La fin d'un monde de Patrick Buisson
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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Buisson...ardent dans ses réflexions.
Le personnage est clivant comme on dit de nos jours. Directeur de Minute, puis de la chaîne Histoire, enfin conseiller de Sarkozy, il en faudrait à certains pour disparaître des radars médiatiques.
Mais le bougre à du ressort et de l'intérêt.
Voici donc un ouvrage qui place en sous-titre : Oui c'était mieux avant.
Qu'on ne s'y trompe pas et Buisson le répète à tour d'interviews, c'était mieux avant sur un point, l'humanité.
Il déclare que ce que nous avons gagné en technologie, technique a effacé l'humanité des rapports humains.
L'entraide, le sacré, le travail, la famille et tous les modèles qui représentaient et qui déterminés ces états ont été balayés par une lame de fond destructrice et dévastatrice qui est le progressisme.
Cette croyance au fait que le progrès et son corollaire le progressisme pouvait sauver le monde et lui apporter les lumières du Salut.
Au fil du livre Buisson nous dépeint avec un grand renfort de références le déclin de la paysannerie, de la famille, la religion chrétienne, et du masculin.
C'est très dense, touffu mais jamais lassant.
Un large chapitre est consacré au christianisme et à son déclin provoqué par Vatican II, ses prêtres influencés par le marxisme, ce qui pour Buisson a contribué au déclin de cette religion c'est avant tout l'élimination du Sacré. S'en est suivi un effacement de la mort dans la vie des hommes, la peur qu'elle engendre, l'homme n'accepte plus sa fin qui est considéré à présent comme un défaillance technique qu'il faut réparer sinon repousser au plus tard. Il évoque timidement l'avènement du transhumanisme.
Pour la paysannerie il démontre l'arrivée de la mécanisation, du crédit, de l'endettement des paysans qui deviennent tributaires des banques et se retrouvent plongés au coeur du libéralisme économique devenant des exploitants avec des objectifs de rentabilité occasionnant le démenbrement et une mutation des rapports d'héritage au sein des familles.
Le masculin a droit au dernier chapitre, l'homme a été émasculé aux alentours des années 68 et sa fumeuse révolution. Les rapports du père avec le reste de la famille ont été bouleversés, le pater familias devenant dépassé c'est tout le modèle familial qui a été chamboulé . S'en est suivi la révolution sexuelle, l'émergence du féminisme militant, de la contraception, de l'avortement et de l'urbanisation des moeurs.
Un ouvrage très intéressant qui ne doit pas être occulté par la figure de l'auteur qui peut agacer.
C'est un ouvrage capital pour comprendre comment et pourquoi notre société est devenue ce qu'elle est aujourd'hui.
Pourquoi une nation assez homogène, unie s'est disloquée pour n'être plus qu'une auberge espagnole délabrée.
Ce qui est certain c'est que d'autres tomes seraient intéressants car celui-ci concerne la période 1950-1975.
Les éditions
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La Fin d'un monde: Une histoire de la révolution petite-bourgeoise
de Buisson, Patrick
Albin Michel
ISBN : 9782226435200 ; 22,90 € ; 05/05/2021 ; 528 p. ; Broché
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Un chantier de démolition
Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 11 décembre 2022
« La fin d’un monde » est un essai historique et sociopolitique de très grande qualité. Patrick Buisson, surtout connu comme conseiller particulier et éminence grise de Nicolas Sarkozy, est également un authentique intellectuel qui nous propose, dans cet ouvrage bien écrit et particulièrement fouillé, une étude des 15 années qui nous firent basculer lentement d’un monde dans un autre. Un véritable travail de sociologue, d’historien, d’économiste et d’ethnologue. Ses analyses et descriptions de la mort programmée du paysan, du croyant et du père sont d’une belle pertinence et d’une grande finesse. Un vaste attirail de notes et références bibliographiques attestent du sérieux de l’œuvre. L’auteur ayant sous-titré son ouvrage « Histoire de la révolution petite bourgeoise », on pourrait y ajouter celle d’une longue décadence, d’une inversion des valeurs et d’une disparition lente, insidieuse et organisée de toute une société. Autant l’auteur est précis et presque pointilleux sur le démantèlement du monde rural, de la chrétienté et de la paternité, autant il se fait discret sur l’invasion migratoire. Seule lacune de cet ouvrage par ailleurs aussi excellent que… déprimant.
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