 1939, ont repris l'uniforme au service d'un gouvernement que pourtant ils méprisaient. Questions qui sont toujours d'actualité et qui d'ailleurs n'étaient pas nouvelles (voyez la remarquable "Histoire populaire des Etats-Unis" d'Howard Zinn http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/?l=3228 si vous êtes en mal d'exemples!).
Hermétique et troublant, "Héliopolis" fait partie de ces livres qui continuent à accompagner le lecteur longtemps après qu'il ait tourné la dernière page (huit ans déjà que ce livre m'accompagne ainsi). Une lecture difficile. Une lecture essentielle.
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